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Citations de André Maurois (304)


Le temps était splendide. Quand mon mari rentrait de l'usine, il aimait à "se griller" en plein soleil. Nous nous faisions apporter deux pliants sur la pelouse, devant la maison, et nous restions silencieux, perdus dans de vagues rêveries. Quelquefois Philippe me souriait et me regardait et me souriait. Je savais que nous étions unis. Ah, Philippe, je voudrais passer toute ma vie, près de vous, engourdie, orteils nus, sans rien de plus que votre main, cette tiédeur de l'air, ces bruyères...C'est délicieux et si mélancholique.
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La nuit tomba ; j'étais couché sur le gazon, aux pieds nus de Denise: ma main rencontra sa cheville que j'enveloppai doucement sans qu'elle protestât. Il y avait derrière nous des seringas dont je sens encore le parfum très fort. On voyait les étoiles à travers les branches.Je n'abandonnai pas ses orteils qu'elle me laissa, heureuse, indiférente.
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Le bonheur n'est pas dans les événements. Il est dans le coeur de ceux qui les vivent. Croire au bonheur, comme je fais, c'est faire du bonheur une vérité, car le bonheur n'est qu'une croyance. « Où donc est le bonheur ? » Il est à portée de notre main. Le bonheur est très simple et très banal. Et il ne peut être un mensonge puisqu'il est un état d'âme.
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Je comprenais maintenant une phrase que m'avait dite un jour Philippe et que j'avais alors jugée monstrueuse : l'amour supporte mieux l'absence ou la mort que le doute ou la trahison.

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Nos destinées et nos volontés jouent presque toujours à contretemps.


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Kipling, Wells et Shaw sont, chacun à sa manière, des aristocrates.
Kipling pense que seules certaines vertus confèrent le droit de commander ; Wells croit au privilèges de l'intelligence ; Shaw attend le règne du surhomme, qui sera un hybride de Shaw, de César et de Mathusalem.
Chesterton, au contraire, est un démocrate ; il exalte l'homme moyen, celui qui cultive son jardin et va boire de la bière à la taverne, et je ne crois pas qu'il aime beaucoup les techniciens de Wells.
Shaw et Wells, devant l'échec du XIX° siècle voient le salut de l'humanité dans l'avenir. Chesterton ne déteste pas moins qu'eux la société qu'a engendrée le machinisme, mais il voit le salut de l'humanité dans un retour au passé.
Kipling est pessimiste ; Chesterton optimiste.
Kipling évoque le dieu des armées ; Wells celui des cornues et des statistiques ; Shaw celui de la vie ; Chesterton adore le dieu chrétien, tel qu'on le trouve dans les évangiles.....
(extrait de "Magiciens et logiciens" paru chez "Grasset" en 1935)
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La Russie de 1820 n’est pas en équilibre. Ce’est un état politique dangereux pour une nation, mais c’est un état favorable à la formation des grands romanciers, parce que les passions y sont fortes, les changements soudains et frappants
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XXVI - Du choix des livres

Vous me demandez, Inconnue de mon âme, ce que vous devez lire. Mes conseils vont sans doute vous surprendre. Pourtant suivez-les. Mon maître Alain disait qu’il faut être l’homme (ou la femme) de peu de livres et prouvait, par son exemple, l’excellence de ce principe. Sa bibliothèque se composait essentiellement de quelques grands auteurs : Homère, Horace, Tacite, Saint-Simon, Retz, Rousseau, le Mémorial, Stendhal, Balzac, George Sand, Victor Hugo et naturellement les philosophes : Platon, Aristote, Descartes, Spinoza, Kant, Hegel, Auguste Comte. Au cours de sa vie, il ajouta Romain Rolland, Valéry, Claudel, Proust et aussi Kipling.

