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Critiques de André Maurois (127)
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Les silences du colonel Bramble - Les disco..

Pierre Desproges disait qu’on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui. Bien longtemps avant lui, André Maurois avait montré qu’on pouvait sourire, même des circonstances les plus atroces.

Un peu de contexte : pendant la Première Guerre mondiale, André Maurois fut Interprète militaire et officier de liaison auprès du Corps expéditionnaire britannique en France et en Flandres. Les silences du Colonel Bramble (qui deviendra général dans les discours du Docteur O’Grady), publiés en 1918, sont le récit de cette expérience vécue au cœur des combats de tranchées et des horreurs du premier conflit mondial, l’auteur s’y dépeignant sous le personnage de l’interprète Aurelle.

N'allez pas en conclure qu’il s’agit d’un livre triste et larmoyant, belliciste ou pétri d’héroïsme et de nobles sentiments. Ici , la bravoure est toujours souriante.

A la parution de l’ouvrage, l’historien et écrivain Daniel Halévy écrivait : « Le livre de Monsieur André Maurois est charmant. J’ajoute, et cela est nécessaire en nos temps, il est bienfaisant ». Si nos temps actuels sont troublés pour des raisons très différentes, je persiste à penser que la lecture de ce livre serait toujours aussi bienfaisante pour les lecteurs du XXIème siècle, même si, j’en ai peur, ils ignorent pour la plupart son existence.

Parce que, sous des dehors de légèreté, ce livre est une leçon de vie. Même si l’auteur joue, mais à rôles renversés (et avec beaucoup plus de profondeur que Pierre Daninos), sur le même registre que les « Carnets du Major Thompson », faisant partager au lecteur sa candeur admirative pour les officiers britanniques dont il partage la vie, -et l’effet comique vient souvent de là-, ce n’est réellement qu’un prétexte pour distiller une philosophie aimable, et rien moins que sentencieuse, née des interrogations que la démence d’un conflit mondial ne peut manquer de poser.

J’ai lu ce livre à l’adolescence. Je l’ai ensuite relu à plusieurs reprises. J’y ai toujours trouvé apaisement et sagesse. Est-ce qu’un adolescent, en 2024, pourrait y trouver le même plaisir, le kiffer grave ? Certains passages ne doivent plus être dans l’air du temps. J’imagine, par exemple, que les mouvements woke et « gender fluid » doivent vomir le poème de Kipling « Tu seras un homme mon fils » dont Maurois nous donne une traduction.

Qu’importe. L’intelligence se fout des modes. Et ce livre est avant tout extrêmement intelligent.

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Les silences du colonel Bramble

Un court récit, la première Guerre mondiale, du côté des officiers britanniques. Flegme légendaire, détachement... Des anecdotes bien contées, des personnages fort typés, une langue élégante et précise. Pour compléter d'autres récits, ceux de Dorgelès ou de Genevoix.
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Sept visages de l'amour

Pas le meilleur livre de l'auteur qui nous a offert des recits plus remarquables.Ce livre porte néanmoins sa patte et recele de bons passages.Il peut etre un bon point d'entree pour decouvrir l'oeuvre prolifique de cet auteur doue de la litterature francaise.
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Toujours l'inattendu arrive et autres nouve..

Ici nous sommes sur un recueil de nouvelles la partie la moins connue de son oeuvre dominee par des romans célèbres.La nouvelle est un style littéraire dur a maitriser qui demande une parfaite maîtrise du rythme que l'auteur maitrise a merveille.Un recueil vivant,rythmé,tres agreable.
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Mes songes que voici

Comme son nom l'indique nous sommes ici avec un roman particulier,base sur les reves de l'auteur qu'il nous présente ici.Le roman se compose d'un recueil de texte que l'auteur a fait sous le patronage de Montaigne "tantot je reve tantot je suis".Un exercice particulier a decouvrir.
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Balzac

