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Critiques de Andrea Camilleri (1002)
Femmes

Après avoir lu la critique de Elisecorbani, j'ai eu la curiosité de chercher à mieux comprendre Andrea Camilleri. Ici sont regroupées, trente-neuf femmes qui ont compté dans la vie de l'écrivain. Rencontres d'un soir, amies d'enfance, collègues, personnages de la littérature ou historique... Toutes l'on marqué, pour des raisons diverses. Les courts chapitres se lisent sans difficulté, (mais il vaut mieux faire une pause entre chaque, c'est un livre où l'on pioche plus que l'on dévore).

En tous les cas après avoir lu Femmes, je comprends beaucoup mieux les rôles féminins dans le commissaire Montalbano. On retrouve dans ces femmes si importantes dans la vie de Camilleri, des traits de Livia, Beba, Angelica ou encore Ingrid (l'auteur le reconnait d'ailleurs sans problème pour cette dernière.) Si on s'en doutait, on en a ici la confirmation, il y a beaucoup d'Andrea dans Salvo et autant de Montalbano dans Camilleri.
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L'Âge du doute

Quel plaisir de retrouver le commissaire Montalbano et la Sicile.



Fan d’Andrea Camilleri, de ses textes colorés, de son humour, de l’autoderision de Montalbano et de la superbe traduction de Serge Quadruppani.



Montalbano en proie à des questions existentielles liées à son âge, navigue entre doutes et baisses de moral entraînant des difficultés de concentration.



Heureusement qu'il trouve du réconfort dans les succulents plats préparés par Adelina ou Enzo.



Pour ma part, j’adore les passages où Montalbano deguste ces mets savoureux arrosés d’un Nero d’Avola qui lui permettent de trouver l’inspiration et le bonheur des choses simples.



Montalbano va être confronté à une enquête étonnante et il devra collaborer avec Laura la lieutenante de la capitainerie qui lui fait tourner la tête.



Un très bon moment de lecture et de détente.

Soleil, caponata, arancias et le parfum de la Sicile !...

C’est fleuri et drôle !













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Le Manège des erreurs

Une enquête de Salvo Montalbano manquant un peu trop de surprises, et dans laquelle les composantes qui firent la magie de la série semblent un peu trop diffuses et mécaniques.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/05/02/note-de-lecture-le-manege-des-erreurs-montalbano-28-andrea-camilleri/



Comme cela semble arriver depuis maintenant quelques années au commissaire sicilien Salvo Montalbano au début d’une nouvelle enquête, une anecdote presque comique et apparemment totalement anodine, voire légèrement saugrenue, joue bien souvent le rôle d’un rêve prémonitoire rusé vis-à-vis de ce qui va se passer dans le roman. Ce remake-éclair du célèbre combat gidien d’Amédée Fleurissoire contre le moustique, dans « Les caves du Vatican », propose ainsi plusieurs signes secrets annonçant le contenu de ce « Manège des erreurs », vingt-huitième volume des aventures de ce policier Sicilien bougon au grand cœur, gastronome jamais repenti, déployant des trésors de ruse pour échapper aux menées serviles (vis-à-vis du pouvoir et de l’argent) d’une partie de sa hiérarchie, sensible à certaines apparences mais plus encore à ce qui se cache derrière elles, et fort en phase avec les misères systémiques qui traversent cette société à la (grosse) charnière de deux siècles, depuis « La forme de l’eau » en 1994.



Hélas, alors qu’Andrea Camilleri est décédé en 2019, et qu’il ne reste désormais, après celui-ci, que cinq volumes de la saga à traduire en français par Serge Quadruppani (qui continue à nous régaler de l’inventivité et de la précision de sa création ad hoc, indispensable pour rendre compte de la langue tripartite si spécifique du maître sicilien, comme il l’explique dans sa préface évolutive au fil des volumes) au Fleuve, une partie de la magie de la série cède maintenant assez souvent à une forme de fatigue existentielle. Dans ce 28ème épisode, publié en 2015 et traduit chez nous en 2020, on ne trouve qu’à l’état de traces trop diffuses la joie culinaire qui enflammait par exemple « Le tour de la bouée » (2003), les ramifications de l’histoire sicilienne qui surgissaient à l’impromptu (« Chien de faïence », 1996, ou « La piste de sable », 2007), les bouillonnements internes du commissariat de Vigata (« L’âge du doute », 2008, ou « Une lame de lumière », 2012), les complexités mafieuses (« Un été ardent », 2006, ou « La pyramide de boue », 2014), les disputes parfois difficiles avec son éternelle fiancée Livia (« La patience de l’araignée », 2004) ou les horreurs parfaitement contemporaines des réfugiés exploités ou laissés à leur sort (« La danse de la mouette », 2009).



On sait bien entendu à quel point il est difficile de maintenir le souffle, le charme et la puissance d’une série policière littéraire sur une aussi longue période : on se souvient par exemple de la mélancolie critique et du manque de souffle qui contaminait les dernières enquêtes du Wallander d’Henning Mankell, on constate aileurs les véritables acrobaties auxquelles Ian Rankin est désormais contraint pour maintenir vivantes les aventures de John Rebus, et si Jo Nesbø se tire du défi avec un brio extrême, c’est aussi que chaque volume complexe de sa saga Harry Hole comporte quatre ou cinq fois le nombre de pages d’une intervention moyenne de Salvo Montalbano. N’ayant pu visiblement dans cette dernière longue ligne droite de sa série sortir à chaque fois de son chapeau une intrigue aussi redoutablement tortueuse que dans « La chasse au trésor » (2010) ou dans « Jeu de miroirs » (2011), Andrea Camilleri se contente donc ici, tout particulièrement, de nous proposer le confort complice de retrouvailles toujours bienvenues, quoiqu’il en soit, avec l’étonnante bande rassemblée autour du commissaire irascible, joueur et désormais gentiment vieillissant.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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La Forme de l'Eau

Première enquête de Montalbano que je lis, j'ai aimé le personnage et sa façon d'arriver à la vérité.

