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Critiques de Ann Radcliffe (84)
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Les Mystères d'Udolphe

Ceci n'est pas un livre.



Éminent, redoutable et mystérieux ce «non-livre» peut s'apparenter à un tourbillon passionnant et passionné.



Ann Radcliffe arrive avec talent à emporter son lectorat en 1584 pour le faire pénétrer un univers singulier troublant de réalisme. Ici pas de «Famille Adams» ni d'«Edouard et de Bella» (pour reprendre des références «hyper» cultes), juste des frissons, des soupirs, des pensées et des ressentis... Elle démaquille le surnaturel, le met à nu, joue avec afin d'apporter aux lecteurs toutes les subtilités que ce monde angoissant d'invisibilité peut comporter. Enfin, elle le met en scène à travers un amour impossible et triste lequel vient saupoudrer de sa fine et tendre poussière les quelques ruines de la vie de l'héroïne.



Une belle preuve que l'écriture n'a nul besoin d'être surfaite pour provoquer des sentiments et des émotions ou pour créer un univers particulier. Le tout est de bien savoir s'approprier les mots et le sens de ce que l'on veut écrire. Une fois que cela est fait, alors on peut peut-être aboutir à un non-livre comme celui-ci.
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Romans terrifiants

Romantiques, gothiques et terrifiants! Mais comment peut-on aimer les romans qui font peur?



Jouer avec la peur, on apprend ça au biberon. Le tout petit que son papa lance en l’air a vraiment peur, mais il apprend à se sentir en sécurité et le jeu suscite le rire aux éclats.



On jouera ensuite avec la peur dans les contes de fées. On ne se rend pas toujours bien compte de leur aspect terrifiant. Je me souviens qu’après avoir lu le « Petit Poucet », mon fils inquiet m’a demandé : « Mais nous, Maman, on n’est pas pauvres? » Quoi de plus terrorisant pour un enfant que d'imaginer qu’il pourrait être abandonné dans la forêt par ses parents trop pauvres? Et tous ces autres contes qui cultivent la peur avec ces ogres, dragons et sorcières (sans compter le monstre en dessous du lit…)



Même l’éducation religieuse a contribué à l’horreur, avec ses démons et ses visions d’enfer, sans compter les revenants et autres créatures de l’au-delà.



Le bébé devenu grand retrouvera la peur physique dans les manèges des parcs d’attractions. Le lecteur pourra aussi passer tout naturellement des contes de fées aux romans d’horreur.



Ce volume rassemble des textes fondateurs du genre, des romans du 18e et du début du 19e siècle.

• « Le château d’Otrante » d’Horace Walpole (1764), dont on dit qu’il est le premier roman noir.

• « L'Italien ou le confessionnal des pénitents noirs » de Ann Radcliffe (1797), romancière gothique qui a influencé son époque, de Jane Austen à Balzac.

• « Le Moine » de Matthew Gregory Lewis (1797), qui illustre la lutte contre la perversion.

• « Les élixirs du diable » de Ernst Theodor Amadeus Hoffman (1816), un romantique allemand

• « Melmoth ou l’homme errant » (1820) de Charles Robert Maturin, œuvre qui fascina Balzac au point qu’il écrive une suite « Melmoth réconcilié » en 1835.



Une brique de 950 pages, un papier fin et jauni, tout pour créer un ton glauque. Une atmosphère gothique, des drames d’amour et des frayeurs mystiques ou surnaturelles, dans un décor historique. Des œuvres qu’on lira pour leur contribution littéraire et l’une introduction du recueil et ses notices biographiques aident à en situer l’importance.



Sur le plan de l’émotion, c’est un peu plus difficile d’entrer dans ces histoires, de s’identifier à ces héros et d’en ressentir la terreur. Je préfère les romans où il s’agit de jouer avec sa peur… mais en conservant le petit doute : et si c’était vrai?
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Les Mystères d'Udolphe



Le genre gothique est un moment de la littérature anglaise que l’on fait généralement commencer en 1764 avec Le château d’Otrante d’Horace Walpole et qui continue jusqu’en 1830 environ. Radcliffe est considérée comme la principale représentante de ce genre.

Dans une époque où l’on prenait son temps même dans la littérature, l’intrigue est longue à se mettre en place. Il faut dire qu’il ne s’agit pas d’une simple accumulation de faits angoissants mais d’une vraie histoire.

Émilie Saint Aubert est l’enfant chérie d’un père veuf, qui professe un amour de la nature, source selon lui de vertu contrairement aux relations sociales. Au cours de pérégrinations en compagnie de son père au sein des Pyrénées, elle rencontre un jeune homme qui partage son enthousiasme pour les paysages. Mais lorsque son père décède en la laissant sous la protection de sa sœur Mme Cheron, pourtant peu aimante, elle refuse de l’épouser en secret. Madame Cheron ayant elle-même bientôt épousé le sieur Montoni, Émilie doit se résoudre à les suivre d’abord à Venise puis dans le château d’Udolphe. Dans ce château les couloirs, salles, escaliers semblent sans fin et donnent une impression de labyrinthe qui participe à l’atmosphère angoissante, du moins angoissante pour le public de la fin 18ème. Si on ne frissonne pas vraiment, l’histoire est prenante et l’on espère qu’Émilie, digne jeune fille de son temps qui s’évanouit parfois, finira par trouver l’amour et le bonheur. Il m’est arrivé à de nombreuses reprises, comme je suppose beaucoup d’autres lecteurs, d’avoir envie de la secouer, de lui enjoindre de cesser de tendre l’autre joue. Son attitude est assez difficile à appréhender avec notre état d’esprit actuel, mais est-elle représentative dans sa gentillesse que je qualifierai d’excessive des femmes de son temps ? En fait l’histoire est sensée se passer fin 16ème mais cela n’est pas vraiment sensible, du moins pour moi.