Choix sévère, limité, mais de ces grandes œuvres, il n’ignorait rien. Les relisant sans cesse, il y découvrait chaque fois des beautés nouvelles. Il pensait que nul ne connaît un auteur s’il n’est capable d’aller tout droit à la page cherchée. Dans quel roman de Balzac se trouve la première rencontre de Vautrin et de Rubempré ? Dans quel roman retrouve-t-on Félix de Vandenesse marié ? Dans quel tome de Proust apparaît le septuor de Vinteuil ? Qui ne peut répondre n’est pas un lecteur véritable. « L’important n’est pas de trouver, disait Valéry, mais de s’ajouter ce qu’on trouve. » Une femme est plus cultivée si elle s’est ajouté quelques beaux ouvrages que si elle a parcouru distraitement trois livres nouveaux par jour.

Faut-il donc refuser audience aux auteurs de notre temps ? Evidemment non, et d’ailleurs quelques-uns d’entre eux seront les maîtres de demain. Mais il se faut garder d’une excessive dispersion. Comment ? D’abord en donnant à la récolte de l’année le temps de se décanter. Que de livres proclamés chefs-d’œuvre par leur éditeur ou par un cénacle, seront oubliés six mois plus tard ! Ne nous chargeons pas vainement la mémoire. Attendons. Flairons ce qui passe et choisissons nos amis. Chacun de nous a, parmi les contemporains, ses élus. De ceux-là, qu’il suive les essais. Je lis tout ce que publient quelques jeunes en qui j’ai confiance. Je serai heureux d’en découvrir d’autres, mais je ne les souhaite pas trop nombreux. Je serais submergé.

Dès que nous sommes sûrs de la valeur spirituelle ou esthétique d’un livre, il faut l’acquérir. Une connaissance intime et totale n’est possible que pour les œuvres que nous aurons sous la main. Pour une première rencontre avec un auteur, il est légitime, et même raisonnable, de recourir à l’emprunt. Quand nous avons décidé de l’adopter, il lui faut acquérir droit de cité. On épouse la femme et on achète les livres avec lesquels on désire vivre.

Et comment lire ? Une première lecture est presque toujours, si le livre nous enchante, rapide et passionnée. Le lecteur dévore les pages. Mais les lectures suivantes (et un grand livre sera relu cent fois) doivent se faire crayon ou plume à la main. Rien de plus propre à former le goût et le jugement que de copier un passage sublime, de noter une pensée profonde. Des auteurs que l’on estime, il faut se jurer de ne rien passer. Qui saute, dans Balzac, les longues descriptions de villes ou de maisons n’est pas un balzacien.

Une méthode efficace est de lire en étoile ; je veux dire en rayonnant autour d’un sujet central, un livre appelant l’autre. Exemple : je lis Proust et l’admire. J’apprends en l’étudiant, que Proust lui-même admirait Ruskin, George Sand. Je vais à Ruskin et Sand ; ce qu’un tel lecteur jugeait bon ne peut être indifférent. Ainsi Chateaubriand m’a fait connaître Joubert. Charles du Bos m’a fait lire « Eurydice deux fois perdue ». Maurice Baring m’a jadis initié à Tchekhov, à Gogol. En telle manière se forment des chaînes d’amitiés spirituelles. A vous d’y prendre votre place. Adieu.
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André Maurois
Si belle qu'ait été une vie, il y a toujours un immense écart entre l'existence qu'avait rêvée l'adolescent et celle qu'a connue l'homme.
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- Il y avait une fois, dit le docteur, deux officiers qui, le même jour, perdirent chacun un objet appartenant au gouvernement de Sa Majesté. Le premier égara un seau à charbon, le second un camion automobile. Or vous savez, Aurelle, que, dans notre armée, un officier est responsable sur ses propres deniers de la valeur des objets qu’il perd par négligence. Les deux officiers reçurent donc deux notes du War-Office avisant l’un qu’il aurait à payer la somme de trois shillings, l’autre qu’il lui serait retenu mille livres sur son traitement. Le premier voulut se défendre : il n’avait jamais eu de seau à charbon et prétendit le démontrer. Il compromit son avancement et dut à la fin payer les trois bobs. Le second, qui connaissait les voies du Seigneur, écrivit simplement au bas du papier : « Noté et retourné ». Et il renvoya le papier au War-Office. Là, suivant une vieille et sage règle, un scribe perdit le dossier et le bon officier n’entendit plus jamais parler de cette bagatelle.
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Il y aura toujours du romanesque au monde pour ceux qui en sont dignes ( "Les violettes de mercredi")
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XXVII

