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Critiques de André Taymans (128)
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Eden, tome 1 : Retour au Monde perdu

Ces terrifiants ptérodactyles viennent encore de temps en temps hanter mes nuits !

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Ce tome est le premier d’un diptyque formant une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa première publication date de 2019. Il a été réalisé par André Taymans pour le scénario et les dessins. Les couleurs ont été réalisées par le studio Caroline. Au cours du récit, Kathy Malone découvre des dessins de dinosaures réalisés par un enfant, Henry Taymans. Le tome s’ouvre avec une courte dédicace de l’auteur : À la mémoire de Sir Arthur Conan Doyle qui, avec son fantastique Monde perdu, a marqué des générations de créateurs, romanciers, cinéastes, leur inspirant des œuvres telles King Kong ou Jurassic Park. À Edgar Pierre Jacobs qui, outre le fait de m’avoir appris les rudiments de la bande dessinée étant enfant avec son formidable Rayon U, hommage subtil au Monde perdu. Ses terrifiants ptérodactyles viennent encore de temps en temps hanter mes nuits ! À Henry, mon fils, grand amateur de dinosaures devant l’Éternel.



Bristol, en juin 1970. Kathy Malone vient d’obtenir son diplôme de paléontologue et elle s’en félicite à l’extérieur, avec ses amis de promotion. Elle regrette que son copain Andy soit en retard comme à son habitude. Celui-ci arrive, se déclarant vraiment désolé, mais il annonce à sa copine qu’il l’a trouvé. Celle-ci lui pardonne et il poursuive leur trajet en voiture pour se rendre dans l’immense manoir familial des Malone. Toujours en tenue de diplômée, Kathy y rentre et va saluer sa grand-mère. Elle passe devant les squelettes de dinosaures, puis montre fièrement son diplôme à sa grand-mère. Cette dernière lui assure que son grand-père et son arrière-grand-père seraient fiers d’elle. Elle n’a jamais douté de sa petite-fille, d’ailleurs elle les a déjà préparés : les carnets du journal d’Edward Malone, écrits en 1912. Kathy prend le temps de se changer dans une tenue décontractée hippie, et elle ressort pour annoncer la bonne nouvelle à Andy qui l’attendait à l’extérieur. Ils ont tout ce qu’il faut pour partir au Brésil.



Au pub sis à côté de la librairie Edgar P. Jacobs, le propriétaire accueille les deux jeunes à bras ouverts. À un habitué râleur, il explique que Kathy est la petite fille du vieux Malone, celui qui était le copain du professeur Challenger dont il a d’ailleurs épousé la fille. La petite est donc la petite-fille d’Ed Malone et l’arrière-petite-fille du professeur. En outre, James, le père de la petite, le fils d’Ed Malone, était un habitué. Il passait souvent prendre un verre avant l’accident. Les parents de Kathy sont morts aux Indes dans un accident d’avion, il y a une dizaine d’années. Assis à une table dans un coin tranquille du débit de boissons, Kathy montre une vieille photographie à son copain. Elle nomme les hommes présents dessus : son grand-père paternel Edward Malone, son arrière-grand-père l’illustre professeur George Edward Challenger, le professeur Summerlee et Lord John Roxton, grand chasseur de fauves. Elle continue : ils ont découvert un monde perdu, un jardin d’Éden et ces carnets relatent dans le détail leurs aventures, et surtout l’endroit précis où se trouve cette contrée oubliée.



L’auteur ne fait pas mystère de ses deux sources d’inspiration : Le monde perdu (1912) d’Arthur Conan Doyle (1859-1930), et Le rayon U (1943/1944, publié en album en 1974), d’Edgar P. Jacobs (1904-1987). Le lecteur peut identifier le nom de George Edward Challenger (surnommé G.E.C.) et d’Edward Malone comme étant ceux des héros du roman de Conan Doyle. Les dinosaures sont bien au rendez-vous de la dernière partie de ce premier tome, et ils peuvent évoquer ceux de Jacobs. Le lecteur en vient à se demander si la carcasse d’avion amphibie soviétique se veut le pendant plus moderne de l’Espadon. Quant à l’intrigue, elle suit un fil directeur linéaire et chronologique attendu : expédition vers la chaîne de montagne qui forme un cirque au sein duquel ont survécu quelques dinosaures. Comme de bien entendu, des individus mal intentionnés ne demandent qu’à tirer profit de ces jeunes excursionnistes imprudents. Les catastrophes ne tardent pas à survenir.



L’héroïne principale évoque un peu [[ASIN:2931027359 Caroline Baldwin]], le personnage récurrent créé et écrit par André Taymans, mais en blonde et peut-être plus portée sur les relations sexuelles. Le lecteur comprend vite qu’il ne doit pas trop s’attacher à la plausibilité du récit et de ses circonstances : l’auteur écrit un hommage aux récits d’aventures, à sa sauce. Le personnage principal dispose de fonds personnels qui lui évitent d’avoir à se préoccuper des contingences matérielles. Ses amis n’ont rien d’autre à faire que de l’accompagner en lui accordant une confiance aveugle, sans aucunement s’interroger sur la faisabilité de l’expédition, ou de savoir si leur copine sait vraiment où se trouve l’accès à cette vallée improbable. Les dessins montrent les deux combis Volkswagen progresser sur des routes de terre dans une jungle, sans crainte d’y laisser leurs amortisseurs, sans bidons de carburant. Les malfrats n’éprouvent pas de grandes difficultés pour retrouver la trace de leurs proies. Kathy marche pieds nus sur un sentier rocheux, sans aucune crainte pour ses pieds. Les jeunes gens ne s’inquiètent pas outre mesure de savoir s’ils trouveront de quoi manger dans leur futur Éden, ou s’ils sauront se débrouiller pour reconnaître des fruits, préparer des bêtes sauvages pour les cuire, etc. Le lecteur accorde bien volontiers le degré de suspension d’incrédulité consentie pour accepter tout ça, comme autant de conventions du récit d’aventures, voire elles participent à son charme gentiment rétro.



Dès la couverture, le lecteur retrouve la personnalité graphique d’André Taymans : trait de contour un peu épais, discrètement irrégulier pour apporter un peu de rugosité, éléments concrets et réels comme le combi VW et le short déchiré, spatialisation donnant de la profondeur à la scène, sens du spectaculaire avec la carabine et les ptéranodons. Tout commence avec une belle vue de la façade du bâtiment historique abritant l’université de Bristol. Par la suite, le lecteur peut se projeter dans le manoir familial des Malone, avec son squelette de mammouth dans le grand hall d’entrée, dans un pub au comptoir bien lustré, sur l’avenue longeant la plage de Copacabana, puis dans la jungle avec quelques cabanes en bois sur pilotis. Il chemine avec le petit groupe d’explorateurs pour traverser une longue plaine herbeuse, et il voit se préciser au loin la formation rocheuse caractéristique qui abrite le cirque du monde perdu. Il suit Kathy qui a enlevé ses chaussures, ainsi qu’Andy, Carol, Harry et Tom, tout en ayant mal pour la plante des pieds de la première, et il débouche avec eux dans une nouvelle jungle dense, bientôt trempée par une pluie insistante. Le lecteur éprouve la sensation de se trouver dans des lieux plausibles, conscient que l’artiste met à profit ses propres randonnées et expéditions en montagne. Ces lieux s’accompagnent de quelques accessoires ou tenues évoquant l’époque : la tenue de cérémonie de remise des diplômes, les tenues hippies, les deux combis VW Westfalia, aménagés, le boîte de soupe Campbell, ou encore cet avion soviétique le Bartini Beriev VVA-14.



C’est parti pour une expédition, celle-ci démarrant dès la planche huit. Le lecteur compte bien voir du paysage, et l’artiste sait y faire pour faire défiler le paysage, pour lui donner de la profondeur. Des cases de la largeur de la page que les deux combis traversent pour un arrière-plan touristique. Des arrêts pour le bivouac et passer la nuit, avec la zone bien dégagée pour pouvoir stationner et construire un feu de camp. Un beau bassin alimenté par une chute d’eau naturelle pour une baignade nudiste délassante. Des ponts de bois qui traversent la page, une plaine s’étendant d’un bord à l’autre de la page, les parois rocheuses de la caverne qui entourent les personnages, les branches d’arbres et leur feuillage qui cachent partiellement les personnages à la vue du lecteur avec de jolies nuances de vert, la pluie qui s’abat drue faisant baisser l’intensité lumineuse. Les personnages évoluent dans des environnements avec des géométries et des reliefs très différents, et s’y déplacent en conséquence. Ils ne présentent pas un caractère très développé, sans être interchangeables pour autant. L’auteur leur en confère plus par les dessins que par les dialogues. Il montre qu’ils adhèrent à une idéologie hippie, ou au moins d’amour libre, sans être inhibés par la pudeur.



La couverture annonce la couleur : un voyage vers le monde perdu d’Arthur Conan Doyle, et une confrontation avec quelques dinosaures, à commencer par des ptéranodons, dans les années 1970. André Taymans tient ces promesses : des dessins faciles à lire, une narration visuelle très solide d’un professionnel accompli avec une expérience personnelle sur laquelle il s’appuie pour plus de plausibilité et de réalisme dans ce qu’il décrit. Le lecteur accompagne bien volontiers ces jeunes adultes fraichement diplômés dans une aventure pleine de dangers auxquels ils ne sont nullement préparés, avec des prédateurs encore plus redoutables que des dinosaures, c’est-à-dire des êtres humains qui les traquent.
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Les tribulations de Roxane, tome 2 : La mai..

Je remercie d’abord Babélio et les éditions Paquet pour ce cadeau de début d’année.



Roxane est une jeune femme qui recherche des objets d’art au Népal pour des collectionneurs fortunés. Quand son contact lui demande de dénicher la main d’un Yéti momifiée, sa première réaction est de se mettre en colère. La chasse au Yéti ? Pourquoi pas aux martiens tant qu’on y est !

Pourtant, lorsqu’elle se retrouve en possession d’un élément révélateur et que certains cherchent à s’en emparer, elle relève le défi. Mais ce choix l’emmènera vers des aventures inattendues et aptes à faire descendre son trouillomètre au zéro absolu.



Je ne connaissais pas André Taymans qui ne semble pas en être à ses débuts d’après la liste de ses œuvres sur Babélio. Il nous propose ici un thriller saupoudré de fantastique en deux tomes censé nous faire voyager dans les grandioses montagnes himalayennes. Ce sont tous ces éléments qui m’ont tenté lors du Masse Critique.



Hélas cela n’a pas été n’est pas l’extase absolue. J’ai trouvé la trame un peu trop linéaire et manquant de suspense. Le dessin a des aspects enfantins, une ligne claire, des couleurs assez fortes ; les visages manquent d’expressivité et j’avoue avoir été un peu déçu de ne pas retrouver la majesté des paysages que j’avais vus dans Tintin au Tibet (on pense forcément à cette référence en lisant cette BD).



Cependant je me suis attaché à cette héroïne qui, loin d’être un Indiana Jones en jupon, subit les évènements et réagit comme tout un chacun quand elle vient à croiser un cadavre. Mais elle tient le coup malgré une peur de tous les diables, essayant de l’oublier grâce à un humour léger et un petit côté râleur bien français.



A défaut d’un énorme pied, j’ai parcouru ce récit sans déplaisir et je lirai la suite sans souci.

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Eden, tome 2 : Une saison aux enfers

La partie de chasse ne fait que commencer !

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Ce tome est le second d’un diptyque formant une histoire complète, indépendante de toute autre. Il faut avoir lu le premier tome avant : Eden, tome 1 : Retour au Monde perdu (2019). Sa première publication date de 2022. Il a été réalisé par André Taymans pour le scénario et les dessins. Les couleurs ont été réalisées par le studio Caroline. Le tome commence avec une page épaisse en papier pelliculé et la proposition de découper proprement cette feuille pour couper autour de la forme et réaliser un pliage pour construire son propre combi logotisé Eden.



Dans le monde perdu, à l’intérieur de l’avion soviétique Bartini Beriev VVA-14, Andy réveille Kathy Malone et Carole, pour leur indiquer qu’il faut partir. Tom leur demande si elles ont bien dormi et leur confirme que c’est le moment ou jamais de partir. Il ajoute qu’il a fait quelques trouvailles dont une mitraillette automatique M3, ça peut servir. Les quatre compagnons sortent de l’habitacle et avancent dans la jungle. Andy fait observer qu’il ne se souvient pas être passé par là. Tom explique que s’ils veulent lui échapper, ils doivent contourner son territoire. Kathy estime également que la probabilité qu’il les attende là où ils sont déjà passés est grande. Tom leur fait signe d’arrêter et de se taire : ils entendent des cris de ptéranodons. Tom confie son sac aux autres et avance, pistolet au poing. Kathy décide de le suivre, la M3 prête à faire feu. Ils débouchent sur un promontoire rocheux avec une vue dégagée : en contrebas dans la rivière, un troupeau d’iguanodons s’est fait attaquer par des ptéranodons qui sont en train de les dépecer. Soudain, un ptéranodon attaque par derrière et déstabilise Kathy qui chute dans le ravin jusqu’au bord de la rivière. Un volatile est prêt à l’attaquer.



Tom incite Kathy à faire feu, ce qu’elle fait : les ptéranodons s’envolent mais reviennent pour l’attaquer. Carole et Andy, ce dernier armé d’une carabine, arrivent derrière Tom et demandent ce qui se passe. Andy soupçonne Tom d’avoir poussé Kathy et le menace avec sa carabine. Carole leur crie d’arrêter leur bêtise. Tom commence à descendre la pente pour aller chercher Kathy en contrebas, bien qu’elle ne soit plus visible. Soudain, deux soldats soviétiques surgissent et capturent Carole et Andy, sans se rendre compte que Tom est quelques mètres plus bas, caché par un rocher en surplomb. Le grondement d’un tyrannosaure retentit : les soldats intiment à leurs captifs d’avancer. À l’extérieur de la muraille rocheuse formant le cirque gigantesque qui abrite le monde perdu, les deux bikers cherchent à trouver une entrée par laquelle les fuyards auraient pu entrer. Ils finissent par surprendre Harry en train de redescendre malhabilement. Ce dernier chute à terre et il est immédiatement mis en joue. En réponse à une question, il indique que Tom, l’afro-américain s’est joint au groupe. Les deux bikers exigent qu’il les conduise à l’intérieur du monde perdu.