André Maurois et Roger Pierrot ont tous deux rédigés une excellente biographie De Balzac, chacun dans un style différent, mais avec la même passion et la même érudition pour tout ce qui concerne la vie et l'oeuvre de l'auteur de la Comédie humaine. J'ai lu et relu plusieurs fois leurs livres, mais je n'avais jusqu'à présent jamais réalisé l'expérience de lire leurs deux essais consécutivement. Outre le fait que cela m'a permis une nouvelle immersion totale dans Balzac (respectivement 697 pages et 582 pages, sans compter les nombreuses lectures parallèles pour aller rechercher des compléments d'information dans l'oeuvre ou la correspondance De Balzac) cette lecture confirme mon impression première, il s'agit de deux ouvrages parfaitement réussis et qui peuvent d'une certaine manière se compléter même s'ils relatent les mêmes évènements et développent les mêmes thèmes. Chaque auteur le fait à sa façon, Maurois est avant tout un écrivain, il a l'habitude de raconter des vies et des intrigues et son récit sur Balzac se lit comme un roman. Roger Pierrot est un érudit, spécialiste De Balzac, ancien directeur de la bibliothèque nationale et son point fort est la rigueur et la précision. Tous deux sont animés d'une grande passion pour Balzac et cela se ressent dans leurs ouvrages. Je garde toutefois une petite préférence pour la biographie réalisée par Maurois, elle délivre plus de commentaires sur l'homme sans pour autant négliger la genèse de l'oeuvre et son contexte.



Maurois ne laisse rien de ce qu'il faut savoir sur la vie De Balzac et nous renseigne sur son entourage et sur l'époque. Il nous décrit merveilleusement la personnalité De Balzac sans nous cacher ses défauts, ses excès, ses petites mesquineries, ses lourdeurs de styles, sa philosophie, ses espoirs, ses goûts, ses histoires d'amour et nous ramène toujours à son génie, sa connaissance intuitive de l'âme humaine et sa puissance d'écriture qui emporte tout. L'une des caractéristiques de la personnalité De Balzac, c'est sa qualité de visionnaire ou plutôt de voyant, cette faculté lui faisait ressentir et comprendre tous les méandres de la psychologie humaine simplement en observant quelques détails. Il y a ce fameux passage dans « Facino Cane » ou Balzac lui-même explique ce don mystérieux :

« Je demeurais alors dans une petite rue que vous ne connaissez sans doute pas, la rue de Lesdiguières : elle commence à la rue Saint-Antoine, en face d'une fontaine près de la place de la Bastille et débouche dans la rue de la Cerisaie. L'amour de la science m'avait jeté dans une mansarde où je travaillais pendant la nuit, et je passais le jour dans une bibliothèque voisine. Je vivais frugalement, j'avais accepté toutes les conditions de la vie monastique, si nécessaire aux travailleurs. Quand il faisait beau, à peine me promenais-je sur le boulevard Bourdon. Une seule passion m'entraînait en dehors de mes habitudes studieuses ; mais n'était-ce pas encore de l'étude ? J'allais observer les moeurs du faubourg, ses habitants et leurs caractères. Aussi mal vêtu que les ouvriers, indifférents au décorum, je ne les mettais point en garde contre moi ; je pouvais me mêler à leurs groupes, les voir concluant leurs marchés, et se disputant à l'heure où ils quittent le travail.

Lorsque, entre onze heures et minuit, je rencontrais un ouvrier et sa femme revenant ensemble de l'Ambigu-Comique, je m'amusais 8 jusqu'au boulevard Beaumarchais. Ces braves gens parlaient d'abord de la pièce qu'ils avaient vue ; de fil en aiguille, ils arrivaient à leurs affaires ; la mère tirait son enfant par la main, sans écouter ni ses plaintes ni ses demandes ; les deux époux comptaient l'argent qui leur serait payé le lendemain, ils le dépensaient de vingt manières différentes. C'était alors des détails de ménage, des doléances sur le prix excessif des pommes de terre, ou sur la longueur de l'hiver et le renchérissement des mottes, des représentations énergiques sur ce qui était dû au boulanger ; enfin des discussions qui s'envenimaient, et où chacun d'eux déployait son caractère en mots pittoresques. En entendant ces gens, je pouvais épouser leur vie, je me sentais leurs guenilles sur le dos, je marchais les pieds dans leurs souliers percés ; leurs désirs, leurs besoins, tout passait dans mon âme, ou mon âme passait dans la leur. »



Ce passage explique le génie créateur De Balzac comme cet autre extrait d'une lettre adressée à la Duchesse d'Abrantès ou Balzac fait son auto-portrait :

« Je renferme dans mes cinq pieds deux pouces toutes les incohérences, tous les contrastes possibles, et ceux qui me croiront vain, prodigue, entêté, léger, sans suite dans les idées, fat, négligent, paresseux, inappliqué, sans réflexion, sans aucune constance, bavard, sans tact, mal-appris, impoli, quinteux, inégal d'humeur, auront tout autant raison que ceux qui pourraient dire que je suis économe, modeste, courageux, tenace, énergique, négligé, travailleur, constant, taciturne, plein de finesse, poli, toujours gai. Celui qui dira que je suis poltron n'aura pas plus tort que celui qui dira que je suis extrêmement brave, enfin savant ou ignorant, plein de talents ou inepte ; rien de m'étonne plus de moi-même. Je finis par croire que je ne suis qu'un instrument dont les circonstances jouent.

