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Critiques de Anna Moï (56)
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Riz noir

«Au milieu de la nuit, j’ai fini par identifier la nature du bruit. Moins qu’un bruit, ce qu’on entend est un bruissement à peine perceptible, régulier, comme les échos d’un rêve. Mais ce n’est pas un rêve, puisque je ne dors pas.

(...) Combien d’entre nous l’ont écouté cette nuit-là, et ensuite, toutes les nuits, pendant cent nuits, trois cents nuits, ou mille trois cents nuits ?

(...) C’est ma première nuit dans une cage à tigres du bagne de Poulo Condor, et le bruit que j’entends est celui de l’océan Pacifique.

Ainsi débute «Riz noir».

Tan et Tao deux soeurs, lycéennes de 15 et 16 ans, se sont engagées dans la lutte contre le gouvernement corrompu du Sud Vietnam allié aux américains. Elles sont arrêtées et torturées avant d’être internées au camp de Poulo Condor où elles vont demeurer 22 mois dont 18 mois dans les cages à tigre. Anna Moï a recueilli le témoignage de ces deux soeurs qui ont existé mais son roman va au-delà. A la fois retour sur toute la vie traditionnelle de ce pays qu'elle aime et roman historique retraçant les combats et événements politiques qui se sont déroulés au cours des années 60.

A la violence du présent 
«Les tortionnaires sont des fonctionnaires. Ils torturent aux horaires d’ouverture des bureaux. Le matin, les séances commencent vers sept heures, pour s’achever vers onze heures. Comme tous les autres employés, ils repartent chez eux déjeuner et faire la sieste.»p 26

va répondre l’évocation par Tan de ses souvenirs d’enfance et d’adolescence. 
La mère des deux adolescentes,Van, enfant adoptée, veuve, va sortir de sa condition en innovant dans la teinture de la soie noire laquée. Sa soie aux dessins originaux va être convoitée par les femmes de la caste dirigeante de Saïgon et elle, qui est illettrée, va ainsi permettre à ses deux filles d’accéder à l’école française de Cholon et ensuite au lycée Marie Curie réservés à l’élite de la nation.

Elle dit à ses filles : « Vous voyez, les filles... Il faut toujours aller chercher la différence. Soyez différentes, ne vous conformez pas, méprisez le confucianisme (pour Confucius l’absence de talent, chez une femme, est synonyme de vertu), allez le plus loin possible.»



La révolte des moines bouddhistes qui s’immolent par le feu de 1963 à 1967 va entraîner la chute du régime corrompu mais le déchaînement de violence atteindra Saïgon lors de la fête du Têt de 1968 pendant laquelle auront lieu les combats les plus violents.

Que ce soit dans le bagne de Poulo Condor ou enfermée dans la maison à Saïgon les sons, les odeurs prennent une importance primordiale pour Tan puisqu’elle ne peut pas voir directement ce qui se passe.



p118 Si un jour je dois créer un parfum, il aura la douceur poudrée du riz Nang Huong (variété de riz parfumé), l’astringence de la carambole, la suavité de la goyave, l’amertume du pamplemousse.



p 123 Quand les canons se taisent, les chiens hurlent et ces hurlements sont les premières balises de la vraie nuit. Le confinement resserre les sensations. Tout est ressenti comme le balbutiement d’autre chose, d’un nouveau départ. Une branche de pêcher en fleur, comme le début du printemps.



Ce roman de Anna Moï est écrit dans une langue sobre sans aucune passion ni emphase et malgré la violence de certaines scènes il n’y a pas de plaintes ni d’explosion de haine et la poésie affleure souvent.

Paradoxalement ce qui demeure après cette lecture qui est aussi un retour sur un pan d’histoire tragique du Vietnam c’est toute la richesse de la vie, le grouillement de vie, les odeurs, les couleurs qui en envahissant la mémoire de Tan nous paraissent comme à elle présentes, gage d’une renaissance à venir après la destruction :

«Les Américains ont le rêve d’une plaine nue où toute végétation tropicale aura été annihilée. Sans flore, il n’y a plus de bêtes, ni hommes, ni ennemis.