En lisant le prologue, j'ai aimé découvrir la langue de l'auteur et la façon de la traduire. J'ai par la suite été moins étonnée de certaines tournures de phrases.

J'ai aimé l'humour de l’enquêteur, sa relation si particulière à son île et à ses habitants.

Une belle lecture comme je les aime.
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Nid de vipères

N°1622 - Janvier 2022



Nid de vipères – Andrea Camilleri - Fleuve Noir.

Traduit de l'italien par Serge Quadruppani.



Un matin, Barletta, un usurier affairiste doublé d’un Don Juan sans scrupule est retrouvé mort, assassiné deux fois, par le poison et par balle, comme si une mort ne suffisait pas, et apparemment donnée par deux mains différentes. Voilà bien une affaire pour le commissaire Montalbano qui trouve ainsi l’occasion de se libérer de l’obligation de signer cette satanée paperasserie qui encombre traditionnellement son bureau et ce même si son âge devrait le pousser vers la retraite, ce que ne se prive pas de lui rappeler le médecin légiste entre un plantureux repas et une partie de poker. Ça se présente plutôt mal, entre une jeune fille, Stella, dont la victime abusait sexuellement qu’il menaçait de chantage, un héritage dont Barletta semblait vouloir priver ses propres enfants et les nombreuses faillites provoquées par sa pratique de l’usure, mais l’intuition de notre commissaire, et bien entendu aussi son expérience, lui donnent à penser que cette affaire n’est pas liée à la seule vengeance et doit bien pouvoir s’expliquer par quelque chose de beaucoup plus complexe.

Pour corser le tout il reçoit la visite de Livia, son éternelle fiancée qui habite et travaille à Gênes et revient régulièrement à Vigàta... pour le plaisir de le rencontrer… et de l’engueuler. Ces deux là n’ont pas besoin de vivre ensemble, ni bien entendu de se marier, ils ont déjà tout d’un vieux couple et leur relation c’est plutôt « pas avec toi mais pas sans toi » ! Comme pour compliquer un peu les investigations et aussi la vie de Montalbano, tout cela se passe en la présence furtive d’un curieux clochard siffleur mais aussi qui se révélera providentiel à qui Lidia semble s’intéresser, lz tout sous les yeux de la très belle et très mystérieuse Giovanna, la fille de la victime, de photos compromettantes et de l’éventuelle disparition d’un testament. C’est que Montalbano est toujours égal à lui-même, pouvant difficilement résister à une femme et ici il se fera littéralement phagocyter par l’une d’elles

Son métier le met directement en situation de connaître tous les défauts et les vices de l’espèce humaine, même les moins avouables, mais le hasard veille qui viendra encore une fois bouleverser l’agencement hypocrite des choses et bouleverser les projets les mieux ficelés.

Bien entendu notre commissaire n’est pas seul à démêler l’écheveau compliqué de cette affaire. Il est aidé par ses deux compères Augello et surtout Fazio et il a un peu trop tendance à considérer ce dernier comme son larbin. Sans eux il ne serait rien.

Comme d’habitude ce fut un bon moment de lecturte.
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Ne me touche pas

N°1607- Novembre 2021



Noli me tangere (Ne me touche pas) – Andrea Camilleri – Métailié.

Traduit de l'italien par Serge Quadruppani.



Ce titre en forme d’interdit exprimé en latin, c’est à la fois le nom d’une fresque de Fra Angelico, une phrase, évoquée dans l’Évangile, que dit le Christ à Marie-Madeleine pour lui signifier que, ressuscité, il n’appartient plus au monde des vivants et va donc lui échapper, c’est aussi le nom d’une fleur, la balsamine des bois, ou impatience, qui réagit au toucher en projetant ses graines.

Nous sommes en juin 2010 et la jeune et jolie Laura Garaudo, l’épouse du célèbre et vieux romancier Mattia Todini a disparu mystérieusement après une des périodes coutumières de déprime. Toutes les pistes sont envisagées, depuis une fugue amoureuse, un enlèvement crapuleux, jusqu’à un coup de pub pour la sortie de son prochain premier roman. Pas simple pour le très subtil et cultivé commissaire Maurizi (ce qui n’est pas le cas de son supérieur hiérarchique) même s’il peut compter sur la collaboration de Todini qui ne se fait guère d’illusions sur sa jeune épouse. Ainsi, au fil des pages on apprend qu’elle est toujours et malgré son mariage une séductrice itinérante, une froide calculatrice, une menteuse invétérée, bref une femme à la personnalité complexe et qui pendant ses études non seulement elle a analysé les œuvres de Fra Angelico mais elle portait le surnom évoquant cette fleur tant elle était belle. De plus ses amants actuels ou passés se se gênent pas pour médire d’elle, tant ils ont été considérés par elle comme de simples moments de distraction.