Ce kaléidoscope-là vient-il de ce que le hasard jette dans l'âme de ceux qui prétendent vouloir peindre toutes les affections et le coeur humain, toutes ces affections mêmes afin qu'ils puissent par la force de leur imagination ressentir ce qu'ils peignent et l'observation ne serait-elle qu'une sorte de mémoire propre à aider cette mobile imagination. Je commence à le croire. »



Balzac pouvait étonner ses contemporains par son aspect physique, il était brèche-dent, avaient de l'embonpoint et ses manières montrait ses origines modestes, il s'habillait d'une manière un peu voyante, mais il captivait et suscitait l'admiration par sa joie de vivre, sa bonté, sa naïveté, sa conversation toujours intéressante et amusante où il faisait tourbillonner comme un artificier la poésie, la politique, les forçats, le magnétisme, le sidérisme etc. Il subjuguait son entourage par l'éclat de ses yeux « des yeux de souverain, de voyant, de dompteur… un oeil noir, brûlant, fascinateur, plein de fluide magnétique » (Théophile Gautier).



Il a eu l'intuition de ce que serait sa fin. En 1831, il a 32 ans, il publie « La peau de Chagrin », un roman philosophique et fantastique qui développe l'idée selon laquelle la vie décroît en fonction de l'intensité des désirs. Il prévoit sa fin prochaine : « J'ai peur d'avoir mangé tout mon capital. Ce serait curieux de voir mourir jeune l'auteur de la Peau de chagrin » écrira-t-il en 1834.

« Atteindre au but en expirant, comme le coureur antique ! voir la fortune et la mort arrivant ensemble sur le seuil de sa porte ! obtenir celle qu'on aime au moment où l'amour s'éteint ! n'avoir plus la faculté de jouir quand on a gagné le droit de vivre heureux oh de combien d'hommes ceci fut la destinée ! » (dans « Albert Savarus » 1842).

Et Victor Hugo reprend cette idée dans son hommage funèbre « Il entre, le même jour, dans la gloire et le tombeau ».



Balzac s'est éteint à l'âge de 51 ans après avoir publié plus de 100 romans (une petite partie de ce qu'il prévoyait d'écrire).



Balzac est un géant de la littérature dont il est quasiment impossible de faire le tour complet.



À l'heure ou après avoir obtenu un prestigieux prix littéraire, l'autrice japonaise Rie Kudan a confié avoir partiellement écrit son roman en utilisant chat gpt on peut se demander si notre époque est capable de produire encore de nouveaux génies tel que Balzac (il a rédigé toute son oeuvre avec une plume d'oie animée par un prosaïque cerveau humain).



– « Prométhée ou la vie De Balzac », André Maurois, Flammarion 1974 (697 pages).
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L'instinct du bonheur

Andre Maurois est un ecrivain classique français un peu oublie comme Montherlaand ce qui est bien dommage caar il a un vrai talent de conteur.Ses livres sont trrs bien ecrit dans le style classique et l'histoire reste credible aujourd'hui encore.Un livre à decouvrir.
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Lettres à l'inconnue

André Maurois (1885 – 1967). Elu à l’Académie française en 1938.



En 1953, bientôt septuagénaire, il écrit une fois par semaine, pendant un an, à l’Inconnue qu’il veut belle évidemment, plutôt intelligente, un peu coquette, et attentive à ses conseils et ses idées sur ce que doit être une femme belle, un peu coquette, pas trop bête.

Le féminisme exacerbé étant passé par là, le livre s’il est de nouveau publié, doit déchaîner quelques fureurs.



Maurois pointe avec ironie et subtilité les attitudes conventionnelles que l’on demandait d’avoir aux femmes dans les années 1950. Mais il relève aussi sans faiblesse celles des hommes, qui attendaient l’attention, l’admiration et le dévouement du sexe dit faible. Un point partout, la balle au centre.

Que reste-t-il de cette culture où on jouait sur les non-dits et les arrière-pensées ? Où la séduction avançait armée et allusive, respectant des codes implicites et des usages ancestraux qu’on a balancés par-dessus les moulins ?