Une longue plaine désolée où il n’existera nul abri pour se cacher, ni aujourd’hui, ni demain, ni aucun jour futur. Nul endroit où panser ses plaies, se coucher et fermer les paupières.

Ô mon amour, allonge-toi auprès de moi.

Les Américains ont des rêves de morne plaine. Je n’ai pas le même rêve. Dans mes rêves les rizières verdoient, les forêts sont impénétrables, les bêtes sont féroces et les fleurs carnivores.» p 234

Et une grande compassion et admiration pour toutes ces femmes "filles de dragon selon la tradition, filles d'eau et de feu, fragiles et invincibles".

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Riz noir

Deux soeurs adolescentes enfermées dans l'enfer des cages à tigre du bagne de Poulo Condor. Nous sommes dans le Vietnam des années 1960, après l'offensive du Têt. Ce pays qui évoque luxuriance végétale, fragrance de cuisine exotique et majestueuse baie d'Along avec sampans de carte postale est alors déchiré par la guerre depuis des années. Les adversaires ont changé entre temps, l'Indochine est devenue nation indépendante mais son coeur reste embrasé par les combats, la guerre et ses fléaux collatéraux.



Le titre tire son nom de la couche de grosses mouches noires agglutinées sur la portion de riz distribuée en pitance aux prisonnières de ces infâmes geôles.

Anna Moï dépeint les conditions de vie des deux soeurs et de leurs comparses. La chaleur, le soleil accablant entre les barreaux des cages, les révoltes étouffées sous des jets de poudre blanche, le sang. Elle retrace aussi l'histoire familiale avec les velléités de leur mère de leur fournir une bonne éducation, le tissu teint et la laque noire qu'elle confectionne et qu'on retrouve jusque dans les hautes sphères politiques, les traditions, la place de la religion ... Et bien sûr comment Tan et Tao se sont retrouvées emprisonnées.



Anna Moï recourt à une écriture sobre pour son sombre récit. Pas de grands étalages, voire une certaine froideur. L'horreur de la situation n'en ressort qu'avec plus de crudité.



Une lecture bouleversante qui ne peut laisser indemne ni indifférent. Anna Moï nous offre un noir riz qui se colle à la mémoire dans un bourdonnement lancinant de l'Histoire vietnamienne.
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80 mots du Vietnam

Le Viêtnam est un pays de l'Asie du Sud-Est situé dans une péninsule:. cette contrée est composée à la fois de mer et de montagne. le Viêt-Nam (il existe différentes orthographes) ouvre sur la beauté de merveilleux paysages. Ainsi, la fameuse baie d'Along  est d'une beauté resplendissante, avec ses grottes et ses îles qui offrent un spectacle naturel inégalable.

Ce pays possède aussi une culture mystérieuse et raffinée. Comment mieux la connaître, sinon grâce à un livre écrit par une Vietnamienne qui connaît les us et coutumes de son pays, et aussi les subtilités de la langue ?



Ce livre tente donc de rendre compte des subtilités de la langue vietnamienne, à travers l'étude de 80 mots issus du vietnamien, ce qui permet à la fois de mieux connaître la culture du pays, son histoire, et de mieux comprendre sa population et ses habitudes de vie.



L'infini jeu de nuances du langage vietnamien est plus facile à saisir grâce à ce livre écrit par une auteure qui a aussi longtemps vécu en France - par le biais d' histoires qu'elle raconte - au fil de 80 mots choisis sur le volet -.



Le Viêtnam est une contrée fascinante qui a séduit des conquérants de continents différents tantôt de l'Asie (comme la Chine) tantôt de l'Europe (comme la France). Ses terres et ses rizières ont d'abord été convoitées par l'empire chinois, puis conquises pour un temps par la France. de nos jours, il s'agit d'un pays qui a obtenu son indépendance mais après été sous le joug colonialiste, elle est désormais sous un régime communiste.



La langue vietnamienne est à la fois simple et complexe.

Elle répond à des principes apparemment simples mais elle est remplie de nuances... avec tous les accents qui la composent, elle est difficile à reproduire avec l'alphabet français (surtout sur le clavier d'un ordinateur! ). En effet, la langue vietnamienne est composée de mots qui diffèrent selon le jeu des accents et des sonorités, ce qui change le sens des mots (comme par exemple avec Mà qui signifie Maman. le terme ma, suivant les accents reçus et les intonations données, revêtent différents sens : fantôme, placage, code, mois … ).