Entre lettre anonyme, mise en scène macabre, rideaux de fumée, découvertes inquiétantes, le mystère s’épaissit et l’enquête s’embourbe. Pourtant ce n’est pas vraiment un roman policier qui nous est proposé ici, malgré la présence d’une enquête souvent évoquée. C’est bien plutôt une étude passionnante de personnages. Laissons de côté les amants délaissés et médisants, atteints dans leur virilité autant que dans leur charme autoproclamé, ainsi que le questeur, un rustre sans doute à ce poste au terme de nombreuses flagorneries. Le notaire, le psychiatre et l’amie d’enfance se penchent avec compréhension sur le cas de Laura et son vieux mari, amoureux et d’autant plus compréhensif qu’il craint de perdre cette femme jeune et jolie qui est pour lui plus qu’une épouse. Reste le cas de Laura qui pourrait passer dans un premier temps comme l’archétype de la jeune femme volage qui a épousé un homme vieux, riche et influent pour en tirer avantage tout en conservant son entière liberté (les allusions au « toucher » des deux personnages de la fresque de Fra Angelico sont révélatrices de la recherche à la fois sexuelle, passionnée et désespérée menée par Laura qui ne trouve même pas une consolation dans l’exorcisme de l’écriture puisqu’elle brûle son roman). C’est sans doute un peu vrai mais je l’ai surtout ressentie comme le symbole de la solitude et du mal de vivre qu’elle cherche d’ailleurs vainement à combattre avec la foule de ses amants et la recherche d’un plaisir éphémère. Le tourbillon de la vie et son vernis ne lui suffisent plus. Sa rencontre avec Wilson est déterminante dans la mesure où elle fonctionne comme un déclic, la révélation d’une vérité qu’elle portait en elle depuis longtemps sans le savoir. Dès lors, celle qui avait coché toutes les cases de la réussite (financière, sociétale, sociale…) choisit de ne plus en cocher aucune et de se consacrer aux plus démunis, et ce dans l’humilité de l’anonymat quoiqu’il puisse lui en coûter et quoiqu’il puisse lui arriver. Notre société moderne qui met en avant la fortune et la notoriété ne peut cependant ignorer les rares personnages qui, malgré une carrière toute tracée, ont choisi une autre voie plus humble.

Le roman est construit à partir de messages et d’entrevues nombreuses qui dessinent la personnalité aussi fascinante que déroutante de Laura, des confettis d’informations savamment distillés et qui tiennent en haleine le lecteur jusqu’à la fin.

Camilleri ne s’est pas contenté d’être metteur en scène de théâtre, scénariste et auteur talentueux de romans policiers lus et traduits dans le monde entier, il se révèle ici, s’appropriant une authentique histoire de vie, être un exceptionnel auteur de roman psychologique.
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La Première Enquête de Montalbano

N°1592 - Octobre 2021



La première enquête de Montalbano – Andrea Camilleri – Fleuve noir

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani et Maruzza Loria.



C’est un recueil de trois nouvelles policières écrites à des moments différents dont la deuxième donne son titre à l’ensemble. Elles ne comportent pas de sang, ce qui est exceptionnel.

Dans « Sept lundis », il s’agit d’une série de meurtres étranges puisqu’ils sont perpétrés non sur des hommes mais sur des animaux et accompagnés d’étranges messages. Pour enquêter Montalbano devra se référer à la Kabbale et à la Bible qui ne sont pas vraiment sa tasse de thé.

Dans la deuxième, nous rencontrons Montalbano qui fait ses premiers pas dans la vie, son entrée dans le monde du travail, c’est à dire de la police, sa nomination à Vigàta, sa ville natale, en qualité de commissaire, son adaptation rapide aux coutumes locales, son côté gourmet et, évidemment sa première enquête un peu compliquée où il croise l’incontournable mafia. Dans cette ville qu’il connaît déjà il se sent bien au point de constituer l’embryon de ce qui sera sa fine équipe de policiers et de se forger des amitiés durables qui l’aideront dans sa future tâche de commissaire. Il se révèle déjà bluffeur et, quand il le faut, peu regardant sur les procédures, mais toujours au service de la justice.

Dans la troisième nouvelle, son équipe est déjà opérationnelle depuis longtemps, il a vieilli et ses querelles avec Livia, son éternelle fiancée génoise, sont toujours aussi orageuses. Dans une ambiance de fêtes de Pâques, une petite fille a disparu puis est retrouvée mais il y a suspicion d’enlèvement. Ses méthodes peu orthodoxes au regard du code de procédure permettront de déjouer les manœuvres de deux familles mafieuses en lutte l’une contre l’autre.
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L'excursion à Tindari

N°1589 - Septembre 2021



L’excursion à Tindari – Andrea Camilleri – Fleuve noir

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani et Maruzza Loria.