Le lecteur curieux commence par lire les quelques lignes de l’auteur en vis-à-vis de la première page. André Taymans explicite ses intentions Les aventures de Kathy Malone et ses compagnons sont un modeste hommage aux films et récits d’aventure de série B de son enfance. Hommage aux aventurières et aventuriers en quête de cités perdues, de trésors enfouis, combattant les savants fous et autres méchants nazis en fuite. Hommage à cette culture populaire qui n’a jamais eu d’autre ambition que de divertir. Le lecteur se rend compte que cette intention est à prendre au pied de la lettre : des aventures premier degré, sans trop s’embarrasser de psychologie, ou de vraisemblance à l’occasion d’un ou deux expédients narratifs. Alors, oui, l’auteur n’hésite pas à charger la barque en conventions de genre de série B, voire Z : les dinosaures bien sûr, les femmes à l’aise avec les armes à feu, la criminelle à la libido en mode turbo, les Russes en pleine guerre froide, un vétéran du Vietnam, et même un savant nazi travaillant sur un projet de conquête de l’espace. L’artiste augmente le niveau de spectaculaire avec une attaque de ptéranodons, une attaque de tyrannosaure, une scène de sexe, et à partir de la page trente-deux, c’est parti pour l’enchaînement de scènes d’action, faut que ça pète ! Le lecteur met bien volontiers son esprit critique de côté pour profiter de l’aventure, quel que soit son degré de plausibilité.



Cette seconde partie s’ouvre avec une case centrée sur cet avion à la forme si caractéristique, situé dans une clairière à proximité d’un cours d’eau, et découvert dans le tome précédent. Le jour s’est levé et il est temps pour les quatre aventuriers d’essayer de se sortir de cette situation intenable : la narration visuelle reprend de manière pragmatique. L’artiste montre la végétation, puis la portion de forêt traversée, avec certains arbres dont les racines plongent dans l’eau, et les personnages débouchent sur une zone dégagée. En contrebas se trouve le lit de la rivière et ses deux rives dans une gorge. Le lecteur se rend compte de l’investissement du dessinateur dans la création des lieux et la façon de les représenter. Il retrouve ce soin apporté à la géographie et aux environnements à l’occasion de la progression dans les tunnels souterrains reliant l’extérieur au monde perdu, dans la mine où travaille les Indiens, dans le village construit par les Russes. Il peut ainsi se déplacer avec les personnages en éprouvant la sensation d’évoluer dans des endroits cohérents. En outre, l’artiste apporte toujours un ou deux détails rendant chaque lieu unique et concret.



Le rendu des dessins assure une lecture facile de chaque case, avec un trait un peu épais pour les contours, permettant une identification des principales formes plus rapide, et une mise en couleur dans un registre naturaliste, qui fait ressortir les formes les unes par rapport aux autres. Pour autant, la densité d’informations fait que la narration visuelle ne s’adresse pas à des enfants. Le dessinateur a su trouver le juste équilibre pour que les ptéranodons apparaissent vraiment effrayants, pas une caricature grotesque que pourrait donner une forme de simplification ou des monstres de caoutchouc dans un film fauché. Bien sûr que le monde ne recèle pas de dinosaures dans un coin perdu, pour autant le lecteur se retrouve happé par le sort de Kathy Malone qui doit faire feu sur plusieurs de ces volatiles, avec sa mitraillette automatique, pour défendre sa vie. Par la suite, il ressent la tension et l’effroi irrépressible d’un petit groupe assistant à une attaque de tyrannosaures déchiquetant des dinosaures de plus petit gabarit. Il mesure toute la destruction causée par un incendie en train de se propager. Ainsi, l’artiste met en œuvre des clichés visuels, en leur redonnant du sens et du goût. Certes, le lecteur a déjà vu le coup d’un tyrannosaure qui arrive silencieusement derrière un personnage et qui le croque en deux d’un coup vif. Dans le fil de la lecture, cette scène s’avère intéressante, et pas juste un cliché artificiel prêt à l’emploi, car la présence de ces prédateurs a été établie à deux reprises précédemment, et l’individu qui sert d’en cas a toutes les raisons pour ne prêter aucune attention à ce qui se passe derrière lui. Si sa disposition d’esprit l’y incite, le lecteur peut également y voir une forme de comique macabre.



Pas d’autre ambition que de divertir : en effet, le scénariste continue de rendre hommage au roman Le monde perdu (1912) d’Arthur Conan Doyle (1859-1930), et il y ajoute son goût pour les films de série B. Ayant conscience du positionnement de ce récit de genre, le lecteur accorde le supplément de suspension d’incrédulité consentie nécessaire. Il ne s’interroge pas sur la manière dont les deux bikers ont pu se sustenter. Il évite de se poser la question de la concordance de la durée de la nuit passée par Kathy et ses compagnons, et celle qu’il a fallu aux deux bikers pour traverser la montagne. Il ne cherche pas à savoir comment l’avion a pu atterrir dans une zone de jungle. Ce qui importe, c’est la manière dont l’auteur concocte une aventure avec ces ingrédients qui aboutit à une intrigue entraînante. N’étant pas dupe, le lecteur suit bien volontiers les personnages dans cette suite de moments parfois improbables (la grande cheffe très à l’aise avec sa nudité), souvent spectaculaires et toujours divertissant.



André Taymans mène à bien son histoire. Les aventures continuent de se dérouler dans le monde perdu inventé par Conan Doyle, avec ses dinosaures et sa jungle bien fournie. La narration visuelle emmène le lecteur avec ses dessins faciles à lire, ses séquences bien rythmées, et un savoir-faire impressionnant pour concevoir un environnement en trois dimensions, plausible et propice à l’action, aux mouvements. L’intrigue s’enrichit d’autres éléments de genre totalement assumés par l’auteur, jusqu’au savant nazi, pour ne pas se contenter de répéter l’intrigue du roman originel. Le lecteur assume complètement ce récit de série B, avec ses invraisemblances (d’ailleurs tout commençait déjà avec un monde perdu dans lequel les dinosaures ont continué de vivre), appréciant ce divertissement sans prétention, bien tourné, avec une réalisation solide et professionnelle.
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Le voyageur

La rivière est un terrain neutre. Les ennemis viennent y boire ensemble.

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Ce tome constitue un prélude à la série Caroline Baldwin (20 tomes de 1996 à 2022) qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lue avant ou même de connaître. Il contient une histoire complète. Sa parution initiale date de 2023. Il a été réalisé par André Taymans pour le scénario et par Nico van de Walle pour les dessins et les couleurs.



Il y a quelques années de cela, alors que Caroline Baldwin était une adolescente, son grand-père l’emmène pour une balade de quinze jours en forêt. Ils partent de la petite ville où réside Robert Baldwin. Ce dernier a emprunté un canoë à son voisin. Il est en train de le fixer sur le toit de sa voiture, et le voisin lui intime d’essayer, cette fois, de lui ramener en un seul morceau. Son interlocuteur lui demande ce qu’il insinue, car la rivière n’a aucun secret pour lui. Il se demande s’il n’essaierait pas de faire peur à Caroline. Il termine en indiquant que s’ils ne sont pas de retour d’ici quinze jours, son voisin pourra commencer à s’inquiéter. Enfin, Caroline et son grand-père sont installés dans la voiture et le voyage peut commencer. Elle se montre un peu rétive : quinze jours de balade en forêt, franchement ça craint ? N’auraient-ils pas, pour une fois, pu aller en Floride comme tout le monde ? Il lui répond qu’il est assez buriné comme ça et qu’il n’a pas besoin d’aller se faire rôtir la couenne comme un vieux phoque. Caroline trouve le temps long en voiture : son grand-père lui répond que ça ne fait qu’une heure qu’ils roulent, et elle décide de piquer un somme. Elle se réveille une fois la nuit tombée.



Le grand-père s’enfonce dans un chemin de terre, et il gare sa voiture à quelque distance de son chalet. Caroline trouve que c’est juste une vieille bicoque, sans charme. Robert Baldwin sort la clef, ouvre la porte et lui offre de pénétrer à l’intérieur : une très grande pièce avec un aménagement rustique tout en bois. Puis il lui demande d’aller chercher quelques bûches sur le côté du chalet : rien de tel qu’une bonne flambée pour réchauffer l’atmosphère ! Caroline sort et se met à chercher des branches mortes au pied des sapins alentours. Elle entend un craquement et se retourne vivement en demandant : il y a quelqu’un ? Personne ne répond. Une main s’abat sur son épaule, lui causant une frayeur : son grand-père qui lui explique que les bûches se trouvent remisées sous un auvent. Elle lui explique qu’elle a cru voir quelqu’un qui l’observait, qu’elle a entendu des branches craquer. Il lui répond qu’elle risque d’en entendre d’autres des craquements de branches, des milliers même ici, car la forêt ça vit. Ils rentrent quelques bûches ensemble et il lui sert le dîner qu’il a préparé. Cette fois-ci Caroline voit passer une silhouette indistincte devant la fenêtre. Robert Baldwin se lève et va ouvrir la porte : deux gardes du parc s’apprêtaient à toquer. Ils viennent leur demander s'ils ont vu quelque chose de particulier, et les avertir qu'une météorite est tombée récemment et que des chasseurs de météorite rôdent.



André Taymans a réalisé seize albums de cette série à un rythme régulier de 1996 à 2012, puis il a effectué une pause pour des raisons diverses. Il est revenu à son héroïne de prédilection en 2017, et a réalisé les albums dix-sept à dix-neuf, puis un album hors-série intitulé Double Dame, avec sa fille Johanna pour le scénario. Avec le présent tome, il s’agit d’un album qu’il a numéroté zéro et dont il a confié, pour la première fois, le dessin à un autre artiste. Ni l’année, ni l’âge de Caroline ne sont précisés. Le lecteur note qu’il n’y a pas de téléphones portables, et que la demoiselle ne doit pas être adulte. Il retrouve une trame assez classique pour la série : une enquête sur des agissements probablement criminels, et une histoire qui se déroule sur un voyage, ici une randonnée canadienne typique, à savoir une descente de rivière dans une immense forêt, peut-être un parc national. Le crime n’est pas avéré, mais potentiel : des chasseurs météorites qui comptent bien mettre la main sur la roche tombée du ciel, avant les autorités pour en tirer des substantiels profits en toute illégalité. N’étant pas encore devenue une enquêtrice pour une grande agence ou à son compte, l’héroïne se retrouve mêlée à cette histoire parce qu’elle est au mauvais endroit au mauvais moment.



Le lecteur habitué de la série craint, dans un premier temps, que le changement de dessinateur obère d’autant le plaisir de lecture, la capacité à rendre compte d’une région sauvage, visitée par le scénariste, mais pas forcément par l’artiste. Dès la première page, il constate que les dessins présentent une sensibilité un peu différente de celle de Taymans : un niveau de détails plus élevé, avec une volonté descriptive plus précise, par exemple dans les maisons et la voiture, ou encore la cabane du grand-père ne s’en trouve que plus consistante et réelle que ce soient ses façades extérieures ou l’aménagement de la grande pièce principale. Une façon de représenter la nature de manière moins épurée, avec un apport des couleurs plus important pour renforcer les volumes et les reliefs. Ce choix fonctionne très bien : l’impression d’espace et de profondeur de la forêt, l’implantation des sapins sur les pentes de la montagne, la couleur de la rivière qui transcrit bien sa fluidité et qui reflète les couleurs environnantes, dont l’eau aurait peut-être pu être plus transparente, l’orignal massif sortant de la rivière, ou encore le terrible feu de forêt. Le lecteur retrouve bien la sensation de randonnée à laquelle Taymans l’avait habitué.



La différence de sensibilité la plus significative se trouve dans la représentation des personnages. La représentation des silhouettes revient dans un registre plus réaliste, moins épuré, pour une sensation plus naturaliste, ce qui donne plus de vraisemblance à ce qui est raconté. D’un autre côté, les expressions de visage peuvent parfois se faire légèrement appuyée pour mieux faire passer l’état d’esprit intérieur du personnage, en particulier les réactions un peu plus vives de Caroline, ou le mysticisme de la vieille aveugle Shipiss. Le lecteur peut se dire que c’est une phase différente de la vie de l’héroïne et que sa façon à elle de percevoir la réalité et de la ressentir était différente, ce que traduisent les dessins. Le lecteur retrouve toute son empathie pour cette demoiselle entière, même si parfois un peu boudeuse, pour ce grand-père bien vaillant, anticipant avec plaisir ces deux semaines dans la nature avec la tranquillité de glisser sur la rivière en canoë, et l’épreuve physique lors des portages. Comme dans une autre histoire de cette série, il s’attache moins à l’intrigue qu’à ce séjour au Canada.



Au vu de l’âge présumé de Caroline, l’auteur évite de lui faire consommer de l’alcool comme elle le fera plus tard dans sa vie. En revanche, il réemploie un dispositif narratif déjà vu dans la série initiale : le rêve. Le lecteur se souvient encore de celui du tome dix-neuf. Il retrouve également un finale semblable à celui du tome seize, qui détonnait déjà par rapport au reste de la série. De la page vingt-huit à la page trente-trois, Caroline est prises dans les affres d’un cauchemar qui s’avère prémonitoire, c’est-à-dire une première touche de surnaturel. Elle se réveille avec un anneau qui a été glissé dans son sac de couchage, comme par enchantement, c’est-à-dire une deuxième touche de surnaturel. Le finale s’avère encore plus explicite sur ce plan, le lecteur ne pouvant même pas attribuer l’existence de ce monstre à l’esprit embrumé de Caroline, car elle est en pleine possession de ses moyens, sans avoir consommé quelque produit psychotrope que ce soit. Le lecteur se dit alors que le scénariste s’est contenté d’une intrigue linéaire et un peu mince, pour fournir une trame de fond à cette randonnée en forêt.



