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Critiques de André Soubiran (11)
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L'île aux fous

Pour décrire les conditions de vie des asiles dans le courant des années 1950, il fallait le regard d’un homme qui ne soit ni fou ni médecin. Avec son personnage de Jean Lacombe, André Soubiran a trouvé la solution qui lui permet de réaliser cette prouesse littéraire et d’orienter son discours vers la réflexion politique. Celui-ci est soumis à des poursuites judiciaires ; devant le juge, il ne pipe pas un mot. Ni une, ni deux, la rumeur commence à courir qu’il ne serait peut-être pas tout à fait sain d’esprit… Plutôt que de s’indigner de ce constat dévalorisant, Jean Lacombe s’en empare pour l’utiliser à son avantage –tout du moins le croit-il. Dans sa tête, c’est très simple : mieux vaut l’asile que la prison –on y reste moins longtemps. Certainement n’a-t-il pas lu les mêmes documents et rapports médicaux qui sont passés sous le nez d’André Soubiran. Ce dernier, indigné par ce qu’il apprend par leur intermédiaire, n’aurait jamais choisi le séjour psychiatrique comme solution de recours à la détention pénitentiaire.





Jean Lacombe finit par persuader définitivement les juges de sa folie. Difficile à croire, mais c’est presque soulagé qu’il entre au Quartier de Sûreté. Au bout d’une année, les médecins finiront bien par se rendre compte qu’il est aussi sain d’esprit qu’il l’est de corps, et son séjour à l’asile prendra fin aussitôt. Ce que Jean Lacombe ne sait pas, c’est qu’il est entouré d’incapables qui ne connaissent rien –ou si peu- de la maladie mentale, et qu’il suffit d’avoir été estampillé malade une fois pour le rester toujours. Accusation facile et médisante ? André Soubiran, lui-même professionnel du milieu médical, parle pourtant de l’ignorance psychiatrique en connaissance de cause :





« A l’époque de mes études médicales, on pouvait fort bien soutenir la thèse de doctorat sans avoir jamais pénétré dans un service d’aliénés et il suffisait de savoir rédiger un certificat d’internement pour s’estimer en règle avec la science des psychiatres. »





Si son objectif en tant qu’écrivain est de dénoncer cette faillite professionnelle, on ne comprend pas pourquoi André Soubiran s’acharne avant tout sur les malades reclus dans ce système. En effet, lorsque Jean Lacombe entre au Quartier de Sûreté –seul personnage équilibré parmi tous les autres-, les jugements qu’il émet vis-à-vis de ses congénères déchaînent toutes les caricatures de l’imagerie populaire. Animaux («Se dandinant avec une solennité satisfaite, il semblait aller tout droit à la ménagerie"), goujats sans éducation (« Tout en marchant, l’homme parlait, et non pour lui-même. Pour toute la salle. « Dupont bouscule Smith », disait-il. « Celui-ci, inondé par la chaleur du choc, dit à Dupont : « Fumier, idiot… » au lieu de dire : « Je vous ai heurté, monsieur » avec un regard et un ton pensifs-attentifs…») ou obsédés sexuels (« Seules les histoires obscènes arrivaient à réconcilier mes compagnons pour quelques instants et, tandis qu’ils écoutaient, tassés autour du narrateur, on pouvait deviner quelles terribles visions brûlaient derrière leurs paupières mi-closes »), Jean Lacombe semble confondre malade mentaux et asociables. Peut-être André Soubiran ne lésine-t-il pas sur ces descriptions afin de renforcer l’aberration qui conduit les médecins à assimiler son personnage à ces autres figures d’errance psychologique ? On espère croire à cette hypothèse car, tout au long de L’île aux fous, il ne sera question de rien d’autre que de décrire l’état de décrépitude des patients du Quartier de Sûreté. Le regard porté par Jean Lacombe sur ses congénères évolue toutefois, mais prend une tournure étonnante. Si André Soubiran ne s’était pas expliqué sur les motivations qui l’avaient conduit à écrire ce roman, on pourrait se demander s’il ne se range pas du côté de ces médecins qu’il cherche pourtant à dénoncer. Méprisant, il s’exprime d’abord sur le ton de la condescendance : « En les regardant, j’essayais parfois d’oublier ce bilan effroyable et de penser seulement au malheur des êtres nés d’un sang ingrat, dépourvus d’intelligence, de bonté, de sens moral, de courage, n’ayant pris à l’espèce humaine que les vices qui lui sont propres et qu’ignorent les animaux» mais son animosité vis-à-vis de ses compagnons de Quartier ne cesse de s’accroître jusqu’à devenir une haine presque eugénique : « Plus de sensiblerie, plus de compassion pour tous ces monstres si tragiquement satisfaits d’eux-mêmes, si fiers de leur méchanceté, de leur perfidie, de leurs ignominies à la fois infinies et monotones ! ».