Ainsi que dans des romans dits populaires tels que les Pardaillans, beaucoup de coïncidences semblent légèrement invraisemblantes. Mais si l’on accepte de se laisser emporter par ce récit de voyages, d’héritages, de mauvais traitements, de disparitions et de réapparitions mystérieuses, la présence opportune de tel ou tel personnage au moment adéquat paraitra tout à fait bienvenue.

Comme souvent les bandits sont de nationalité italienne, ce respect des stéréotypes m’a poussée à me demander pourquoi l’histoire se passe en partie en France et non en Angleterre à laquelle pourtant il me semble facile de rattacher l’idée de château hanté.

Il y a dans ce roman une claire critique de la société. La pureté de cœur et de mœurs ne pouvant exister qu’au contact de la nature.



Challenge ABC 2015-2016

Challenge Pavés 2015-2016

Défi 18ème

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Les Mystères de la forêt

Ann Radcliffe s’inscrivit aussi bien dans la tradition du roman gothique que du roman sentimental. Il y a donc autant de mystères et de frissons que d’effusions de sentiments, qui en rebuteront plus d’un, dans un siècle qui fut aussi bien celui de Rousseau que du Marquis de Sade. Ce roman n’en garde pas moins des images fortes, des paysages et des décors, telle cette abbaye en partie ruinée au milieu d’une forêt et qui cache sous ses voûtes de terribles secrets. C’est pourtant cette abbaye qui sert de refuge à La Motte qui fuyait, en compagnie de sa femme et de quelques domestiques, ses créanciers et Paris où il menait une vie par trop dissipée. Dans sa fuite, égaré sur une lande par une nuit d’orage, il frappe à la porte d’une maison délabrée. Il est d’abord séquestré par une bande de brigands. Mais, dans des circonstances quelque peu étranges, on lui laissa la vie sauve à condition qu’il prenne sous sa protection Adeline, la belle et innocente héroïne, et triste orpheline, de ce roman que le malheur accable depuis sa naissance. C’est aussi dans cette abbaye, ce lieu tantôt lugubre, tantôt enchanteur, qu’apparaît le Marquis de Montalt qui en est le propriétaire, un scélérat, qui commence par poursuivre la jeune fille de ses assiduités puis par ourdir les plus sinistres complots…
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Les Mystères d'Udolphe

"Bonjour les Babélionautes! Avant tout, une bonne année à tous!



-T'es à peine à la bourre. On ne souhaite pas la bonne année fin février!



-Certes, mais je ne vous ai pas oubliés! bref, aujourd'hui, on va parler d'un roman gothique, Les mystères d'Udolphe, d'Ann Radcliffe.



-Alerte divulgâchis: vous allez vous ennuyer.



-Allons, Méchante! Moi, je me suis bien amusée!



-Forcément, t'as des goûts dénaturés!



-(soupir) Or donc la douce et vertueuse Emilie de Saint-Aubert perd ses parents et tombe sous la coupe de sa tante, une femme stupide et vaine. La tante épouse un Italien beau gosse ténébreux et inquiétant, M. Montoni. Ce monsieur les entraîne en Italie, jusque dans son château d'Udolphe!



Emilie parviendra-t-elle à fuir le cruel Montoni et à retrouver l'amour de sa vie, le chevalier Valancourt? D'où vient la musique dehors? La dame du portrait, c'est qui? Et sous le voile noir, c'est quoi? Où est Ludovico? Que de mystères dans ce roman!



Alors, la première chose que j'ai remarquée...



-...c'est sa longueur extrême et démesurée! Presque quinze heures il nous a fallu pour le finir! C'est long, c'est long, c'est beaucoup trop long! 'Faudrait faire comme pour les Chevalers du zodiaque: une version abrégée!



-Oh, moi, ça ne m'a pas déplu... la narration prend son temps, j'y ai vu l'occasion d'entrer en contact avec une autre manière de raconter des histoires...



-Bah si on ne s'y prend plus de cette façon, c'est qu'il y a une raison! Je n'en pouvais plus de ces tableaux sur les beautés de la nature, de la montagne, de Venise!



-Et sinon, ce que j'ai beaucoup aimé, c'est l'aspect roman psychologique...



-Quelle psychologie? Emilie passe son temps à pleurer et à se jeter sur diverses sortes de siège pour s'évanouir ou presque, c'en devient comique!



-Certes, mais si tu regardes bien, le roman est tout entier ou presque tourné vers l'intériorité des personnages! Emilie se réjouit, s'attriste, s'effraie, rêve, médite: j'aime beaucoup le travail accompli sur ses pensées et sentiments. Ils occupent une part considérable dans la narration: c'est cela que je voulais dire par "roman psychologique". Et puis, désolée, mais moi, les "quand je regarde l'horizon je pense à la vie" émeuvent mon petit coeur de midinette romantique du XIXe siècle.



Quant à Emilie elle-même, j'avoue qu'elle est devenue ma copine! J'aime ce personnage faible qui lutte en restant fidèle à lui-même: doux, intègre et inflexible en même temps.



-Pfeuh! Une victime éternelle et dépendante des hommes! Tu parles d'un modèle!



-Non, en effet, pas un modèle, mais...



-Attention, Déidamie! Si tu dis "remets-toi dans le contexte", je casse ton mug préféré, celui avec Chihiro dessus.



