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Critiques de André-Marcel Adamek (81)
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Le maître des jardins noirs

J'ai ADORÉ a dit mon amie babeliote latina, donc aucun échappatoire,dés que j'ai pu mettre la main sur le livre, j'y m'y suis jetée....Déjà la photo de couverture tronquée des grosses chaussures boueuses et le bas d'une salopette bleu de travail (?} boueux annonce la campagne, eh je ne sais quoi de pas très net .



Ils sont encore jeunes, ont trois jeunes enfants et débarquent dans une ferme délabrée, dans un trou perdu. Dans ce trou perdu, il y a pourtant un couple de fermiers voisins, vieux, curieux et seuls, juuuste à côté.

A trois kilomètres du hameau, de l'autre côté de la vallée, s'étendent les jardins noirs. Des friches qui entourent l'ancien village anéanti par l'épidémie de peste de 1709, une terre noire,et putride, d'où ne poussent que les fleurs de la mort et où erre la légende de « l'enfaon ». Dans cet arrière plan, qui rappelle les tableaux d'Anselm Kiefer, un récit à deux voix, narré successivement par Anais, la jeune et jolie mère de famille, et Simon, le mari du couple de voisins curieux, probablement le propriétaire des pieds de la photo. L'insolite du récit vient du style narratif, par le biais duquel l'auteur nous immisce dans l'intimité de ces deux univers totalement étrangers l'un à l'autre, pourtant géographiquement si proche, à travers des détails subtils d'observations, de jugements et de sensations. Rien que cette pensée de ce vieux schnock qui épie le linge de la voisine, dont les petites culottes flottent au vent et dont sa femme en fait une remarque désagréable, “Ça la gêne que je porte le regard sur ces minces triangles de tissu vaporeux dans lesquels elle pourrait tout au plus glisser le gros orteil “ souligne l'insolite de ce petit bijou littéraire. Une toute petite phrase très forte et dérangeante qui résume la tristesse infinie d'une relation qui n'en est plus une. Entre fantastique, réalisme et tension psychologique, une excellente lecture.



J'ai ADORÉ latina, merci infiniment de m'avoir fait connaître Adamek.

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Le maître des jardins noirs

Quand j'ai ADORE un roman, j'ai toujours peur que ma critique ne passe inaperçue ou ne soit considérée comme banale et que ce roman « passe à la trappe », comme on dit, dans les oubliettes de Babelio. Comme j'aimerais vous convaincre du contraire !



« le maitre des jardins noirs » est pour moi un petit chef d'oeuvre, alliant la vie à la campagne, avec l'installation d'une famille à l'apparence heureuse dans un hameau oublié là-bas dans les Ardennes, au désir érotique déstabilisant du voisin d'en face et aux légendes qui pullulent dans ces régions.

Tout cela, narré avec 2 points de vue alternés – celui de la jeune mère de famille et celui du voisin d'en face -, est très troublant.



Tout est cohérent, je dis bien tout. Rien n'est laissé au hasard, et pourtant nous flirtons avec les rêves et les désirs de l'un, avec l'intuition profonde de l'autre. Oui, l'intuition... Ce monde obscur qui rôde et nous guide...



La nature omniprésente ne manque pas d'établir des liens étranges avec ces personnages à vif, et les animaux dont le cerf et le chien jouent un rôle fondamental.

Les « jardins noirs » sont les terrains jouxtant l'ancien village anéanti par la peste en 1709, dont personne ne veut car ils sont évidemment considérés comme maudits.

Pourtant, tout y conduit…



Je me suis délectée de la langue d'Adamek, poétique, visuelle, pleine. Simple en apparence. En apparence ! Car dès qu'on y jette un oeil, on est entrainé, marqué du sceau de ces jardins noirs.

Je le répète : c'est un chef-d'oeuvre.

Après la déception de ma dernière lecture d'Adamek (« Retour au village d'hiver »), celle-ci m'a réconciliée avec le maitre de la campagne belge.

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La fête interdite

En cet an de grâce du 17ème siècle à Marselane, la fête de la Saint-Luc n'aura pas lieu. Elle n'a pas été interdite en raison d'une épidémie de peste ou de choléra, non, elle a été confisquée par les forains eux-mêmes.

A la mi-octobre, Samir, le dresseur d'ours, est arrivé au village avec quelques jours d'avance, avant ses collègues saltimbanques. le dimanche à la sortie de la messe, malgré l'interdiction du sénéchal, il montre le nouveau numéro de son ours aux paroissiens. Mais pendant le spectacle, Sadim est victime d'un malaise et meurt. Son ours, devenu agressif, est tué.