Le lecteur remarque également que Robert Baldwin évoque le fait que sa petite-fille a du sang indien dans les veines. Le comportement de celle-ci laisse supposer qu’elle n’a jamais eu l’occasion de s’aventurer dans des zones sauvages pour plusieurs jours. La vieille dame aveugle appartient à une tribu des Premières Nations, et qu’elle évoque des légendes autochtones, en particulier celle des coureurs des bois, et celle du Voyageur. Le lecteur peut alors considérer l’anneau comme une alliance, une proposition pour Caroline d’embrasser son héritage indien. Avec ce point de vue en tête, le rêve prend alors tout son sens, ainsi que le finale qui n’appartient alors plus au registre de la science-fiction, mais à celui de la métaphore. Dans ce tome, l’auteur indique ce qui aurait pu être pour son personnage si les circonstances et ses convictions ne l’avaient pas conduites à vers d’autres valeurs. Le lecteur fidèle depuis le début de la série peut y voir l’explication de quelques passages où l’intuition de Caroline s’avérait remarquable.



Un tome zéro pour une série débutée en 1996 et ayant subi quelques avanies de parution : une façon de tirer sur la corde ? Pas vraiment : le scénariste reste bien aux commandes de sa série, et il ne donne pas dans la nostalgie. Le fait qu’il ne dessine pas cette aventure aurait tendance à refroidir le lecteur de longue date. L’intrigue s’avère assez mince. En revanche, le dessinateur réalise des planches en cohérence avec l’esprit de la série, sans rien sacrifier de sa personnalité graphique. La randonnée est immersive et de qualité. Progressivement, le lecteur se rend compte que l’enjeu du récit ne se trouve pas dans la chasse à la météorite, mais dans des situations au cours desquelles Caroline Baldwin dispose de l’occasion d’assumer son héritage culturel.
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Lefranc, tome 19 : Londres en péril

Lefranc fait partie de mes lectures jeunesse et il fut une époque où j’appréciais ce genre de bédés. Puis, avec le temps, en prenant de la bouteille, je n’ai plus ressenti le plaisir de les relire et je suis passée à autre chose.



Ici, on parlait de Londres et pour le Mois Anglais, c’était parfait. Alors, j’ai pris le risque (un emprunt, risque zéro) de lire cet album.



Le premier bon point, c’est que j’apprécie toujours les dessins en ligne claire. Lefranc a tout d’un boy-scout, dans son caractère, sa manière d’aider les gens, mais j’ai mis ce point de côté, notamment parce que cela se ressentait moins.



Le côté espionnage et agents doubles, triples, m’a donné de belles surprises, sans compter celle de ne pas croiser le méchant habituel de cette série (Axel Borg est à cette série ce que le colonel Olrik est à "Blake & Mortimer").



Là, on nous en proposait un tout nouveau, un nom connu, en plus, personnage hautement diabolique, qui plus est, sans qu’il soit besoin de forcer le trait (les auteurs n’avaient pas besoin de charger la mule, si l'on connaît l’Histoire, on frissonnera de dégoût devant cet homme).



Les Anglais de Scotland Yard sont "so britsih" à mort, presque caricaturaux, mais sans que leurs traits soient trop forcés, juste un peu, afin que l'on n’ait aucun doute quant à leur nationalité. Pour moi, c’était parfait.



J’ai apprécié aussi le fait que cela se passe après la Seconde Guerre Mondiale, que le quartier de Pimlico soit encore en ruine, suite aux bombes tombées. Le côté piquant est que personne ne se soucie de ses habitants, vu que le quartier n’est pas réputé, ni habité par des riches pétés de thunes.



Eh oui, nous sommes dans une bédé, il y a de l’humour, mais aussi de l’humour noir et grinçant, notamment quand les flics ne s’inquiètent plus d’une tentative d’attentat dans ce quartier (alors qu’à Buckingham, ils flippaient grave et étaient prêts à courir).



Si une fois de plus, Lefranc réussi tout ce qu’il entreprend, se débrouillant quasi dans toutes les situations, le scénario de cet album est plus que réussi, notamment avec son Grand Méchant et ses sbires, qui ont la nazi nostalgie (Anne, ma sœur Anne).



Là, nous sommes dans l'après-guerre (la seconde), mais de nos jours, d’autres ont cette nostalgie et ne rêvent que de remettre les bruits des bottes à l’ordre du jour (et sans doute le cortège d’horreurs qui va avec).



Je ne développerai pas tout ce que j’ai apprécié dans ce scénario, parce qu’il y aurait trop à dire, tant les auteurs ont essayé d’aller plus en profondeur dans leur histoire et de lui donner du corps, mêlant l’Histoire, le nazisme, l’espionnage et l’intelligence artificielle (les débuts), ce qui donne des sueurs froides,



Cela manquait d’émotions, mais pas de profondeur, ce qui donne une bonne lecture, inattendue, je dois dire. Comme quoi, on peut toujours être surprise !

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Caroline Baldwin : Double dames

Pourquoi c'est toujours moi Watson ?

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Ce tome s'intercale entre ‎Caroline Baldwin, tome 16 : La conjuration de bohême (2012) et Caroline Baldwin, tome 17 : Narco tango (2017). Il contient une histoire complète qui peut être appréciée sans aucune connaissance préalable des aventures de Caroline Baldwin ou de celles de Roxane Leduc. Sa première édition date de 2021. Il a été réalisé par André Taymans pour le scénario, les dessins et les couleurs, avec sa fille Johanna coscénariste. Il se termine avec un texte d'un page où l'auteur explique la genèse de l'album, et la reproduction des crayonnés de 2 pages n'ayant pas été retenues dans l'histoire finale.



Dans une auberge en Haute-Savoie, par un bel après-midi de printemps, Roxane Leduc regarde le paysage depuis le balcon de sa chambre. Elle entend son portable émettre un bip : elle rentre dans sa chambre, met de l'eau à chauffer dans la bouilloire électrique, puis sort son téléphone de son sac. Il s'agit d'un message de Caroline Baldwin lui annonçant qu'elle doit retarder son départ de Montréal et qu'elle l'appelle demain. Roxane se sert son thé, et va bouquiner sur son lit. Le lendemain, elle petit-déjeune tranquille toute seule à la table de l'auberge, puis sort pour se rendre à son rendez-vous à 10h00 devant l'église de Bellevaux. Tout en conduisant, elle vérifie dans sa tête qu'elle a bien tout : raquettes, pique-nique. Elle arrive sur place avec seulement sept minutes de retard.



Comme convenu, Roxane Leduc retrouve Carlos Menez devant l'église. Il lui explique que son père ne se sent pas très bien et qu'ils ont décidé d'écourter leur séjour. Néanmoins, il la dédommage pour cette journée perdue, parce que lui non plus ne va pas effectuer la randonnée : ce ne serait pas raisonnable de laisser son père seul même quelques heures. Elle souhaite un prompt rétablissement à Félix Marchand le père de son client, et elle décide d'effectuer la randonnée seule, pas de raison que la balade soit perdu pour tout le monde. Elle avance d'un bon pas en raquette dans la neige, et remarque qu'elle n'est pas la seule à profiter de la journée. Un peu plus loin, elle s'arrête discrètement car elle vient d'apercevoir le même Carlos Mendes en raquette, arrêté, observant droit devant lui quelque chose avec ses jumelles. Elle se cache derrière un arbre pour l'épier. Son téléphone sonne : elle répond et Caroline Baldwin lui indique qu'elle se trouve à l'aéroport de Dorval où tous les avions sont cloués au sol suite à une gigantesque tempête de neige. Elles sont coupées : Roxane raccroche et constate que Carlos en a profité pour mettre les voiles. Elle poursuit sa randonnée, alors qu'il l'épie à son insu, caché derrière un arbre. Une fois rentrée à l'auberge, Roxane revêt une robe et descend manger. L'aubergiste lui demande si elle veut une table seule ou si elle attend ses deux clients, ce qui la déconcerte car elle était persuadée qu'ils étaient partis. Elles vont demander au patron Olivier en cuisine qui confirme qu'il ne savait pas que les argentins sont partis. Deux policiers arrivent à ce moment-là et leur apprenne la mort de Félix Marchand dont le cadavre a été retrouvé.



La série Caroline Baldwin s'est achevée en 2020 avec Caroline Baldwin, tome 19 : Les faucons. Dans sa postface, l'auteur explique qu'il avait souhaité donner une fin à son personnage, et qu'il lui restait quelques projets d'histoire, a priori une demi-douzaine, commencées, mais pas finalisées, qui s'intercalent entre des albums déjà parus. Le lecteur comprend mieux le nom de la maison d'édition : éditions du tiroir, en espérant qu'il ne s'agit pas des fonds de tiroir. André Taymans explique donc qu'il avait mis en chantier la présente histoire, en 2012, qui devait être racontée de deux points de vue différents, celui de Roxane Leduc, et celui de Caroline Baldwin. Elle a été retravaillée sous la forme d'un album unique. La quatrième de couverture comporte un court texte du scénariste Rodolphe replaçant dans son contexte, l'apparition du personnage Caroline Baldwin. En 1996, il y avait peu d'héroïnes : à l'époque, elle représente donc une nouveauté dans le club très privé des héros masculins. En plus, il s'agit d'une jeune femme moderne, faite de contradictions, de forces et de faiblesses, d'énergie et de fêlures, une beauté sans artifice. Du fait de la genèse un peu particulière de cette histoire, Caroline Baldwin n'apparaît que dans 2 cases dans la planche 10 et elle ne devient le personnage principal qu'à partir de la planche 31 dans ce récit qui en compte 44.



Qu'il ait déjà lu tous les tomes de la série principale ou qu'il découvre l'héroïne ou même l'auteur, le lecteur relève vite les caractéristiques de la narration. Le récit est situé dans les environs de la commune de Bellevaux en Haute-Savoie, et l'auteur connaît manifestement les lieux, et peut-être même l'auberge dans laquelle séjourne Roxane Leduc. Le lecteur peut donc se projeter dans ces lieux et se sentir comme un hôte profitant de la chambre, de son lit, de sa salle de bain, et même de sa bouilloire, dans la salle à manger pour prendre son petit-déjeuner avec Roxane, et même passer en cuisine quand elle suit la patronne qui va interroger son mari. Les traits de contour sont un peu épais, donnant ainsi plus de consistance à chaque élément, et le niveau de détails élevé assure une description immersive. Il en va de même pour les scènes en extérieur : les rues de Bellevaux, le lac de Vallon, et la randonnée en forêt. Il est fort vraisemblable que Taymans lui-même se soit adonné aux raquettes dans cette forêt. Cela donne lieu à une sympathique balade de 3 pages dans la neige, au milieu des sapins, avec une belle vue sur le lac de Vallon.



L'histoire commence tranquillement, découlant totalement du lieu et des personnages : Roxane Leduc est guide de montagne pour des randonnées, et elle va retrouver ses clients. Le récit passe en mode enquête quand la police survient dans l'auberge pour informer le patron qu'un de ses clients a été repêché dans le lac de Vallon il y a une heure à peine. Tout naturellement, Leduc en parle au petit déjeuner avec le vieux Grégoire, un ancien du village venu s'en jeter un derrière la cravate. La scène est naturaliste, avec Roxane prenant le soleil sur la terrasse et sans exagération sur l'homme âgé. Le récit passe en mode aventure de manière tout aussi organique : le vieux Grégoire a repéré une activité nocturne près du lac du Vallon. Le scénariste met à profit un fait réel : un glissement de terrain survenu en 1943, qui a emporté neuf granges, cinq fermes, deux scieries et des maisons des hameaux avoisinants dont celui de l’Éconduit. À partir de là, les conventions de genre s'immiscent dans le récit : la jeune femme qui n'hésite pas à aller voir par elle-même de nuit au bord du lac, l'inspecteur pas très doué, en tout cas moins que Roxane, cette dernière qui se dit que le plus efficace est de plonger à son tour dans le lac, de nuit bien sûr et toute seule. Le lecteur retrouve bien le principe rappelé par Rodolphe : une héroïne, femme normale, qui se retrouve dans une histoire dangereuse et qui se montre courageuse au point de se mettre en danger de manière imprudente.



Effectivement, le lecteur relève d'autres conventions de genre assez marquées : la chronologie des faits fort opportune, les personnages principaux qui décident de prendre l'initiative sans en référer à la police, et une concomitance de circonstances assez extraordinaire pour que deux fils narratifs culminent exactement au même moment, avec un ou deux hasards très heureux. Il se dit que c'est lié à la transformation d'une histoire condensée de 2 albums en 1, et des caractéristiques de l'écriture de l'auteur. S'il a lu la série, il remarque qu'il n'a pas la place de réaliser des séquences muettes de marche ou de découverte, à l'exception d'une (planche 25) quand Roxane explore le fond du lac en tenue de plongée). Il sourit en voyant la même Roxane allongée sur le lit de sa chambre d'hôtel, identiques à celle de Caroline dans d'autres albums. Il sourit franchement de l'incongruité de la planche 11 où Roxane est train de se changer pour enfiler une robe plus habillée, ce qui donne l'occasion à l'artiste de la représenter en sous-vêtement bas, culotte et soutien-gorge, un peu en décalage avec la situation et le respect montré par ailleurs aux héroïnes qui mènent la danse par leurs compétences et leur courage. D'ailleurs, le lecteur de longue date ne peut pas s'empêcher de chercher les éléments de la continuité (légère) de la série. Il retrouve l'amitié entre Roxane et Caroline, le fait que cette dernière réside au Canada. En revanche il n'est fait mention nulle part de son traitement médicamenteux.



Impossible de résister à une aventure de plus pour le lecteur qui a suivi la série régulière de Caroline Baldwin : l'occasion est trop belle de retrouver cette jeune femme au caractère pas toujours commode. La narration visuelle s'avère très roborative, avec sa qualité descriptive, les environnements montrés concrets et réalistes, la sensation de se trouver dans cette région de France, et la présence des personnages. L'intrigue s'avère un cran en dessous s'appuyant un peu trop sur des conventions de genre mises en scène au premier degré. Une aventure sympathique.
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Assassine

Et bien voilà ce que j’appelle une bonne BD !