-Essaie de voir le texte avec les yeux d'une jeune femme de l'époque! Tu n'as aucun droit ou presque et tu tombes sur ce récit qui alimente cette position de victime dépendante... tu ne peux que te réjouir de trouver des hommes pour te sauver et adoucir ton sort par une jolie entente des coeurs et des sensibilités! Oui, tu peux être soumise aux lois divines et familiales et trouver le bonheur malgré tout.



-Donc en plus d'être niais, le message est puant. Merci Déidamie.



-Euuuh...



-Tu t'attendais pas à celle-là, hein?



-Beeen... non... oui... mais le texte est beau...



-Trop long! Ne lisez pas ce roman, vous risquez de décéder d'ennui!



-Si, lisez-le si vous en avez envie! Mais sachez qu'il est démodé et désuet, un peu comme Le Solitaire ou.. ou mieux, comme les romans que moque si fort Gustave Flaubert dans Madame Bovary. En le lisant, j'ai pensé "C'est donc ça, les messieurs qui pleurent comme des urnes? On y est, là, non?" Et oui, on y est. On touche un peu d'histoire de la littérature avec ce texte."
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L'italien ou le confessionnal des pénitents n..

J'ai décidé de lire cet ouvrage, car il était cité dans La duchesse de Palliano dans Les Chroniques italiennes de Stendhal. J'avoue avoir été un peu effrayée par les étiquettes : "littérature gothique", "fantastique", "épouvante" mais j'ai commencé quelques pages.

J'ai beaucoup aimé, le style, l'ambiance. Il y a des passages tristes, violents même, mais que de rebondissements dans le dernier quart du livre !

Une lecture que je conseille.

Premier contact avec l’œuvre d'Ann Radcliffe réussi !

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Les Mystères de la forêt

Deux parties dans Les mystères de la forêt, deux romans en un. Et tout d'abord, le monde de la forêt où se réfugient Adeline, l'héroïne, et la famille de La Motte, un homme aux abois qui fuit la justice française à cause de ses dettes de jeu.



La première partie relève sans doute bien davantage de la littérature gothique : bien que refuge pour les personnages, la forêt , c'est aussi le lieu des énigmes et des dangers. En son cœur s'élèvent les ruines d'une abbaye gothique recelant sombres couloirs, portes qui grincent, souterrains et chambres dérobées. C'est dire que, si c'est là que vont s'installer La Motte, sa famille, ses domestiques et Adeline, l'orpheline qu'il a tirée des griffes d'hommes aux intentions rien moins que louches, la peur sera leur compagne de tous les jours et, surtout, de toutes les nuits. D'autant que l'abbaye est le sujet des légendes les plus noires et qu'ils vont découvrir un mystérieux squelette caché dans un coffre et un terrible manuscrit. Vous ajouterez à cela l'intervention d'un marquis cruel et vicieux qui n'a pour seule volonté que d'enlever et de violer Adeline, les évanouissements continuels de celles-ci -dévoilant comme par hasard ses appâts aux moments les plus inopportuns - et l’apparition d'un charmant jeune homme qui s'éprend de l'héroïne, et réciproquement... tous les ingrédient du gothique sont réunis. Peu importe donc qu'il ne sa passe pas grand-chose, et qu’on n'apprenne pas grand-chose sur l'histoire d'Adeline, l'essentiel est dans l'atmosphère oppressante, angoissante, terrible de la forêt et de l'abbaye. C'est terrible, donc c'est sublime (définition du gothique). C'est le roman des peurs et des désirs, des rêves et des cauchemars, c'est le roman de l'inconscient.



Mais la suite des aventures d'Adeline, qui va (ah ! enfin!) se prendre en main pour échapper aux horribles projets fomentés par le marquis de Montalt, opérera un véritable revirement dans le roman. De l'abbaye gothique on passe aux paysages pastoraux, des cruels persécuteurs aux amis protecteurs. Si les ennuis d'Adeline ne sont pas, loin de là, terminés, le gothique en prend un grand coup dans l'aile. Et malgré les révélations finales dignes d'une pièce de Molière ("Ah mon fils !" "Ah mon frère !" "Ah ma nièce!") dévoilent bien des vicissitudes encore cachées jusque là, le lecteur et les personnages s'encroûtent. Adeline a réussi son initiation, elle a vaincu les démons - les siens et ceux des autres. Elle est devenue adulte. Mon goût me portant davantage aux frissons délectables ressentis dans la forêt et les ruines gothiques qu'à l'apaisement offert par une nature bienveillante, c'est décidément la première partie des Mystères de la forêt que je préfère, la seconde m'ayant, non pas ennuyée, mais guère passionnée.
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Les Mystères d'Udolphe

Je ne sais plus du tout pourquoi j’ai voulu lire ce livre. Je m’étais même inscrite à une lecture commune ( que je n’ai pas honorée dans les délais impartis ) mais impossible de me rappeler ce qui m’avait motivée à le faire. Ce n’est pas une critique trouvée sur la toile, et je vous arrête tout de suite, ce n’est pas non plus à cause du roman de Jane Austen dont je n’avais pas entendu parler jusque-là. Toujours est-il que me voilà avec ce bon gros pavé entre les mains et une légère appréhension car avant de commencer à en tourner les pages, j’ai lu en diagonale 2-3 avis par-ci par-là qui n’étaient pas très encourageants.

Ayant surmonté mes craintes et avalé les quelques 900 pages, je peux maintenant me féliciter de cette lecture venue d’on ne sait où et qui m’a vraiment enthousiasmée.

Tout ce que je savais de l’histoire avant d’entamer ma lecture était qu’il s’agissait d’une jeune fille et d’un château « hanté ». Je n’en attendais donc rien de particulier et je pense que c’est ce qui fait qu’on apprécie le roman ou non à la fin.