Partie d'un malentendu, la rumeur enfle, court et circule et arrive aux oreilles des forains : les habitants de Marselane ont tué Samir !

Les forains se vengent en décidant de ne pas se rendre au village pour la fête, et jettent une malédiction sur ses habitants.

La nouvelle atterre les villageois, pour qui la Saint-Luc est la fête la plus importante de l'année, leur seule occasion de se livrer à toutes sortes de réjouissances après une saison de dur labeur, de quoi se réchauffer le coeur et la tête juste avant l'entrée dans l'hiver. Ils décident alors d'envoyer une ambassade auprès du prévôt des forains pour dissiper le malentendu et faire revenir ceux-ci à Marselane. Lauric, le forgeron, et le vieil Alban se mettent en route, sans se douter que bien des aventures les attendent en chemin...



"La fête interdite" est un roman d'aventures tendance picaresque, un conte pour adultes, une quête collective (le retour de la fête) mais aussi individuelle (la justice, le pardon, la liberté). Ecrit dans le style de l'époque, le langage est désuet mais savoureux, coloré de fantastique et d'irrationnel, caressé de sensualité. de beaux portraits de femmes (dans une société où elles ne comptaient pas pour grand-chose) et des personnages attachants achèvent de transformer ce texte en un joli roman, faussement simple, rempli de chaleur, de tolérance et de bienveillance.

Je ne sais pas pourquoi c'est ce roman qui est précisément sorti de ma pile à lire au moment du reconfinement, alors que nous sommes contraints de renoncer aux fêtes, mais cela doit vouloir dire quelque chose... "S'il est une évidence qui nous est apparue, c'est que nous ne pouvons vivre sans l'espérance de votre annuel retour [celui des forains et saltimbanques]. Chacun de nous puise en vos tours, costumes et lumières la part d'émerveillable sans quoi son esprit resterait cloué à terre, pareil à celui d'un mulot en son trou. Mon défunt compagnon s'extasiait devant les tréteaux de la femme-léopard. Moi, c'est pour la femme-serpent que battait mon coeur. Et combien de nos enfants ne rêvent-ils pas de devenirs jongleurs ou comédiens? Combien de nos femmes perdraient-elles leur sourire du matin sans avoir écouté les récits de vos diseurs? (...) Longtemps après votre départ et jusqu'aux portes du printemps nouveau, les mélodies de vos musiciens sont fredonnées en nos chaumières. Vous êtes le fleuve qui à chaque automne vient irriguer nos terres appauvries. Nous nous desséchons sans vous et nos racines partent en poussière."
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Le fusil à pétales

Il était une fois Clothaire, vieux fermier solitaire, qui avait décidé de se "mettre à parler dans un livre", pour tenir la promesse qu'il avait faite à un ami mourant. Clothaire n'est pas un héros, non, loin de là, mais il en a, des choses à raconter, "des choses exceptionnelles et légendaires, des sortilèges et des maléfices", qui se passent dans son pays "tout remuant de mystères nocturnes". En l'occurrence, il se donne pour mission de nous "expliquer sans détours l'histoire de Reine, de Tristan, des Berluet et du petit monde qui s'était dessiné dans un passé pas bien lointain, entièrement disparu aujourd'hui".

Or donc, nous faisons connaissance avec Alphonse et Nathalie Berluet, couple de fermiers dans lequel Madame fait tourner la marmite – de bon gré – tandis que son inventeur fou de mari bricole un engin censé volant, lourd et énorme, dont le baptême de l'air est prévu dans quelques jours. Puis nous rencontrons un autre couple, Tristan et Reine, laquelle est sous l'emprise d'un sort qui l'oblige à donner toujours plus d'argent à son bourreau pour conserver sa sublime beauté.

Dans son parler simple de paysan, le vieux Clothaire nous raconte ces deux couples et ces deux quêtes, celle de la jeunesse et de l'amour éternels et celle de voler comme les oiseaux. "Et si ce n'est pas une histoire d'amour, [il veut] bien être étendu sur l'heure".

Sous les auspices d'Eros et d'Icare, "Le fusil à pétales" est une histoire tendre et cocasse, imprégnée de merveilleux chevaleresque, à la fois roman de terroir et geste médiévale romantique. Parce qu'il y en a, de l'amour, dans cette histoire, et aussi de l'amitié à la vie à la mort, et de la solidarité, même si cela contrarie Dame Morale. Avec des personnages attachants et émouvants, on oscille sans cesse entre réalisme et imaginaire, naïveté et subtilité. Un joli conte profond et poétique, où la nature affleure à toutes les pages : "une entière complicité de toutes les choses de la terre [...]. Ça commençait dans les racines, à l'étage où les larves et les germes bouillonnent, et ça finissait très haut dans le ciel dépouillé, quelque part où l'oeil ne pouvait distinguer qu'un plafond de cobalt". A lire et à ressentir.
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La grande nuit

Il était une fois ce qui restait de l'humanité après une explosion nucléaire. Accident ou guerre, nul ne le savait, mais l'essentiel était ailleurs : survivre alors que presque tous sont morts et presque tout dévasté, brûlé, contaminé, irradié.