Un très bon polar en bande dessinée, c’est plutôt rare. On pourrait juste reprocher une lenteur dans le récit mais cette lenteur contribue à donner une atmosphère pesante et irrespirable. Comme tout polar qui se respecte, l’histoire parait alambiquée, sombre, puis au fur et à mesure, on découvre quelques pistes, quelques explications. Un érotisme malsain accompagne des pages muettes où les simples traits accentuent la tension palpable. Tremblez amis lecteurs, tremblez… Non, j’exagère toujours, c’est pas non plus une virée pour un épouvante cauchemar…

En tout cas, bonne BD, assez surprenante pour avoir réussi à planter une atmosphère très pesante, à laisser errer le lecteur dans un saupoudrage d’éléments pour comprendre l’histoire. Les dessins sont pleinement aboutis avec une légèreté presque enfantine.

Un grand merci pour l’éditeur place du sablon qui nous offre une histoire qui sort des BD classiques.

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Les tribulations de Roxane, tome 2 : La mai..

Sur les traces du yéti et de Tintin au Tibet, une sympathique aventure qui met en scène Roxane et les pentes de l'Himalaya. Rythmée et bien dessinée, j'ai bien aimé cette bd et j'ai hâte de lire le 2e tome car le 1er tome s'arrête en plein suspense !
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Lefranc, tome 21 : Le châtiment d'Hollywood

Dès les premières pages, nous sommes plongés dans un film d'aventure hollywoodien. Lefranc se retrouve dans un tourbillon un peu fou, entre une starlette entreprenante, un réalisateur sanguin, un ami qui n'en est pas un, une étrange secte dont on devine assez vite les funestes desseins. Bienvenue à Hollywood et bonne chance.

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Caroline Baldwin, tome 13 : La nuit du gran..

Ce tome fait suite à Caroline Baldwin, tome 12 : Le Roi du Nord (2006) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. La première édition date de 2007 et il est repris dans Caroline Baldwin - Intégrale, tome 4 (13-16). Il a été réalisé par André Taymans pour le scénario, les dessins et l'encrage. La mise en couleurs a été réalisée par Thierry Wesel. Cette aventure comprend 44 planches.



Caroline Baldwin est installée dans la maison ayant appartenu à son grand-père, au bord d'un lac. Le facteur se présente, apportant un colis pour Robert Louis. Baldwin lui indique qu'il s'agit de son grand-père et qu'il est décédé depuis plus de 5 ans. Il lui remet le colis, lui fait signer le bon de remise et s'en va. Dix jours plus tard, Caroline Baldwin descend d'un avion dans l'aéroport le plus septentrional du Québec. Répondant à sa question, un employé lui indique qu'elle a de la chance : le bus pour Ivulvik part dans une heure. Il n'y en a qu'un tous les trois jours. Caroline Baldwin monte dans le bus où elle est accueillie par Martha la conductrice qui lui demande si elle vient pour le déménagement : le village doit être déconstruit et reconstruit 200 kilomètres plus au sud. Caroline Baldwin se rend compte qu'elle est la seule voyageuse. Martha lui indique qu'elle peut s'installer confortablement car le voyage dure douze heures, si tout va bien. Caroline s'assoupit. Plusieurs décennies en arrière, Roseline Trembleur donne des cours à l'école où se rend Anna, la fille de Robert Louis. Un jour, alors qu'elle joue dans la prairie avec un copain, ils s'approchent d'une grange et Anna surprend son père dans les bras de Roseline Trembleur. Le lendemain tout le village cancane, évoquant les relations entre une blanche et un indien. L'épouse de Robert le met en demeure de choisir entre elle et sa maîtresse Roseline.



Le bus fait un arrêt sur la route : Martha et Caroline en descendent pour aller manger au Bear Bar. Remontée dans le bus, Caroline Baldwin relit la dédicace de Roseline à Robert, dans son livre intitulé Une nation en sursis, 50 ans chez les Inuits. Arrivées à Ivulvik, Martha et Roseline vont prendre chacune une chambre à l'établissement Arctic Bar, car il n'y a pas d'hôtel. Le jour même, Caroline Baldwin se rend chez Roseline Trembleur pour lui annoncer qu'elle a reçu le livre mais que son grand-père est décédé. Roseline évoque en une phrase sa relation avec Robert Louis, la demande de mutation qu'elle a fait il y a 50 ans suite à la découverte de leur relation, et son arrivée dans ce village éloigné de tout. Le soir, Martha et Caroline mangent ensemble à l'Arctic Bar et Caroline répond qu'elle ne repart pas le lendemain, qu'elle souhaite rester au village et qu'elle ne repartira que lors du prochain aller-retour de Martha. Elle s'endort en relisant le livre de Roseline Trembleur. Le lendemain matin, le patron de l'établissement lui annonce que c'est le jour où doivent arriver les équipes chargées de déménager le village. Nanouk (un jeune homme) propose à Caroline Baldwin de faire le tour du village. Il l'emmène devant une maison inclinée, ayant commencé à glisser vers l'océan. Il évoque l'effet du réchauffement climatique sur le permafrost.



Quel plaisir de retrouver Caroline Baldwin dans une nouvelle aventure. Le lecteur appréciant la série se fait une joie de retrouver cette jeune femme au caractère bien trempé, animée par un sens de la justice, évoluant dans des environnements que l'auteur prend plaisir à représenter. Cette fois-ci, André Taymans emmène son lecteur à Ivulvik, ou plutôt à Ivujivik, un village nordique du Nunavik, au Québec, et même le village le plus Nord du Québec, un village d'environ 400 habitants. Enfin, pas tout à fait parce que ce village Ivulvik ne correspond pas à celui d'Ivuljik dans la mesure où il est accessible en car alors qu'Ivuljik ne l'est pas, et qu'il est rongé par la mer alors qu'Ivuljik ne l'est pas. L'auteur a donc préféré inventer un village fictif plutôt que de proposer une balade touristique dans un qui existe vraiment. Cela ne diminue en rien le plaisir du lecteur de prendre le temps d'admirer chaque lieu : la grève au bord de laquelle se trouve la maison du grand-père Robert Louis, avec le bateau échoué et celui sur étais, la longue route enneigée empruntée par le car de Martha, les construction simples qui constituent les maisons à un étage du village d'Ivulvik, la maison qui a à demi basculé dans l'océan avec les cordages pour la retenir, l'école au toit rouge avec sa cloche, en bord de mer, les étendues enneigées sur lesquelles se déroule la course-poursuite en motoneige, les intérieurs sobres des maisons du village. L'artiste est passé maître dans l'art de montrer les caractéristiques d'un lieu de manière naturelle, sans donner l'impression de passer en mode guide touristique pour une présentation artificielle. Le lecteur voit les personnages évoluer normalement dans le village, en fonction de ses caractéristiques, plutôt que dans un décor de carton-pâte, sans épaisseur ni profondeur.



Un nouveau tome, c'est aussi le plaisir de retrouver la personne Carline Baldwin, avec son caractère et ses habitudes. Le lecteur peut comprendre qu'elle n'apparaisse pas en petite tenue dans ce tome car les températures ne s'y prêtent pas. De même, elle n'a pas d'aventure amoureuse, et son traitement médical n'est pas évoqué. Par contre elle ne refuse pas un verre d'alcool, et elle a toujours ce caractère bien trempé et parfois un peu impulsif : décider de partir au bout du Canada pour un simple livre, rêvasser pendant les trajets ou le soir dans sa chambre, avoir le contact facile avec les gens qu'elle rencontre, mais sans se laisser mener par le bout du nez. Le lecteur observe les expressions sur le visage de Caroline et peut se faire une bonne idée de son état d'esprit : agréablement surprise par ce qu'elle découvre dans la lettre adressée à son grand-père, songeuse, directe et franche, curieuse et attentive, concentrée pour observer ce qui l'entoure, les faits et gestes des individus, focalisée sur un objectif pour découvrir ce qu'on lui cache, entêtée quand elle refuse de se rendre à des arguments qu'elle juge fallacieux. Avec des traits simples, le dessinateur rend ses personnages expressifs, sans forcer le trait. Les autres protagonistes sont tous singuliers : le facteur âgé avec sa moustache et sa casquette, la conductrice de bus en surpoids, le propriétaire du bar avec son bouc bien taillé, Roseline Trembleur et ses cheveux blancs, et il est impossible de ne pas sourire en revoyant le grand-père de Caroline. En creux, Taymans peuple sa bande dessinée d'individus normaux et banals, mais pas fades ou interchangeables.



Caroline Baldwin se retrouve donc dans ce petit village où tout le monde se connaît, et qui s'apprête à un vivre un bouleversement extraordinaire : être déplacé. Cela donne lieu à quelques remarques dans différentes conversations, ainsi qu'à une tension entre les habitants et les ouvriers. Les dessins montrent les énormes engins de chantier, mais finalement l'auteur ne développe pas cet événement. Planche 14, l'auteur montre une maison qui a à demi basculé dans l'océan. Puis planche 15, Nanouk explique les effets du réchauffement climatique : le permafrost se dégèle, entraînant l'effondrement progressif dans la mer, cela commence avec les habitations situées au bord de l'eau. Le lecteur voit dans ces remarques l'expression d'une sensibilité écologique. André Taymans a inclus une autre observation sur l'écologie (la pêche intensive) avec une dimension économique, constatant la complexité d'une réalité qui touche aussi bien les pêcheurs que les habitants du village.



L'enquête comprend donc une dimension locale qui fait qu'elle est spécifique à l'endroit, et non pas générique indépendamment de la géographie ou des individus. L'implication de Caroline Baldwin se fait naturellement par un ancien amour de son grand-père, et la progression de l'enquête repose sur des rencontres, des discussions et un peu d'observation, le scénariste misant sur le naturalisme plutôt que sur les scènes d'action spectaculaires. Cela ne veut pas dire pour autant que le lecteur assiste à une enquête menée par Miss Marple, majoritairement depuis son fauteuil. Outre le voyage en bus sous la neige, le lecteur voit Caroline Baldwin aller espionner de nuit, s'enfuir en motoneige, poursuivie par d'autres motoneiges. Il se demande ce qu'elle a vraiment découvert et quelle est la nature du crime. La découverte fait sens, avec un motif original et des circonstances spécifiques à la région, à son isolement. Enfin, André Taymans explicite la nature du grand marcheur évoqué dans le titre.



Le lecteur accompagne avec plaisir Caroline Baldwin dans le grand nord canadien pour une enquête plus posée que d'habitude, lui permettant de découvrir un village en passe d'être déménagé, de regarder autour de lui les installations, et les habitants. Il voit le monde en train de changer du fait du réchauffement climatique, des habitants résignés à l'obligation de déménager, des secrets qui pèsent sur la communauté, une jeune femme faillible (elle se laisse enfermer) qui ne lâchera pas le morceau tant qu'elle n'aura pas découvert la vérité, qui fait face à des personnes avec plus d'années qu'elle, sans s'en laisser conter. La résolution fait apparaître qu'il n'y a pas de bonne de solution, qu'une communauté doit s'organiser pour perdurer, tout en supportant le poids de la culpabilité cachée. Le lecteur en ressort avec un goût de trop peu, ces thèmes n'étant pas très développés.
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Lefranc, tome 17 : Le maître de l'atome

Je n'ai pas beaucoup apprécié ce tome. En effet, il y a vraiment énormément de texte, écrit parfois très petit, ce qui rend la lecture laborieuse. Ensuite, l'intrigue tourne autour de la maîtrise de l'arme nucléaire par une association de scientifiques dont on se doute très vite de la personne qui les dirige. Cela ressemble en fin de compte, à La grande menace mais sans le côté "aventure". C'est plutôt "Nid d'espions" à Tanger.
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Assassine

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs, dont la première édition date de 2004. Elle a été réalisée par Patrick Delperdange pour le scénario, André Taymans pour les dessins et l'encrage. Cette réédition de 2015 a bénéficié d'une mise en couleurs par Fabien Alquier, l'édition originale était en noir & blanc. Ce tome s'ouvre avec un court avant-propos de l'éditeur agrémenté d'illustrations en noir & blanc. L'histoire compte 74 pages de bandes dessinées.



Simon Davenport est un violoniste professionnel, qui joue dans un orchestre de musique classique. Sa femme Sylvia est décédée il y a deux mois : il l'a retrouvée morte étendue par terre, au bas des marches de l'escalier de leur cave. Après la répétition, Pierre, le flutiste de l'orchestre, le raccompagne en voiture chez lui. Il le dépose à quelques rues de sa maison : Simon le remercie et lui suggère de rentrer rapidement car il recommence à neiger. Terminant son trajet à pied, il croise Marinette et sa collègue, les deux femmes de ménage du Black Jack Club. Elles le saluent et évoquent la fête des fous qui s'est tenue dans la ville il y a quelques semaines. Simon Davenport rentre chez lui en pensant à sa femme défunte, à son cadavre qu'il a découvert au pied des marches. Il ramasse les journaux par terre, s'assoit à la table de la cuisine et en lit un. La une évoque la fête des fous, avec une photographie. La maison de Simon est en arrière-plan, et il y aperçoit une silhouette indistincte derrière les rideaux. C'est impossible parce qu'il n'y avait personne chez lui à cette date-là, et en plus la silhouette est celle de sa femme, déjà décédée à cette date-là.



Le lendemain, Simon se rend au commissariat où il est reçu par le commissaire Franzen, celui qui s'est occupé de l'enquête sur la mort de Sylvia, enquête qui n'est pas encore close. Le commissaire lui fait observer que la photographie n'est pas très nette et qu'il pourrait s'agir d'une simple tache. Il ajoute que le médecin légiste a confirmé les causes du décès de son épouse, et qu'il reste encore à déterminer comment elle a pu ainsi chuter. Simon veut en avoir le cœur net et il se rend chez la photographe qui a pris le cliché qui illustre la une : Marion von Hörvath. Elle accepte de lui présenter les originaux lors de sa prochaine visite. Le soir à la répétition, Simon se fait reprendre par le chef d'orchestre pour son manque de concentration et de justesse sur un Adagio Cantabile. Après avoir papoté un peu avec Pierre, il est e retour chez lui et il repense à ses ébats avec Sylvia. À la nuit tombée, et avec après quelques verres, il finit par redescendre à la cave et y découvre une inscription : Partir, je dois partir, aide-moi. De son côté, Casper Delorme est monté dans la chambre 32 de son hôtel et il observe ce qui se passe dans la chambre d'à côté, par le trou de la serrure. Simon remonte dans son salon et y trouve la porte fenêtre ouverte. Il s'élance dans la neige à l'extérieur pour découvrir l'intrus. Il aboutit dans une clairière enneigée : Casper Delorme se tient devant un grand feu, avec une statuette en bois dans les mains.