Montalbano a l’appétit coupé et ce n’est pas facile de lui faire passer l’envie de manger. Son adjoint, Mimi va se marier, ce qui est déjà une nouvelle étonnante mais surtout il va demander sa mutation dans un autre commissariat, sûrement sur le continent. C’en sera fini de cette belle équipe, Augello, Fazio et Catarella, qu’il a si patiemment constituée et à laquelle il est très attaché. Mais Mimi n’a pas dit son dernier mot et l’amour vous joue des tours pendables quelquefois! Apparemment cela plaît à sa hiérarchie qui verrait ce démantèlement d’un bon œil, ce qui n’enchante pas le commissaire tant il est en délicatesse avec elle. De plus tous ces anciens copains de 68 n’ont pas résisté à l’attrait de l’argent, de la réussite et il ne digère pas cet abandon des « idéaux révolutionnaires » de leur part. Ajouter à cela une Livia, son éternelle fiancée génoise, absente et parfois désagréable au téléphone, notre commissaire n’est pas dans ses meilleurs jours et ce n’est pas la lecture des romans policiers de Vasquez Montalbàn, l’auteur catalan qu’il affectionne, ni la rencontre de Beatrice, une belle jeune femme qui est aussi témoin et que Mimi trouve à son goût, qui vont apporter un remède à cette mauvaise passe. Il se console quand même avec les intuitions que lui inspirent un vieil olivier tordu !

A côté de cela, il se retrouve en charge de deux enquêtes qui ne le passionnent guère, la disparition d’un couple de retraités un peu bizarres, partis en excursion dans la ville de pèlerinage de Tindari, et qu’on retrouvera trucidés et l’assassinat d’un petit Don Juan de sous-préfecture qui habitait le même immeuble, deux affaires qui sont peut-être liées ? Ces laborieuses investigations autour de photos, de vidéos, d’un livret de caisse d’épargne, d’un curé, d’un médecin cupide, dans l’ombre de l’incontournable mafia, s’effectuent sous  le regard d’un questeur de plus en plus tatillon et soupçonneux. Montalbano et son équipe mettront à jour un trafic délictueux d’organes qui confortera la solidité et la pérennité de cette équipe et peut-être aussi l’avenir amoureux de notre commissaire. Pour le moment il lui reste les plaisirs de la table.

D’une manière générale j’aime bien les romans de Camilleri, mais je dois avouer que celui-là m’a paru un peu moins attachant .
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L'odeur de la nuit

N°1586 - Septembre 2021



L’odeur de la nuit – Andrea Camilleri – Fleuve noir.

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani et Maruzza Loria.



Émoi dans Vigata. Le comptable Gargano, honnête et intègre comme il se doit, a disparu en emportant les économies de bien des gens, glanées grâce à un système vieux comme le monde, un énorme mensonge qui, bien entendu a fonctionné. Bref, il les a escroqués, même si sa secrétaire, follement amoureuse de son patron, refuse encore d’y croire. Ça occasionne à Montalbano des états d’âme à cause d’un éventuel dépôt de fonds effectués par un tiers chez ce malfaiteur. Il en fait une affaire personnelle !

Nous retrouvons un Montalbano toujours aussi bluffeur, qu’ils s’agisse de faire éclater la vérité ou d’affronter ses supérieurs. Cette fois c’est une veille histoire, vieille de quelques années que le Questeur exhume, évidemment averti par une lettre anonyme . Comme par hasard ces deux affaires sont peut-être liées ! Notre commissaire enquête donc, mais une enquête est toujours imprévisible et des rencontres qu’on y fait sont improbables. Comme si l’escroquerie ne suffisait pas, s’y ajoute un meurtre avec mise en scène. Grâce à ses deux habituels comparses Fazio et Augello, notre commissaire, même s’il n’est pas officiellement chargé de l’enquête, finit par comprendre les différentes phases de cette affaire et ensemble ils la reconstituent façon scénario de film. Nous sommes en Italie où le cinéma fait partie de la vie et en Sicile, si on ne comprend pas un assassinat on peut toujours en accuser la mafia. Cela a au moins l’intérêt de la vraisemblance.

Mais ce Montalbano doit bien être doté d’un sixième sens, à moins que ce ne soit sa connaissance de la nature humaine avec toutes ses nuances obscures, ses refus, ses fantasmes, ses blocages intimes, ses pulsions, ses folies, et sa version risque d’être sensiblement différente des conclusions officielles.

Montalbano vit ses éternelles et lointaines fiançailles, quant à Mimi, son adjoint, il va se marier même s’il hésite encore à sauter le pas, ce qui ne lui empêche pas de papillonner, mais quand même, il est un peu jaloux, notre commissaire. Il est toujours préoccupé par son âge mais ça ne l’empêche pas d’aimer les bonnes choses de la vie à commencer par la nourriture. C’est une forme de compensation, mais moins forte cependant que la lecture des romans de Simenon ou de Faulkner que pourtant il aime lire.
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Une lame de lumière

N°1574 - Août 2021



Une lame de lumière – Andrea Camilleri – Fleuve noir.

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani.



Dans cet épisode Salvo Montalbano est amoureux de Marian, une belle galeriste de Vigàta rencontrée par hasard. Cette fois, c’est du sérieux de part et d’autre au point pour lui de devoir choisir entre elle et Livia, son éternelle fiancée du nord de l’Italie. Depuis que j’ai fait la connaissance de notre commissaire, j’avoue qu’on peut s’interroger sur la nature exacte de leurs relations. Ils vivent constamment séparés, se rejoignent de temps à en temps pour quelques jours puis elle repart et leurs conversations téléphoniques sont souvent houleuses. Montalbano déclare aimer Livia, mais considère que, depuis toutes ces années, s’il l’avait épousée, leur amour n’aurait pas résisté à l’épreuve du temps et ils se seraient séparés au bout de quelques années. Sans vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas, je souscris néanmoins à cette analyse. L’étonnant c’est qu’elle sont toutes les deux attachées à Salvo et, quant à lui, il est tellement perturbé par cette situation qu’il lui arrive même de se tromper dans leur prénom respectif. C’est peut-être de la sénilité qui apparaît, mais c’est peut-être pire. Il doit composer avec la solitude qui de plus en plus l’assaille et temporiser entre ces deux femmes pour pouvoir faire un choix.