La langue vietnamienne a aussi hérité de nombreux traits culturels chinois et français. Toutefois, elle reste malgré tout fidèle à ses origines.



La langue vietnamienne est désormais formée d'une « transcription du vietnamien oral en alphabet latin » (p. 27) suite à une réforme graphique opérée en 1920 – en même temps, a eu lieu la suppression des concours des mandarins. Ces derniers permettaient d'avoir une caste de hauts fonctionnaires sinophiles. D'influencés par la Chine, les hauts fonctionnaires sont devenus « francophones et francophiles ». (p.17)



La langue vietnamienne a donc subi diverses influences, chinoise et française, au gré de l'histoire du Viêtnam – ce qui constitue l'un des intérêts de cette anthologie -.

La langue officielle a été doté d'un alphabet latin, ce qui permettait, dans l'esprit des révolutionnaires, de faire connaître leurs idées à l'extérieur même du pays.

Ho Chi Minh déclare l'indépendance en 1945. Mais c'est surtout la bataille de Diën Biën Phu qui permet de mettre définitivement fin à la période de la colonisation des français au Viêtnam. L'enseignement ne dispose plus alors de professeurs (et de lycées français...).

Or les universités sont essentielles au pays... Autrefois, le diplôme du doctorat et le titre de mandarin étaient donnés en même temps. Il subsiste encore une confusion entre les deux aujourd'hui encore. Même sous le régime communiste, l'importance du précieux diplôme subsiste encore de nos jours.

Au Viêtnam, le savoir est précieux : essentiel .



Un autre intérêt de ce livre réside dans la connaissance des habitants de cette terre. L'auteure parle ainsi de la population et des ethnies du Vietnam, dans la montagne par exemple. Il est aussi question des goûts des Vietnamiens, et de ce qui constitue leur essence même – comme dans les contes et légendes du Vietnam. Ainsi, l'auteure, Anna Moi, évoque ce mythe du génie de la Montagne qui l'a emporté sur le Génie des eaux – un conte de l'enfance –



Le Viêtnam cache aussi des lieux paradisiaques entre la forêt et la montagne, avec des grottes, des lacs et des cascades... L'auteure, Anna Moi, parle aussi de cet appel de la forêt – et de la jungle – , de l'intérêt pour les bonsaïs, les jardins minituarisés, formés d'abord de rochers puis d'arbres – comme pour mettre une main-mise sur la sauvagerie de la jungle.

Les paysages vietnamiens cachent ainsi une faune et une végétation luxuriante. Les viêtnamiens sont depuis toujours attachés à leurs terres.



L'auteure parle également de l'intérêt pour la propriété individuelle. Après 1975, celui-ci a été mis entre parenthèses pendant une décennie (lors de l'avènement des communistes au pouvoir). Or l'attrait de la terre constitue l'essence même du Vietnam...

A cette époque, les grands propriétaires terriens ont été dessaisis de leur terre ancestrale pour une redistribution de leurs rizières. Ils disparaissent, parfois exilés dans les camps, parfois dans le reste du monde (notamment en France ou aux Etats-Unis)…

Mais l'agriculture collective connaît la fin avec une famine tombée mal à propos. Pour des raisons idéologiques, il est toujours difficile d'obtenir des titres de propriétés, sinon discrétement, sous le manteau... L'usage de la terre est finalement obtenu et légalisé dans un petit livret rouge, d'abord pour 50 ans, puis pour 99 ans.



Le Viêtnam a des villes chargées d'histoire : Hanoï, la capitale cosmopolite qui se tourne vers la modernité, Ho Chi Minh-Ville, l'ancienne ville de Saïgon, chaleureuse et animée, le port Hoi An, qui demeure un lieu féérique avec les lanternes allumées à la nuit tombées, sans oublier Hué qui a gardé sa splendeur d'antan.

Nombre d'architectes ont peu à peu disparus Mais bien présent, il reste l'art subtil et complexe du feng shui …



Il est aussi question de la gastronomie (An com: manger.. du riz).