Ces lettres hebdomadaires contiennent quelques perles de sagesse et de bon sens qui ne veulent pas vieillir.

Outre les considérations sur l’amour, conjugal ou pas, ce sont des idées et opinions sur la vie, les livres, l’insomnie, la mode, deux ou trois pièces de théâtre de l’époque, l’optimisme, les comportements humains croisés, subis ou choisis, la musique, l’éducation des enfants, les vacances, les remords...

Les dernières s’essoufflent un peu. Le bon sens a tendance à devenir lapalissade. André Maurois devait être distrait par la perspective de ses cadeaux au pied du sapin.



Mais dans ces lettres, écrites dans un style académique (oui, forcément...) qui se boit comme du petit lait, un Inconnu, beau ou non, trouverait aussi du plaisir.

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Climats

Un classique qui a bien vieilli et qui se relit toujours avec plaisir au vingt et unieme siecle.Il faudrait prendre le temps de découvrir cet auteur injustement oublié tant sa prose est belle et ses romans bien équilibrés.Tout concours ici au plaisir du lecteur.
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Tourguéniev

Petit coup de coeur pour cet essai composé de quatre conférences prononcées en 1930. Celles-ci brossent un portrait intéressant d'Ivan Tourgueniev (1818-1883) et de son époque.



Tourgueniev est un auteur dont je n'ai encore lu aucun livre. Je me suis intéressée à sa biographie car il a connu le ‘tsar des violoncellistes'. J'espérais glaner une anecdote ou deux mais il n'a pas été cité par l'auteur.



J'ai beaucoup aimé l'équilibre entre éléments biographiques et extraits littéraires qui faisaient lien. Je pense m'être fait une bonne idée du personnage et de son oeuvre. Ce qui m'a le plus marquée est sa relation avec Tolstoï. Celui-ci l'a provoqué en duel suite à une dispute. Tougueniev a refusé et ils sont restés fâchés pendant plus de 15 ans.



Ce que j'ai lu m'a donné envie de lire ‘Dimitri Roudine' ou les ‘Mémoires d'un chasseur', mais pas que.



Pour conclure, j'ai trouvé l'écriture d'André Maurois très fluide et plaisante à lire (les essais sont parfois rébarbatifs). Je lirai probablement un autre de ses livres à l'occasion.



Je profite de ce premier billet de l'année pour vous souhaiter une belle et heureuse année !







Challenge XXe siècle 2024

Challenge non fiction 2024
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Ni Ange, ni bête

Il s’agit du premier roman de l’auteur, écrit à la fin de la première guerre mondiale, quand il se trouvait cantonné du côté d’Abbeville, dans la Somme, pas loin de la côte. C’est dans cette petite ville que l’action se déroule pour l’essentiel, autour d’un jeune ingénieur en hydraulique fraîchement débarqué, Philippe Viniès, qui a pour particularité d’avoir des idées très avancées, pour tout dire socialistes. Un révolutionnaire donc, surveillé de près par le pouvoir puisque l’histoire démarre en 1844. Elle se prolonge en 1848, l’action se déportant alors à Paris, où le héros a même l’honneur de rencontrer, avec sa jeune épouse abbevilloise, Alphonse de Lamartine, futur chef du gouvernement de la seconde République. L’action se prolonge jusqu’à la dure reprise en main du pouvoir par les conservateurs, avec les conséquences que l’on devine sur les idéalistes socialistes.

Le récit est bien construit et vivant, avec sa dose de péripéties et ses pointes d’humour. C’est un plaisir de découvrir Abbeville et ses habitants de l’époque tout comme de voir mis en scène un personnage historique comme Lamartine. On s’amuse également aujourd’hui, au détour de quelques lignes, de constater qu’à l’époque déjà, la petite ville d’Ault cherchait comment se protéger de la mer, notre ingénieur y faisant construire une digue qui… ne résiste pas à l’assaut des marées.

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Sources d'amour

C'est un peu cliché je le conçois de lire un livre sur des citations des plus grands noms de la littérature française (enfin, ils sont loin de tous y être bien entendu) mais c'est pour le livre objet que je me suis plongée dans cette lecture. En effet, bien caché dans les trésors que recèle la médiathèque dans laquelle je travaille, ce livre attendait son lecteur, donc moi en l’occurrence. Tout petit forma, imprimé sur une sorte de cahier à spirale avec une couverture cartonnée, c'est d'abord la forme qui m'a intriguée plus que le fond.