Il se trouve confronté à une affaire assez bizarre telle qu’elle lui est présentée, un viol qui n’en est pas un et un vol bien réel, ce qui lui permet de mettre une nouvelle fois en œuvre son esprit critique, sa roublardise et son sens de la logique qui lui ont depuis longtemps fait considérer que les évidences Ne sont pas obligatoirement réelles et qu’il faut considérer l’alibi le plus solide avec beaucoup de réserves. Ainsi est-il amené à ne pas faire confiance à une femme jeune et jolie surtout si elle est mariée à un vieux barbon beaucoup plus riche qu’elle.

Son culte de la vérité l’entraîne ici à investiguer sur trois terroristes tunisiens qui semblent cacher et trafiquer des armes dans la campagne environnante. Cette affaire d’évidence lui échappe et est du ressort des services antiterroristes mais là aussi son esprit critique l’aide à faire la part des choses. .. et à agir comme il l’entend.

Il y a habituelle série d’assassinats, de voiture brûlées avec toujours avec l’ombre de la mafia. Pourtant, toujours fidèle à sa méthode de ne pas prendre pour vrai les évidences et peut-être aussi d’être assez clairvoyant pour ne pas tomber dans les pièges qu’on lui tend, il ne manque pas de réfléchir surtout quand quelque chose ne colle pas.

Pour ce qui le concerne personnellement cette affaire de Tunisiens se termine pour lui d’une manière qu’il aurait eu du mal à concevoir malgré toute son imagination mais qui finalement résoudra son problème de choix.



Nous retrouvons Montalbano amateur de cuisine, de café et de whisky, toujours entouré de ses fidèles collaborateurs, l’inénarrable Catarella, Fazio l’efficace et Augello le séducteur impénitent

Comme à chaque fois ce fut un bon moment de lecture à cause du style, de l’humour et du suspense.

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Le Voleur de goûter

N°1572 - Août 2021



le voleur de goûter – Andrea Camilleri – Fleuve noir.

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani et Maruzza Loria.



Le titre évoque l’enfance, l’école, les cours de récréation. On n’en est cependant pas si loin.

Pourtant il s’agit d’une enquête policière où Salvo Montalbano est confronté au meurtre d’un sexagénaire poignardé dans l’ascenseur de son immeuble. Inévitablement la veuve interrogée parle de lettres anonymes, découvre la double vie de son mari avec la marque de l’inévitable mafia . Dans le même temps, il est question d’un marin tunisien tué à bord d’un bateau de pêche sicilien mitraillé par une vedette de la marine tunisienne. Ajoutez à cela du terrorisme, du rapt, de la prostitution, du chantage, de l’adultère et du trafic de matières illicites, sans parler, et pour la première fois des Services secrets, et vous saurez l’intrigue et les rebondissements d’un bon polar. Il fait d’ailleurs montre à cette occasion d’une ruse hors du commun où le bluff tient un grande place pour parvenir à ses fins.



J’ai toujours été intrigué par Livia et son éternel éloignement dans le nord de l’Italie. Un peu malgré lui Montalbano aura une image de ce que peut-être la vie durable de couple avec un enfant, le petit François, ce qui n’a pas été sans le perturber quelque peu. Cet attachement soudain de sa compagne à ce petit garçon qui par la suite deviendra officiellement orphelin, est révélateur et génère sans doute chez lui quelque chose comme une obligation de partage de Livia ou chez elle une fibre maternelle inconnue ou volontairement occultée jusque là de la part du commissaire. J’ai toujours été étonné de la solitude de ce policier, sans doute entretenue par lui et que maintenant il souhaite interrompre définitivement en se mariant et en adoptant.



Comme toujours, le style fluide fait de ce roman un agréable moment de lecture.
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La Chasse au trésor

N°1570 - Août 2021



La chasse au trésor– Andrea Camilleri – Le fleuve noir.

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani.



Gregorio Plamisano, 70 ans et sa sœur Caterina, 68 ans vivent ensemble dans un appartement plein de bondieuseries et leur vie est entièrement consacrée à la religion catholique et à ses obsessions culpabilisantes. Jusque là rien d’extraordinaire, jusqu’au moment où ils deviennent menaçants et tirent sur tout ce qui bouge. Montalbano intervient et la perquisition révèle l’existence d’une poupée gonflable, ce qui fait les délices de la presse locale. Un appel téléphonique à propos d’un corps trouvé dans un conteneur révèle ce même type de poupée alors qu’un curieux correspondant invite Montalbano à une mystérieuse chasse au trésor en forme de devinettes épistolaires et ...en vers ! Même si les règles de la prosodie sont quelques peu oubliées et l’aspect émotionnel totalement occulté, cela sonne comme un défi pour notre commissaire qui entend bien se plier à ce jeu.

Il sait d’expérience qu’il faut se méfier des évidences qui peuvent vicier le jugement et conduire un innocent devant un tribunal (« La forme de l’eau » du même auteur), mais il sait aussi que cette énigme qui lui est proposée est pour lui une occasion unique de se remettre en question et de se prouver que le vieillissement ne viendra pas polluer les quelques années qui lui restent à accomplir avant de prendre sa retraite. Il sent en effet de plus en plus le poids du temps sur ses épaules, impression qui est corroborée par une récente prise de poids et par un calme plutôt plat du côté de la délinquance à Vigàta.