Ma première crainte était l’ennui. Nombre de lecteurs ont déploré le manque d’action et la présence de grosses longueurs.

J’avoue … Les 200 premières pages sont très longues et j’ai du m’accrocher. On a l’impression de piétiner, qu’il ne se passe rien, on attend un événement qui ne vient pas. Et pourtant, Ann Radcliffe tisse lentement sa toile, met en place ses personnages, prépare son intrigue. Quelques interrogations sont soulevées et les premiers mystères s’installent tout doucement, trop doucement pour donner un effet de suspense il est vrai. Néanmoins ces 200 premières pages sont nécessaires et indispensables à la suite du récit. Le lecteur mémorise quelques curiosités afin de savoir si l’auteur n’oubliera pas d’y revenir par la suite.

J’avoue… Il y a beaucoup de descriptions. Ce qui fera obligatoirement soupirer d’ennui ceux qui ne supportent pas qu’on puisse s’attarder pendant dix lignes sur la beauté d’un coucher de soleil dardant ses derniers rayons sur des sommets enneigés. Ann Radcliffe appréciait beaucoup la peinture et ses descriptions sont à l’image de cette passion. Pour ma part, je les ai trouvées magnifiques, j’en ai pris plein les yeux. Ann Radcliffe a un style très poétique qui donne un charme fou à ces paysages sauvages qu’elle dépeint si précisément. Il faut souligner que la nature est omniprésente dans le récit ( ce qui est caractéristique du genre gothique), les paysages ont toute leur place et ils sont extrêmement variés. Le lecteur voyage ainsi parmi les versants abrupts des Pyrénées, porte son regard sur la plaine de la Garonne, traverse les Alpes, vogue à bord des gondoles de Venise et s’achemine péniblement à travers les forêts des Apennins vers le triste et lugubre château d’Udolphe. Les descriptions dans ce roman participent donc par leur puissance d’évocation à l’ambiance du récit, forêts sombres et sinistres, gouffres béants et précipices, éclairs illuminant les remparts délabrés d’un vieux château gothique. Pour ma part, je me suis régalée.

Passé les 200 premières ( et longues) pages, Emilie fait son entrée au château d’Udolphe. A partir de cet instant, Les mystères d’Udolphe s’est transformé pour moi en véritable page-turner, je n’arrivais plus à lâcher mon livre, n’allant me coucher le soir que lorsque mes yeux n’en pouvaient plus. Le côté mystérieux prend de l’ampleur, Ann Radcliffe insère plusieurs éléments propres à créer un climat d’angoisse. Habitués des thrillers, serials-killers, romans d’horreur en tout genre, ne vous attendez pas à retrouver vos frayeurs habituelles, on en est très loin ! Notre société actuelle qui ne cache plus rien de l’horreur dont est capable l’être humain a tendance à rendre le lecteur un peu trop blasé et trop exigeant. Il faut bien avoir à l’esprit que Les mystères d’Udolphe a été écrit au XVIII ème siècle et qu’Ann Radcliffe a placé son action au XVI ème siècle, les sensibilités étaient alors fort différentes et on s’émouvait de peu. Néanmoins, ceux qui comme moi, restent bon public et frissonnent rien qu’à l’idée de se retrouver seul en pleine nuit dans une vieille bâtisse, théâtre d’évènements inhabituels, devraient trouver leur bonheur. D’autant plus que le suspense est entretenu tout du long. Quelle est donc cette forme humaine qui se promène la nuit sur les remparts ? Qu’est-ce qui se cache derrière le voile noir et qui fait trembler Emilie d’épouvante ? Qui est réellement celui qui la retient prisonnière et qu’attend-t-il d’elle ? Pourquoi des personnes disparaissent alors qu’elles passaient la nuit dans la chambre de la marquise, chambre condamnée depuis 20 ans ? Les questions s’accumulent et petit à petit les réponses viennent. Ces réponses pourront surprendre voire en décevoir quelques-uns. En ce qui me concerne, j’ai beaucoup apprécié ces dénouements même si certains peuvent prêter à sourire ( non pas par le ridicule mais par l’humour ) et d’autres peuvent être jugés comme relevant de la facilité. J’ai trouvé que tout était cohérent, tout se tient et s’explique et surtout Ann Radcliffe n’a rien oublié. On obtient la solution à tous les mystères et bien que j’ai pu avoir parfois la puce à l’oreille, elle aura réussi à me berner quelques fois.



La suite sur le blog car j'ai été très inspirée :

http://booksandfruits.over-blog.com/article-les-mysteres-d-udolphe-ann-radcliffe-119463347.html
Lien : http://booksandfruits.over-b..
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Les Mystères d'Udolphe

Quand je me suis retrouvée face à ces 672 pages de roman gothique, j'ai eu quelques appréhensions. En rassemblant toute la motivation possible je me suis attelée à l'ouvrage.

Bien que l’introduction soit incroyablement longue, ce livre m'a fait redécouvrir la littérature d'autrefois. Cette littérature qui vous enivre à chaque page et qui vous chamboule grandement.

Les Mystères d'Udolphe est pour moi un véritable chef d'oeuvre. Ecrit au 18ème siècle, cette histoire se déroulant dans les paysages de mon enfance m'ont émus, m'ont fait rire et parfois trembler. Certes, la naïve Emily est un vrai stéréotype d'une jeune fille de 20 ans de cette époque, mais c'est ce qui fait tout son charme.