Ici, le lecteur retrouve des noms qu'il connaît bien ou peu, tels Colette, Shakespeare, Goethe pour ne citer qu'eux et tant d'autres poètes tels Eluard, Verlaine et j'en passe encore qui nous parlent d'amour. Certes, ce ne sont que des citations qui ont été réunies ici mais imprimés sur ce petit papier cartonné et, le lecteur se sent bien ! Hors contexte, j'avoue que certaines peuvent induire en erreur mais toutes parlent d'amour et j'avoue qu'à mes yeux, c'est tout ce qui compte et que cela este extrêmement réconfortant, surtout en ce moment où il ne fait pas bon de trop se tenir au courant de l'actualité bien que l'on ne puisse y échapper et que ce serait foncièrement égoïste de fermer les yeux sur ce qui se passe autour de nous ! Bref, tout cela pour vous dire que cette petites lecture met du baume au cœur et qu'il serait donc dommage de s'en priver ! A lire et à relire de temps à autre !
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Le côté de Chelsea

André Maurois, pseudonyme d’Emile Salomon Wilhelm Herzog (1885-1967), est un romancier, biographe (Shelley, Byron, Victor Hugo, George Sand, Balzac…), conteur et essayiste français. Issu d'une famille de drapiers juifs alsaciens ayant quitté l’Alsace en 1870 pour ne pas devenir Allemands, Maurois a pour professeur au lycée de Rouen le philosophe Alain, à qui il sera redevable de son orientation esthétique. Il préfère en effet une carrière littéraire à la direction de l’usine familiale par laquelle il passera néanmoins durant une dizaine d’années. Interprète militaire et officier de liaison auprès du Corps expéditionnaire britannique en France et en Flandres pendant la Première Guerre mondiale, Maurois écrit en 1918 Les Silences du colonel Bramble, son premier ouvrage, qui connaîtra un vif succès, tant en France que dans les pays anglo-saxons. Elu à l’Académie française en 1938, il s’exile aux Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, admirant Winston Churchill et se méfiant de Pétain.

Le Côté de Chelsea (1932) vient d’être réédité. La couverture du livre vous en dit l’essentiel, un titre clin d’œil, une photo de Marcel avec la couronne royale britannique de guingois sur le crâne, oui il s’agit d’un pastiche souriant autant qu’amical de l’œuvre de Marcel Proust.

1928. Marcel Proust, ou si vous préférez, le narrateur de La Recherche du temps perdu, se rend en Angleterre avec Andrée (« Ne pouvant plus, hélas, emmener Albertine, j’avais obtenu d’Andrée qu’elle voulût bien m’accompagner ») pour un court séjour, à Londres puis dans la campagne du Surrey. Ils logent au Hyde Park Hotel, leurs appartements surplombant le vaste parc londonien ; Andrée engage une femme de chambre, Tuttle, extrêmement bien organisée mais n’obéissant qu’à la voix de sa maîtresse, ce qui étonne Marcel. Mr de Norpois, nommé à l’ambassade française, introduit le narrateur auprès de Desmond Farnham, écrivain, qui l’invite à dîner, réception où Proust est déçu de constater que ses bottines neuves tranchent avec les godasses usées des convives, un passage très amusant. Plus tard, Marcel Proust et Andrée visiteront la Tate Gallery où il développera ses connaissances en peinture, opposant Constable à Turner, Boudin à Monet. Etc.

André Maurois, réussit à merveille son imitation du maître, nous donnant ses phrases à rallonges et leurs digressions, leur rythme, la transcription des pensées du narrateur face à ses interlocuteurs ou situations vécues. A Chelsea, le couple fréquente le gratin de la capitale, discussions de salon où sont évoquées les personnalités du moment, politiques, écrivains… généalogie de la noblesse, bref, ce qu’on imagine quand on parle de l’univers de Proust.

La préface de George D. Painter est pleine d’intérêt et les notes de bas de page éclairent parfaitement le lecteur, sur qui est qui.

Si j’osais, je proposerais à ceux qui n’ont jamais lu Proust intimidés par sa renommée, d’ouvrir ce petit bouquin pour se lancer : ce n’est pas du Proust mais ça en a fichtrement le goût ! Conseiller la copie à l’original (dans un premier temps) je n’en reviens pas moi-même !