Au moment de la catastrophe, Anton Malek visitait une grotte souterraine dans les Ardennes belges. Ayant survécu aux éboulements, enfoui sous terre, il comprit qu'il y avait un problème quand il réalisa que personne ne venait à son secours. Finalement parvenu à s'extraire du gouffre, il découvrit l'ampleur du cataclysme. Il décida alors de se diriger vers la mer, persuadé que la zone côtière serait moins dégradée. Au terme d'un pénible périple et de rares rencontres, il s'installa dans une petite communauté de survivants, où régnaient organisation, solidarité, bienveillance et courage. Et Malek se prit à espérer en un monde meilleur : « Dans cette grande nuit qui s'était abattue sur la terre, ils se réveilleraient un jour, blessés, difformes sans doute, les mains écorchées et les yeux sans couleur, mais éblouis par la pureté regagnée des limons et des sables. [...] Sans révolte ni compassion, ils avaient anéanti des milliers d'espèces, corrompu les sources et les mers, massacré leurs frères pour un champ de pétrole ou quelques galets d'uranium, souvent aussi pour la gloire imbécile des drapeaux. Et puis enfin, ils étaient allés jusqu'au bout de la terreur en détruisant les villes et leurs peuples. Leur longue et terrible épreuve allait les réconcilier à jamais avec la terre. Alors, la grâce retrouvée balaierait la fureur des dieux assassins. Les hommes n'éprouveraient plus de honte à embrasser les arbres de leur corps nu, ni les femmes à caresser les longs cheveux des algues et d'en haleter de bonheur ». Mais Malek en fut pour ses frais, et l'humanité eut tôt fait de retourner à ses travers.



Dans cette dystopie post-apocalyptique, Adamek ne nous épargne rien des horreurs dont les humains sont capables : stigmatisation, racisme, antisémitisme, instrumentalisation de la religion, mensonge, vol, viol, meurtre, cannibalisme. Sous sa plume souvent glaçante, plus rarement poétique, la solidarité perd du terrain, tandis que l'individualisme et l'intolérance ont l'avenir devant eux. A moins qu'une lueur d'espoir parvienne à percer à travers cette épaisse noirceur...



« La grande nuit », de lecture facile et addictive, est un conte cruel, plutôt pessimiste quant à la nature humaine et à ses pulsions (auto)destructrices. Ce texte, publié il y a près de 20 ans, résonne curieusement (prémonitoirement?) en cette ère d'anthropocène. Et, toutes proportions gardées, les espoirs de Malek m'ont fait songer à l'éphémère « monde de demain », que d'aucuns annonçaient au tout début du premier confinement au printemps 2020. Quoi qu'il en soit, malgré le thème très sombre et sans que je comprenne bien pourquoi, ce diable d'Adamek (paix à son âme) est à nouveau parvenu à me secouer, et même à m'émouvoir.
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La grande nuit

J’avais lu ce roman d’André-Marcel Adamek il y a près de deux décennies

Son sujet m’avait marqué, je l’avais aimé mais mes souvenirs étant vagues, je l’ai repris.

Je ne me sépare jamais d’un livre aimé et n’ai donc pas regretté cette habitude, cette relecture fut un plaisir !



Certes, les péripéties n’ont rien de réjouissant, nous suivons le parcours des personnages après une explosion nucléaire.

Anton Malek visitait une grotte lors de la catastrophe lorsque des éboulements surviennent, un autre personnage, Mélanie, lieutenant, se trouvait avec deux subordonnés dans un véhicule blindé.



Leur monde est dévasté, les rares rescapés tentent de survivre, c’est difficile, la nature humaine se révèle tantôt abjecte (viols, meurtres, cannibalisme…), tantôt belle (création de petites communautés solidaires), hélas dans ce dernier cas, cela ne dure qu’un temps, la solidarité s’efface au profit du repli sur soi et de l’intolérance.



Portrait sombre de notre société donc, toutefois l’auteur laisse entrevoir une petite lueur d’espoir à la fin…



Le roman est bien construit, les parcours de Malek et Mélanie vont se croiser brièvement puis se séparer, chacun voulant prendre son propre destin en main, ils croiseront d’autres humains, certains bien inquiétants, d’autres accueillants,

André-Marcel Adamek sait raconter une histoire, sait nous tenir en haleine.