En 1945, dans l'après-guerre, ont eu lieu des disettes qui restent dans l'inconscient collectif. Il n'empêche que la gastronomie viêtnamienne reste d'une grande délicatesse, souvent grâce à la fraîcheur des produits (parfois issus des marchés flottants) et aussi grâce aux recettes transmises aux uns et aux autres...

Or la cuisine fait aussi partie de la culture d'un pays: la gastronomie fait toujours rêver plus d'un convive...



Ce livre révèle donc que la culture vietnamienne est ainsi d'une grande richesse, que l'auteure tente de nous faire connaître, à travers son vécu et sa connaissance du langage des us et coutumes de son pays natal - comme l'attachement à la terre et l'importance du savoir -.

Ainsi le Viêtnam est une contrée qui continue à faire rêver...pour ses magnifiques paysages, mais aussi pour sa richesse culturelle toute en subtilités.

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Riz noir

Le récit commence dans une cellule de prison, où, quand, et qui est le narrateur ? On le découvre peu à peu. Une fillette raconte sa propre histoire de vietnamienne du sud pendant la guerre. Ma gorge se noue, je sens que son récit va être dur : l’horreur vécu et raconté de la bouche d’une enfant. Les scènes de torture dans le bagne de Poulo Condor sont époustouflantes et nous laissent des images qui marquent. Mais à peine, le premier chapitre passé, le charme est rompu ! La fille revient sur son passé et semble détachée de ce qui arrive autour d’elle et du drame qui se joue dans sa vie. Elle se complait à décrire son petit confort personnel et le lecteur ne sent plus cette ferveur communiquée par les premières phrases, le malaise s’installe alors.



En poursuivant ma lecture (je lui laisse encore une chance), j’ai vite déchanté. Le style est perturbant et les phrases entrecoupées donnent l’impression d’être collées l’une à l’autre pour former un patchwork de mots qui finissent par tuer l’âme de ce récit. En effet, plusieurs passages me semblent « futiles ».



Ce roman qui se voulait pourtant « chaud » par les émotions des personnages, la guerre et ses souffrances reste froid !! Le lecteur ni ressentira ni compassion, ni curiosité, ni horreur … il lit juste des mots qui ne laisseront pas d’écho dans sa tête ni dans son cœur.



Par contre, je me dois de vous donner l’explication de « riz noir » et on la trouve à la page 23, Anna moi écrit : « … Dans le corridor, des bols sont posés par terre. A cause de l’éblouissement, je les crois remplis de riz noir. Mais c’est du riz blanc, recouvert de mouches noires. »



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Riz noir

Je suis mitigée pour ce récit, qui semblait m’intéresser pour le pan historique d’un récit qui semble rapporter par l’auteur.

Nous découvrons la vie de deux sœurs tenues prisonnières dans des conditions déplorables, toutes les horreurs de la guerre, tortures etc…

Je n’ai pas trop compris certains passages, je me demande encore qu’est ce qu’ils pouvaient apporter au récit. Comme un effet hachoir, ma lecture semblait perdue, puis quand l’histoire revenait sur le sujet, je reprenais plaisir à poursuivre.

Touchant émouvant de connaître ce pays qui a tant souffert, un style parfois dans mes goûts et puis parfois pas du tout, style Wikipédia, j’ai horreur de ça.

Donc un roman en demi-teinte, malgré tout je ne regrette pas de l’avoir lu, j’étais loin de me savoir ce qui se tramait dans les prisons du Vietnam.

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Douze palais de mémoire

Une déception que cette lecture. Pourtant la plume est belle mais trop complexe pour embarquer dans l'histoire.

Un père fuit son pays avec sa fille de 8 ans sur un bateau. Les deux voix alternent, leur histoire nous est racontée et un secret va venir bouleverser le voyage.

Je suis passée à côté.
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L'écho des rizières

Lire ces textes sur le Viêt-nam est un vrai régal!

Anna Moï manie la langue française avec brio, et l'humour est à toutes les pages.

Pour qui connaît un peu ce pays, les récits fleurent bon l'esprit vietnamien. C'est drôle, plein de vie , parfois tragique mais l'espoir est à chaque page.

