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Citations de Andreï Makine (1434)


Notre erreur fatale est de chercher des paradis pérennes. Des plaisirs qui ne s’usent pas, des attachements persistants, des caresses à la vitalité des lianes : l’arbre meurt mais leurs entrelacs continuent à verdoyer. Cette obsession de la durée nous fait manquer tant de paradis fugaces, les seuls que nous puissions approcher au cours de notre trajet de mortels. Leurs éblouissements surgissent dans des lieux souvent si humbles et éphémères que nous refusons de nous y attarder. Nous préférons bâtir nos rêves avec les blocs granitiques des décennies. Nous nous croyons destinés à une longévité de statues.
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Désormais,nous parlions pour ne rien dire.Nous vîmes s'installer entre nous l'écran de ces mots lisses, de ces reflets sonores du quotidien, de ce liquide verbal dont on se sent obligé, on ne sait pourquoi, de remplir le silence.Avec stupeur,je découvrais que parler était, en fait,la meilleure façon de taire l'essentiel
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Je me souviens qu'en parlant de cette vie Gartsev me confia : " Je ne n'aurais jamais cru que l'homme avait besoin de si peu. "
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... le bonheur n’a, pour échelle de mesure, que notre propre existence, riche ou déshéritée.
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Un soleil pâle, l’infini de l’étendue marine et, à l’arrière, l’attente éternelle de la taïga. Le temps aboli.
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Je progressai lentement d'une épitaphe à l'autre : Capitaine aux dragons de l'impératrice. Général de division. Peintre d'Histoire, attaché aux armées françaises : Afrique, Italie, Syrie, Mexique. Intendant général. Président de section au Conseil d'Etat. Femme de lettres. Ancien grand référendaire du Sénat. Lieutenant au 224 d'Infanterie. Croix de Guerre avec Palmes. Mort pour la France… C'étaient les ombres d'un empire qui avait jadis resplendi aux quatre coins du monde… L'inscription la plus récente était également la plus brève : Françoise, 2 novembre 1952 – 10 mai 1969. Seize ans, toute autre parole aurait été de trop.
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Il imagina des rochers bordés par une mer nocturne, la dorure pâle de la lune... Et, se détachant d'une falaise, une femme qui venait à sa rencontre.
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Andreï Makine
(suite)

- Au-delà du débat sur les causes et les responsabilités de chacun dans la guerre, que pensez-vous de la réponse européenne ?
Bruno Le Maire a été critiqué pour avoir parlé de guerre totale, mais il a eu le mérite de dire la vérité et d'annoncer la couleur, loin de l'hypocrisie de ceux qui envoient des armes et des mercenaires et entendent ruiner l'économie russe, mais prétendent qu'ils ne font pas la guerre. En vérité, il s'agit bien de provoquer l'effondrement de la Russie, l'appauvrissement de son peuple. Il faut le dire clairement : l'Occident est en guerre contre la Russie.
Cependant, s'il y a un aspect positif pour la possible démocratisation de la Russie, c'est que l'on va anéantir la construction oligarchique qui est une vraie tumeur depuis les années 90. J'invite les dirigeants européens à exproprier les oligarques prédateurs, à confisquer ces milliards de roubles volés et investis à Londres et, plutôt que de les bloquer comme on le fait aujourd'hui, à les donner aux pauvres en Europe et en Russie.
- Que peut-on faire d'autre ?
Pour cesser les hostilités, pour donner un avenir à l'Ukraine, on pense toujours qu'il faut avancer ; parfois il faut, au contraire, reculer. Il faut dire : « on s'est trompé ». En 1992, après la chute du mur de Berlin, nous nous trouvions à une bifurcation. Nous nous sommes trompés de chemin. Je pensais alors véritablement qu'il n'y aurait plus de blocs, que l'Otan allait être dissoute car l'Amérique n'avait plus d'ennemi, que nous allions former un grand continent pacifique. Mais je pressentais aussi que cela allait exploser car il y avait déjà des tensions : dans le Caucase, en Arménie dans le Haut-Karabakh… À l'époque, j'avais écrit une lettre à François Mitterrand.
- Quel était le contenu de cette lettre ?