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Les roses de septembre

Les Roses de Septembre

André Maurois (1885-1967)

Académie française

Hervé Marcenat, jeune écrivain s’est lié d’amitié avec Guillaume Fontane, 58 ans, écrivain lui-même qui connaît la gloire et l’amour du public. Fontane est un amoureux des livres car rien n’est plus essentiel pour lui que de flâner dans une bibliothèque, ouvrir un livre au hasard, déboucher au tournant d’une page sur une phrase qui l’enchante, relire un auteur qui a été le compagnon de sa jeunesse, avoir la joie de le trouver neuf et intact en émotion. Pour lui l’important en écriture c’est la forme et il en explique les raisons à son ami Hervé. Après des siècles ce qui fait qu’on lit toujours Pascal, Cicéron ou Théocrite, c’est la rigueur de la forme, car elle seule met la marque de l’homme.

Tout deux fréquentent les salons et notamment celui de la cousine d’Hervé, Edmée Larivière qui s’est muée en ange gardien d’Hervé :

« De ce parent provincial qui débutait à Paris, elle s’était constituée protectrice et suzeraine. »

Car le talent et la gloire son choses différentes ; il arrive qu’elles coïncident, mais aussi qu’elles divergent. Les relations comptent.

Pauline Fontane, l’épouse de Guillaume, fille d’un grand éditeur parisien, n’est pas en reste de réceptions littéraires, elle qui gère la carrière de son mari grâce à ses nombreuses relations. Elle a pour Guillaume plus que du dévouement, de la dévotion. Mais elle a tendance à sacrifier la profondeur de l’inspiration à l’éclat. Et cela va à l’encontre du tempérament de Guillaume. Pauline a démonté peu à peu toutes les pièces du mécanisme intellectuel et sentimental de son mari. Elle l’admire, elle le sert, mais elle se sert de lui aussi.

Un jour une opportunité pour Hervé se présente de se faire encore mieux connaître. Un éditeur anglais souhaite obtenir une biographie de Fontane écrite par un écrivain d’une génération plus jeune. Pour Hervé cela devient un moyen d’entrer plus avant dans l’intimité du ménage Fontane. C’est alors qu’entre en scène Wanda Nedjanine, une jeune portraitiste qui est chargée de dessiner un portrait de Guillaume pour illustrer la biographie en question. Jeune fille de forte personnalité d’origine russe, belle de surcroît, elle séduit Guillaume qui en tombe follement amoureux. Le décor est planté et les temps à venir promettent d’être mouvementés quand Pauline, quoique prête à tolérer la sensualité d’un homme vieillissant, mais non le reniement par lui de son ménage, succombe à une jalousie irrépressible.

D’aventures en aventures, Fontane dont la renommée à franchit les frontières se voit invité à une série de conférences en Amérique du Sud. À Lima il va faire la rencontre de sa vie, celle d’une très belle comédienne péruvienne Dolorès Garcia, trente ans, libre et ensorcelante. Vingt jours de rêve pour Guillaume qui a retrouvé sa jeunesse et qu’à son retour en France il ne peut oublier. Au grand désespoir de Pauline qui apprend tout.

Cependant l’âme a des ressources insoupçonnées, tant pour Guillaume que pour Pauline et la dernière partie de ce roman nous conduit à un tête-à-tête insolite, inoubliable, admirable et grandiose entre la Pauline et Dolorès. L’apothéose de ce très beau roman à résonnance autobiographique écrit dans un style parfait.

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Ariel ou la vie de Shelley

Ariel ou la vie de Shelley/André Maurois de l’Académie Française

Je viens de relire cette biographie de Percy Bysshe Shelley par André Maurois, une œuvre que j’avais découverte à seize ans et qui m’avait alors émerveillée. Découvrir la personnalité de Shelley avait été un choc.

Plus de cinq décennies plus tard, j’éprouve le même sentiment.

Un bref rappel de l’essentiel de cette somptueuse biographie :

Shelley naquit en 1792. Élevé au milieu de quatre sœurs et d’un petit frère, il tombe vite amoureux de sa jolie cousine Harriet Westbrook, « une jeune fille de seize ans, toute petite, mais faite à merveille, avec un air de gaieté ingénue et de fraicheur délicieux :

« Sentant frémir et vibrer sous sa main le corps tiède de sa belle cousine, il se sentait plein de courage pour une vie de combat et d’apostolat.

Shelley a alors dix neuf ans. Ils se marient rapidement.

Mais la promiscuité avec son ami Jefferson Hogg introduisit le trouble chez Harriet qui ne resta pas insensible à ce séducteur, Shelley s’absentant trop souvent.

