Citations de Annick Cojean (115)
La dépendance économique vous menotte, vous bouche l'horizon, vous expose à toutes les humiliations y compris d'ailleurs aux violences conjugales.
Aujourd'hui presque tout ce qui faisait le camp a disparu. Impossible d'imaginer la pestilence, les aboiements des chiens, les hurlements des ordres, et la noirceur du ciel voilé.
C’est de ses yeux d’un vert transparent et liquide qu’on se souvient d’abord. De ses yeux si clairs, si vifs, qu’elle plantait dans les vôtres et qui semblaient exclure qu’on puisse se dérober, esquiver, mentir ou faire semblant.
SV - L'indépendance économique est une règle d'or, Gisèle Halimi et son mouvement "Choisir" ont eu raison d'en faire leur credo.
AC - C'est ce que ma mère n'a cessé de m'enseigner : "un métier, Annick, un métier ! Ne jamais dépendre de quiconque !"
SV - Quel meilleur conseil pour une fille ?
En juillet 1944, notre transfert à Bobrek, à 4 ou 5 km de Birkenau, nous a certainement permis de rester vivantes plus longtemps. Nous travaillions pour Siemens. On ne mangeait pas plus, mais la tâche était moins pénible et la surveillance moins stricte. Le calme régnait car nous étions terrifiés à l'idée qu'une incartade nous renvoie à Birkenau.
Quand mai 68 est arrivé, je n'étais pas surprise et je m'en suis même réjouie. Il fallait secouer cette société.
Et ce ministère me convient : la santé, la ville, les affaires sociales, ça m' a toujours passionnée. Aussi loin que je remonte, je me suis toujours occupée des exclus, des oubliés, des humiliés.
Nous étions une famille juive profondément laïque. Il n'était pas question de rituels ou de visites à la synagogue. Mes parents s'étaient d'ailleurs mariés civilement. Et nous adorions que maman prépare un grand sapin de Noël !
Nous avons dû attendre un mois avant de pouvoir rentrer en France. Les soldats français libérés étaient rapatriés par avion, mais nous, les survivantes juives, nous devions nous contenter de camions.
Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement.
- Non, non et non !
Ce monde était mal fait, il fallait tout changer !
C’est ainsi que j’ai choisi d’être avocate. Le droit serait mon instrument, les mots mes principaux alliés, et je transformerais le monde en plaidant ! Rien de moins !
- L’injustice m’est physiquement intolérable. Je l’ai lancé un jour à la tête d’un magistrat qui a été choqué par ma véhémence.
Mais c’était un cri du cœur, presque un cri de douleur.
La rage que je ressentais remontait à très loin. Injustice de naître fille, injustice de naître pauvre, injustice d’un destin assigné par ma condition.
Et j’ai souri devant son idée (à Desmond Tutu) de lancer un mouvement de femmes qui diraient : Les hommes, dégagez du chemin ! On vous a laissé du temps, et regardez le bordel que vous avez créé ! À nous maintenant ! Il est si convaincu que cela ferait une sacrée différence. À condition, insiste-t-il, qu’elles refusent de se comporter en hommes comme l’ont fait Margaret Thatcher, Indira Ghandi ou Golda Meir.
Aujourd’hui, presque tout ce qui faisait le camp (Auschwitz) a disparu. Impossible d’imaginer la pestilence, les aboiements des chiens, les hurlements des ordres, et la noirceur du ciel voilé.
Sa mort sonne comme une injonction. À se souvenir. Se montrer vigilant. Poursuivre ses combats. Et ne jamais rien lâcher. L’espérance européenne, l’émancipation des femmes, l’aide aux persécutés… Jusqu’au bout, elle a fait tout ce qu’elle a pu pour témoigner, tisser des ponts, prôner des solidarités. Son histoire nous oblige. Son courage interpelle. Cette Européenne debout, au regard si clair, a besoin de relais.
Elle était magnifique et elle était complexe. Elle était combative, constamment indignée, et les conversations avec elle pouvaient être heureuses et déstabilisantes. Car elle ne cédait rien. Elle portait haut une exigence de morale et d’éthique héritée de ses parents. Et exécrait toute idée de renoncement, de capitulation et de démagogie. Elle revenait de si loin…
Est-ce la certitude de partager une autre échelle de valeurs que celles des hommes ? Les femmes, je le crois, sont spontanément solidaires.
Alors, il faut qu’elles s’unissent pour faire progresser leurs droits, leur liberté, leur visibilité. Il faut qu’elles s’épaulent, s’encouragent, se mobilisent. Qu’elles enfoncent les portes et prennent des responsabilités. Elles peuvent changer le monde. Mais il faut se battre car les hommes défendront toujours leur boys club !
Nous étions une famille juive profondément laïque, il n’était pas question de rituels ou de visites à la synagogue. Mes parents s’étaient d’ailleurs mariés civilement. Et nous adorions que maman prépare un grand sapin de Noël !
" C'est ce que ma mère n'a cessé de m'enseigner : " Un métier, Annick, un métier ! Ne jamais dépendre de quiconque !
- Quel meilleur conseil pour une fille ? La dépendance économique vous menotte, vous bouche l'horizon, vous expose à toutes les humiliations, y compris d'ailleurs aux violences conjugales. "
L’indépendance économique d’une femme, par exemple, me semble fondamentale. Et donc son droit absolu à exercer un métier. Là-dessus, aucun compromis possible !