On s’en doute, ce petit jeu va aller en se compliquant mais un aide inattendue lui vient d’un particulier en ce qui concerne la résolution des rébus « poétiques » qui peuvent se résumer en un sorte de duel entre le rédacteur de ces mystérieuses lettres et le commissaire. Pourtant la présence de cette maudite poupée du conteneur qu’on ne savait pas très bien où mettre est assez encombrante pour un célibataire comme Montalbano.

La torpeur ambiante est quelque peu bousculée par un kidnapping, avec toujours en toile de fond ce qu’on a du mal à appeler poèmes mais qui relancent l’attention du commissaire devenu le seul interlocuteur de ce mystérieux interlocuteur. Au début de la lecture on avait un peu oublié cette histoire de poupées gonflables, mais elles se réinvitent à nouveau, relançant le suspense.



Montalbano a toujours ses acolytes, la lointaine Livia, l’inénarrable Catarella, l’indispensable Fazio , Augello le catégorique, la séduisante Ingrid, et toujours cet appétit généreux et arrondisseur de son tour de taille et pourvoyeur de son taux de cholestérol.



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Le Manège des erreurs

Incroyable Camilleri : lorsqu'il écrit cette nouvelle aventure du commissaire Salvo Montalbano, il a déjà près de 90 ans, et comme il le déclare lui-même, cette histoire est une des rares qui n'ait pas son origine dans un fait divers : Il en a donc inventé toute l'intrigue … Quel talent !



Voici donc la petite cité maritime de Vigatà secouée par l'enlèvement de deux puis trois jeunes femmes, toutes employées de banques, mais laissées vivantes par leur agresseur masqué.



S'agit-il d'une manoeuvre d'intimidation de la Mafia ? d'un déséquilibré qui les chloroforme mais ne les viole pas ? Apparemment, il s'agit d'un homme d'un certain âge, mais on n'en sait pas plus. L'enquête piétine.



Par-dessus le marché, on signale bientôt la disparition d'un jeune patron fort séduisant, et de sa compagne avec laquelle, dans le plus grand secret, il vient de passer un mois de vacances aux Baléares …



Racket ? le joli garçon couvert de dettes aurait-il refusé de s'acquitter du « pizo » ? Jalousie d'un mari trompé ?



Salvo Montalbano tente de percer le mystère, tout en continuant à se régaler de la cuisine d'Enzo et des petits plats que lui prépare sa douce – pas si douce que ça – Adelina.



Quand il pense avoir trouvé le coupable idéal, il est bien obligé de se rendre à l'évidence : il faut toujours se méfier des apparences.



Un épisode particulièrement bien construit, avec les gimmicks de traduction délicieux de Serge Quadruppani. Un délice de polar à la sicilienne.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Le tailleur gris

N° 1556 - Juin 2021



Le tailleur gris – Andrea Camilleri – Métaillé.

Traduit de l’italien par Serge Quadruppani.



Quelle est cette habitude prise par les hommes d’un âge certain, le plus souvent veufs ou divorcés, d’épouser des femmes qui pourraient être leurs filles ? C’est sans doute pour se sentir moins vieux, pour faire semblant de croire qu’ils auront ainsi droit à une rallonge de vie ou de plaisir qu’ils répondent à l’appel de ce « démon de midi » alors qu’ils ont toutes les chances de précéder leur épouse dans la mort. Surtout qu’il y a toujours une Gianna, à la fois meilleure amie de l’épouse et surtout sa parfaite complice pour servir d’alibi à l’épouse volage, même si le mari ne se fait aucune illusion. C’est le cas de ce directeur de Banque, tout juste retraité, qui a épousé dix ans plus tôt la très jeune et accorte veuve, Adèle, malgré les réticences de son fils Luigi. Elle n’arbora que pendant peu de temps son tailleur gris de femme d’affaires qui était aussi la marque de la fin de son deuil, de cette période assez indistincte qui est avant tout celle d’une transition. C’est une belle femme, autoritaire et déterminée, avide de reconnaissance sociale mais aussi de sexe et de plaisir, le type même de la femme de pouvoir qui entend bien gouverner sa propre vie qu’elle veut libre d’autant plus qu’elle a imposé Daniele au sein du couple, un soi-disant cousin étudiant qui dort dans la chambre voisine de celle d’Adèle.

Certes cette femme est au lit à la hauteur de sa fougueuse jeunesse, mais lui, malgré sa vigueur un temps retrouvée, finit par se faire une raison et par admettre de devoir partager Adèle avec des amants de passage. Et la toute nouvelle retraite de son mari, et donc sa présence au foyer, va un peu bousculer la liberté dont elle jouissait auparavant et qu’elle entend bien voir perdurer maintenant. Elle va donc le manipuler ainsi que son entourage pour lui faire accorder un poste important, même si celui-ci est quelque peu mystérieux et sans doute lié à la mafia, pour lui éviter de troubler son quotidien amoureux, autrement dit elle souhaite faire perdurer atmosphère de mensonge et de trahison dans laquelle baignait son couple jusqu’ici. Dans cette épisode, il semble être une marionnette entre ses mains de même qu’elle s’attache à brouiller les pistes autour d’elle, à faire semblant de l’aimer pour profiter des avantages financiers de cette union qui se révèle être un piège et l’amour entre eux, un leurre.