C’est une fable sur notre condition d’homme, sur les qualités que nous pouvons montrer, hélas parfois bien éphémères, et sur nos travers.



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La grande nuit

Vol.

Préjugés. Ségrégation.

Viol.

Meurtre.

Cannibalisme.





La nuit après l’explosion nucléaire.

La grande nuit de l’humanité.





Adamek, cette fois, n’a pas fait de quartiers. Il nous a tout balancé. Et c’est dur.





C’est dur pour les survivants, c’est dur pour Anton Malek, qui a été sauvé par la grotte-même qu’il visitait lors de vacances dans les Ardennes belges.

Trouver le chemin de la sortie, cela a été dur. Et encore plus trouver son propre chemin.

Car les quelques personnes qu’il rencontre sont elles-mêmes si déboussolées, si désorientées, qu’elles ont perdu, pour la plupart, leur capital d’espoir et par là-même leur capital humain.





Et la nature...Mon dieu, la nature... Les cendres, le gris, la désolation. L’absence de vent. Ah si, il y a encore des poissons. Le salut viendrait-il de la mer ?





A coups de faits bruts et parfois insoutenables, avec une froideur toute apparente, Adamek nous fait avancer, comme il fait avancer Malek.

Sur la route ? Mais quelle route ? Cormac McCarthy m’avait désespérée. Adamek, s’il ne me permet pas d’avoir beaucoup de foi en l’humanité, insuffle quand même un petit espoir. Mince. Mais de l’espoir.





La nuit pourrait-elle avoir une fin ?

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Le maître des jardins noirs

Je suis petit par la taille, mais grand par la qualité.

J'ai été très habilement construit, mon auteur a fignolé chaque détail.

Je suis à la fois simple et complexe, poétique et brutal, envoûtant, ensorcelant.

Qui suis-je ?

Je suis le maître des jardins noirs.

Je suis une histoire incroyable !

Tout au long de ma lecture, j'ai pensé à Alfred Hitchcock.

Au début, c'est "Fenêtre sur cour".

Ces deux familles voisines, si différentes et si proches géographiquement, qui s'épient mutuellement : j'adore !

Dans la vraie vie, le voyeurisme et les ragots me sont insupportables, mais dans un livre ou un film, surtout lorsque c'est si bien mis en scène, je me régale.

Le regard et l'ouïe toujours en alerte, chacun se lance dans d'incroyables commentaires dès qu'il aperçoit ou entend la plus petite chose, le moindre petit morceau de vie de ses voisins.

On n'imagine pas tout ce que l'on peut déduire de l'observation... d'une corde à linge !

Et moi, lectrice comblée, j'assiste à ces scènes qui me ravissent... mais finissent aussi par m'inquiéter. Car l'auteur, très habile, fait tout doucement monter la tension.

Une tension psychologique qui va crescendo. L'atmosphère devient peu à peu étouffante.

J'ai cherché des repères, de quoi garder pied : qui sont les gentils et qui sont les méchants ? Et le tour de force de l'auteur est de faire en sorte que plus l'histoire avance, moins on peut répondre à cette question. C'est magique et mystérieux.

Je me suis sentie perdue, mais j'ai aimé me perdre. J'ai aimé frissonner, me faire peur à bon compte.

Lorsque je suis arrivée à la fin, j'ai tout de suite pensé que ce livre aurait plu à Alfred Hitchcock : il aurait adoré ce texte qui aurait pu lui servir de scénario pour un épisode de sa formidable série "Hitchcock présente".

J'ai tout aimé de ce récit fascinant, incroyablement maîtrisé, dans lequel chaque élément est à sa place. Tout a été rigoureusement calculé, savamment dosé. Une construction minutieuse servie par une langue riche et précise, dans laquelle chaque mot est à sa place.

Ce maître des jardins noirs est un petit bijou, magnifiquement ciselé par un auteur-orfèvre.

Je ne peux que vous recommander d'aller à votre tour vous promener dans ces jardins. Mais, soyez prudents ! Un écriteau devrait indiquer : "Attention, vous entrez ici à vos risques et périls !"

Un immense merci à latina dont la critique enflammée m'a donné envie de lire ce livre !

Belle découverte d'un auteur que je ne connaissais absolument pas. Si vous avez d'autres titres à me conseiller, je suis partante !
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Le maître des jardins noirs

Dès la première page, le malaise est instillé : « Moi, trois jours avant leur arrivée, je n'étais déjà plus dans mon assiette. Ce qui n'est pas bien clair me gâche les sangs et rien ne me paraît plus obscur que leur installation à Champleure ».