Certaines critiques disent que la fin est accélérée et que du coup le lecteur demeure insatisfait. Cela n'a pas été mon cas. Au contraire j'ai trouvé que la fin est telle qu'elle doit l'être : courte et précise, pour que le lecteur puisse enfin avoir toutes les réponses. Une fin plus longue aurait selon doit démystifier l'esprit du roman.

Je conseille vivement ce livre à tous ceux nostalgiques des belles histoires qui touchent le coeur et l'âme. Je le conseille aussi à tous ceux qui aiment les vraies histoires, fouillées et bien écrites. Le livre nous emporte loin dans la déprime pour mieux nous perdre dans l'histoire et j'ai trouvé follement passionnant. Dommage qu'il n'y ait plus de grands auteurs gothiques ...
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Les Mystères d'Udolphe

Écouté en audio pendant une partie d'un trajet vers la Calabre (17 heures)

Anne Radcliffe m'a fait avaler les kilomètres comme un rien (parfumé) le charme désuet des descriptions, de la mise en scène des sentiments, les rebondissements tous plus terribles les uns que les autres m'ont été un véritable divertissement sur l'autostrada.
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Les Mystères d'Udolphe

Roman d'Ann Radcliffe.



1584. Émilie Saint-Aubert a grandi dans le refuge paisible d'un domaine de Gascogne, entourée des soins tendres et affectueux de parents aimants, au sein d'une nature sereine et généreuse. Tous les talents de l'enfant ont été developpés et Émilie présente toutes les grâces physiques et morales d'une jeune fille accomplie mais garde l'âme modeste. Dans les lieux paradisiaques qui entoure La Vallée, le château de son père, Émilie partage ses journées entre l'étude, la pratique du dessin ou de la musique et de longues promenades. Quand la maladie la prive d'abord de sa tendre mère puis de son père, Émilie se voir confiée aux soins abrupts de sa tante, Mme Chéron, femme acariâtre et sans tendresse. Cette dernière épouse un Italien, le signor Montoni dont la sombre réputation le précède et ne fait qu'augmenter à mesure que ses actes révèlent sa nature violente et perverse. "Il aimait le tumulte et la vie orageuse ; il était étranger à la pitié comme à la crainte. Son courage ressemblait à une férocité animale." (p. 481) Montoni entraîne à sa suite épouse et nièce par alliance en Italie, terre de violence où les condottieri sont légions. Dans son lugubre château d'Udolphe, gothique forteresse perdue dans les Apennins, il tient recluses les deux femmes avec pour dessein d'obtenir d'elles toutes sortes de fortunes et d'accords. Le dédale des couloirs et les chambres obscures fournissent à Émilie un nombre infini de terreurs et de craintes. Les portes dérobent de sombres horreurs et tous les recoins semblent abriter des spectres et des secrets sordides. Alors qu'Udolphe est attaqué, Émilie craint pour la vie de son amant, le jeune Valancourt, rencontré lors d'un voyage en Languedoc avec son père. Attachée au seul souvenir de l'élu de son coeur, elle préserve ses forces dans le dessein de le retrouver et de lui offrir et sa fortune et son coeur tout entier.



Ann Radcliffe sert un roman gothique de la meilleure facture. Tout est là pour susciter la terreur et les émois du lecteurs. Une longue mise en situation permet une connaissance intime de la jeune héroïne pour laquelle toute âme charitable ne peut concevoir que la plus grande pitié et frémir de la plus furieuse injustice à la vue des chagrins qui l'accablent. L'accumulation de ses malheurs est infinie, mais par un curieux effet d'accoutumance et de dépendance, la lectrice que je suis en voulait toujours plus, pour voir tout ce que la pauvre Émilie pouvait endurer, en versant comme il se doit des seaux de larmes et en se pâmant tous les sept paragraphes. Si je suis un peu ironique, c'est parce que je suis éberluée par la faiblesse des nerfs de la jeune fille, mais il semble qu'à l'époque il était de bon ton pour une femme de perdre ses esprits à la moindre contrariété ou frayeur... Petite digression: les malheurs d'Émilie m'ont rappelé ceux de la Justine de Sade, les sévices sexuels en moins. Dans les deux textes, les jeunes filles en fleur, parées de toutes les grâces possibles, sont précipitées dans des univers sombres et violents d'où seule la pureté de leur âme peut les tirer.



J'en reviens à la nature du roman gothique. Les personnages de noble nature s'opposent aux vilaines âmes qui n'entendent jamais la voix de la raison ou les plaintes éplorées des suppliantes. Les éléments mystérieux et terrifiants sont légions: voix venues de nulle part, lueurs nocturnes vacillantes, voiles noirs qui couvrent des tableaux horrifiques, ombres spectrales, portes vérouillées ou qui grincent, etc. La description du château d'Udolphe, la "gothique splendeur de son architecture, ses antiques murailles de pierre grise, [qui] en faisaient un objet imposant et sinistre." (p. 312), s'opposent aux charmes naturels et arcadiens de La Vallée, le berceau de l'enfance d'Émilie. Le locus amoenus de Lucrèce est revisité et déplacé en Gascogne. Tout s'oppose à la merveilleuse sérénité de La Vallée dont le nom annonce déjà toutes les beautés et les vertus. À la douceur de La Vallée, nature maîtrisée et domptée par l'homme, s'oppose la sauvagerie de la nature intouchée. Les voyages d'Émilie dans les Pyrénées, les Alpes et les Apennins la confrontent à la beauté féroce de paysages accidentés et inexplorés. Son esprit fragile et enflammé par une imagination féconde la pousse à se voir sans cesse dans les pires dangers et vouée aux périls les plus mortels.



