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4.13/5 (sur 24 notes)

Né(e) à : Norton (Massachusetts) , le 6/11/1928
Mort(e) le : 4/10/1974
Biographie :

De son vrai nom Anne Gray Harvey, Anne Sexton est écrivaine et poète américaine.

Elle incarne la figure moderne du poète confessionnaliste. Elle a non seulement ouvert la voie pour les femmes poètes, mais elle a aussi, par son écriture, contribué à lever le voile sur les problèmes spécifiquement féminins.

"Live or Die" (1966) obtient le Prix Pulitzer de la poésie en 1967.

Elle se suicide en 1974 en s'enfermant dans son garage et en s'asphyxiant avec le gaz d'échappement de sa voiture.

Les œuvres d'Anne Sexton n'ont, à ce jour, jamais été traduites pour publication en français.

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Vidéo de

Anne SEXTON - Vis ou Meurs (DOCUMENTAIRE, 1966) Un documentaire de Richard O. Moore réalisé en 1966 pour la série "USA: Poetry" diffusée sur la National Educational Television. Présence : Anne Sexton, Linda Sexton, Alfred Sexton, Richard O. Moore (voix-off). Traduction : André Léssine (interview, commentaires et poème d'ouverture) ; Sabine Huynh (poèmes extraits de 'Tu vis ou tu meurs. Œuvres poétiques (1960-1969)' aux éditions des femmes - Antoinette Fouque.


Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Anne Sexton
Peu importe qui mon père a été ; ce qui est important c'est le souvenir que je garde de lui.
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FRICOTER AVEC LES ANGES

J'étais lasse d'être une femme, lasse des cuillères et des casseroles,
lasse de ma bouche et de mes seins,
lasse du maquillage et de la soie. Il restait encore des hommes à ma table,
qui se tenaient autour du bol que j'offrais.
Le bol était rempli de raisins pourpres
dont l'odeur faisait léviter les mouches
et même mon père est venu avec son os blanc.
Mais j'étais lasse du genre des choses.

(...)

Ô filles de Jérusalem,
le roi m'a menée à sa chambre.
Je suis noire et je suis belle.
On m'a ouverte et déshabillée.
Je n'ai ni bras ni jambes.
Comme les poissons je ne suis que peau.
Je ne suis pas plus une femme
que le Christ n'était un homme.

( Ecrit en février 1963 )
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Anges de l'histoire d'amour

"Anges de l'histoire d'amour, connaissez-vous cet autre,
le sombre, cet autre moi?"

1. ANGE DU FEU ET GÉNITAUX

Ange du feu et des organes génitaux, connaissez-vous le slime,
cette maman verte qui m'a d'abord forcé à chanter,
qui m'a mis en premier dans les latrines, cette pantomime
brune où j'étais mendiant et elle était roi?
J'ai dit: "Le diable est dans ce trou purulent."
Puis il m'a mordu les fesses et a repris mon âme.
Femme de feu, vous de la flamme ancienne, vous
du bec Bunsen, vous de la bougie,
vous du haut fourneau, vous du barbecue,
vous de l'énergie solaire féroce, Mademoiselle,
prenez de la glace, prenez la neige, prenez un mois de pluie
et vous goutteriez dans le noir, faisant craquer votre cerveau.

Mère du feu, laisse-moi me tenir à ta porte dévorante alors
que le soleil meurt dans tes bras et que tu relâches son poids terrible.



2. L'ANGE DES

Draps propres Ange des draps propres, connaissez-vous les punaises de lit?
Une fois dans la maison de fous, ils sont venus comme des grains de cannelle alors
que j'étais allongé dans une caverne chorale de drogue,
aussi vieux qu'un chien, aussi silencieux qu'un squelette.
Petits morceaux de sang séché. Cent marques
sur la feuille. Cent bisous dans le noir.
Les draps blancs sentant le savon et le Clorox
n'ont rien à voir avec cette nuit de terre,
rien à voir avec les fenêtres à barreaux et les multiples serrures
et toutes les sangles dans le lit, le recul ultime.
J'ai dormi en soie et en rouge et en noir.
J'ai dormi sur du sable et, la nuit d'automne, sur une botte de foin.

J'ai connu une crèche. J'ai connu le repli d'un enfant
mais dans mes cheveux attend la nuit où j'ai été souillé.