Celui qui parle et s'inquiète de la sorte, c'est Simon, vieux fermier qui vit depuis toujours à Champleure avec sa femme Rachel.

Eux, c'est un jeune couple, Anaïs et Quentin, et leurs trois enfants, qui ont acheté la vieille bâtisse en face de chez Simon, une maison bourrée d'humidité et de courants d'air. Ils sont un peu l'archétype de la petite famille citadine qui fuit le vacarme de la ville pour s'installer à la campagne, convaincue d'y trouver le bon air et la tranquillité.

Pourtant dans cette contrée de forêts, de contes et de légendes, l'air n'a pas toujours été pur. Tenez, les fameux jardins noirs, par exemple, à quelques kilomètres de là : des terres stériles et putrides, maudites peut-être, bordant l'ancien village anéanti par la peste en 1709.

Et la tranquillité, alors... Anaïs trouve que Rachel, sous couvert de bienveillance, est bien curieuse avec toutes ses questions... Et que dire de Simon, ce voyeur qui le jour lorgne les petites culottes d'Anaïs sur la corde à linge, et l'ombre de la jeune femme à la fenêtre de la salle de bain le soir...

Au fil du récit qui alterne les points de vue d'Anaïs et de Simon, une relation ambiguë se noue entre eux, le malaise s'épaissit et une menace plane, sans qu'on comprenne bien en quoi elle consiste ni d'où elle vient. La nature est un personnage à part entière, omniprésente avec le vent, la pluie, la boue, un chien, un cerf, la roche, le schiste et les failles profondes dissimulées par la végétation.

Derrière la simplicité apparente de ce court roman, il y a en réalité un texte dont la construction a été pensée dans le moindre détail et dont la montée de la tension psychologique est tout à fait maîtrisée. Un récit en clair-obscur, entre réalité, fantasmes et légendes, poétique, teinté d'érotisme, troublant.



#LisezVousLeBelge
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Le maître des jardins noirs

Voici un ouvrage lu d'une traite, à la fois grisant et intrigant , fascinant et déstabilisant dont je dois la découverte, l'achat et la lecture à Cecile que je ne remercierai jamais assez......

Son billet alléchant m'a convaincue ...

Cela m'a fait penser à un film de Claude Chabrol mais bon, je me trompe peut- être, c'est mon côté addictif à ses réalisations ....plutôt du Alfred Hitchcock ....à vrai dire ...

La blonde , douce , soignée et jolie Anaïs , ses trois enfants. Paul et Maurice , la petite Yolande et son mari traducteur Quentin viennent d'emménager à Champleure , un coin reculé de campagne, pas loin des friches entourant l'ancien village victime de l'épidémie de peste en 1709, une terre putride et noire d'où ne poussent que " les fleurs de la mort" , terre dont personne ne voudra jamais ....

Le charme de ce roman dont bien sûr , je ne dévoilerai rien, vient de la force de l'écriture à l'efficacité redoutable ..



Chaque mot minutieusement choisi y a sa place , un travail d'orfèvre !



La langue est riche et précise sans oublier la description de somptueux paysages qui parlent à nos sens : les serpents et les failles,... Les ravines et ornières, les fissures, les cordes et les blocs de schiste, les grottes, les jardins noirs .....

Le côté dérangeant, déstabilisant et insolite provient de la vision du voisin, qui passe son temps à guetter le linge d'Anaïs, dont les petites culottes de soie volent au vent au grand dam de sa femme à laquelle il pense :

" Ah! Ça la gêne que je porte le regard sur ces minces triangles de tissu vaporeux, dans lesquels elle pourrait tout au plus glisser un gros orteil . "

Ce couple de fermiers relativement âgés, curieux et seuls , à l'affût, elle, adepte de ragots de caniveau , curieuse, envieuse de la beauté, lui, revenu de tout, qui peut demeurer deux heures à son poste à guetter la gracieuse silhouette d' Anaïs, derrière les fenêtres éclairées.

" le temps est suspendu et un pesant ennui écrase la terre . "

" Il guette Anaïs comme le chasseur désarmé à l'affût se contente d'un battement d'ailes . "

C'est une histoire incroyable entre fantastique, observation incessante , voyeurisme , contes et légendes ardennaises telle celle de " l'enfaon".

Plus on avance dans le récit plus on est indécis . 'Parallèlement le récit trés maîtrisé nous plonge dans un univers tout à fait particulier où rien n'a l'air de se passer et pourtant ..



Le lecteur est bluffé , ébloui par cette attente jusqu'à la fin entre tension psychologique , ambiguïté , surprise , fantasme, réalisme désabusé et splendeur des paysages !

