Andrea di Robilant

Le temps resta froid et pluvieux toute la matinée. Les bateliers revinrent chercher les chasseurs dans les roseaux pour les ramener sur la rive. On aligna les canards par terre devant le pavillon et on les compta. Puis on se réunit autour de la cheminée avec du vin rouge, chacun se vantant de ses prouesses. Adriana, la seule femme, se tenait un peu à part. Elle était trempée jusqu'aux os et voulait sécher ses longs cheveux noirs à la chaleur du feu. Lorsqu'elle demanda si quelqu'un avait un peigne, on ne lui prêta guère attention. Mais Hemingway s'approcha d'elle, fouillant dans les poches de sa veste. Il en tira un peigne qu'il cassa en deux.

Ce n'était pas uniquement le passé qui le fascinait : plus il apprenait à connaître Venise, plus il y était attaché. Il s'était mis en tête qu'il avait payé le prix du sang pour délivrer la ville de l'ennemi ; il y avait donc un lien indissoluble entre eux dans son esprit.