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3.62/5 (sur 135 notes)

Nationalité : Pologne
Né(e) à : Varsovie , le 25/09/1960
Biographie :

Andrzej Stasiuk est un écrivain, poète, essayiste et critique littéraire.

Il a obtenu de nombreux prix littéraires parmi lesquels le prestigieux prix de la Fondation culturelle de Pologne en 1994 et le prix de Koscielski en 1995.

Dans sa jeunesse, militant pacifiste, il refuse de faire son service militaire. Il passe alors deux ans en prison, expérience qu'il racontera plus tard dans son livre Mury Hebronu (« Les murs d'Hébron »). Il a ensuite travaillé pour des journaux clandestins.

Il a quitté Varsovie en 1987 pour s'établir dans un petit village des montagnes de Beskides où il habite encore.

Depuis 1996, il dirige avec sa femme Monika Sznajderman la maison d'édition Czarne spécialisée dans la littérature d'Europe centrale.

Il est considéré comme le chef de file de la littérature polonaise contemporaine. Outre ces poésies et ses nouvelles « Par le fleuve » éditions le Passeur, 2000, Dukla (2003) ou « l’Hiver » (2006)
Il a écrit des récits de voyage tels : « Contes de Galicie » (2004) ou « Sur la route de Babadag » (2OO7); Ou encore Taksim (2011) son roman, qui nous fait voyager dans des coins perdus des Carpates.
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Bibliographie de Andrzej Stasiuk   (18)Voir plus

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Le jeudi 25 octobre 2018, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr) recevait Hélène Gaudy en qualité de libraire invité. Elle nous présentait sept livres qui lui tiennent particulièrement à c?ur : 1. Georges-Arthur Goldschmidt, La traversée des fleuves (02:05) 2. Andrzej Stasiuk, Un vague sentiment de perte (12:15) 3. Jakuta Alikavazovic, L'avancée de la nuit (20:40) 4. Sylvain Prudhomme, Là, avait dit Bahi (32:26) 5. Jean-Christophe Bailly, Description d'Olonne (42:16) 6. Georges Perec, W ou le souvenir d'enfance (48:10) 7. Gwenaëlle Aubry, Personne (54:40) En fin de rencontre, Charybde 7 évoquait chaleureusement plusieurs ouvrages d'Hélène Gaudy (1:00:30)