Shelley préférait au monde véritable dont l’incohérence l’épouvantait, la douce vision que son esprit idéaliste et romantique emportait dans les nuées. Harriet ne put passer la difficile épreuve du temps ; elle devint coquette, frivole, habile aux petits manèges des femmes.

Héritier d’une famille aristocratique du Sussex, Shelley se fit remarquer rapidement pour sa beauté, ses longs cheveux blonds volant au vent, son amour des livres et son mépris des jeux. Admirateur de Voltaire et Diderot, il avait pour livre de chevet « La Justice politique » de Godwin.

Ses premiers écrits firent de lui un paria et il fut renvoyé d’Oxford pour son livre « Nécessité de l’athéisme ».

Ce bel adolescent avait le goût des idées et parlait avec une ardeur incroyable. Dès qu’il paraissait, les femmes se groupaient toutes autour de lui :

« La nuit passait et Shelley continuait à parler ardemment, bel Adonis entouré de ses prêtresses un peu haletantes. »

Romantique, il ne croyait pas au mariage. Cependant à vingt cinq ans, il s’était déjà marié deux fois ! Sa première épouse, Harriet qu’il délaissa pour Mary Godwin, finit par se suicider. Abandonnée par Shelley, elle était enceinte d’un inconnu et refusa le scandale en choisissant la mort. Elle laissait les deux enfants qu’elle avait eu avec Shelley, Ianthe et Charles. Et qui furent confiés au terme d’un procès à une famille d’accueil, Shelley n’étant pas jugé apte à éduquer ses enfants.

Mary, son second amour, lisait Catulle et Pétrarque. Elle est l’auteur de Frankenstein. Une harmonie intellectuelle parfaite régnait avec Shelley.

« Le plus grand charme de la culture littéraire, c’est qu’elle humanise l’amour. Catulle, Théocrite et Pétrarque s’unissaient pour rendre leurs baisers plus exquis. »

Ils se marièrent peu après le suicide d’Harriet.

Mais la générosité de Shelley faisait que l’argent manquait constamment : il devait nourrir outre Mary et ses deux enfants, Claire la sœur de Mary, épouse de Byron, ainsi que Alba la fille de Claire, et aussi la famille Godwin et son ami Leigh Hunt avec sa femme et ses cinq enfants.

Il se disait que Shelley avait une âme de moine bénédictin et des idées de sans-culotte.

Puis il y eut le départ de toute la famille vers l’Italie. Il espérait retrouver Byron qui là-bas à Venise menait une vie de débauche et entretenait tout un harem.

Il y eut bien la rencontre avec lord Byron dont l’aura séduisit Shelley même si leurs idées divergeaient presque en tout. Byron qui déclarait haut et fort à sa femme :

« Vous voici ma femme, cela suffit pour que je vous haïsse ; si vous étiez celle d’un autre, je pourrais peut-être vous aimer. »

Byron, soupçonné de relations incestueuses avec sa sœur Augusta, ajoutait à un cynisme puissant une misogynie violente et disait :

« Ce qu’il y a de terrible dans les femmes, c’est qu’on ne peut vivre ni avec elles ni sans elles. »

Shelley cherchait dans les femmes l’exaltation, Byron un prétexte de repos.

Comme tous les artistes, Byron et Shelley ne créaient que pour se consoler de ne pouvoir vivre. Ey l’homme d’action apparaissait à ces deux hommes de fiction comme un phénomène étrange et enviable.

La maladie prit les deux derniers enfants de Shelley, Clara et William, issus de son second mariage.

Parti imprudemment en croisière à bord de son yacht il fut pris dans une tempête.

Son corps fut retrouvé en 1822 sur la plage de Viareggio. Dans les poches de son veston, un volume de Keats et un autre de Sophocle.

Son corps fut brûlé sur la plage, à la façon des Grecs antiques, sous les yeux de Byron.

Un très beau livre d’André Maurois.

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Climats

Climats / André Maurois (1885-1967) /Académie française

Issu de la grande bourgeoisie limousine un peu rigide et accrochée à des principes d’un autre temps, Philippe Marcenat connaît d’abord une aventure amoureuse à Paris avec Denise Aubry. Cela ne dure que le temps d’une amourette car Philippe est un être composite et cynique qui peut être sensuel, sentimental et tendre par accès, et brutal par réaction. Il se décrit lui-même comme inhumain !

Lors d’un voyage à Florence, il s’éprend de la très belle Odile Malet et l’épouse malgré l’hostilité de ses parents.