J'ai également beaucoup apprécié les passages ayant trait à la voix, à la musique. C'est captivant.

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Douze palais de mémoire

Ce roman est une très belle découverte.



Khanh, mathématicien, fuit le Vietnam avec sa fille Tiên, âgée de six ans. Ils prennent la mer sur un bateau de pêche après avoir monnayé leur traversée.



Khanh a une mémoire prodigieuse, il a configuré sa mémoire en douze palais : finances, fratrie, amour, enfants, carrière et ainsi de suite.



Ce roman est une magnifique ode à l'amour entre Khanh et sa femme mais aussi entre un père et sa fille. Il est prêt à tout pour elle. Sur fond de guerre civile et d'un pays qui connaîtra de nombreuses mutations économiques et sociales, Anna Moï nous narre le destin d'une famille et ce qui a pu les pousser à fuir.



La narration alterne les points de vue de Tiên et de Khanh. L'auteure joue avec le français. La petite fille se trompe dans l'utilisation de certains mots, les écorchent...Elle crée des images saisissantes. de nombreux flashbacks nous aident à reconstituer leur histoire familiale.



On va de révélations en révélations, il y a de nombreux rebondissements, ce qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la fin incroyable et inimaginable.
Lien : https://labullederealita.wor..
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80 mots du Vietnam

Et si les mots constituaient la meilleure porte d'entrée à la compréhension d'une culture ? L'autrice Anna Moï en a choisi 80 afin d'évoquer la culture vietnamienne, sa relation complexe avec son pays en tant qu'exilée, des souvenirs personnels et des anecdotes significatives. Il ne s'agit pas de linguistique, même si l'autrice aborde parfois l'étymologie. Plutôt d'une promenade littéraire et artistique, souvent teintée d'humour. L'ouvrage permet de comprendre des croyances à la fois sérieuses et sources d'amusements. Les mots témoignent aussi de l'empreinte laissée par les colonisateurs chinois et plus tard français ; par exemple la latinisation de l'alphabet ou le trafic d'opium étatisé. Le quotidien prend vie, grâce aux habitudes culinaires, à l'amour des motocyclettes, et aux pratiques marchandes. Un beau petit livre pour se familiariser avec un pays fascinant.
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Riz noir

L'histoire se déroule au Vietnam pendant la guerre du Vietnam (rappel 1968 offensive du Têt).



Deux soeurs, Tao et la narratrice , âgées de 15 et 16 ans, ont été arrêtées. le motif de leur arrestation sera donné dans la dernière partie de l'ouvrage.

Après avoir été torturées dans la villa Mai-Phuong, transférées à Biên Hoa, elle s seront conduites au bagne de Poulo Condor.

Rien de réjouissant , plutôt du brutal ....

L'histoire personnelle de van leur mère, et sa réussite professionnelle tient une place importante dans le récit.

Pas de récit linéaire entre le passé et le présent (souvenirs d'enfance avant leur internement et "souvenirs" rattachés à l' emprisonnement ). nous sommes plongés dans les événements et la vie quotidienne. C'est troublant.



Le livre n'est pas une autobiographie, il serait inspiré par "l'histoire authentique de deux soeurs adolescentes internées dans le bagne de Poulo Condor." (quatrième de couverture)



Je ne suis pas vraiment entrée dans cette histoire. L'une des difficultés : l'écriture, trop hachée et pesante.

Plus de déception que de plaisir de lecture.



PS : origine du titre :

"Dans le corridor, des bols sont posés par terre. A cause de l'éblouissement , je les crois remplis de riz noir. Mais c'est du riz blanc, recouvert de mouches noires." (p.23)
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Violon

Un court roman original, Garance nous livre son histoire, celle de sa famille en mosaïque. C'est un peu comme le ressac, on va dans une direction puis on s'en éloigne et on y revient. Un peu déstabilisant, il faut bien le dire. Elle aborde également les difficultés de Garance à l'école, personne ne sachant diagnostiquer ses troubles car les mots et pourtant elle dévore le dictionnaire et capable de sortir des mots invraisemblables.

Elle joue avec les mots comme à la balle, avec sa soeur sa complice.

Elle parvient pourtant à décrocher le sésame pour rentrer à l'école de luthier, entre en apprentissage et fait de sa passion son métier. N'est-ce pas la plus belle des réussites scolaires ?