J'ignore s'il l'a reçue, mais j'évoquais la construction d'une Europe qui n'avait rien à voir avec le monstre bureaucratique représenté aujourd'hui par Madame von der Leyen. Je rêvais d'une Europe respectueuse des identités, à l'image de la Mitteleuropa de Zweig et de Rilke. Une Europe finalement plus puissante car plus souple, à laquelle on aurait pu adjoindre l'Ukraine, les Pays Baltes et pourquoi pas la Biélorussie. Mais une Europe sans armes, sans blocs militaires, une Europe composée de sanctuaires de la paix. Les deux garants de cette architecture auraient été la France et la Russie, deux puissances nucléaires situées aux deux extrémités de l'Europe, chargées légalement par l'ONU de protéger cet ensemble.
- Est-ce réaliste ?
La Mitteleuropa n'est pas une utopie, elle a existé. Je veux y croire et marteler cette idée. Il y a quelques années, j'ai rencontré Jacques Chirac puis Dominique de Villepin, qui partageaient cette vision d'une Europe de Paris à Saint-Pétersbourg. Mais les Américains en ont décidé autrement. Cela aurait signifié la fin de l'Otan, la fin de la militarisation de l'Europe qui, appuyée sur la Russie et ses richesses, serait devenue trop puissante et indépendante. J'espère tout de même qu'un nouveau président s'emparera de cette idée. L'Europe est un Titanic qui sombre et d'un pont à l'autre, on se bat.
Cette situation est tellement tragique, tellement chaotique, qu'il faudrait proposer une solution radicale, c'est-à-dire revenir à la bifurcation de 1992 et reconnaître qu'il ne fallait pas relancer la course aux armements, reprendre cette direction démocratique et pacifique qui pouvait très bien inclure la Russie. Cela damnerait le pion aux tendances extrêmes en Russie. Cela éviterait l'effondrement politique et économique qui concerne toute la planète. Ce serait une issue honorable pour tout le monde et cela permettrait de construire une Europe de la paix, des intellectuels, de la culture. Notre continent est un trésor vivant, il faut le protéger. Hélas, on préfère prendre le contre-pied de cette proposition : bannir Dostoïevski et faire la guerre. C'est la destruction garantie car il n'y aura pas de vainqueur.
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Ce que je vis, arrivant là-haut, fut impossible à exprimer. L'infini, le néant, la chute dans le vide...Ma pensée articulait ces mots qui s'effaçaient devant la vertigineuse beauté qui n'en avait plus besoin. Une légère brume voilait l'horizon. L'océan unit au ciel était l'unique élément qui nous entourait de toutes parts. Et le soleil, déjà bas, renforçait cette sensation de fusion, recouvrant tout d'un poudroiement doré, ne laissant pas le regard s'accrocher à un détail. Nous étions, je le voyais à présent, au point culminant d'une petite péninsule et la hauteur du lieu créait cet effet de lévitation au-dessus de l'immensité océanique.
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Dans ce monde confus, l'unique constante s'imposait : la haine. Elle pouvait résulter du désir, de la peur ou bien des idées apparemment nobles et, curieusement, les plus meurtrières.
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Les femmes, les hommes, l'amour...C'est aussi du cinéma. Sur le moment, on souffre, et après, on ne se rappelle même plus le nom des comédiens.
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Le commandant s'affala près du feu, nous invitant, Vassine et moi, à prendre place. Dans une prestidigitation solennelle, il plongea une main dans son sac et en retira une bouteille d'un litre.
" Voilà ! Du pur alcool d'infirmerie."
La bouteille était déjà bien entamée, mais Boutov, interceptant notre coup d'oeil, nous rassura : "Du cent pour cent. Pour une part, vous mettez quatre parts d'eau... Et n'oubliez pas ça !" Dans sa tasse d'aluminium, il écrasa une poignée de framboises sauvages. "Mieux qu'un porto !"
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On oublie que c'était une femme. Ségur l'appelait "cette femme grand homme"  et Ligne - "Catherine le Grand". Comme si tout ce qu'il y avait de grand en elle provenait de sa virilité cachée...