On veut bien admettre que Jean Lacombe se sente supérieur à tous ces fous en puissance et qu’il laisse peu à peu déchaîner sa propre folie prétentieuse, mais il aura bien du mal à convaincre le lecteur de sa souveraine supériorité. Le ton de son récit est plat, seulement rehaussé par des semblants d’évènements qu’on voit venir des pages à l’avance et qui sont annoncées par une fanfare de procédés grossiers (« Le maladroit ! […] Il ferait mieux de traiter M. Chalvon de salaud ou d’agent des soviets, plutôt que d’avoir ce comportement exaspérant et qui ne fournit aucune prise au docteur. Il vole vers la catastrophe ! ») ou par des envolées lyriques d’une lourdeur embarrassante («Alors que chaque vie est faite pour s’accrocher à d’autres vies, je n’avais pu que compter sur moi pour me sauver. Et soudain, dans cette lente suffocation où je finissais de mourir loin de Colette, le nouveau venu avait été mon oxygène. Cette trop forte bouffée m’avait soûlé »). Surtout, Jean Lacombe ne cherche à aucun instant à comprendre ses compagnons et préfère se complaire dans son propre refuge mental –sans jamais se laisser aller à la folie, toutefois !





L’île aux fous est un roman qui n’est âgé que de quelques décennies mais qui semble avoir des siècles. Faisant généralité de l’incompétence des médecins dans le domaine de la psychiatrie, André Soubiran nous fournit malgré lui un début d’explication à ce phénomène : les préjugés et la peur sont à l’origine de la constitution des asiles comme lieu de concentration des déchets de la société. Son personnage suit une évolution qui se dirige dans ce sens, et qui le fait passer de l’ignorance au mépris terrorisé de ces lieux de détention psychiatrique. Est-ce ainsi qu’André Soubiran a lui-même pris connaissance des asiles ? Est-ce ainsi que tous les médecins ont eux-mêmes évolué dans la pratique de leur profession ? Malheureusement, son personnage est en réalité beaucoup trop idiot et borné pour que L’île aux fous apporte un semblant de réponse à ces questions.




Lien : http://colimasson.over-blog...
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Journal d'une femme en blanc

Voilà un ouvrage que j'ai lu lorsque j'étais jeune fille - c'est vous dire si il y a longtemps que je l'ai lu - et je me souviens encore de l'émotion qu'il m'a laissé. C'est toujours avec beaucoup de plaisir que je le relis.

La première fois, quelle claque ! pour moi qui suis née avec la génération pilule, je n'aurai jamais imaginé les affres des femmes quand la contraception n'était pas maîtrisée ; que de grossesses non désirées... et d'angoisses sans compter les risques que prenaient les femmes pour avorter.

Quoiqu'on pense de ce sujet, on ne peut nier l'évidence, avec les progrès en gynécologie et la maîtrise de notre ventre, la place des enfants a changé, nous ne subissons plus et c'est en connaissance de cause que nous les mettons au monde.

Au vu de l'actualité, les acquis de nos mères sont toujours remis en question et il est bon de se souvenir à travers des ouvrages comme celui ci les conditions qu'étaient les nôtres et qui sont toujours d'actualité pour bon nombre de femmes à travers le monde.
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Les hommes en blanc, tome 1 : Tu seras médecin

Je suis étonnée d'être la première à ajouter un avis sur ce roman paru en...1972.

Il aurait pu être dans la bibliothèque de mes grands parents, mais même pas. Je l'ai trouvé dans une boite à livres. C'est magique cette invention : ça vous dépanne quand vous êtes en manque d'inspiration livresque, et ça vous fait découvrir de jolis textes.