Il se peint en filigrane de ce roman une acerbe critique de la société et des mondanités. La nature telle que la célèbrent Émilie et Blanche est le seul environnement où l'âme peut communier avec le Seigneur. Le vice des sociétés et leurs penchants dénaturés sont morbides pour l'esprit et le corps. Seule une âme forte et pure peut résister aux tentations et se défaire des néfastes habitudes de la ville. Le danger n'est pas que dans les montagnes reculées ou les châteaux isolés, il est tapi dans les relations douteuses qu'entretiennent les gens du monde. Les secrets que dissimule M. Saint-Aubert autour du portrait d'une autre femme et d'un manuscrit répondent au mystère qui entoure la disparition de la signora Laurentini, ancienne propriétaire d'Udolphe. Si l'on finit par comprendre que les deux histoires se rejoignent et que les coupables sont en fait les victimes, la conclusion des deux drames tend à réaffirmer que le monde, la politique et la vie en société ne sont que frivolités et dangers. La seule source de félicité ne peut se trouver que dans la paisible retraite du monde en un lieu protégé et au sein d'une compagnie choisie et limitée.



La musique est omniprésente au fil des pages. Émilie pince plus souvent qu'à son tour les cordes de son luth. De nombreux chants et mélodies mystérieux résonnent dans les bois qu'elle traverse. Le luth se fait la voix du coeur, des sentiments, des souvenirs et de la mélancolie. Le lyrisme est au rendez-vous, la suavité aussi. Tout cela concourt à accentuer l'horreur que véhiculent les éléments du roman gothique.



Comme dans toute structure manichéenne, il faut que les deux parties s'identifient rapidement. Il me semble que, dans ce roman plus que dans tout autre que j'ai lus, les caractères se lisent sur les visages. Les méchants ont la gueule de l'emploi, les gentils tout autant. Si les personnages principaux bénéficient de longues descriptions qui permettent de ne concevoir aucun doute sur leur naturel, les personnages secondaires sont plus rapidement esquissés, mais plus clairement également. Les domestiques ont tous un défaut majeur qui les qualifie mieux que de longs discours: Ludovico est fanfaron mais brave, Bernardin est sournois et donc traître, etc. Le plus bel exemple est pour moi Annette, la chambrière de Mme Chéron puis la suivante d'Émilie. La jeune personne allie à une crédulité sans fond une capacité de bavardage irrépressible. Certes de bonne nature, elle est incapable de tenir un secret : commère accomplie, elle est la gazette de tout ce à quoi Émilie n'assiste pas.



Le roman d'Ann Radcliffe est ce que je peux appeler une somme: près de 900 pages d'émois, de frayeurs et de questions. Tout se dénoue finalement et la morale de l'auteure est des plus pontifiantes. Voltaire l'a dit à peu de choses près avec le jardin de Candide.



J'ai particulièrement goûté ce texte, ses ressorts, ses détours. Il n'y a pas plus de fantastique que de surnaturel et c'est là tout le pouvoir du roman gothique: nous faire crier au loup alors que tout s'explique rationnellement. J'ai même découvert l'existence du feu de Saint-Elme. Je sors ravie de cette lecture qui ne m'a pas essoufflée un instant!
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Les Mystères d'Udolphe

Pour mon deuxième contact avec l’œuvre d'Ann Radcliffe, j’ai choisi Les Mystères d'Udolphe, dont Catherine Morland parle tant dans L’Abbaye de Northanger de Jane Austen.

Sur Babélio, dans le résumé éditeur, je lis « Emilie explore le château mystérieux, chandelle à la main, à minuit. ».

Je commence l’ouvrage (sur une bibliothèque numérique), pas de château mystérieux, je continue, continue, je fini par douter d’être en train de lire le bon ouvrage, car mis à part le nom de l’héroïne qui était semblable, rien de commun entre ce que je lisais et ce que l’on m’annonçait.

Il s’avère que l’intrigue de cet ouvrage commence une fois que l’on a lu un tiers environ, juste avant le début du troisième volume !

Arriver à l’intrigue du château d’Udolphe, ça se mérite !

Quand on est au cœur de l’action, c’est plutôt bien, mais il reste beaucoup de longueurs, de descriptions, pas toujours utiles à mon sens.

J’ai globalement été déçue par cet ouvrage. J’ai tellement aimé L'italien ou le confessionnal des pénitents noirs avec de vraies surprises que j’ai sans doute dû en attendre trop des Mystères d'Udolphe. Tout au long de l’ouvrage des petites graines sont semées, des petites infos sont distillées au compte-goutte, on attend un dénouement incroyable, mais quand tout se décante, pas de réelles surprises, dommage !

Je conseille donc à Catherine Morland de choisir plutôt L'italien ou le confessionnal des pénitents noirs.

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Les Mystères d'Udolphe

"Les mystères du château d'Udolphe" est un roman gothique écrit en 1794 par Ann Radcliffe et traduit en français en 1797 par Victorine de Chastenay.



Pour avoir perdu son père, la jeune héroïne Emilie est brutalement arrachée au paradis terrestre, constitué par la demeure familiale près de Toulouse où s'est épanouie son enfance, et séparée en même temps de l'homme qu'elle aime. Elle est confiée aux "bons soins" de sa tante, femme sèche et frivole qui contracte par orgueil un désastreux mariage qui les met toutes deux à la merci d'un être malfaisant et cruel. Les deux femmes sont isolées dans un château hanté des Appenins accolé à une montagne cernée par le brouillard.