Patrick Delperdange est un auteur de romans, avec plusieurs dizaines d'ouvrages à son actif, et également un scénariste de bandes dessinées, par exemple les séries S.T.A.R. (avec Thierry Caiman) et MacNamara (avec André Taymans). Le dessinateur est surtout connu pour la série [[ASIN:2888909596 Caroline Baldwin]]. Outre les 2 albums de MacNamara, ils ont également collaborés ensemble pour l'album Lefranc, tome 21 : Le châtiment d'Hollywood (2010). Il faut un peu de temps au lecteur pour situer le récit. Simon Davenport est présent dans plus de 95% des séquences : il s'agit donc d'un récit présenté de son point de vue. Il n'a pas complètement surmonté le traumatisme lié à la mort de son épouse et à la découverte de son cadavre. Il est bien évidemment déstabilisé par cette silhouette féminine à la fenêtre de sa chambre à l'étage, dans le journal. De rencontre en rencontre, les bizarreries s'accumulent contribuant à le maintenir dans un état de déstabilisation : la fête des fous, le souvenir sensuel da sa femme, ses difficultés de concentration, l'enquête pas encore clôturée par le commissaire, le comportement décalé de Casper Delorme et ses élucubrations fondées sur des faits concrets, la chanteuse dans le club qui ressemble à sa femme. Le scénariste confronte son personnage principal à des situations et à des déclarations plausibles, mais à la marge de la normalité, au point que le champ des possibles apparaisse plus large que ce que peut concevoir Simon. Du coup, le lecteur lui-même ne sait pas trop sur quel pied danser, s'il doit conserver son cadre cartésien, ou s'il doit supposer que le récit va prendre quelques libertés, de type surnaturelles ou ésotériques, avec le monde normal.



André Taymans joue tout aussi subtilement sur les décalages visuels, peut-être encore plus subtilement. Étant un média visuel où le lecteur contrôle son rythme de lecteur, il faut beaucoup de savoir-faire pour parvenir à maintenir le lecteur dans l'incertitude face à ce que montre clairement un dessin, à ce qu'il décrit. Le dessinateur œuvre dans un registre réaliste et descriptif, avec un degré de simplification évoquant une partie des caractéristiques de la ligne claire, mais avec plus d'aplats de noir, et plus de traits de texture dans les formes détourées, ainsi que des variations minimes dans l'épaisseur des traits de contour. Pourtant, le lecteur s'interroge rapidement : un participant à la fête des fous porte le même masque que les Turlurons dans Tintin et les Picaros (1976), un chien sauvage aboie agressivement, un homme regarde par un trou de serrure, un tableau accroché au mur montre une biche aux abois, encerclée par un meute de chiens de chasse, des gros plans montrent des ecchymoses sur la peau d'une femme, une statuette en bois avec des gouttes de sang à l'entrejambe. Ces éléments visuels ne sont pas impossibles, mais ils sont improbables, nourrissant l'étrangeté de l'ambiance, la possibilité qu'un glissement vers le surnaturel se produise.



Dans le même temps, la narration visuelle s'avère très concrète. Taymans découpe ses planches en une moyenne de 8 cases, sagement alignées, parfois 9 de taille égale. Il représente les décors dans plus de 90% des cases avec une grande rigueur dans la cohérence d'un plan à l'autre, et un sens du détail. Le lecteur éprouve vite une sensation de familiarité à se trouver dans la cuisine de Simon avec sa table basique et son carrelage, dans son salon avec son canapé au motif à fleurs, sa baie vitrée et son carrelage, dans la cave avec l'escalier sans rampe, ou encore attablé au Black Jack Club. Il note aussi des cases qui détonnent dans le flux de la narration visuelle : un gros plan sur une main d'homme posée sur le string d'une femme, un chien sauvage en train de hurler, une tâche de sang sur un sol de terre, un gros plan en biais sur un trou de serrure par lequel passe une forte lumière, la statuette en bois d'une silhouette féminine évoquant la fertilité. Ces éléments visuels s'immiscent dans une séquence, le temps d'une case, et peuvent servir de leitmotiv visuel en revenant un fois quelques pages plus loin, ou en apparaissant dans une autre scène. Il en va ainsi de du chien qui aboie, de la tache de sang, du trou de serrure, de la statuette. Ces motifs visuels sous-entendent une forme de cohérence, de lien entre des événements distincts, de l'existence d'un schéma logique.



Le lecteur se rend compte qu'il éprouve rapidement de l'empathie pour Simon Davenport : son chagrin engendré par son deuil, son intranquillité avec cette photographie montrant la silhouette de sa femme pourtant morte, l'impression de suspicion du commissaire Franzen, ses interactions avec d'autres personnes, toutes en décalage avec ce qu'il ressent, voire insensibles comme les deux femmes de ménage de l'hôtel et du club, Marinette et sa copine. Bien sûr l'individu le plus inquiétant est Casper Delorme. Visiblement, il sait beaucoup de choses sur Sylvia Davenport, y compris des informations intimes, inconnues de son époux Simon. Mais en plus il développe une théorie ésotérique inquiétante sur une présence féminine, la Maquerelle, en s'appuyant sur Ainsi parlait Zarathoustra (1883-1885) de Friedrich Nietzsche (1844-1900). Comme Simon, le lecteur est bien embêté pour savoir s'il doit considérer les propos de Delorme comme des élucubrations, ou s'il doit s'en préoccuper du fait qu'elles contiennent une part de vérité et qu'elles semblent identifier un schéma de compréhension qui donne un sens aux événements. À cela s'ajoute une misogynie assumée de la part de cet individu, ainsi que des comportements qui relèvent de la déviance, à commencer par la maltraitance d'une femme, et peut-être pire. La direction d'acteurs se situe dans un registre naturaliste, et André Taymans entretient parfaitement le doute dans l'esprit du lecteur, doute nécessaire pour le récit fonctionne.



Cette histoire plonge le lecteur dans l'incertitude. L'intrigue part d'un point simple : comment une épouse défunte peut se trouver sur un cliché pris après sa mort ? Il n'y a finalement que peu de personnages, certains bizarres comme les deux femmes de ménages, la plupart très normaux. La narration visuelle a visiblement été conçue en étroite collaboration entre le scénariste et le dessinateur, montrant une réalité prosaïque et banale, mais avec des moments déstabilisants, et avec un montage qui joue sur l'association d'image (Que représente ou qu'incarne ce chien sauvage qui aboie ?), sur les motifs récurrents, avec fluidité, sans systématisme. L'état d'esprit du lecteur alterne entre la curiosité de participer à l'enquête, et l'incertitude quant au positionnement du récit, par exemple surnaturel ou non. Il est pleinement satisfait par la résolution et repense à la manière dont Simon Davenport s'est représenté son épouse.
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Caroline Baldwin, tome 1 : Moon River

C'est une série fort méconnue en France et peu commentée. Cela tient au fait que les héroïnes qui mènent des enquêtes sont choses un peu trop courante. L'originalité tiendrait au fait que nous suivons également les déboires sentimentaux de cette jeune québécoise.



Le dessin n'est pas top mais le scénario se laisse suivre sans difficultés majeures. En effet, le graphisme s'inspire de la fameuse ligne claire franco-belge : vive le statisme !



Au début, Caroline Baldwin vous paraîtra moderne et froide. Cependant, on va vite s'attacher au fil des tomes à cette héroïne contemporaine qui semble sensible et authentique. Il est en effet rare qu'une héroïne de bd tombe malade du Sida et soit un peu alcoolique sur les bords. Cette complexité du personnage me séduit d'autant que certaines enquêtes renvoient à des problèmes de société d'actualité.



Il est dommage que le tout manque un peu de dynamisme dans le graphisme. Cela commence d'ailleurs à s'essouffler au bout de 13 tomes. Cependant, les thèmes qui sont traités sont assez intéressants pour tenir le lecteur en haleine.
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Caroline Baldwin, tome 15 : L'ombre de la c..

Ce tome fait suite à Caroline Baldwin, tome 14 : Free Tibet (2010) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. La première édition date de 2011 et il est repris dans Caroline Baldwin - Intégrale, tome 4 (13-16). Il a été réalisé par André Taymans pour le scénario, les dessins et l'encrage. La mise en couleurs a été réalisée par Bruno Wesel. Cette aventure comprend 46 planches.



Quelque part dans une forêt aux États-Unis, un groupe de voitures de police est arrêté, feux à éclats en fonctionnement. Caroline Baldwin descend de son quatre-quatre et rejoint le l'inspecteur Philips Ensemble, ils font quelques pas jusqu'à arriver au pied du cadavre, un individu d'une soixantaine d'années. Philips lui explique qu'il fut le PDG de Kristal Corporation. Dans sa poche, il a retrouvé une carte de visite professionnelle de Baldwin, à l'époque où elle travaillait pour Wilson Investigation. Dans sa voiture a été retrouvé un post-it avec les mots : to Caroline Baldwin, conspiration. Philips ajoute que l'ex PDG revenait d'une réunion des membres influents du parti républicain et qu'ils sont en train d'être interrogés. Non loin de là, un des deux individus cagoulés observant la scène se dit qu'il est temps de prendre la poudre d'escampette, avant que les policiers se mettent à fouiller les environs. Il fait rouler une pierre, et tous les policiers se lancent à sa poursuite, Caroline Baldwin en tête. L'autre mercenaire reste allongé prêt à appuyer sur la détente de son fusil à lunette. Baldwin parvient à rattraper le fuyard, mais il est abattu par le tireur embusqué.



À l'auberge du moulin de Léré, un peu à l'écart de la commune de Vailly en Haute-Savoie, l'agent Gary Scott et sa femme Lisbeth viennent prendre leur chambre pour deux nuits. Une fois installé, Lisbeth explique à Gary qu'il peut dormir par terre et qu'elle prendra le lit. Sous leur apparence de touristes, ils sont en mission pour le FBI. Scott a reçu un appel d'un ami d'enfance qui aujourd'hui travaille pour une des plus grandes institutions suisses. Il lui a déclaré avoir mis au jour un vaste complot terroriste. Vu le poste qu'il occupe, cet ami est aux premières loges pour observer les blanchiments d'argent et autres manœuvres financières criminelles et frauduleuses pouvant le cas échéant nuire aux intérêts des États-Unis. C'est la raison pour laquelle le FBI a pris cet avertissement au sérieux. Ils doivent retrouver le contact le lendemain au bord du lac de Vallon, dans la chapelle Saint Bruno. Le lendemain, Gary Scott pénètre dans la chapelle, pendant que Lisbeth guette à l'extérieur. Elle entend un coup de feu et voit une silhouette s'enfuir. Elle la poursuit et découvre un cadavre tenant dans sa main un billet de $1, avec le numéro de série partiellement entouré pour faire ressortir le nombre 1408.



Après un secret caché par une petite communauté au nord du Québec, et une tentative de manifestation chinoise au Tibet, André Taymans revient dans un registre de genre, celui de l'espionnage avec une dynamique de thriller. Il s'agit d'une histoire en deux parties qui trouve sa conclusion dans le tome suivant. Dans celui-ci, le lecteur va de surprise en surprise avec les deux personnages. Le scénariste a choisi de séparer Caroline Baldwin et Gary Scott qui se retrouvent devant des cadavres, et qui subissent les événements sans réussir à reprendre le dessus. Très habilement, Taymans fait en sorte que Caroline Baldwin reste bien l'héroïne de son récit. En effet, celle-ci se rend compte que son conjoint intermittent lui a caché des choses essentielles, ce qui fait que le lecteur ressent plus de sympathie pour elle que pour lui. Il la suit ballottée entre une course-poursuite dans les bois, un rendez-vous chez le médecin pour le suivi de sa séropositivité, deux phrases échangées avec Gary Scott sur le palier alors qu'ils se croisent l'un arrivant, l'autre repartant, et une visite dans une maison à louer à la campagne. Pendant ce temps-là, Gary Scott traverse des moments plus mouvementés : le guet-apens au lac de Vallon dans le canton de Fribourg en Suisse, la découverte des cadavres de bouteille de bourbon dans l'appartement qu'il partage avec Caroline, une mise à sac dudit appartement, et le souvenir de sa femme.



Le lecteur se rend compte qu'il se prête au jeu dès la première séquence : assassinat mystérieux, motivation inconnue, mercenaires cagoulés. Autant de conventions de genre espionnage/policier à la fois immédiatement divertissantes, à la fois servant à dévoiler une intrigue. André Taymans parsème son récit avec des indices, certains peut-être des fausses pistes, d'autres mystérieux et intrigants, et il le fait avec un dosage équilibré. Il y a à la fois ces éléments relevant d'un genre : des individus cagoulés, un nombre entouré sur un billet de banque, peut-être une guerre des services de renseignement, des relations détériorées entre Caroline et Scott pour augmenter le niveau de drame, un entrefilet dans un journal sur un appel aux malades incurables de devenir des kamikazes contre le grand Satan américain, des textos d'une personne décédée…Les dessins descriptifs permettent d'y croire dans le contexte de cette fiction. D'un autre côté, il y a des aspects plus prosaïques : la frustration de Philips à qui on a retiré l'enquête, le rendez-vous chez le médecin, le trajet en taxi à New York, la visite de l'appartement à louer, les longs trajets en voiture sur des routes interminable traversant de grandes étendues sauvages.