Avec la vieillesse vient pour cet homme la maladie et il voit son épouse changer, devenir dévouée et attentive tout en s’inquiétant de la succession. Le livre refermé, j’avoue être un peu dubitatif face à cet homme qui se met à croire à l’amour de cette épouse, ou à se rassurer en faisant semblant, au pas de la mort qui sera pour lui une délivrance dans une situation qui ne pouvait que se retourner contre lui. J’ai même l’impression qu’il lui pardonne ses frasques. J’avoue que je n’ai pas cru un instant à cet amour tout neuf d’Adèle pour son mari et j’y ai même vu une autre forme d’hypocrisie. J’imagine qu’elle ne tardera pas à contacter le notaire pour connaître ses droits et ensuite se choisir un nouvel amant !D’ailleurs, avant de mourir, le mari constate qu’elle porte son traditionnel tailleur gris ! La chute de cette histoire m’a même paru un peu convenue, décevante même parce que je m’attendais à autre chose

J’ai apprécié cependant le style simple et agréable à lire de ce roman du grand auteur italien connu surtout pour ses « policiers ». Ici, rien à voir avec un « giallo » comme disent nos amis transalpins.





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Un mois avec Montalbano

Aaaahhh ! le commissaire Montalbano ...
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La reine de Poméranie

Bien beau recueil de nouvelles , chacune d'elles bien ficellées, émouvantes souvent, drôles toujours. Les personnages sont typés à souhait sous la plume de Camilleri ....et l'écriture avec tous ces mots inconnus mais ne posent aucun problème de compréhension est le sel qui fait de ces livres un bonheur de lecture! aussi plaisant que de fifrer !
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Le cours des choses

Le tout premier roman de Camilleri, achevé fin décembre 1968, publié dix ans plus tard, en septembre 1978, se situe en Sicile, dans les années cinquante.

Le titre est en référence à Merleau-Ponty : "Le cours des choses est sinueux."

Il montre comment certains événements qui nous saisissent nous semblent sans rapport avec nous et , au final, après un parcours sinueux, nous découvrons qu'ils ont au contraire des conséquences pour nous-mêmes.

En l'espace de quelques jours, au mois de septembre, deux événements perturbent la sécurité du village : la découverte d'un cadavre, puis, un soir, deux coups de fusil tirés sur la maison de don Vito au moment où il rentrait chez lui.

Vito est un homme sans histoire qui ne se mêle pas de celles des autres. Il en est même transparent.

Ce malheureux Vito se questionne beaucoup sur la cause de ces coups de feu et sombre dans l'angoisse car il n'y comprend rien.



La construction du déroulement de l'intrigue est maîtrisée. Camilleri tresse les fils d'un mystère avec une grande habileté.
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Chien de faïence

Dans cet opus Montalbano est en confrontation directe avec la mafia qui tente d’éliminer l’un des siens devenu repenti . Il y a également trafic d’armes . Mais il y a aussi comme Camilleri l’affectionne ,une enquête dans l’enquête révélant un crime ancien avec de tout autres motifs.Un peu de poésie , du sang et de l’humour ,bon cocktail !
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L'excursion à Tindari

Paru en 2000, ce polar de Camilleri me semble etre la dénonciation, sous forme romancée et tres pudique (amateurs de gore s'abstenir), du trafic d'organes commis par le crime organisé, au détriment en particulier des proies faciles que sont les réfugiés adultes ou meme enfants parqués dans les camps dont ils "s'échappent" régulierement pour disparaitre a jamais. Trafic, nous souffle le roman, organisé a l'échelle de la planete tant pour la récolte des organes que le recrutement des malades richissimes ou politiquement influents qui pourront par la suite faire l'objet de chantage pour avoir accepté un organe volé. On le sait depuis les enquetes menées par le procureur général suisse Dick Marty sur les trafics d'organes lors de la guerre du Kosovo, la combinaison entre la demande de la part de malades fortunés, les mafias liées entre elles de par le monde au moyen du "darknet" et bien-sur des chirurgiens ainsi que des politiciens locaux pas bégueules ne manque pas d'aboutir a ce genre de trafic suffisamment monstrueux pour que son existence fasse l'objet d'un consensus général de silence.



Littérairement, c'est un excellent polar comme tous ceux de Camilleri avec ce si sympathique et atypique commissaire Montalbano. A ce propos, J'ai lu dans une critique de journaliste spécialisé que Montalbano était un "anti-héros", opinion peut-etre suggéré par la pauvreté relative de la vie sexuelle du commissaire ou son coté résolument non-violent. Un anti-héros c'est un loser, un personnage familier avec l'échec dans certains aspects importants de sa vie, un individu frustré ou alors masochiste. Sans meme parler de son caractere pacifique, le fait que Montalbano ait une vie sexuelle le plus souvent en veilleuse n'est pas une situation d'échec car il a fait le choix d'etre fidele a une fiancée qui vit dans une autre ville et qu'il ne retrouve pas tous les jours. Donc, désolé pour les amateurs de personnages ratés que l'on qualifie volontiers d'anti-héros mais Montalbano se trouve relativement bien dans ses baskets et n'est donc pas plus "anti-héros" qu'un Maigret ou un Colombo.
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Un été ardent

Hommage à Andrea Camilleri



La patience de l’araignée / Un été ardent



Par un triste hasard j’ai emprunté le 17 juillet dernier à la bibliothèque La patience de l’araignée et Un été ardent, deux enquêtes de Montalbano que je n’avais pas lues, quelques heures avant d’apprendre la disparition d’Andrea Camilleri. On finissait par le croire immortel et la nouvelle fut rude. Double critique et quelques remarques en forme d’hommage.