Le style de la traduction est délicieux, dans la pure tradition du 18 ème siècle. Mais les trop nombreux rebondissements ont fini par me lasser. Tant d'aventures et de frénétiques agitations pour évoquer le huis-clos, le chantage et les secrets de famille m'ont paru superflues. J'aurais préféré plus de simplicité et moins de longueurs exprimant le désarroi de la jeune fille, dont on a compris dès le début l'atroce état de dépendance dans laquelle son sexe la plongeait ; Ann Radcliffe l'illustre de toutes les façons possible : naître femme n'était pas un sort enviable.



Ce roman envoûtant par le charme du style est un peu long : il aurait pu être élagué d'un bon tiers sans dommage. Il n'en reste pas moins qu'il s'agit là d'un genre littéraire qui a ses amateurs et que je ne prétends pas remettre en cause.

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L'italien ou le confessionnal des pénitents n..

Ce roman fait partie du genre roman gothique ou romantisme noir.

Appellation justifiée puisqu'il mélange à souhait les deux thèmes, offrant au lecteur une ambiance unique teintée de mystère.

Atmosphère étouffante d'une Italie sous la coupe de l'inquisition, de la religion et d'une aristocratie conservatrice voulant défendre ses prérogatives ébranlées par la montée en puissance des idées des lumières en cette fin de 18eme siècle.

Dans un monde où la tradition domine, nul n'est censé s'y soustraire et surtout pas une femme de surcroît. . .

Le libre-arbitre étant proscrit, soit on s'échappe de son milieu oppressant, soit on s'y soumet ou alors. . .

On finit dans les geôles de l'inquisition ou dans un couvent sous la garde parfois sadique d'une abbesse ou d'un moine pervers.

Clichés peut-être caricaturaux d'un monde religieux opaque et puissant, mais où la soumission à Dieu et aux forces spirituelles semblent inéluctables pour une jeune fille aux volontés existentielles émancipatrices.

En effet, à partir de là, des forces contraires vont s'affronter sous un ciel ténébreux, des décors macabres, les symboles religieux devenant le côté obscur opposés aux inconditionnels tenants de la liberté d'aimer.

Oscillant entre sombres aventures rocambolesques et thriller chevaleresque gothique, le récit, reste un roman palpitant avec sa galerie de personnages inquiétants et son aura a la limite du surnaturel.

Au travers de cet amour qui veut exister librement, on constate une métaphore sur les idées révolutionnaires qui ont gagné l'Europe et en particulier celles sur la condition féminine.
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L'italien ou le confessionnal des pénitents n..

Au début très peu enthousiasmé par l'histoire d'amour insipide et un lyrisme assomant, mon intérêt s'est allumé subitement comme une branche de bois sec à la première confrontation de Vivaldi avec le moine confesseur de sa mère qu'il tient pour l'instigateur de tous ses malheurs. Ce dialogue plein d'intensité et de finesse m'a ravi. Par la suite, les évènements étranges, les persécutions, les lieux sinistres et les flashbacks révélant de sordides secrets m'ont tenu en respectable haleine. On se demande quelle est l'influence mystérieuse qui semble agir derrière le décor.



On a beaucoup parlé des romans d'Ann Radcliffe (parus fin XVIIIe siècle) avec le sourire dans le siècle suivant. Mais le mot clé est beaucoup, ce qui implique qu'elle a été beaucoup lue. Et je crois que l'influence qu'elle a eu est grande et se fait toujours sentir. Je la tiens pour une pionnière du suspense et du thriller. J'ai été étonné de trouver dans le roman des effets de suspense extrêmement cinématographiques, le genre de choses que l'on voit tout les jours dans les films à sensations.
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Romans terrifiants

Dans une première préface, Horace Walpole, l'auteur prétend que le manuscrit du château d'Otrante fut découvert dans la bibliothèque d'une très ancienne famille catholique du nord de l'Angleterre et qu'il avait été imprimé à Naples en caractères gothiques, au cours de l'an 1529.

C'est un drame, à l'atmosphère merveilleuse et tragique, dont rien ne laisse deviner l'époque où il se déroule. C'est le drame de l'amour malheureux, le récit de l'infortuné destin d'une noble demoiselle égarée au milieu des rideaux de sang, des miroirs vides et des ancêtres vomis par l'enfer...

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En 1764, quelques voyageurs anglais rencontrèrent dans l'église de Santa Maria Del Pianto, accolée à l'ancien couvent de l'ordre des pénitents noirs, un moine singulier qui avait les épaules un peu voûtées, le teint bilieux, les traits durs et le regard farouche. C'était un assassin réfugié dans l'enceinte de l'église où personne n'avait le doit de venir l'arrêter.

A sa vue, un des voyageurs anglais fut saisi d'un mouvement d'horreur et s'enfuit vers son auberge où l'attendait le manuscrit de "L'italien ou le confessionnal des pénitents noirs" d'Ann Radcliffe....

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Ernest-Théodor-Amadéus Hoffmann, l'auteur des "élixirs du diable" put lire l'histoire étrange du père Médard dans les archives que lui laissa consulter le vénérable prieur du couvent des capucins, à B...

Au fond, lui dit ce dernier, ces papiers auraient dû être brulés car ils font entrer leur lecteur, à travers le sombre cloître dans un monde effrayant, extravagant et baroque qui peut-être, pourtant, possède la connaissance du fil secret qui traverse nos vies....

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En 1816, John Melmoth, élève du collège de la Trinité à Dublin, se rendit dans le comté de Wicklow, afin de visiter, une dernière fois, son oncle mourant et de qui dépendait toutes ses espérances de fortune. Mais, à son arrivée à la Loge, la résidence du vieil homme, il trouva celui-ci, bien portant, sur le point de chasser de son domicile les femmes réunies pour éloigner par leurs prières les démons lors de sa veillée mortuaire. En invoquant ainsi le diable, il deviendra "Melmoth ou l'homme errant" dont Charles Mathurin nous conte l'histoire....