3. ANGE DE VOL ET CLOCHES DE SLEIGH

Ange de vol et de grelots, connaissez-vous la paralysie,
cette maison éthérée où vos bras et vos jambes sont en ciment?
Vous êtes aussi immobile qu'un critère. Vous avez un baiser de poupée.
Le cerveau tourbillonne dans une crise. Le cerveau n'est pas évident.
Je suis allé au même endroit sans germe ni accident vasculaire cérébral.
Un petit acte en solo - cette dame au cerveau qui s'est cassé.

De cette façon, je suis devenu un arbre.
Je suis devenu un vase que tu peux ramasser ou déposer à volonté,
inanimé enfin. Quelle chance inhabituelle! Mon corps
résiste passivement. Une partie des restes. Une partie de la tuerie.
Anges du vol, tu planes, tu claques, tu flottes, espèce de
mouette qui pousse de mon dos dans les rêves que je préfère,

reste près. Mais donne-moi le totem. Donne-moi l'oeil fermé
où je me tiens dans des chaussures de pierre alors que le vélo du monde passe.



4. ANGE DE L'ESPOIR ET CALENDRIERS

Ange de l'espoir et des calendriers, connaissez-vous le désespoir?
Ce trou dans
lequel je rampe avec une boîte de Kleenex, ce trou où la femme du feu est attachée à sa chaise,
ce trou où des hommes en cuir se tordent le cou,
où la mer s'est transformée en étang d'urine.
Il n'y a pas d'endroit pour se laver et pas d'êtres marins pour se remuer.

Dans ce trou, ta mère crie chaque jour.
Votre père mange du gâteau et creuse sa tombe.
Dans ce trou, votre bébé s'étrangle. Votre bouche est en argile.
Vos yeux sont en verre. Ils cassent. Vous n'êtes pas courageux.
Vous êtes seul comme un chien dans un chenil. Vos mains
éclatent en furoncles. Vos bras sont coupés et liés par des bandes

de fil. Votre voix est là-bas. Votre voix est étrange.
Il n'y a pas de prières ici. Ici, il n'y a pas de changement.



5. ANGE BLIZZARDS ET BLACKOUTS

Ange des blizzards et des blackouts, connaissez-vous les framboises,
ces rubis qui se trouvaient dans le vert du jardin de mon grand-père?
Toi des pneus neige, toi des ailes sucrées, tu gèle
moi. Laissez-moi ramper à travers le patch. Laissez-moi avoir dix ans.
Laissez-moi choisir ces doux baisers, voleur que j'étais, alors
que la mer à ma gauche applaudissait.

Seul mon grand-père y était autorisé. Ou la femme de chambre
qui est venue avec une casserole pour le petit-déjeuner.
Elle des Rois qui flottaient dans l'air, elle de la marqueterie
Menuiseries tout gras au citron, elle de la plume et de la poussière,
pas moi Néanmoins je suis tombé faufilant à travers la pelouse de sel
dans les pieds nus et un pyjama pantin à l'aube spongieuse .

Oh ange du blizzard et de la panne d'électricité, Madame le visage blanc,
ramenez-moi à cette bouche rouge, ce 21 juillet.
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Poèmes d’amour
                    LA NAGE NUE


extrait 2

L’eau était si claire que l’on pouvait
y lire un livre.
L’eau était si dense que l’on pouvait
y flotter sur les coudes.
Je m’y allonge comme sur un divan.
Je m’y allonge exactement comme
l’Odalisque à la culotte rouge de Matisse.
L’eau était ma fleur étrange.
Imaginez-vous une femme
sans toge ni foulard
sur un canapé aussi profond qu’une tombe.

Les parois de cette grotte
étaient de toutes les nuances de bleu
et tu as dit : « Regarde ! Tes yeux
sont couleur de la mer. Regarde ! tes yeux
sont couleur du ciel. » Et mes yeux
se sont fermés comme si
soudain ils avaient eu honte.