Ce roman, le premier d'une série, est un peu l'ancêtre de Les trois médecins de Martin Winckler. Certes, l'histoire est plus autocentrée sur un seul personnage, mais on le suit aussi dans ses réflexion de nouvel adulte, de provincial monté à la capitale, découvrant la mort, la maladie, la souffrance et le sexe. Parce que les étudiants en médecine, ils n'ont pas la langue (ni autre chose d'ailleurs) dans leur poche ! Mais ne vous choquez pas d'avance : le héros est si candide, que les batailles de bidoche (comprenez s'envoyer des morceaux de cadavre lors des séances d'étude sur des morts), les descriptions de ses collègues qui passent leurs nuits au bordel, paraissent des amusements aussi gentils qu'une partie de petits chevaux.

Il y a dans l'écriture une délicatesse un peu surrannée qui va bien avec la personnalité idéaliste, et naïve du jeune héros. Alors on a plaisir à le suivre dans le Paris des années 30, sa recherche du respect et de la vertu, tempérée par une lucidité sur la vie et lui-même qui s'accroit au fil des chapitres.

En parallèle, on ne peut que se réjouir des progrès de la médecine qui presque un siècle après, sont sidérants.

J'ai apprécié également le côté olfactif du roman. Non pas que les odeurs soient agréables, mais j'aime quand les écrivains n'oublient pas ce sens. Et là, préparez une petite fiole de parfum à sniffer à côté de vous, car ça ne sent pas la rose. Le métro à l'heure de pointe dans les années 30, avec des gens qui sont loin d'avoir tous une salle de bain ; les malades à l'hôpital, les bordels un peu modestes et les salles de préparation des cadavres pour les élèves. A part le petit café au zinc du matin, vos narines vont en baver...



Quelques longueurs m'ont empéchée de mettre 4 étoiles, mais c'est une belle découverte.



Alors, faut-il le lire ? Oui. C'est vraiment bien. Par chance, à la boite à livres j'avais pris le tome 2...Et promis : je les remettrai dans une autre boite à livres.
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en pleine forme

Méthode de gymnastique d'entretien sans accessoires qui propose dix exercices de base à faire en douze minutes par jour. Le programme est progressif, tant par la difficulté des exercices que par le nombre de répétition. Si un niveau optimal est proposé en fonction de l'âge et du poids de chacun, il est conseillé d'écouter son corps et de progresser à son propre rythme, sans esprit de compétition.
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L'île aux fous

Ce livre date de 1955 et pourtant, en connaissance du sujet, je ne peux que me désoler, rien n'a beaucoup changé... L'horreur et l'enfer existent toujours.

Si les hôpitaux psychiatriques ont bien évolué, il reste encore dans les annexes psychiatriques de prison ou des Etablissements de Défense sociale (comme on les appelle chez nous) des îles infernales comme celle décrite dans ce livre.

Deux défauts au passage : la longueur qui peut rebuter un lecteur pas assez motivé. Et le titre qui peut être trompeur.

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Lettre ouverte à une femme d'aujourd'hui

Dans une volonté de prendre en compte les évolutions de la société durant les décennies depuis l'écriture de ce bouquin, je lui colle 1,5 au lieu du 0,5 qui me serait venu à l'idée en premier.

En même temps quelle idée j'ai eu de lire ça ! La médecine et sa compréhension de la psyché humaine et de toutes ses psychoses a bien évolué, et je trouve déjà que la médecine moderne a encore beaucoup de progrès à faire dans son approche des spécificités féminines, quelles soient liées à des raisons hormonales ( le fait qu'on ne teste les médicaments que sur des hommes pour ne pas avoir à s'en préoccuper par exemple) ou liées au système dans lequel nous vivons, lourdement patriarcal.

Mais je m'égare : tout ça a affreusement mal vieilli et le lecteur moderne va trouver ça paternaliste, sexiste, voir dangereux, et ce malgré une ou deux pages intéressantes, sur la somatisation par exemple, ou les dégâts de la course à la consommation sur le bien-être psychique.