Un petit bijou de lecture, passionnant , vite lu mais que l'on va conserver longtemps en mémoire !

Merci beaucoup à Cécile de m'avoir fait découvrir André - Marcel Adamek .

Et vive la littérature Belge !





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Le maître des jardins noirs

Quelle merveille, ce livre! Court mais intense, poignant et haletant. Je ne connaissais même pas de nom cet auteur belge, c'est Latina qui la première m'a donné envie de le découvrir, merci à elle et à Bookycoocky et Annette, qui ont adoré aussi. Je ne pouvais donc que succomber à mon tour...



La campagne profonde. Un hameau perdu. Un couple vieillissant qui s'ennuie. Et voilà l'arrivée d'une famille avec trois enfants. De quoi attiser leur curiosité et réveiller les tourments... Surtout ceux du mari, qui se fait voyeur, derrière sa fenêtre, à épier le beau corps de la voisine, la blonde Anaïs.



Mais je n'en dirai pas plus. J'ajouterai juste qu'un petit chien aura un rôle essentiel dans cette histoire insolite et prenante, aux allures de thriller , par moments. De même qu'un superbe cerf à la mâle assurance troublante...



Le style m'a attirée, puissant, poétique, surtout dans les descriptions d'un paysage sauvage changeant, aux mille nuances. L'analyse psychologique des réactions de chacun est fine et s'attache aux non-dits, aux désirs secrets.



Le fait d'alterner deux points de vue, celui du voisin, Monsieur Simon, et d'Anaïs, exacerbe la tension dramatique montante et le lien ambigu qui se crée entre eux.



Découvrez à votre tour ces jardins noirs, âpres et dangereux, où les corps s'affolent, où le lecteur s'enlise avec plaisir, où onirisme et réalité se mêlent ... Un voyage addictif dans un univers singulier. Et question à Latina: que me conseilles-tu comme autre livre de cet auteur? J'en redemande!
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Retour au village d'hiver

« Son périple lui avait appris la complexité des êtres, leur fragilité face aux coups de boutoir de la destinée. Nul n’est exactement le reflet qu’il donne, ni son contraire ».

En effet. Je suis entièrement d’accord avec Adamek, ce romancier belge aux nombreux prix, que j’apprécie particulièrement.



Mais ici, j’ai été déçue, très déçue. La complexité des êtres ? Ce tout petit roman n’a pas eu le temps d’en faire le tour, en tout cas. Tout m’a semblé trop simpliste, trop vite dit, trop peu expliqué. Les relations ne sont qu’esquissées ou alors assénées comme une conclusion péremptoire.

Gilles a 16 ans et à la mort de sa mère, part sur les traces de son père disparu lorsqu’il avait deux ans. Il retourne donc au « village d’hiver », dans la montagne, d’où son père est parti pour ne plus revenir. Il découvrira petit à petit une vérité à laquelle il ne s’attendait pas.

Enfin, je dis « petit à petit », mais non ! C’est plutôt au pas de charge que tout nous est conté.

Je n’ai pas retrouvé non plus le style si particulier à Adamek, j’ai buté sur de nombreux stéréotypes.

Où est le romancier si poétique, si sensible, si fou du « Fusil à pétales » ?



Ce roman est censé être destiné aux ados. Je me demande quel ado, même fragile, même complexe, pourrait encore l’apprécier aujourd’hui.

Donc je n’irai plus m’aventurer dans ce village, même en été.

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Le plus grand sous-marin du monde

Adamek, je vous en avais déjà parlé, non ? « Le maitre des jardins noirs », notamment…

Eh bien, cet auteur belge n’a pas démérité dans ce roman ou plutôt ce conte pas si merveilleux que ça.





Nous sommes dans une petite ville côtière en France, côté Atlantique. Mais c’est loin d’être le paradis ! Après une suite de coups durs, genre marée noire et tutti quanti, le tourisme l’a désertée, et elle est le haut-lieu des ferrailleurs qui décortiquent les bateaux. Bref, la misère n’est pas loin.

Plus de pêche, plus de baignades, plus de jolies jeunes filles se baladant les seins haut perchés dans leur bikini.

Quoique…une jeune fille, il y en a une, mais elle ne semble pas très épanouie, car elle recherche curieusement à faire le tapin à la sortie des chantiers !





C’est autour d’elle et de deux autres belles femmes que se construit l’histoire.

Adamek plante ses personnages, fait intervenir les indispensables méchants sans lesquels l’histoire se la coulerait douce, met en scène des hommes de bric et de broc tous toqués d’une des femmes qui pour elle(s) s’allient et veulent le meilleur.