C'est un roman tout en résonance, de couleurs et sons. D'éclats d'enfance, de souvenirs remis à la lumière, et l'auteur nous offre un joli kaléidoscope de passions.

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Riz noir

Le riz noir, c’est le bol de riz couvert de mouche qui servait d’ordinaire aux deux jeunes prisonnières de cages à tigres du bagne de Poulo Condor.

La narratrice a seulement quinze ans. , prisonnière à la suite de l’offensive du Têt 1968. Le roman raconte la vie des deux sœurs à Saigon et au bagne. C’est un très court ouvrage que j’ai dévoré. Très poétique, très visuel. Rouge pour le sang des premières règles ou de la fausse couche, on ne sait pas bien. Blanche est la poudre de chaux qu’on balance aux prisonnières pour faire taire leur révolte, blanc presque incandescent le soleil de midi, entrevu par les barreaux. Noir est le riz couvert de mouches. Noire aussi, la laque et la teinture artisanale des tissus précieux qui fait la fortune de leur mère, si beaux que la fameuse madame Nhu en fait venir au palais Présidentiel.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Riz noir

Ce récit est inspiré d'une histoire vraie.

Anna Moï a recueilli le témoignage de deux soeurs vietnamiennes, Tan et Tao. Les deux soeurs, toutes les deux adolescentes à la fin des années 60, ont été prisonnières dans des cages à tigres de la prison de Poulo Condor. Pendant presque 2 ans elles ont dû subir les tortures les plus atroces.



Avec Riz Noir nous fait découvrons le Viêtnam du début 1968. Entre les combats ensanglantés menés à Saigon, le soulèvement de la population sud-vietnamienne contre la République du Viêt Nam et la politique pratiquée par les autorités vietnamiens la situation est confuse.



Issues d'un milieu « aisé » Tan et Tao fréquentaient un lycée français bourgeois avant de se retrouver au bagne de Poulo Condor. Anna Moï décrit très bien comment les deux soeurs sont passées d'une vie « dorée » au monde cruel et cinglant de la prison. Les détails de la torture, peut refroidir certains parmi nous, mais cela ne m'a pas choqué.



En même temps, Anna Moï m'a fait aussi voyager dans des beaux paysages vietnamiens, elle décrit l'art de la soie laquée d'une telle manière que je le voyais presque comme une image. Enfin, comme j'aime bien les témoignages, j'ai bien aimé aussi les parties qui concernent les souvenirs d'enfance.



Ce roman m'a fait penser au roman biographique de

Le Ly Hayslip : Entre ciel et terre, dans ce roman aussi sont décrits les atrocités de la guerre, mais aussi en même temps la beauté des paysages, les souvenirs heureux de son enfance. Un livre (et film) que je conseille vivement si vous aimez comme moi le Vietnam et son histoire.



Challenge Multidéfis

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L'écho des rizières

J'avais gardé en moi le souvenir d'Anna Moï lors d'une conférence au Salon du Livre de Paris, en 2005 ou 2006, où, en compagnie de Yasmina Khadra, elle expliquait son rapport particulier à la langue française. Jusqu'à aujourd'hui je n'avais pas eu l'occasion de lire un de ses livres. Heureusement, celui-ci est venu à moi et ce recueil de courts textes est d'une lecture très agréable et j'ai ri intérieurement plusieurs fois. Je n'hésiterai donc pas si un autre livre de cette écrivaine passe à nouveau à ma portée !
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Riz noir



Ecrit à la première personne, ce roman d'un peu moins de deux-cent-quarante pages, paru chez Gallimard en 2004, expose le point de vue de deux soeurs nées à Saïgon et partisanes, comme tous les membres de leur famille, du Front National pour la Libération du Sud-Viêtnam, mené par le régime communiste institué par Hô-Chi-Minh, le 20 juillet 1954, dans le nord du pays sous le nom de République Démocratique du Viêtnam.