« Regards d’une infinie brièveté, mais qui fut le grain de pollen minuscule, tout chargé de forces inconnues, d’où naquit mon plus grand amour… Je pense avec plaisir à notre amour de ce temps-là ; quand ce feu caché paraissait, c’était par flammes violentes et brèves…De même que certaine modes en dissimulant aux yeux des hommes le corps tout entier des femmes donnait jadis du prix à une robe effleurée, la pudeur des sentiments, voilant à l’esprit les signes habituels des passions, fait apercevoir la valeur et la grâce de nuances imperceptibles de langage. »

Mais la jalousie maladive, dévorante et obsédante de Philippe involontairement entretenue par Odile conduit à un désastre, une descente aux enfers et le divorce semble inéluctable.

« De même qu’elle avait la beauté d’un personnage de rêve, elle passait sa vie dans un rêve…Je la détestais et je l’adorais. Je la croyais innocente et coupable. »

La construction de ce très beau roman paru en 1928 est intéressante : dans une première partie, c’est la seconde épouse de Philippe, Isabelle de Cheverny, qui introduit une longue lettre que Philippe lui a écrit pour lui conter sa vie avant de la connaître. Par cette lettre, Philippe devient le narrateur et livre son âme à Isabelle comme une femme livrerait son corps. Dans une seconde partie, Isabelle se souvient et raconte sa rencontre, son mariage et sa vie tumultueuse avec Philippe qui a tout fait tout plus ou moins inconsciemment pour la rendre jalouse.

C’est le récit d’un double échec conjugal finement et subtilement analysé par André Maurois du point de vue psychologique. Le style est délicat et somptueux et « Climats » reste son écrit le plus représentatif de son talent.

Extrait : « On a tort de dire que l’amour est aveugle ; la vérité est que l’amour est indifférent à des défauts ou à des faiblesses qu’il voit fort bien, s’il croit trouver dans un être ce qui lui importe plus que tout et qui souvent est indéfinissable. »

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Climats

Je suis tombée immédiatement sous le charme désuet de l'écriture d'André Maurois. La finesse psychologique des personnages et le procédé narratif (le roman est scindé en 2 parties, représentant la voix de Philippe puis celle d'Isabelle) font oublier le thème peu original de l'amour. Le lire presqu'un siècle plus tard rend encore plus saisissant le paradoxe entre des mœurs datées et l'intemporalité du sentiment amoureux... Et pour quiconque l'a subie, la description de la jalousie est particulièrement réussie.

Ce récit est aussi très juste dans ce qu'il montre de la réciprocité et de la difficulté de rester soi dans une relation dont la nature même nous incline à vouloir plaire à l'autre.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Climats

Je suis très déçu par ce roman qui s'enferme dans l'observation très (trop?) fine du conservatisme de la bourgeoisie provinciale, et le livre déborde de délectation morose. Le personnage principal est très antipathique, par son comportement outrageusement macho et dominateur. Une caricature.
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La Machine à lire les pensées - Le peseur d'âmes ..

Livre divisé en trois histoires.



La machine à lire les pensées 2*

Les chapitres sont numérotés et titrés. C'est un journal intime, un rapport sur une invention.

La première moitié est intéressante : présentation des personnages, découverte de la vie étudiante en Amérique, invention de la machine.

Je me suis ennuyée à la deuxième moitié : retour en France et côté négatif, moral de cette machine.



Le peseur d'âmes 3*

Histoire à la 1ere personne. Après la guerre, un soldat français revoit un soldat anglais, un ancien camarade. Il est médecin à l'hôpital mais il a bien changé, il a moins d'éclat, est moins souriant. Il montrera au protagoniste sa nouvelle expérience.

Lecture rapide et plaisante.
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Climats

Début du XX siècle, les histoires d'amour ... se terminaient déjà mal!



D'un milieu bourgeois Philippe découvre l'amour, le vrai, au travers d'Odile. Hélas l'amour est pour lui un piège, il confond amour et jalousie et ne fait qu'accélérer la décomposition de son couple. Remarié c'est à son tour de souffrir de la jalousie de sa femme, jalousie qu'il nourrit de ses relations extra-conjugales.



L'écriture est très belle, précise, fine, tout est en retenue, suggestions et le sentiment de la jalousie est parfaitement rendu. J'ai pensé à Pierre Loti et Stefan Sweig, des écrivains à la langue très belle est qui ajuste au millimètre l'étude des sentiments . Par contre le texte date un peu, la vision des femmes est très ... datée et il est aussi un peu ennuyeux .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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