C’est sans compter sur l’arrivée d’un sous-marin géant, un russe, pour y mourir sous le scalpel des ferrailleurs. L’histoire, qui déjà commençait sérieusement à déraper, prend la tangente et nous entraine vers les hauts-fonds.

Adamek nous conte tout ceci avec fantaisie, tendresse et poésie, et même distille quelques notes de magie, notamment lorsqu’il parle des mots, lui qui sait si bien les manier.

La psychologie n’est pas très développée, mais là n’est pas la question. C’est plutôt l’humain qui prime, ici, l’humain avec ses faiblesses mais aussi les comportements qui font que l’homme est Homme.





Plein de pistes de réflexion pourraient être abordées, car c’est un roman multiple sous ses dehors bonasses mais le temps nous manque car c’est bientôt Noël, je vous laisse à vos cadeaux.

Pourquoi pas un roman d’Adamek ?

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La fête interdite

Troisième livre que je lis d’André-Marcel Adamek ! J’avais adoré La Grande Nuit, lu Il y a longtemps et que je devrais relire pour en faire la critique.

Ici, j’ai retrouvé la joie que j’avais éprouvée avec le roman cité plus haut !

Le récit se déroule dans le bourg de Marselane au moyen-âge semble-t-il

Nous sommes mi-octobre et tous les villageois attendent avec impatience la fête de Saint-Luc, et les saltimbanques qui les égaient chaque année. La fête est importante, la plus importante de l’année, elle est synonyme d’arrêt du dur travail des champs et de réjouissances.

Sadim, le montreur d’ours arrive quelques jours avant la fête et outrepassant l’injonction du sénéchal de ne pas donner de représentation avant le jour de la Saint-Luc, , tient à montrer à tous le nouveau et spectaculaire numéro de l’ours. Les choses se passent mal toutefois, Sadim est victime d’un malaise et l’ours, désemparé, est tué.

La rumeur court que les habitants de Marselane ont tué Sadim, les saltimbanques l’apprenant, décident de ne pas rejoindre le village et maudissent ses habitants.

C’est alors le début de l’aventure pour deux de leurs représentants qui s’offrent à rejoindre les forains pour expliquer la méprise.

Et c’est une véritable aventure faite de recherches, de traquenards, de vol, de rencontres. Je ne vous les dévoilerai pas mais j’ai été sous le charme !

André-Mzrcel Adamek, pour nous les conter et nous replonger dans cette époque lointaine, utilise de nombreux mots désuets - j’ai utilisé à quelques reprises mon dictionnaire pour les comprendre (exemples : banquiste, vit, aronde...) - des jurons (corne d’aspic), il décrit un monde fantastique - la femme-serpent au corps recouvert d’écailles, la femme-léopard à la jeunesse éternelle, la voyante - et ce sans que cela paraisse invraisemblable au lecteur que je suis et pourtant j’ai la réputation d’être trop cartésien ...

J’ai aimé le portrait de cette société du moyen-âge avec ses superstitions, son clergé hostile aux forains, et son attente de la plus grande fête de l’année qui leur permettra de ne pas travailler, de jouir du spectacle des forains et de se détendre.

J’ai aimé les divers personnages, le vieil Alban, Lauric, le forgeron amoureux de la femme-serpent, le sénéchal, le Pipistreau, la petite voleuse...

J’ai aimé la sensualité de la femme-serpent qui attire le désir des hommes mais ne se donne pas...

Ce fut un beau moment de lecture !

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Le maître des jardins noirs

Ce que j'aime dans Babelio, c'est ce cercle autour d'un livre, comme un caillou jeté dans l'eau qui provoque des ondes qui se propagent peu à peu chez d'autres lecteurs avec autant d'enthousiasme , bien loin du battage médiatique de certaines sorties littéraires ou du

classement de meilleures ventes ...



Chacun ensuite rajoute sa petite pierre .



Quand Quentin et Anaïs avec leurs trois enfants emménagent dans la maison d'un hameau perdu dans la campagne , ils sont loin d'imaginer que leur arrivée était attendue depuis longtemps et que leurs faits et gestes sont scrutés et commentés par le couple de voisins Simon et Rachel ; rien de bien étonnant quand on connait la nature humaine, curieuse avec parfois un fond de perfidie et de jalousie ...



Mêlant onirisme, légendes avec Bichelle et sa rencontre avec le cerf et histoires anciennes d'un village anéanti par la peste d'où ces terres noires à la réputation maudite , André-Marcel Adamek crée rapidement une atmosphère de huis clos où tout semble possible et capte le lecteur dans les mailles de son filet , et le lecteur s'y trouve bien attrapé et suspendu aux monologues alternés de Simon et Anaïs entre fascination et répulsion.