Ces deux composantes de la narration (conventions de genre + moments normaux) sont liées par la narration visuelle, naturaliste. La première séquence montre les personnages dans une forêt avec 2 essences d'arbres, une implantation plausible de ceux-ci. La séquence à l'auberge du Moulin de Léré donne la sensation que l'auteur y a séjourné, à la fois pour l'apparence du bâtiment et pour l'aménagement des chambres et de la salle de restauration. Le lecteur éprouve la sensation que l'artiste a vraiment fait la promenade qui mène à la chapelle Saint-Bruno. Il ne s'agit pas pour lui de caser des carnets de voyage, des dessins réalisés sur place en repérage. Les personnages s'intègrent dans ces lieux, évoluent en fonction de leurs caractéristiques (relief, aménagement), et avant tout en fonction de l'intrigue. À partir de la planche 12, le lecteur voit Caroline Baldwin, puis Gary Scott se déplacer à New York, en taxi ou en voiture du FBI. Il en profite pour regarder les façades de gratte-ciels, les affiches de spectacle dont une première évoquant une chienne de sorcière, une seconde sur un spectacle intitulé Moon River interprété par une certaine Cendrine. Il sourit en se rappelant que ce titre est celui du premier tome de la série et que Cendrine Ketels a interprété Caroline Baldwin dans un clip du groupe Feel the Noïzz où joue Erwin Drèze, un ami de Taymans. D'ailleurs on retrouve une affiche pour un de leur concert à l'auberge du Moulin de Léré. Dans les planches 19 & 20, le lecteur voit un cortège de voitures noires du FBI filer à toute allure dans les rues de New York, pouvant reconnaître un quartier de Manhattan.



Comme depuis le début de la série, André Taymans dessine dans une veine ligne claire, mais augmentée par des traits de texture dans les formes détourées, et la mise en couleurs ne se limite pas à des aplats unis de couleurs, mais comprend également des ombrages en ajoutant une nuance plus foncée de la teinte correspondante. Cette façon de dessiner donne des cases d'une lisibilité immédiate, permettant au lecteur de ne pas s'attarder sur les détails s'il le souhaite, alors même que la densité d'informations visuelles est élevée. Cela a également pour effet de donner un visage simplifié à Caroline Baldwin, un peu moins aux autres personnages. Éventuellement le lecteur peut être un moment décontenancé par ses yeux à l'iris vert bien rond, sa bouche entrouverte sur une zone blanche, sans singularisation des dents, et des mèches de cheveux aux formes inchangeantes même dans le feu de l'action. D'un côté cette représentation un peu simplifiées la rend plus expressive, et le lecteur peut plus facilement se projeter en elle. L'artiste met en œuvre une direction d'acteurs naturaliste : ils sont expressifs sans exagérer leurs postures ou leurs mouvements. Il porte une attention visible aux tenues vestimentaires, adaptées au climat et à l'activité. Le lecteur remarque que par ce beau temps, Caroline a recommencé à mettre ses sandales nu pied avec un petit talon.



L'immersion du lecteur dans le récit se fait très rapidement, à la fois grâce au naturel des personnages, à la consistance des environnements décrits avec soin et justesse, et les conventions d'espionnage qui attestent qu'il s'agit d'un divertissement. Il se rend progressivement compte que les éléments prosaïques viennent renforcer sa curiosité, que l'annonce d'une conspiration le rend soupçonneux de tout. Comment se fait-il que le médecin traitant de Caroline Baldwin lui propose un traitement justement à ce moment-là ? Les bouteilles de whisky vides signifient-elles que Baldwin est en train d'entrer dans une phase de déprime en se montant le bourrichon ? L'agent immobilier est-il de mèche avec des conspirateurs au vue de la voiture luxueuse qu'il a pu se payer ? André Taymans sait y faire pour provoquer la participation de son lecteur.



Avec cette première partie d'un diptyque, André Taymans donne l'impression d'augmenter le dosage des éléments de divertissement, se faisant plaisir en racontant un thriller dans lequel les 2 principaux personnages perdent pied, sans rien perdre du plaisir de découvrir des environnements urbains et des paysages sauvages. Le lecteur savoure cette intrigue de type complot, impatient de découvrir la deuxième partie.
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Caroline Baldwin, tome 11 : Etat de siège

Ce tome fait suite à Caroline Baldwin, tome 10 : Mortelle thérapie (2004) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. La première édition date de 2005 et il est repris dans Caroline Baldwin Intégrale T3: Volumes 9 à 12. Il a été réalisé par André Taymans pour le scénario, les dessins et l'encrage. La mise en couleurs a été réalisée par Bruno Wesel.



Dans la librairie Stephan à Beyrouth, un homme en veste noire (tenant à la main un exemplaire de L'ombre de Jaïpur) en rejoint un autre avec une veste blanche. L'homme en noir indique que c'est pour demain : le touriste doit visiter le site de Baalbek le lendemain matin. Dans l'ancienne Héliopolis, entre les temples de Bacchus, Jupiter et Vénus, s'étant écarté du reste du groupe de touristes, un touriste roux est assailli par l'individu blond en veste blanche qui l'assassine en lui tranchant la gorge. Puis il prend une photographie du cadavre. Depuis le bar de son hôtel, le blond appelle son contact et lui indique qu'il a rempli sa part du contrat. Il sort alors de l'hôtel et va jeter un bouquet de roses dans la mer. À Beloeil dans la banlieue de Montréal, Caroline Baldwin emménage dans le pavillon qu'elle vient d'acheter, avec Gary Scott, agent du FBI. Ce dernier l'informe qu'il doit repartir le jour même car le bureau l'a appelé pour une mission de quelques jours à la frontière américaine. Le soir même, Rachel (une cousine) vient sonner à sa porte. Elle souhaite engager Caroline en tant que détective privée, pour qu'elle retrouve son fils Jérémie.



Rachel explique que son fils Jérémie (15 ans) est en révolte contre l'ordre établi, qu'il sèche les cours, qu'il a disparu depuis 6 jours. Elle a déclaré sa disparition à la police tribale qui estime que c'est de son âge et que ça lui passera. Caroline accepte de le retrouver. Le lendemain, alors qu'elle s'apprête à partir avec Rachel pour aller enquêter, Caroline Baldwin est abordée devant chez elle par Nohad Yared, une femme qui souhaite l'engager pour retrouver son père. Baldwin indique qu'elle est déjà sur une autre affaire. En faisant route vers la ville de Québec, Rachel donne plus d'informations à Caroline. Elle évoque la crise indienne de 1990 : blocus de chemins de fer en Ontario, blocus routier au Québec, la crise d'Oka (du 11 juillet au 26 septembre 1990) et le blocage de la circulation au pont Honoré-Mercier (reliant la réserve autochtone de Kahnawake à Montréal). Rachel sait que son fils fréquente assidûment des individus militant pour une insurrection violente. En outre, les affaires indiennes ont lancé une enquête sur ces agissements.



Dans l'introduction du troisième tome de l'intégrale, Anne Matheys explique que pour concevoir son intrigue, André Taymans a reçu le soutien d'un agent secret canadien, et a du coup approfondi ses recherches sur l'histoire des indiens dans la société canadienne. Comme amorcé depuis plusieurs tomes, l'auteur souhaite raconter des histoires avec une intrigue plus sophistiquée et mieux documentée. Effectivement, Caroline Baldwin se retrouve impliquée dans une enquête sur une fugue. Il s'en suit une forme de course-poursuite (Baldwin traquant son neveu Jérémie) ce qui constitue une dynamique entraînante pour le récit, propice à de nombreux rebondissements, avec une implication émotionnelle immédiate, ne serait-ce que l'inquiétude de la mère pour son fils qui se met en danger, sans prendre conscience de la gravité de ses actes. L'artiste ne dramatise pas pour autant les gestes et postures de ses personnages, conservant une approche plus naturaliste que théâtrale, ce qui permet au lecteur adulte de plus facilement se projeter en eux. Il représente les différents acteurs avec une forme de simplification dans les contours et les traits de visage, rendant la lecture d'autant plus facile, sans pour autant sacrifier les détails, qu'il s'agisse de leur morphologie ou de leur tenue vestimentaire y compris quand il s'agit des uniformes de la police, auquel il ne manque aucun accessoire.



Accroché par le suspense de savoir si Caroline Baldwin réussira à tirer Jérémie de la mauvaise situation dans laquelle il s'est fourré, le lecteur plonge avec elle dans une intrigue qui se nourrit de la réalité historique de cet endroit du globe, et plus particulièrement du sort des Premières Nations au Canada. Comme à son habitude, l'auteur développe son histoire sur la base d'éléments bien réels. Ici, il s'agit de la gestion des indiens par le gouvernement canadien, par le bais du ministère des Affaires autochtones et du Nord Canada (Aboriginal Affairs and Northern Development Canada) qui est responsable des politiques liées aux peuples autochtones canadiens, c’est-à-dire les Premières Nations, les Inuits et les Métis, mais aussi de l'action militante d'indiens pour faire reconnaître leurs droits sur des territoires (la crise d'Oka). Le lecteur curieux peut aller se renseigner sur les faits et constater qu'André Taymans connaît son sujet. Ainsi l'histoire de cette bande dessinée est fondée sur des faits réels, des tensions entre plusieurs communautés. Cette dimension du récit est également alimentée par le soin apporté aux environnements décrits. Dans ce tome, l'artiste continue d'utiliser ses connaissances des lieux acquises lors de séjours touristiques. Toutefois, le lecteur n'éprouve pas la sensation de suivre un guide pour faire le tour de sites remarquables. La représentation des autoroutes, de la terrasse Dufferin à Québec, des rues de Québec, du château Frontenac, du Parc de Mont-Royal de Montréal sont impeccables et conformes à la réalité. Ce sont aussi les lieux que traverse ou longe Caroline Baldwin lors de ses déplacements. Ce n'est pas du tourisme pour caser des sites remarquables, c'est vraiment l'endroit où vit et évolue l'héroïne. Ce qui n'empêche pas le lecteur de profiter de la très belle perspective de la terrasse Dufferin ou d'admirer les façades du château Frontenac.



Au fur et à mesure des pages, le lecteur apprécie l'habileté narrative élégante de l'auteur. C'est tout naturellement que Caroline Baldwin se retrouve mêlée à cette affaire de fugue, par le biais de sa cousine Rachel. C'est tout naturel que Baldwin se sente concernée par cette histoire car elle est elle-même d'ascendance indienne et donc concernée par le traitement de ce peuple par le gouvernement canadien. Il se rend compte qu'André Taymans se montre tout aussi habile à intégrer des clins d'œil visuels discrets. Ça commence avec un teeshirt et une casquette avec le logo de Batman. Ça continue avec la bande dessinée que tient l'homme à la veste noir : L'ombre De Jaipur (1981) de Daniel Ceppi & Juan Martinez. S'il y prête attention, il constate également qu'un client de la librairie est en train de lire Blankets (2003) de Craig Thompson, et il reconnait le logo de la série Jonathan de Cosey. Planche 15, il est intrigué par 2 personnages en premier plan dans le hall de l'hôtel où Caroline Baldwin est en train de prendre une chambre. Dans la préface de l'intégrale, Anne Matheys explicite leur identité pour le lecteur néophyte : Albert Weinberg (1922-2011, un ami proche de Taymans) et sa création Dan Cooper (41 tomes). Ne pas identifier ces références n'enlève rien au plaisir de lecture, encore moins à la compréhension de l'histoire.



S'il l'avait oublié, le lecteur peut à nouveau admirer les qualités de la narration visuelle au travers de 6 planches muettes. Par exemple, le meurtre initial est raconté en 2 planches dépourvues de mot, pour une lisibilité exemplaire, et un impact émotionnel marquant. D'ailleurs, il ne s'aperçoit qu'à la fin de la dernière page qu'il a tout lu d'une traite, avec une facilité étonnante. Pour autant, le récit met en jeu une intrigue étoffée, des personnages adultes, un suspense bien construit. À la rigueur, il a peut-être tiqué sur 2 coïncidences un peu grosses : la présence de Gary Scott dans le même club où Caroline Baldwin a suivi Claude Fortier, la simultanéité des 2 enquêtes (celle sur le fils de Rachel, celle sur le père de Nohad Yared). Mais prises dans leur ensemble, les composantes de cette histoire font plus que simplement s'additionner. Elles s'intègrent dans un tout avec une précision extraordinaire. Elles constituent un polar de haute volée, avec des personnages incarnés, aux convictions, au caractère, et aux agissements modelés par leur histoire personnelle et leur appartenance socio-culturelle. L'intrigue trouve ses racines dans l'histoire de cette région du monde, mettant en lumière des tensions ethniques et politiques spécifiques, à l'opposée d'une polémique générique indépendante de l'environnement dans lequel elle se déroule. Les personnages sont soumis aux paramètres qui régissent la société dans laquelle ils évoluent de manière naturelle et évidente, malgré la complexité du contexte.



Quand il ouvre un nouveau tome de la série, le lecteur a des attentes très claires : il veut retrouver l'héroïne qu'il a appris à connaître et à apprécier, ainsi que les caractéristiques de la série (dessins descriptifs et découverte de lieux reproduits fidèlement), tout en lisant une nouvelle histoire qui ne donne pas l'impression de se répéter, et également un bon polar avec une enquête semi-réaliste. Avec cette première partie, André Taymans lui donne tout ça, sous la forme d'une bande dessinée qui se lit toute seule, tellement l'intégration des différentes composantes est élégante et harmonieuse.
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Caroline Baldwin, tome 10 : Mortelle thérapie

Ce tome fait suite à Caroline Baldwin, tome 9 : Rendez-vous à Katmandou (2003) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. La première édition date de 2004 et il est repris dans Caroline Baldwin Intégrale T3: Volumes 9 à 12. Il a été réalisé par André Taymans pour le scénario, les dessins et l'encrage. La mise en couleurs a été réalisée par Bruno Wesel.



Caroline Baldwin est revenue s'installer au Canada, ayant loué un chalet en montagne avec Roxane Leduc. Elle refuse de retourner travailler aux États-Unis tant que l'administration Preston est au pouvoir. Roxane lui indique qu'elle a besoin d'une bouteille de blanc pour préparer la fondue. Caroline Baldwin se dévoue pour descendre au village à pied. En marchant en bordure de route, elle est poussée par une Ferrari qui descend à toute vitesse. Elle se retrouve sans conscience quelques mètres en contrebas. Une autre voiture passe par là et la conductrice s'arrête. Ellen aide Caroline Baldwin à se remettre sur pied et l'emmène à l'hôpital le plus proche car elle a le pied cassé. Le soir-même Caroline est de retour au chalet, avec le pied gauche dans le plâtre. Roxane y inscrit un petit mot : amputer en suivant les pointillés. Elle ajoute qu'elle est allée acheter la bouteille de vin elle-même.