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Ce recueil réunit, avec "Le moine"de Matthew Gregory Lewis, quatre autres des titres emblématiques du roman gothique, aussi appelé roman terrifiant.

C'est une littérature, très surréaliste, lente, quelque peu poétique et fantastique.

Choquant parfois la morale, s'entourant de ténèbres scandaleuses, ces textes sont, aujourd'hui, datés et il faut pour s'y enfoncer savoir prendre son temps et oublier certains de ses préjugés.

C'est une littérature baroque, très esthétique dont la dernière œuvre serait peut-être le formidable livre d'Angéla Carter "la compagnie des loups".

Même si, au final, je suis satisfait d'avoir découvert les romans terrifiants par l'intermédiaire de ce recueil édité dans l'excellente collection "Bouquins" chez "Robert Laffont", c'est pourtant un genre auquel je ne viendrai sûrement plus jamais me frotter.

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Les Mystères d'Udolphe

Ce long roman est l'un des principaux romans gothiques, genre en vogue fin XVIIIe siècle début XIXe siècle et précurseur de suspense, épouvante et horreur. C'est aussi le plus célèbre roman de la non moins célèbre Ann Radcliffe.



Près de 900 pages, 'y a du stock là-dedans ! Maintes ambiances inquiétantes, marches forcées en forêt après la tombée de la nuit, couloirs obscurs de châteaux inhospitaliers, découvertes horribles, apparitions effrayantes, sons et phénomènes mystérieux. Mais aussi toute la gamme des états d'âme de l'héroïne allant du découragement à la terreur, en passant par l'indignation, et elle versera maintes fois son poids en larmes, si bien que le livre aurait tout aussi bien pu s'appeler ''Les malheurs d'Émilie''.



Émilie donc, dont la vie idyllique esquissée au début prend un tournant néfaste, avec la mort de ses parents dans un premier temps, puis une suite d'injustices révoltantes. Elle fera malgré tout face à l'adversité, une adversité vraiment coriace. Une grande partie de l'histoire se passe au château d'Udolphe, où elle est retenue prisonnière par une espèce d'ogre. Cet homme brutal avec des manières d'homme des cavernes, qu'a malencontreusement épousé (elle s'en repentira profondément par la suite) la tante et tutrice d'Émilie, est un scélérat de la pire espèce.



Mais ce n'est pas tout, elle se rendra des Pyrénées à Venise avant de revenir. Chaque voyage et lieu est décrit en détail, dans une langue très élégante, il faut le dire, et qui dissèque les sentiments et rapports humains avec finesse. Je regrette que les dialogues soient plutôt peu nombreux et courts, car l'auteure semble y exceller, surtout lors des confrontations animées. Les mystères qui s'accumulent entretiennent un bon suspense.



Je suis content d'avoir maintenant une idée juste de ce monument souvent référencé, et je reconnais toute son influence sur les genres et les styles qui ont suivi et en découlent. Cependant, mon appréciation demeure moyenne. Ce n'est pas le premier roman de Radcliffe que je lis, et je garde une légère préférence pour ''L'italien ou le confessionnal des pénitents noirs'', qui a également l'avantage d'être beaucoup plus court.
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Les Mystères d'Udolphe

Considéré comme un classique de la littérature gothique, ce roman d’Ann Radcliff, (publié en 1794), au charme et au style désuet, a tout pour plaire.

En effet, une fois la lecture de ce gros pavé de 902 pages, il est quasiment impossible de le lacher.



Il est vrai que la trame du roman est conventionnel, traditionnel puisque l’on retrouve face à face les gentils et les méchants. Les premiers évoluant autour de l’héroïne – Emilie – jeune fille innocente, pure, mais néenmoins sympathique tandis que les seconds tournent autour d’une véritable crapule – Montoni - sans scrupules, aux desseins noirs.



L’atmosphère sombre, glauque, mystérieuse, voire même le surnaturel, est parfaitement rendue grâce aux longues descriptions (paysages, lieux ainsi que des divers protagonistes évolutant dans le roman) émaillant le récit.

En effet, un savant « dosage » dans l’avancement de l’intrigue ainsi que dans la manière d’écrire d’Ann Radcliffe permet de penser que des fantômes et autres apparitions bizzares apparaissent et/où vont apparaître, mais, au dernier moment, une explication logique détruit toute explication ayant trait au fantasmagorie, à la magie, etc.



En ce qui me concerne, j’ai adoré ce bouquin d’Ann Radcliffe, et, il est selon moi à lire et/ou à découvrir de toute urgence.

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Les Mystères de la forêt

Les prémices du roman gothique. Une écriture belle et ancienne et une intrigue qui nous transporte au fil des lignes. Un régal à lire au coin du feu dans les confins de l’hiver. Une forêt pleine de mystères décrite à merveille par Ann Radcliff. Un très grand plaisir de lecture.
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Les Mystères d'Udolphe

Un texte-fleuve aux rebondissements rocambolesques, parfois à la limite du ridicule, truffé d'invraisemblances et d'incohérences. Cependant se lit avec un regard bienveillant et amusé pour saisir l'esprit de l'époque à laquelle il a été écrit et en imaginer les lecteurs et assister à la naissance d'un genre que d'autres (tant Anglo-saxons qu'autres Européens) ont repris avec peut-être davantage de réussite et même développé jusqu'à lui donner des lettres de noblesse. De jolis moments bien écrits et une belle expression de la sensibilité face à la nature permettront de garder en soi le souvenir d'une jolie lecture.
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