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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Le regard de Pawel va de l'un à l'autre de ces deux hommes. Ses yeux bleus semblent transparents, immatériels, tant pour lui les récits se transforment en tableaux. Ils pénètrent en lui sans qu'il leur oppose la moindre résistance, ils éclairent son âme. En lui, les images s'agencent de façons étranges et compliquées, jusqu'à ce qu'il soit impossible de savoir si Pawel écoute, s'il se livre à une observation du monde ou s'il regarde en lui-même, en un point unique de sa propre tête.
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Puis je pensai à ma grand-mère. Elle croyait aux fantômes, souvent ils lui rendaient visite. La maison se trouvait dans un vieux verger au bout du village. Elle racontait ses visions tranquillement comme quelque chose de naturel. Les fantômes venaient tant le jour que la nuit, entraient simplement par la porte et la surprenaient dans ses activités quotidiennes à la ferme ou dans sa cuisine. Ils avaient l’air humain, mais étaient faits dans une substance plus légère, souvent ils ressemblaient à quelqu’un de la famille. Tout le monde croyait à ses histoires. Moi aussi. […] « Il est passé par là, s’est arrêté ici, a ouvert le tiroir, a fait sonner les cuillères, mais n’a rien dérangé. » J’adorais son sens du concret Ces événements avaient toujours leur temps et leur endroit propres. « Il était six heures, je venais de me réveiller, je m’étais assise sur le lit. Mais il est venu de l’alcôve, pas du couloir. » Ces témoignages étaient totalement désintéressés, ne voulaient rien prouver ni rien promettre. J’y crois encore. Jamais depuis ce temps-là je ne fus confronté à des signes si simples et si directs. Face à l’extraordinaire, son seul compromis était de ponctuer ses récits de « qu’est-ce que j’ai eu peur » spontanés et rhétoriques. Car on ne voyait aucune peur. Ça sonnait plutôt comme « qu’est-ce que j’ai été surprise », « oh là là ». Venant du passé, sa famille et ses amis ne faisaient rien d’autre que de lui rendre visite. Ils s’attardaient un peu à la fenêtre ou à côté du buffet blanc, puis repartaient, laissant derrière eux la porte entrouverte qu’il fallait refermer à cause des courants d’air. […] Puis un jour, ma grand-mère décéda. Je me réveillai dans la pièce voisine de la sienne, et les tantes qui la veillaient me dirent : « Tu n’as plus ta grand-mère. » Je l’aimais et cela me rendit triste. Elle était maintenant allongée, droite, le visage grave et sévère. J’étais près d’elle et regardais. Dans le silence de la matinée, j’entendais mes tantes s’affairer quelque part derrière moi, une matinée ordinaire de plus dans une maison à la campagne, et je sentis que cette mort, que peut-être même la mort, était quelque chose de, comment dire, un peu surfait. Je sentais que ma grand-mère n’était absente qu’un peu, quelle s’était discrètement faufilée hors de cette chambre et de ce monde pour aller dans un endroit pas très loin, quelle avait seulement rejoint ceux qui lui rendaient visite et que, si elle le voulait, elle viendrait comme eux avant. C’est-à-dire que je savais qu’elle était vivante. Seulement, elle n’avait pas pu prendre avec elle la silhouette qui reposait maintenant dans son lit. Elle n’en avait certainement pas besoin.
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Babadag, de nouveau, comme il y a deux ans : le car fait un arrêt de dix minutes, le chauffeur s’éclipse, la marmaille fait la manche sans conviction dans la chaleur torride de midi, rien n’a changé. Seuls les billets de mille lei avec Eminescu ont disparu, remplacés désormais par de petits ronds en aluminium représentant Constantin Brâncoveanu.
(p. 308)
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Un voyage du pays du roi Ubu au pays du vampire Dracula ne peut pas renfermer de souvenirs auxquels on puisse croire plus tard, comment on croit, par exemple, à l'existence de Paris, de Stonehenge ou de la place Saint-Marc.
(p. 22)
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Olgierd Giemza, celui qui peignit les icones de l’eglise orthodoxe du coin, et de quelques-unes du cote slovaque ; d’ailleurs, pour cela, il fut oblige de se confesser devant les schismatiques, or le pretre ne lui donna pas de penitence, mais lui demanda en revanche de peindre sainte Anne dans la chapelle laterale de l’eglise, seulement voila, chaque fois ce qu’il obtenait, c’etait sainte Paraskewa, alors il devint fou, jeta ses peintures, cassa ses pinceaux et partit en Terre sainte chercher le pardon ou un chatiment. Tout cela est tres lointain.
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Je me suis dit, mon Dieu, cette tête de lard veut un but. J’ai passé ma vie à rouler sans but, et c’est dans ce trou du cul qu’on me cherche des poux. J’allais à Mourghab sans but. Rien que pour la sonorité du nom, et lui, il m’interroge sur des questions existentielles. Et si c’était pour chercher des patates, ça irait ? Ou trois kilos d’héro afghane, ce serait compréhensible ? Putain, j’ai cinquante-trois ans et ce merdeux me demande quel est mon but… Je respire un grand coup et lui dis :
— La route et le voyage sont un but en eux-mêmes !
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Sa fille est nee pendant la liberation, il y a quarante et quelques annees, alors quelque part c’est une chance qu’elle se soit trouve un mari. Il avait un visage comme une vieille pierre. On peut tout cacher sous un masque pareil, on s’attend a tout de cette immobilite. Il avait dans les quarante ans, lui aussi. A cet age-la, on ne change pas ses habitudes : travailler, boire, frapper, dormir. La previsibilite est securisante.
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Je voudrais toujours commencer mes récits ainsi, par les corps et les choses parce que je manque de foi pour les ressusciter. A supposer que la résurrection des corps advienne, que feront ces corps sans le reste, sans tout ce qui constitue leur monde ? Comment se retrouveront-ils dans l'espace, si tant est que celui-ci soit ? Que feront-ils sans leur chien, leur maison, et sans les variations du temps ? Cette angoisse me saisit chaque fois que je parviens à croire que quelqu'un me reconstituera un jour, qu'il me remettra sur pied, qu'il me donnera une tape dans le dos et me dira : "Allez, va !" Ne demanderai-je pas alors : "Allez où ? Comment ?
A quelle fin ? " Devant moi n'y aura-t-il pas très certainement qu'un vide parfait inscrit dans l'éternité ?
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[…] le village de Sfîntu Gheorghe possédait en lui une sorte d'héroïsme résigné. Soumis aux éléments, plein de précarité, condamné à l'oubli, il se blottissait contre la terre ferme, tel un nid d’hirondelles.
(p. 227)
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Ah, cette solitude d’Europe centrale ! Cet abandon éternel, irrémédiable, parce que les remèdes ne sont pas rétroactifs et ne peuvent ressusciter ce qui est mort. Solitude et délaissements éternels, permanents. Solitude des orphelins de la Grande-Moravie, des orphelins des Jagellon (Dynastie d’origine lituanienne qui régna en Pologne et épisodiquement en Bohême et en Hongrie aux XVe et XVIe siècles), de l’Autriche-Hongrie, de la Yougoslavie, des démocraties populaires. La boucle de l’histoire et le bouton du présent. Comment faire tenir un récit dans une langue dont la grammaire ne prévoit pas le temps futur ? Il en sort toujours une manière d’élégie, une espèce de légende, une narration circulaire qui doit revenir vers le passé, parce que non seulement le futur, mais aussi le présent la remplit de frayeur. Ici le passé n’est jamais une faute, c’est toujours une absolution. (…) La mémoire et le destin vus comme une nécessité nous préservent du contact froid de la solitude. Finalement, seul ce qui est passé a existé pour de vrai et confirme quelque peu notre existence centre-européenne.
(…) la folie de la littérature qui devance de quelques pas la folie du monde rappelle de manière inquiétante la santé. p 30 31 (Bulatović
)
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