Quelques jours plus tard, Caroline Baldwin se rend à un rendez-vous chez son médecin le docteur Gagnon, pour le suivi de son traitement pour sa séropositivité. Le médecin lui propose de bénéficier du programme Carver, c'est-à-dire tester un vaccin thérapeutique contre le SIDA mis au point par une équipe française. Une de ses patientes ayant débuté l'expérience il y a un mois, a été renversée par un chauffeur. Le docteur Gagnon lui propose de prendre sa place dans le programme Carver. Caroline Baldwin accepte. Elle va s'installer quelques temps dans un pavillon situé à Sainte-Anne-des-Lacs, qu'elle garde pour son propriétaire René. Il lui indique qu'elle a déjà reçu une lettre, et il lui fait les recommandations d'usage sur l'eau, le gaz, l'électricité, la voirie. Une fois seule, elle ouvre le courrier : il s'agit d'une lettre de Gary Scot. Le lendemain elle se rend à Montréal pour son premier rendez-vous pour le programme Carver. Elle fit la connaissance d'un autre patient dans la salle d'attente : Gilles Cartier.



Après la Thaïlande, le Laos et le Tibet, Caroline Baldwin est de retour dans son pays natal : le Canada, et plus précisément au Québec. Le lecteur européen peut trouver que cette destination touristique est moins exotique, mais André Taymans y investit le même sérieux que pour les autres. Une fois encore, il est perceptible qu'il y a séjourné et qu'il rend compte de son expérience personnelle, d'une découverte de la région qui ne se cantonne pas à un catalogue basique des sites touristiques les plus fréquentés. Il situe son action pour une petite partie à Montréal (les visites chez le médecin) et pour la majeure partie à Saint-Anne-des-lacs, une municipalité régionale du comté des Pays-d'en-Haut dans la région des Laurentides. En fait dès la première séquence, le lecteur prend une bouffée d'air pur, avec ce paysage de montagne en été, la belle pente herbue, la forêt de sapin, les rochers, et les montagnes à la cime enneigée dans le lointain. Comme à son habitude, l'artiste sait transcrire les sensations : le plaisir du grand air, l'isolement, la tranquillité de marcher dans la nature, les oiseaux volant haut dans le ciel, les nuages se déplaçant paisiblement, l'irruption brutale d'une voiture. Le lecteur a également un aperçu du chalet de Roxane et Caroline en vue extérieure avec une architecture authentique et un bref aperçu de l'intérieur tout en bois.



Le lecteur accompagne ensuite Caroline Baldwin dans le cabinet du docteur Gagnon où il peut voir son bureau, sa lampe de travail, son armoire à tiroir pour ranger ses dossiers, son fauteuil, sa corbeille à papier, son calendrier mural, son ordinateur portable, la vue depuis sa fenêtre, sans oublier la chaise visiteur, Caroline et lui-même, tout ça en une case à la lisibilité immédiate. Un peu plus tard, Caroline Baldwin est dans la cuisine du pavillon de René, et le lecteur observe le plan de travail en U, les plaques de la cuisinière électrique, l'évier, le four à microonde, la cafetière électrique, les placards au mur et les objets de décoration posés dessus, les étagères et leurs bocaux, à nouveau en une seule case. Ce niveau de détail fait que chaque endroit est singulier et différent : l'aménagement de la maison de Gilles Cartier est différent de celui de la maison de la deuxième victime. Du coup, la fouille effectuée par l'inspecteur de police dans l'une et dans l'autre présente des particularités. En y repensant, le lecteur se rend également compte que l'auteur a su composer son récit de manière à faire régulièrement voyager le lecteur d'un endroit à un autre : le chalet en montagne, Montréal, Sainte-Anne-des-Lacs, une rive de la rivière Gatineau à Hull (Québec), Dunham (comté de Brome-Missisquoi). Le Québec est encore évoqué par d'autres particularités de cette province : un ou deux mots de vocabulaire (Char pour Voiture) mais sans en abuser, un repas dans une cabane à sucre avec dégustation de la tire du sirop d'érable, le passage sur un pont couvert avec son toit à deux versants (structure de type Town), éléments qui sont intégrés de manière organique à la narration.



Dans l'introduction de la réédition de 2017, Anne Matheys indique qu'André Taymans souhaitait mettre plus en avant la séropositivité de son héroïne, ce qu'il fait au travers d'une enquête liée à des patients séropositifs. Par la force des choses le genre Enquête policière, nécessite de pouvoir exposer des quantités significatives d'information. Effectivement plusieurs personnages expliquent le temps d'une page ou deux : le docteur Gagnon en planche 7, Caroline et l'inspecteur lors d'une longue discussion en planches 24 & 25, Caroline Baldwin et d'autres personnages le long de 5 planches (35 à 39). Par rapport à de précédents épisodes, ces discussions se présentent de manière plus naturelle : il est normal que le docteur explique le nouveau traitement à Caroline, il est indispensable que l'inspecteur et Caroline échangent des informations sur ce qu'ils savent, certaines affaires se traitent naturellement en conversation en face à face ou au téléphone. Il ne s'agit pas d'un personnage qui se tient devant plusieurs autres pour tout expliquer de manière magistrale. En outre, il ne s'agit pas de l'unique forme de narration : régulièrement André Taymans réalise également des planches muettes dans lesquelles le lecteur regarde évoluer le ou les personnages. Cela commence avec la chute de Caroline Baldwin (planche 2), la lecture de la lettre de Gary Scott (planche 18), le retour la maison louée par Baldwin (planche 30), la fouille de la maison de Gilles Cartier (planches 32 à 34) avec très peu de phylactères. Les séquences muettes ne se limitent donc pas à des scènes d'action : il peut s'agit aussi d'un moment fortement chargé en émotion (la lecture de la lettre) ou d'une phase de l'enquête (la fouille). Le bédéaste sait aussi utiliser les bulles de pensée à bon escient : il y en a dans 7 pages, une ou deux à chaque fois, s'intégrant de manière organique, sans paraître être un outil narratif infantile.



Le scénariste a imaginé une série de meurtres avec un mobile original, facile à comprendre et plausible. Le lecteur relève les différentes informations au fur et à mesure, découvrant le système en même temps que Caroline Baldwin qui n'est pas omnisciente et qui accepte l'aide d'autres personnes pour pouvoir progresser. Il sait également faire transparaître la personnalité de chaque protagoniste. Caroline Baldwin reste une femme indépendante, prête à prendre des risques, dragueuse mais plus réfléchie qu'au début de la série, et appréciant toujours l'alcool. L'inspecteur de police est bougon et réfractaire à l'idée de laisser Caroline Baldwin s'immiscer dans son enquête, tout en étant capable de constater ce qu'elle peut apporter, et donc évoluer dans sa manière de faire. Les criminels sont motivés par l'appât du gain, et le tueur ne fait que son métier. Le lecteur apprécie de retrouver la bonne humeur de Roxane Leduc (une autre héroïne de Taymans) le temps de 3 pages. Il se demande qui est cette mystérieuse Ellen qui vient en aide à Caroline Baldwin dans le fossé. L'introduction de la réédition permet d'apprendre qu'il s'agit de l'héroïne d'une série de BD réalisée par Benoît Roels, et que la même scène apparaît dans Bleu lézard, tome 6 : L'Appât (2004), cette fois-ci du point de vue d'Ellen, avec certainement l'explication relative au chauffard. Enfin les informations sur la séropositivité relèvent à la fois de la vie de tous les jours (Caroline tançant l'inspecteur sur sa crainte parce qu'elle a touché son verre) et de la question médicale avec le docteur Gagnon, sans se transformer en une leçon de morale, ni en cours médical.



Avec ce dixième tome, André Taymans montre que cette série se prête à différents types de récit, tout en conservant ses caractéristiques principales : Caroline Baldwin, une enquête, une dimension touristique. Ici, l'héroïne commence à être plus réfléchie et sa relation avec la police se fait naturellement. L'enquête repose sur un motif plausible et simple, très convaincant. La dimension touristique semble plus banale (des endroits ordinaires du Québec), tout en étant parfaitement intégrée au récit, au point de pouvoir en devenir invisible, et pourtant André Taymans ne se contente jamais d'endroits génériques sans identité.
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Caroline Baldwin, tome 8 : La lagune

Ce tome fait suite à Caroline Baldwin, tome 7 : Raison d'État (2001) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. La première édition date de 2002 et il est repris dans Caroline Baldwin - Intégrale, tome 2. Il a été réalisé par André Taymans pour le scénario, les dessins et l'encrage.



Finalement Caroline Baldwin n'est pas morte dans l'ancienne prison du deuxième district. Elle reprend ses esprits, en en étant la première surprise. Son agresseur muni de lunettes de vision nocturne, est étendu par terre, dans une flaque de son propre sang. Elle se relève, ramasse son arme, et avance prudemment dans les couloirs longés dans la pénombre. Elle trouve un deuxième individu abattu d'une balle dans le front. Elle se met à courir vers la sortie, sans plus prendre de précaution. 3 jours plus tard, Caroline Baldwin se trouve à Bangkok, dans une suite luxueuse de l'Orient Hôtel. Arnold Levis, des assurances Star, entre dans la pièce. Il l'informe qu'elle est accusée du meurtre du procureur John Steele, ce qui fait la une du New York Times. Il lui laisse le journal et lui indique qu'il l'attend pour le dîner à vingt heures tapantes. À l'heure dite, Caroline Baldwin descend le magnifique escalier de l'hôtel et se rend sur la terrasse où l'attend Levis. Il commande sèchement deux cocktails sans lui demander son avis. Elle ajoute la formule de politesse à destination du serveur, et se retourne vers Levis pour lui indiquer que l'argent ne dispense pas d'être poli.



Arnold Levis indique à Caroline Baldwin que la confirmation est arrivée : les rebelles birmans sont passés au Laos. Du coup le programme est qu'il l'accompagne jusqu'au poste de frontière de Nong Khai où elle traversera le Mékong pour rejoindre Vientiane. Il ajoute que l'argent de la rançon lui sera livré au Laos. Excédée par ses manières, Caroline Baldwin quitte la table avant qu'ils ne soient servis, et rejoint sa chambre. De son côté, Ed Mitchum se trouve aussi à Bangkok où il va prendre contact avec Neng, un ancien camarade des services secrets. À Vientiane, Mitchum fait du repérage dans les rues. Caroline Baldwin est dérangée dans son bain par des coups frappés à la porte. Emmaillotée dans sa serviette, elle va ouvrir : il s'agit de 2 hommes venus lui remettre le sac de billets. Elle le prend en charge, signe le reçu, sans vérifier la somme, à savoir 5 millions de dollars. Les 2 hommes s'en vont aussi discrètement qu'ils sont venus. Dans sa chambre, Elle est allongée en petite culotte noire, le gros sac à côté d'elle, ouvert, avec quelques liasses de billet sur les draps. Elle prend pleinement conscience de sa situation aussi dangereuse qu'inextricable.



Ce tome constitue la deuxième moitié de l'histoire commencée dans le précédent, et le suspense était assez élevé pour qu'il ne fasse pas de doute dans l'esprit du lecteur qu'il revienne pour en connaître la fin. André Taymans reprend son intrigue là où il l'avait laissée : Caroline Baldwin reprend connaissance, très surprise de ne pas être morte, tuée d'une balle dans la tête. Le lecteur est un peu moins surpris puisqu'il sait que la série continue. Pas de temps perdu : dès la page 3, l'héroïne se trouve à Bangkok en Thaïlande, pour retrouver Raph Mulligan et remettre la rançon de 5 millions de dollars. En cohérence avec le tome précédent, Caroline Baldwin ne se transforme pas en héros capable de tout résoudre par ses capacités de déduction, sa capacité à se défendre et sa chance incroyable. Elle poursuit son enquête essentiellement en avançant et en espérant trouver des indices. Elle bénéficie de l'aide de plusieurs personnes, à commencer par des individus employés par la compagnie d'assurance Star, cette dernière mettant en action son réseau et ses ressources internationales. C'est ainsi que la rançon lui est livrée à domicile dans le village de Vientiane et qu'un courriel lui arrive bien inopinément. Au fur et à mesure, elle peut mesurer à quel point elle n'est souvent qu'un pion pris entre le feu de plusieurs intérêts conflictuels.



Arrivé à ce huitième tome, le lecteur s'est constitué un horizon d'attentes, s'attendant à retrouver les caractéristiques qui font la spécificité de cette série. L'auteur répond auxdites attentes, à commencer par la composante touristique de l'histoire. Il prend plaisir en découvrant ces pages où André Taymans lui sert de guide touristique : les immeubles en bordure du fleuve Chao Phraya, le magnifique hall de l'hôtel où sont descendus Baldwin et Levis et le repas en terrasse, les rues de Vientiane, une deuxième passage par les pelouses de la Maison Blanche, une démonstration d'arts martiaux en pleine rue et des individus déguisés dans une procession, sans oublier un petit tour en éléphant dans la jungle laotienne, et un petit tour en radeau en bambou sur un fleuve. Comme dans les tomes précédents, le dessinateur réalise des cases dans un registre descriptif et réaliste avec un bon niveau de détails. Les traits de contour sont un peu simplifiés pour conserver une bonne lisibilité, les visages des personnages et les silhouettes sont également un peu simplifiées pour mieux faire ressortir les protagonistes dans les environnements, et leur donner un peu plus de vie, sans pour autant donner une impression de caricature. Ils sont dépeints d'une manière réaliste, avec souvent la bouche entrouverte laissant une zone blanche entre les 2 lèvres, une forme de simplification.