Malheureusement pour elles, les deux jeunes filles sont arrêtées et enfermées dans les cages à tigre du sinistre bagne de Poulo Condor, créé par l'administration coloniale française en 1862 dans l'île du même nom, dans l'archipel de Côn Đảo. Là, dans la moiteur étouffante de la jungle, entourée de prisonniers et de gardiens, elles se remémorent des scènes de leur enfance et de leur adolescence ainsi que les interrogatoires qui ont suivi leur arrestation.



Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas un livre "engagé." Anna Moï se contente de rapporter les faits tels qu'ils furent. Si elle ne nous épargne pas les actes de torture, elle laisse entendre que, de l'autre côté, ces scènes-là avaient également cours. Son but est surtout d'expliquer la résistance des Sud-Viêtnamiens qui voyaient à l'époque dans le régime d'Hô-Chi-Minh l'Etat qui avait chassé l'occupant français. Comme elle écrit sans haine, avec le simple besoin de comprendre et d'être comprise, il est facile de se mettre à sa place et de mieux appréhender ce point-de vue.



Un petit ouvrage modeste mais très bien fait et qui touche plus sûrement peut-être que ne le ferait le plus enragé des pamphlets. ;o)
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Riz noir

Durant la guerre du Vietnam, la narratrice alors âgée de 15 ans et sa sœur Tao sont emprisonnées au bagne de Poulo Condor et enfermées dans des cages à tigre. Les conditions de vie sont épouvantables, sans place ni hygiène, le "riz noir" est du riz recouvert de mouches ! La narratrice évoque ses souvenirs, sa vie avant la prison. La présence de sa sœur lui permet de tenir, de résister aux tortures atroces : celle du "gavage" à l'eau ou de la chaux déversée sur la cage. Entre les tortures, ses souvenirs, les odeurs, la musique et les sensations passées la plongent dans un un état de conscience semi-éveillée. La présence des autres prisonnières et la solidarité entre elles leur permettent de faire face aux tortionnaires.

Bien que le sujet soit difficile j'ai beaucoup aimé ce livre. Le style de l'auteur est très poétique et très axé sur les sensations. De plus, à travers les souvenirs de la narratrice le lecteur apprends beaucoup sur la culture et les coutumes des vietnamiens.
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Riz noir

On ne peut pas entrer dans ce livre sans éprouver de la honte et de la colère. Comment peut-on traiter de la sorte des êtres humains, de jeunes filles, enfermées, torturées, affamées, alors qu'au dehors leur pays est si beau, et que ces images, ces parfums existent et que du fond de leurs cages à tigres, elles ne l'ignorent pas? Le récit est sobre, sans complaisance, sans jugement. Et c'est terriblement vrai.
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Riz noir

Dans ce roman l’auteur évoque le sort de deux adolescentes saïgonnaises ayant participé à la résistance FNL en 1968, durant la guerre du Vietnam, et qui seront arrêtées, torturées, puis déportées au bagne de Poulo Condor. Elle recrée aussi autour de l’histoire familiale et de l’enfance des deux sœurs, tout un monde de sensations, de décors, d’usages et de rites, tout l’univers physique et mental des jeunes Vietnamiens d’alors.

Très beau livre, pudique et nuancé, à l’écriture dense et suggestive, qui donne à voir la guerre du Vietnam de l’intérieur, bien loin des clichés de la mémoire américaine. Pour découvrir un regard vietnamien sur cette période.

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L'écho des rizières

des nouvelles véritables merveilles d'écriture, de tendresse et de musique,

donne envie à la fois de partir mais aussi de rester méditer,

donne envie de pleurer ou de rire,

un bijou...
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Armistice

A l'occasion du centenaire de l'armistice, Gallimard a proposé à différents écrivains un hommage aux poilus. Le résultat est sublime. Trente et un auteurs contemporains se livrent à l'exercice difficile. Daeninckx, Hatzfeld, Jourde, Moï, Rufin, pour n'en citer qu'une poignée ont accepté cette écriture mémoire.

Chaque texte est illustré par une peinture, une gravure, un dessin. C'est ainsi que j'ai découvert l'histoire de vie et les peintures de Rik Wouters.



Cet ouvrage collectif fait écho aux chefs d'œuvre qui ont eu pour sujet la 1ere guerre mondiale: Voyage au bout de nuit, Les sentiers de la gloire, Au revoir là haut, capitaine Conan...



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