Je vous écris sur mes genoux, dans un train, entre Marseille et Nice. Le ciel est bleu drapeau, sans un nuage. Les petites villes fortifiées, aux rues dallées, se sont réfugiées sur les collines, pour se protéger des Sarrasins. Les crêtes rocheuses et dorées ont cette précision pure qui n’appartient qu’à la Provence et à la Grèce.
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Choisissez la fidélité, elle ouvre le chemin du bonheur .
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André Maurois
Toutes les fois qu’en entrant dans un de ses livres nous trouvons certaines rues de Londres, certains brouillards à travers lesquels brillent les feux des voitures et ceux des boutiques, certaines maisons de campagne où l’on fait de bons repas coupés d’innocentes plaisanteries, certains quartiers sombres où l’on devine derrière les portes closes d’étranges repaires, nous éprouvons un sentiment mêlé de tendresse, de désir de confort et de crainte qui était celui du petit enfant Dickens au temps où il rentrait de la fabrique de cirage
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Nous aimons les êtres parce qu'ils sécrètent une mystérieuse essence, celle qui manque dans notre formule pour faire de nous un composé chimique stable.
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Enfin j'avais souvent entendu Philippe exprimer l'idée que la grande force d'une femme est l'absence, que loin des êtres on oublie leurs défauts, leurs manies, que l'on découvre qu'ils apportent dans notre vie un élément précieux, indispensable, élément que nous n'avions pas remarqué parce qu'il était trop intimement mêlé à nous.
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Si les hommes comprenaient mieux les dangers que comporte l'emploi de certains mots, les dictionnaires, aux devantures des libraires, seraient enveloppés d'une bande rouge : "Explosifs. A manier avec soin."
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(Proust) savait maintenant qu'un écrivain, avant tout autre devoir, a celui de vivre pour son œuvre ; que l'amitié, par le temps qu'elle fait perdre, devient une dispense de ce devoir, une abdication de soi ; que la conversation est « une divagation superficielle qui ne nous donne rien à acquérir ». L'inspiration, la pensée profonde, le « choc spirituel » ne sont possibles que dans la solitude. L'amour même est moins dangereux que l'amitié, parce qu'étant subjectif il ne nous détourne pas de nous-mêmes.

1780 - [p. 84]
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Après une promenade qui parut très longue à Michelle et qui avait peut-être duré deux ou trois heures, quelques arbres apparurent au milieu du sable. Puis elle vit une tache sombre dans le lointain et le chameau s'arrêta à l'entrée d'une forêt. Michelle descendit et aperçut un écriteau cloué sur un sapin. Elle lut :

CLOS MAGIQUE
S'ADRESSER À M. HONTEUZÉKONFU
Corbeau de service

Quand elle fut plus près, elle remarqua que dans l'écorce du sapin était taillé un petit guichet semblable à ceux qui sont dans les gares ou à ceux des bureaux de théâtres. Elle frappa au guichet ; personne ne répondit. Elle frappa plus fort et elle entendit :
"Croa, croa... Voilà, voilà..."
Le guichet s'ouvrit et elle vit un vieux corbeau qui portait des lunettes sur son bec, une calotte de drap noir sur la tête et un petit veston d'alpaga noir.
"Est-ce que vous êtes M. Honteuzékonfu ? dit Michelle.
- Je croa", dit le Corbeau.
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André Maurois
Le plus souvent, on cherche le bonheur comme on cherche ses lunettes, quand on les a sur le nez.
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