À oublier.
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Journal d'une femme en blanc

Roman médical et aussi roman de moeurs puisqu'il met en scène le dilemme d'une jeune interne face à un avortement clandestin à la suite duquel elle s'efforce de sauver la mère abîmée par des actes inappropriés. Livre décalé aujourd'hui, plus de quarante ans après la légalisation de l'avortement qui mérite toujours d'être lu à la fois pour comprendre les conditions dures de l'époque ainsi que les sentiments de la jeune héroïne qui veut avant tout aider et sauver.
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Journal d'une femme en blanc

Un livre trouve par hasard qui nous conte le quotidien d'une infirmiere gynecologue en region parisienne a l'epoque ou l'avortement etait interdit et le difficile dilemne des médecins dd l'epoque.Un superbe témoignage presque historique a present mais qui nous presente le quotidien de cette profession a cette epoque.
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Lettre ouverte à une femme d'aujourd'hui

On a donné à la femme du XXe siècle l'égalité'civique, le droit d'aimer et de ne pas aimer, la pilule, la voiture, les trois quarts de la presse et les appareils électro-ménagers ; mais on a oublié de lui donner le droit à la santé. Les médicaments, surabondants, et les hôpitaux ultra-modernes n'y sont pour rien : la médecine a découvert depuis peu que la santé ne dépend pas tant du corps que de l'esprit.

Or, justement, la femme du xxe siècle est menacée dans son intégrité mentale. Elle sait qu'elle n'est plus la femme d'hier, dont l'univers se limitait aux enfants, à la cuisine et à l'église ; mais elle ne sait pas ce qu'est une femme de demain.

En s'adressant aux femmes de ce temps, à travers l'une d'elles, Lise, l'auteur du Journal d'une femme en blanc démontre que bien des maladies physiques, et des plus précises, ne sont que la conséquence d'un désordre moral subconscient. Tous les médecins de la terre ne guériraient pas Lise s'ils négligeaient ce fait essentiel : elle n'est pas une femme heureuse. Mais, pour qu'elle puisse guérir, il faut que Lise, avec le secours d'un psychosomaticien et, au besoin, d'un psychanalyste, veuille bien s'en rendre compte elle-même.

Cette lettre est le récit d'une guérison ; mais, pour toutes les femmes, elle est pleine de conseils implicites. Par ses prolongements dans le monde de l'âme, elle rappelle que la médecine n'est pas la mécanique du corps : c'est d'abord un humanisme.

Source : Albin Michel

158 pages
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Journal d'une femme en blanc. Tome 2

Désespérée, à bout d'énergie, Claude est obligée d'aller se reposer chez sa mère, en Normandie, au Mesnil-en-Ouche.

Les vacances se passeraient monotones, sous un pommier de l'enclos maternel, si le médecin du Mesnil-en-Ouche, le docteur Ferrières, ne lui proposait d'être la garde-malade de son cousin, puis de le remplacer pendant quelques temps auprès de sa clientèle.

"Une femme en blanc" malgré ses diplômes, reste devant l'amour une femme comme les autres et les problèmes que le "docteur Claude Sauvage" s'est efforcée de résoudre pour tant de femmes deviennent soudain les siens avec une dramatique acuité. Elle va les affonter jusqu'à procéder, malgré la loi, à un avortement qui lui est demandé par une jeune femme effrayée par la rubéole contractée au début de sa grossesse.

En publiant le Journal d'une femme en blanc, le docteur Soubiran nous a donné le roman "médical" le plus lucide -et aussi le plus nécessaire- sur la femme contemporaine et sur la libération qui conditionnera son bonheur.

360 PAGES
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Journal d'une femme en blanc

Claude Sauvage, étudiante en médecine de 25 ans, achève à l'hôpital de Gennevilliers, près de Paris,

l'année de « stage interné » qu'elle a passée dans le service de gynécologie et à la maternité de l'hôpital.

Elle a choisi de se spécialiser en gynécologie afin de permettre aux femmes d'acquérir plus de dignité et

plus d'indépendance vis-à-vis de l'homme - notamment grâce à la liberté de contraception.

Au cours de sa dernière nuit de garde, Claude reçoit, une jeune femme, Mariette, qui s'est fait avorter.

Elle va tenter l'impossible pour la sauver de l'hémorragie,

puis d'un tétanos très grave déclenché par des manoeuvres abortives clandestines.

Malheureusement, Mariette meurt.

320 pages
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