- C'étaient de beaux compliments ! On soulignait sa forte personnalité, sa singularité...
- Sa solitude surtout. Oui, une femme très seule avec, à ses côtés, deux espèces d'hommes : des brutes qui la traitaient en femelle et des jouvenceaux pour qui elle devenait la bonne maman. Et quand elle voulait être juste une femme aimante, on parlait de ses "fureurs utérines", de son "vagin insatiable"... On guettait, en elle, le moindre signe de vieillissement. À la première ride, haro ! "Sa poitrine s'affaisse", "les amples habits russes ne dissimulent plus l'épaisseur de ses hanches", et autres gracieusetés...
- Les biographes ne sont pas plus tendres avec les hommes, Eva...
- Peut-être... Mais dites-moi, que signifie le mot courtisan ? .'
- Euh... c'est un homme de cour...
- Et une courtisane ?
- Disons, une femme aux mœurs... légères.
- Une pute, quoi. Et un "homme à femmes », comme Potemkine ?
- Un séducteur?
- Et une "femme à hommes"?
- Eh oui... Une traînée.
- Un "homme public" est une célébrité et une "femme publique" est fatalement une salope... La langue trahit toujours les lois de ce monde. Et notre "Catherine le Grand" n’y pouvait rien, car ces lois ne prévoyaient pas son cas à elle : une femme qui cherchait à être aimée. Il faudrait imaginer une rencontre... Oui, un homme suffisamment étranger à ce monde-là...»
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Andreï Makine
Il quittait son refuge au milieu de la nuit, se lavait, se dégourdissait les jambes. La tranquillité des champs, le ciel, les étoiles embuées de chaleur, tout l'invitait à la confiance, à la joie de la vie. Tout mentait. (p. 65)
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Encore enfant, je devinais que ce sourire très singulier représentait pour chaque femme une étrange petite victoire. Oui, une éphémère revanche sur les espoirs déçus, sur la grossièreté des hommes, sur la rareté des choses belles et vraies dans ce monde. Si j'avais su le dire, à l'époque, j'aurais appelé cette façon de sourire "féminité"...
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Il n'avait pas l'impression de jouer. Il avançait à travers une nuit, respirait sa transparence fragile faite d'infinies facettes de glace, de feuilles, de vent. Il ne portait plus aucun mal en lui. Pas de crainte de ce qui allait arriver. Pas d'angoisse ou de remords. La nuit à travers laquelle il avançait disait et ce mal, et cette peur, et l'irrémédiable brisure du passé mais tout cela était déjà devenu musique et n'existait que par sa beauté.
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Il aurait dû dire à Vlad qu’autrefois un recueil de poèmes pouvait changer votre vie, mais un poème pouvait aussi coûter la vie à son auteur. Les strophes avaient le poids des longues peines derrière le cercle polaire où tant de poètes avaient disparu…
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la mer gonfle, explose, se chiffonne de crêtes d’écume, s’enfle dans un rapide mûrissement des masses d’eau qui exhibent leurs entrailles verdâtres, me fouettent de sel, entraînent le bateau dans un glissement oblique, lui faisant heurter une vague en fuite. Au-dessus de ce chaos, le ciel demeure d’une sérénité impassible, égale dans sa tonalité d’acier, un miroir mat qui reflète ce grain de poussière – notre bateau – perdu au milieu du néant. Le soleil ne s’est pas encore levé et cette clarté sans nuances est celle d’une planète inconnue, recouverte tout entière d’un océan des premiers âges…
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Comment, avec son air de valser sur les nuages, pouvait-elle apprendre la comptabilité ?
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Quand la tourmente se calma, il crut comprendre le secret de l'existence prospère que lui offrait l'AIizé. Bien plus que l'appartenance à la classe des privilégiés, on y goûtait la complexité des sentiments, la délicatesse des manières, toute une grammaire de séduction, les gammes de vins, de parfums, mille nuances parlantes. Comme cette lenteur avec laquelle Léra et Tomine avançaient vers leur nuit d'amour. Et même les agrafes du bustier, malaisées à desserrer, devenaient nécessaires pour aiguiser la soif de la possession. Oui, un jeu théâtral, plus important que la réalité elle-même.
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