A partir de l’enlèvement d’une jeune fille, La patience de l’araignée (2004) évoque les affaires douteuses, la prévarication et le blanchiment. J’y reviendrai. En fait, l’intérêt du roman, outre une histoire de haine et de vengeance assez bien imaginée – même si le lecteur comprend assez vite ce qu’il en est réellement – tient dans le fait que Montalbano, qui se remet d’une blessure sérieuse, se retrouve en marge de l’enquête officielle et peut pour une fois faire cavalier seul. On pourrait penser qu’il en retire une grande satisfaction, mais c’est plutôt un flic amer que décrit Camilleri, un peu revenu de tout et de moins en moins patient avec ceux qui s’apprêtent à prendre la relève.



« La question avait été posée par un petit gars, un jeune et fringant vice-commissaire, mèche sur le front, vif, body-buildé, avec un petit air de manager arriviste. Ces temps-ci on en voyait beaucoup, une race de cons qui proliférait rapidement. A Montalbano il fut énormément antipathique. » La patience de l’araignée © Fleuve noir, 2004



Se sentant vieillir – « Il comprit qu’il prononçait des mots de vieux » – et de plus en plus partagé entre le chagrin de la séparation (provisoire) avec Livia et le désir de reprendre sa liberté, Montalbano se voit déjà en « retraité solitaire ». Cette humeur maussade va l’amener à prendre des libertés avec la justice, à se transformer comme Maigret en « raccommodeur de destinées » (est-ce un hasard si Livia lit un roman de Simenon ?).



« Il n’était qu’un homme avec des critères personnels de jugement sur ce qui était juste et ce qui ne l’était pas. Et certaines, fois, ce qu’il estimait être juste ne l’était pas pour la justice. Et vice-versa. Alors, est-ce qu’il valait mieux être d’accord avec la justice, celle qui était consignée dans les livres, ou bien avec sa propre conscience ? » La patience de l’araignée © Fleuve noir, 2004



Un été ardent (2006) commence bien : Montalbano a de la chance, sa chère Livia est venue le rejoindre pour une partie de l’été à Marinella et a convaincu une des ses amies, son mari et leur redoutable bambin de louer une villa à proximité. Mais quand le charmant Bruno disparaît dans un souterrain sous la maison, que les pompiers le délivrent et que Montalbano y découvre le cadavre desséché d’une jeune fille disparue plusieurs années auparavant, les vacances sont terminées…



On retrouve dans ce roman les thèmes qu’affectionnait Camilleri : les relations familiales ou amoureuses compliquées (à commencer par celles entre Salvo et Livia), les accords entre le pouvoir politique et les mafias locales, les arrangements administratifs monnayables… De roman en roman, Camilleri a brodé à l’infini sur la même trame, permettant au lecteur de retrouver un environnement familier dans lequel il pénétrera toujours avec plaisir : c’est un peu comme de « rentrer dans ses pantoufles » dit un lecteur interrogé dans Lire le noir (1). Le bonheur simple de retrouver des lieux connus : la Trattoria Enzo de Montalbano, la Brasserie Dauphine de Maigret ou l’Oxford Bar de Rebus ; de la connivence voire de la complicité avec ceux qui accompagnent nos héros, Mimi Angello, Fazio, Catarella pour Montalbano, Lucas et Janvier pour Maigret ou encore Siobhan Clarke pour Rebus.



Ces thèmes sont aussi l’occasion pour Camilleri, par le biais de son commissaire, de pointer et de dénoncer ce qui plombe la Sicile et met en péril son développement. Tout comme ses confrères suédois, écossais ou catalans, il inscrit des romans dans une dimension politique et sociale. Ce que ne conteste nullement Montalbano.



« Puis il resta à lire jusqu’à 11 heures du soir un beau roman policier de deux auteurs suédois (2) qui étaient mari et femme et où il n’y avait pas une page sans une attaque féroce contre la social-démocratie et le gouvernement. Montalbano le dédia mentalement à tous ceux qui dédaignaient de lire des polars parce que, selon eux, il ne s’agissait que d’un passe-temps du genre énigme. » Un été ardent © Fleuve noir, 2006



Montalbano se retrouve donc seul et nul ne saura ce que sera sa vie après La pyramide de boue, sa dernière enquête (2019). Andrea Camilleri ne se sera pas résigné à mettre un terme à ses aventures comme le firent abruptement Colin Dexter en tuant Morse ou Henning Mankell en enfermant Wallander dans Alzheimer. Imaginons-le donc nageant au large de sa maison de Marinella, dégustant les plats d’Angelina et réglant ses inévitables querelles avec Livia dans cette inimitable langue de Camilleri, si bien rendue par Serge Quadruppani.



1/ Lire le noir, acquête sur les lecteurs de romans policiers, Annie Collovald et Erik Neveu, Presses universitaire de Rennes, 2013

2/ Maj Sjöwall et Per Wahlöö



La même critique apparait pour Un été ardent et La patience de l’araignée.


Lien : http://www.polarsurbains.com..
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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
1998

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