Chaque famille a ses blessures qu'elle tente de tenir à distance et ses fêlures comme le handicap de la petite Suzanne , l'image que l'on transmet aux autres n'est souvent qu'un pâle reflet de la réalité et on va , avec ce récit, de surprise en surprise .



Que reste-t'il lorsque l'on veut forcer le destin ?



Un trop court roman pour un récit fort , poétique, imagé et pourtant d'apparence si simple .





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Retour au village d'hiver

A 17 ans, Gilles décide de passer ses vacances d'hiver à Valdaine pour tenter de découvrir la vérité sur son père, luthier miniaturiste, disparu en montagne 15 ans plus tôt.



Sa mère vient de décéder et il s'est un peu rabiboché avec son beau-père, l'architecte Martin dont la fille Flo est très proche de Gilles.



Ecriture agréable, intrigue plaisante qui m'évoquait un ouvrage pour public jeune ado.

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Le maître des jardins noirs

Deuxième découverte d'Adamek et je partage l'enthousiasme de Latina pour cet auteur!



Anaïs raconte la ferme 'de rêve' que Quentin et elle viennent d'acheter, rénover et emménager avec leurs trois enfants, et aussi la ferme en face, le vieux couple de Rachel et M. Simon, un M. Simon un peu inquiétant, un peu trop curieux. Et Simon, en face raconte l'arrivée des nouveaux, pourquoi la petite Yolande est rousse alors que les parents... et ses déductions sur le linge entrain de sécher...



Pas si 'de rêve' que ça, humidité, rats courant la nuit au plafond et Quentin qui, à la place de pièges, ramène un jeune chiot. A partir de là commence l'intrigue dans un contexte de jardin noir, les ruines maudites du village abandonné depuis la peste de 1709.



Une construction admirablement maîtrisée par Adamek, une belle écriture et beaucoup d'espace où plonger notre empathie!



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La fête interdite

D'une écriture recherchée, Adamek raconte la méprise sur la mort du montreur d'ours, ce qui a fâché les forains, et le village de Marselane risque d'être privé de sa fête de la Saint Luc.



J'ai bien aimé la bienveillance qu'il place chez le sage Alban, le Sénéchel de Marselane ou le prévôt des forains.



J'ai aimé aussi le surnaturel des gens du cirque, la frigidité de la femme-serpent aux écailles, le Pipistreau à tête de chauve-souris, fruit de l'inceste de son père, l'éternelle jeunesse de la femme-léopard toujours masquée, le fils du lanceur de poignards, Macahon le borgne, qui, après 15 mois,refuse toujours de naître, attendant un monde meilleur!

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La grande nuit

Quelle belle découverte que cet auteur belge. Lorsqu'on cherche un peu plus loin que les écrivains connus pouvant profiter d'une bonne publicité à chaque sortie de livre, je vous assure que l'on trouve de très belles plumes. C'est le cas avec André-Marcel Adamek.



Un cataclysme dont personne ne connaît la teneur a anéanti toutes formes de vie sur terre. Humain, faune et flore. Comme si plusieurs pays avaient lâché leur bombe nucléaire en même temps. Un ciel assombri de nuages de cendres empêche la traversée des rayons du soleil, durant de longs mois. Quelques rescapés, dont Anton Malek, au regard de loup, tente de survivre, fouillant les ruines, enjambant les corps à la recherche d'eau et de boîtes de conserves. Partant des Ardennes belges, il parcourra de longs kilomètres jusqu'aux côtes de la Manche où, pense-t-il, les dégâts doivent être réduits en raison de la présence de la mer. Il y rencontre une communauté d'une quarantaine de personnes, survivant grâce à leur bon sens, leur organisation, leur solidarité et leur courage. Mais tout est à refaire...



Tout est dit dans ce petit livre de 238 pages. La tension est constante, les personnages féminins au tempérament de guerrière font froid dans le dos. Les sentiments de révolte et de peur sont exacerbés. Des émotions de toutes sortes suivent la lecture de ce livre coup de coeur.

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Le sang du gourou

Un coin perdu dans le sud, où la sécheresse ravage les vignes et le maïs, où l'on cherche à empêcher la naissance d'une bouche que l'on n'arrivera pas à nourrir.

Mais Marco naîtra, muet, ami des plantes et des oiseaux.



Se succèdent d'étranges lieux comme aime créer Adamek, une éducation au monastère, un chapelain et sa petite voiture sous le charme des deux soeurs, Annabelle et Lisa, une maison close, un cirque, une prison pour femmes, une secte un peu zoophile...



Belle écriture, érotisme latent et, si j'ai bien adhéré au début, j'ai trouvé ensuite l'inspiration un peu faible.

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