Le plaisir visuel de la lecture ne réside pas que dans la découverte de lieux exotiques. Le lecteur retrouve la clarté de la narration visuelle de l'auteur au travers de 6 planches muette d'une lisibilité impeccable, avec un tension dramatique étonnante, que ce soit Caroline Baldwin en train de sortir en courant de la prison désaffectée, Ed Mitchum déambulant dans Vientiane, ou la superbe progression en radeau de bambou sur le fleuve. Taymans continue d'être un excellent metteur en scène et un directeur d'acteurs naturaliste qui sait rendre visible l'état d'esprit des personnages Le lecteur peut ressentir tout le mépris teinté de colère de Caroline Baldwin à l'encontre de Arnold Levis lors du dîner en terrasse, la tension dans les livreurs de la rançon pressés et soulagés de la remettre à Baldwin, la concentration dans les pratiquants des arts martiaux, la concentration de Baldwin dans sa réflexion pour comprendre la référence à la lagune et la photographie envoyée par courriel. La mise en couleurs conserve, elle aussi, une approche naturaliste, avec une petite faute de goût pour la séquence où Caroline Baldwin prend son bain, où l'artiste a exagéré la brillance de la peau par des nuances trop claires, aboutissant à une apparence de plastique plus que de peau satinée. Il sourit aussi en voyant la page 1 du tome précédent (Caroline sur son lit avec le sac de billets de banque) reprise dans ce tome, avec un autre texte, attestant de l'anticipation de l'auteur.



Le lecteur se plonge donc avec plaisir dans ces pages l'emmenant à l'autre bout du monde, aux côtés de personnages adultes et plausibles, pour découvrir l'issue de l'enlèvement de banquier détenant des informations compromettantes concernant le vice-président des États-Unis. De ci de là, il relève un détail apportant une saveur supplémentaire. André Taymans évoque en passant Inquiétude (1898) de Joseph Conrad, dont on peut supposer qu'il s'agit d'une de ses lectures. Le guide de Caroline Baldwin évoque le pays au million d'éléphants lors de l'excursion au Laos, donnant envie au lecteur d'en apprendre plus sur la population actuelle des éléphants dans ce pays. Il glisse le terme de stéganographie lorsque l'héroïne essaye de comprendre le sens de la lagune et du courriel. Il la montre hausser la voix contre Arnold Levis quand il se comporte de manière malpolie vis-à-vis des serveurs du restaurant de Bangkok. Le récit comprend 2 pages fortement chargées en phylactères pour qu'un protagoniste explique la situation que Baldwin découvre à la fin, rappelant les pages de même nature explicative dans le tome précédent. Avec un peu de recul, il se rend compte que le déroulement de l'histoire sait concilier 2 aspects a priori antinomique : le besoin d'avoir un personnage principal qui se lance dans l'aventure et dont les actions sont essentielles pour la résolution, et la représentation d'un monde où un individu seul ne pèse pas grand-chose dans un système complexe. C'est à la fois la volonté de Caroline Baldwin qui permet à la rançon d'être livrée, et à la fois un ensemble d'intervenants dans un système complexe qui lui permet d'accomplir sa mission et de rester en vie. Enfin, le dénouement prépare le tome suivant, Caroline Baldwin n'ayant pas toutes les preuves pour se disculper dans l'assassinat du procureur John Steel.



Cette deuxième moitié de l'histoire entamée dans le tome précédent répond aux attentes du lecteur : un voyage touristique en Thaïlande et au Laos, une Caroline Baldwin toujours aussi déterminée et allant de l'avant, une résolution satisfaisante de l'enquête sur l'enlèvement du banquier, des dessins faciles à lire tout en étant denses en informations visuelles, et des remarques en passant qui attestent d'un regard sur la société.
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Caroline Baldwin, tome 6 : Angel Rock

Ce tome fait suite à Caroline Baldwin, tome 5 : Absurdia (1999) qui contient une révélation sur l'état de santé de Caroline Baldwin. La première édition date de 2000 et il est repris dans Caroline Baldwin Intégrale T2: Volumes 5 à 8. Il a été réalisé par André Taymans pour le scénario, les dessins et l'encrage. La mise en couleurs a été réalisée par Bruno Wesel.



Dans une petite ville de montagne en Amérique du nord, Caroline Baldwin est en train d'écluser des verres de Jack Daniel's au bar. L'horaire de fermeture arrive, et Doug (le barman) lui indique qu'il est temps qu'elle rentre chez elle. Elle essuie les larmes qui lui coulent des yeux, et sort. Elle marche seule dans la neige qui s'est mise à tomber, sans croiser âme qui vive dans les rues. Elle souffle sur ses mains pour les réchauffer. Elle arrive à son hôtel : un train dont les wagons ont été reconvertis en chambre. Elle rentre dans la sienne et sort son pistolet de son sac, met une balle dans le barillet. Après un moment d'attente, elle met le canon du revolver dans sa bouche, alors que des larmes coulent sur ses joues, et que la neige continue de tomber à l'extérieur. Le lendemain, un hélicoptère survole le village et les montagnes avoisinantes. 3 voitures de police font leur entrée dans la ville, les feux à éclat en action, bientôt suivies par une ambulance.



Dans sa chambre, Caroline Baldwin dort d'un sommeil lourd, après avoir éclusé une bouteille supplémentaire de Jack Daniels et s'être endormie en écoutant Only trust your heart (1995) de Diana Krall. Le jour s'est levé avec un beau soleil. Un homme d'une cinquantaine d'années approche de son wagon, et toque à sa porte. Il apporte une lettre à Caroline Baldwin, qu'il lui remet. Elle la prend et se rend au bar. Chemin faisant, en marchant dans la neige fraîche, elle remarque l'hélicoptère dans le ciel, et elle voit les policiers regroupés autour d'une des voitures en train de consulter une carte étalée sur le capot. John Logan (un guide de montagne) a emmené un jeune touriste de New York (Steve Rodwell) pour une randonnée. Une avalanche les a surpris et a emporté Steve. Les recherches ne donnent rien et s'arrête du fait des risques. Slim Rodwell, le père de Steve, arrive deux jours plus tard et insiste pour partir continuer les recherches, seul s'il le faut.



André Taymans avait terminé le tome 5 sur une grosse révélation qui avait des implications personnelles vitales pour Caroline Baldwin. Pour ce sixième tome, il ne continue pas l'enquête du tome précédent, mais il s'agit quand même d'une forme de suite puisque l'état de santé est au cœur de l'état d'esprit de l'héroïne et de son comportement. Elle obtient donc la confirmation de son infection en début de cette histoire. L'auteur structure sa série comme une suite d'enquêtes menées par son héroïne, développant une continuité. Il prend le contrepied de la blessure héroïque car elle est devenue séropositive suite à ses relations sexuelles, indépendamment d'une enquête ou d'une aventure. En 2000, il s'agissait d'une démarche novatrice, assez courageuse. Le portrait brossé de Caroline Baldwin dans les tomes précédents montrait déjà un naturel porté à la déprime, une personne préférant souvent la solitude, prête à se mettre en danger pour conclure une enquête, ayant une consommation d'alcool de type compulsive, sans pour autant être saoule au point de ne plus pouvoir marcher. Son jeu malsain avec son revolver chargé n'est pas une exagération dramatique, par rapport à ce que le lecteur sait déjà de son caractère. Il sait que c'est sa manière de se confronter à la réalité de ce qui lui arrive.



André Taymans fait preuve d'une autre forme de courage en entamant son récit par une citation d'André Malraux (1901-1976), extraite de La voie royale (1930), où le personnage principal ressent la présence de la mort qui voyage avec lui. Il enchaîne ensuite avec 6 pages muettes sans texte, une prise de risque vis-à-vis du lecteur de BD lambda qui préfère que les pages ne se lisent pas en trente secondes. Il y a encore 2 pages muettes par la suite. S'il a suivi la série depuis le début, le lecteur n'est pas très surpris car l'auteur est coutumier des pages muettes pour faire ressortir la beauté d'un paysage naturel ou urbain. Ici le propos est un peu différent car il s'agit de faire apparaître l'état d'esprit de Caroline, et de livrer les premières informations sur l'accident. Le résultat est superbe : le lecteur ressent de plein fouet la détresse et la solitude de Caroline, tout en observant dans quel endroit elle a trouvé refuge, faisant ainsi un peu de tourisme dans cette petite ville. La qualité narrative de Taymans est tout autant visible quand il montre l'hélicoptère et l'arrivée de police. En une page sans un mot, le lecteur a compris qu'il se passe quelque chose d'anormal qui nécessite l'intervention des forces de l'ordre. La page muette suivante met à nouveau Caroline face à son arme à feu dans sa chambre. En établissant la comparaison entre cette page et celle d'avant avec une situation similaire, le lecteur peut en déduire l'évolution l'état d'esprit du personnage, tout en constatant que rien n'est réglé.



Enfin avec la planche 22, le lecteur accompagne Caroline Baldwin et Slim Rodwell à bord de leur canoë, alors qu'il progresse sur la rivière pour se rendre au point de départ de leur randonnée de recherche. Comme à son habitude, André Taymans réalise des dessins de nature descriptive, avec des contours simples, sans rien sacrifier en précision de ce qu'il décrit. Il ne se contente pas d'une forme générique pour les rochers, mais reproduit la découpe correspondant à ce type de roche. Il montre le clapotis de l'eau, différent en fonction de la force du courant et de l'endroit de la rivière. Bruno Wesel utilise une teinte entre bleu et vert avec une touche de jaune pour rendre compte de la limpidité de l'eau. Les tenues vestimentaires des 2 randonneurs permettent de se faire une bonne idée de la température ambiante. Le lecteur retrouve le plaisir de marcher en montagne dans les planches 24 & 25. Il sent son souffle devenir court alors que Slim Rodwell et Caroline Baldwin doivent s'aider des mains pour gravir une pente rocailleuse abrupte. Il observe leur équipement et leur progression précautionneuse alors qu'ils avancent sur un glacier. L'auteur apporte à nouveau une dimension touristique tant urbaine que naturelle très dépaysante, faisant vraiment voyager le lecteur, sans tomber dans les clichés touristiques.



André Taymans représente les personnages de manière naturaliste, sans exagérations corporelle. Il prend soin de les doter de tenues adaptées aux conditions climatiques, à leur niveau de revenu, et à leurs activités (le lecteur peut admirer les crampons à glacier s'il le souhaite). S'il y fait attention, il se rend compte que l'artiste s'implique dans les menus détails. Par exemple, Caroline Baldwin porte 3 anneaux à l'oreille droite en début et en fin de récit, en ville : par contre elle les a enlevées pour la randonnée en montagne. Comme dans les tomes précédents, le dessinateur privilégie une direction d'acteurs de type naturaliste, sans exagération des mouvements, avec un registre d'expressions de visage un peu limité, mais assez nuancées pour montrer l'état d'esprit de chaque personnage, combinée avec sa posture et ce qu'il dit. Le lecteur a donc l'impression de regarder des personnes comme si elles étaient à côté de lui, sans accès particulier à leur psyché ou à leurs émotions. Dans ce tome, il a choisi de ne pas montrer Caroline Baldwin nue. Le lecteur prend donc grand plaisir à côtoyer Caroline Baldwin, à la voir lutter contre ses démons intérieurs, à la voir décider d'agir pour laisser ses émotions décanter par elles-mêmes. Taymans donne d'autres indications quant à son état d'esprit avec la liste d'albums recommandés en dernière page : Both sides now (2000) de Joni Mitchell, All for You (1996) de Diana Krall, Nat King Cole trio 1919-1965, Rhapsody in blue (1924) de George Gershwin (1898-1937), et Midnight In The Garden Of Good And Evil (1997, BO du film).



Le lecteur observe également les autres petits détails qui participent discrètement à l'histoire, comme le barman qui est également le coiffeur de la ville, ou Mitch, un peu simple d'esprit, qui réalise des dioramas mettant en scène un habitant du coin, dans son environnement, modélisé dans une boîte en carton. Il absorbe ces détails, comme le fait Caroline Baldwin, sachant qu'ils peuvent aussi bien être des éléments auxquels elle réagit, que des indices quant à l'enquête qu'elle mène. André Taymans a amalgamé de manière remarquable la vie de son héroïne avec l'enquête à mener. Il utilise la convention habituelle qu'elle se trouve au bon endroit et au bon moment pour y participer, mais elle choisit d'y participer pour un motif en lien direct avec son état d'esprit, de manière organique. Le mystère de la mort de Steve Rodwell n'est pas très complexe, reposant sur un motif basique, mais utilisé avec pertinence. La résolution du conflit avec le meurtrier s'effectue à la fois grâce à une coïncidence bien pratique (l'arme à feu), à la fois en mettant en jeu des mécanismes psychologiques comme la culpabilité (pas celle du meurtrier) et l'état d'esprit de Caroline Baldwin. Aussi, si le motif du meurtre et la découverte du coupable sont basiques, le scénario comprend d'autres ingrédients qui rendent l'histoire plus sophistiquée.



Toujours sous le charme de Caroline Baldwin, le lecteur revient pour découvrir une nouvelle enquête. Il a le plaisir de voir qu'André Taymans ne balaye pas d'un revers de la main la révélation catastrophique pour son héroïne, de la fin du tome précédent. Il s'agit d'une nouvelle épreuve pour elle qu'elle doit affronter, en même temps qu'elle aide un père à retrouver son fils, mettant à nu d'autres traumatismes dont un né en situation de guerre.
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Assassine

Un policier qui plonge le lecteur dans un environnement à la twin peaks où l'imaginaire et la réalité deviennent difficilement distinguables pour le protagoniste. Comme lui, le lecteur se retrouve dans le doute, tantôt voyeur, tantôt manipulé, tantôt suspicieux. Une montée en tension jusqu'au dénouement final.
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Lefranc, tome 19 : Londres en péril

J'ai apprécié ce dix-neuvième album des aventures de Lefranc. Petit retour en arrière, puisque nous sommes après la guerre de 39-45. Lefranc va se retrouver plonger dans une enquête sur laquelle plane l'ombre du nazisme. L'histoire est sombre, rythmée par de l'action et des rebondissements. Borg, l'ennemi légendaire de notre journaliste, est absent de cette intrigue, ça change un peu et fait une coupure avec les albums précédents.

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