A l’instant même où le roi entendit le nom du Bouddha, son coeur se gonfla d’une immense tendresse. Il se souvint qu’il avait lui même été bon et généreux dans ses vies passées. Il formula le souhait suivant:
“J’aimerais tellement délivrer tous les êtres de la souffrance! Je voudrais leur faire comprendre que c’est l’ignorance qui les rend malheureux. Ah! s’ils pouvaient suivre le chemin de la sagesse et de l’amour et devenir tous des bouddhas ! ”
C’était un voeu si généreux que, du haut du ciel, on entendit les dieux proclamer:
“Le roi Rabsel atteindra l’état de bouddha grâce à sa générosité et au voeu qu’il vient de faire!”
A partir de ce jour là, le roi se souvint de toutes les vies extraordinaires au cours desquelles il avait été un homme très sage. Il devint un bodhisattva, un être au grand coeur qui préfère rester dans le monde pour aider les êtres plutôt que de devenir un bouddha immédiatement.
Avec ses yeux célestes, il voyait au delà de l’horizon.
Passepartout baissait la tête pour éviter les branches. Secoué par les mouvements désordonnés de l'éléphant, il avait du mal à parler. Il hoqueta:
“Il est aussi difficile de dompter un esprit emporté par la passion que d’inverser le cours d’une cascade. Regardez, Majesté! Depuis que l’éléphant a senti l’odeur de la femelle mon crochet ne lui fait pas plus d’effet que la caresse d’une plume.” Et il tressautait de plus belle incapable de calmer l’animal. “Il n’y a rien à faire, il ne veut pas m’écouter. Voilà ce qui arrive à ceux qui se laisse emporter par leurs envies! Rien, ni la fatigue, ni la menace, ni aucune chaîne ne peut les retenir, et…, une secousse brutale le fit retomber lourdement sur le dos de l’éléphant… Et ils prennent forcément le mauvais chemin”, dit-il le souffle coupé.
“S’il en est ainsi, cria le roi, laissons l’éléphant filer où il voudra! Quant à nous, essayons d’attraper une liane pour nous arracher à ce diable d’animal!”
Une fleur de lotus jaillissait de terre à chacun des pas de l’enfant.
C’est pourquoi on l’avait appelée Semeuse de Lotus.
La petite fille grandit et devint une charmante jeune femme. Par un après-midi de grande chaleur, elle s’en alla chercher de l’eau à la source. De petits faons, cachés dans les fourrés, l’observaient à la dérobée. La forêt était calme, mais elle n’était pas déserte...
À quelques pas de là, le roi Brahmadatta qui se promenait à cheval depuis le matin, cherchait lui aussi à se désaltérer. En effet, le soleil brûlant perçait le couvert des arbres et le roi avait très chaud.
Des gouttes de sueur tombaient de son front comme de petites perles.
L’enfant n’était pas comme les autres. À peine né, il se mit debout et fit sept pas dans chacune des quatre directions. En allant vers l’est, il dit : « Comme le soleil levant marque le début de la journée, voici une nouvelle vie qui commence. Je fais le vœu de chercher et de trouver, au cours des années à venir, la cause de toutes les souffrances. »
Puis il se dirigea vers le sud et ajouta : « Je découvrirai tout ce qu’il y a à connaître dans ce monde. » Faisant sept pas vers l’ouest, il dit encore : « Comme le soleil couchant marque la fin d’une journée, cette vie marquera la fin d’une illusion, celle de l’existence du moi. »
Dans cette vie-là, dit le Bouddha, j’étais le grand cerf doré.
Devadatta, mon cousin, qui de vie en vie reste toujours aussi jaloux et violent, était le criminel.
Là bas, on mange des petits enfants.
Que peut-on redouter de pire? un instant, tout est comme cela doit être. L'instant d'après, rien de ce qu'on avait précédemment pris pour la vérité de Dieu ne semble plus viable. tout est perdu, tout est ébranlé, on ne peux plus se raccrocher à rien.