/Traduction de l’anglais (États-Unis) par Sabine Huynh
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Anne Sexton
Aimer l'autre est comme une prière, Et ne peut être prévu,
vous tombez juste dans ses bras,
parce que votre confiance détruit votre méfiance.
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Anne Sexton
At night, alone, I marry the bed
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Pour John qui me prie de ne pas chercher à en savoir davantage



Ce n’était pas que ce fût beau,
mais à la fin il y avait là
une certaine forme d’ordre ;
une chose valant la peine d’être apprise
dans cet étroit journal intime de mon esprit,
dans la banalité de l’asile
où le miroir fêlé,
ou était-ce ma propre mort égoïste,
me fixait.
Si j’essayais
de te livrer autre chose,
une chose m’étant externe,
tu ne saisirais pas
que le pire de chacun
peut être, finalement,
un accident d’espoir.
J’ai tâté ma propre tête ;
c’était du verre, un bol renversé.
C’est mesquin
d’enrager dans son propre bol.
Au début c’était privé.
Puis cela m’a dépassé ;
c’était toi, ou ta maison,
ou ta cuisine.
Et si tu te détournes
car il n’y a rien à apprendre ici,
je prendrai mon bol gênant,
avec ses étoiles fissurées qui brillent
comme un mensonge compliqué,
et j’y attacherai une nouvelle peau
comme si j’habillais une orange
ou un soleil étrange.
Ce n’était pas que ce fût beau,
mais j’y ai trouvé de l’ordre.
Il doit y avoir quelque chose de spécial
pour quelqu’un
dans ce genre d’espoir.
Quelque chose que je n’aurais jamais trouvé
dans ce lieu plus plaisant, mon cher,
bien que ta peur soit partagé par tous,
comme un voile invisible tendu entre nous…
et parfois en privé,
ma cuisine, ta cuisine,
mon visage, ton visage.


/ Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sabine Huynh
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Son genre

Je suis sortie, sorcière possédée,
hantant l'air noir, plus courageuse la nuit ;
rêvant le mal, j'ai fait mon chemin
par-dessus les maisons ordinaires, lumière après lumière :
pauvre chose solitaire, avec mes douze doigts, oubliée.
Une femme comme ça n'est pas une femme, vraiment.
J'ai été de son genre.

J'ai trouvé les grottes chaleureuses dans les bois,
je les ai remplies de poêles, de figurines, d'étagères,
de placards, de soieries, d'innombrables biens ;
j'ai préparé le souper pour les vers et les elfes :
pleurnichant, en réarrangeant les mal alignés.
Une femme comme ça est mal comprise.
J'ai été de son genre.

Je suis monté dans ton chariot, conducteur,
j'ai fait signe avec mes bras nus aux villages qui défilaient,
découvrant les dernières routes étincelantes, survivante
là où tes flammes mordent encore ma cuisse
et mes côtes craquent où tes roues s'entortillent.
Une femme comme ça n'a pas honte de mourir.
J'ai été de son genre.
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SA PAREILLE

Je suis sortie, sorcière possédée,
hantant l'air noir, plus hardie la nuit ;
rêvant de faire le mal, au-dessus des banals
pavillons de banlieue, de lumière en lumière :
créature solitaire, à douze doigts et folle.
Ce genre de femme n'est pas tout à fait femme.
J'ai été sa pareille.

J'ai trouvé les grottes chaudes dans les bois,
les ai garnies de poêles, de sculptures, d'étagères,
d'armoires, de soies, de biens innombrables ;
j'ai préparé le bouillon des asticots et des lutins :
me lamentant, j'ai remis de l'ordre dans le fouillis.
Ce genre de femme est incompris.
J'ai été sa pareille.

J'ai roulé dans ton diable, phaéton,
salué de mes bras nus les villages traversés,
assimilant les dernières routes claires, survivante
là où tes flammes mordent encore ma cuisse
et mes côtes craquent sous la force de tes roues.
Ce genre de femme n'a pas honte de mourir.
J'ai été sa pareille.
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Poèmes d’amour
                    LA NAGE NUE



extrait 1

Au Sud-Ouest de Capri
nous avons trouvé une petite grotte
inconnue et déserte et nous
l’avons pénétrée tout entière
y délestant nos corps de toute
leur solitude.

L’ensemble des poissons en nous
s’était échappé pour une minute.
Les vrais poissons s’en moquaient.
Nous n’avions pas dérangé leur intimité.
Nous avons calmement glissé par-dessus
et par-dessous, en larguant
des bulles d’air, de petits
ballons blancs qui remontaient
flotter au soleil près du bateau
où le batelier italien dormait
son chapeau sur son visage.
….


/Traduction de l’anglais (États-Unis) par Sabine Huynh
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