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3.94/5 (sur 50 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Montréal , 1975
Biographie :

Annie Quintin est une écrivaine québécoise.

Elle imagine des histoires depuis son enfance. Au secondaire, on lui prédisait déjà une carrière d’auteure, mais elle refusait les honneurs de ses professeurs qui voulaient lui donner des méritas pour ses productions écrites (Dommage ! Elle apprit plus tard qu’elle aurait eu droit à un gros Larousse). Elle préférait refiler en douce à ses copines des textes cochons et mélodramatiques écrits sur des feuilles mobiles de couleur pastel. Comble de l’accomplissement, à seize ans, une ses nouvelles littéraires a été publiée dans le recueil Faudrait pas que la terre devienne plate, mais la gloire s’est arrêtée là.

La suite est une succession d’actes inachevés : Deux sessions en Lettres au Cégep avant d’aboutir en éducation spécialisée et en enseignement ; trois acceptations au Certificat en Création Littéraire sans jamais s’y inscrire; un seul cours d’écriture à l’École Nationale de l’humour (et comme elle ne pouvait se déguiser pour réciter ses textes, elle a dû abandonner.) Elle est devenue enseignante auprès d'élèves en difficulté.

Qu'à cela ne tienne elle a laissé sa fibre artistique s’épanouir en s’adonnant à la photographie, à la danse Swing et au scrapbooking (avant que ça devienne kitsch!) un passe-temps qui l’a amenée à voir ses créations publiées dans des magazines et à fonder le blogue Freestyle Québec avec des copines.

En janvier 2009, prise d’une détermination farouche, elle s’est mise en tête qu’elle écrirait un roman dans le but de le faire publier. De là, est né "Désespérés s’abstenir" et la conviction que oui, les résolutions de début d’année (et les rêves) peuvent se réaliser.

Elle travaille présentement sur la suite de Désespérés s’abstenir qui paraîtra (espérons-le) en 2012.


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Désespérés s'abstenir - Annie Quintin - VLB éditeur - Capsule 1


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J’étais figée. Clouée sur place. Incapable de bouger. Assise sur le bord de la baignoire. Pieds nus. Tétanisée. Des ravages sous les yeux. Dans le bain. Une tempête était passée. Et cette tempête, c’était moi.

Ouvrir le robinet. Laisser couler l’eau chaude. Réchauffer mes pieds gelés. Mes orteils bien étampés sur la porcelaine blanche. Regarder mes orteils. Me concentrer sur celui du milieu qui dévie fièrement. Peut-on faire un doigt d’honneur « version orteil»? Un mini fuck you sans la retentissante vibration d’une main en colère?… Ou n’importe quoi pour se changer les idées?

Je suis tellement conne, conne, conne!

Comme mantra, on aura vu mieux. Voilà pour l’estime de soi. On repassera. Merci, bonsoir. Vaut mieux s’autoflageller à grands coups d’insultes que d’y aller à la lame de rasoir.

Mais non… Je n’en suis pas là. Ce n’est pas moi.

Pourquoi se réfugie-t-on dans la salle de bain en cas de détresse? Pour utiliser tout le rouleau de papier de toilette et pleurer? Pour avoir à portée de main des médicaments si on perd pied? Parce que la résonance vient nous répondre en écho? Parce qu’on veut se terrer dans un petit endroit clos pour se sentir en sécurité, dans un cocon protégé, à l’abri du monde extérieur? Pour se mirer dans la glace avec ces larmes qui laissent des traces et confirment que l’on fait pitié, pitié comme pas une n’a fait pitié avant?…

Toutes les possibilités étaient là devant moi. Mais pas pour moi.

Et pourtant, la salle de bain s’était avérée mon seul refuge. Là où ma colère avait jailli.

Inspire, expire… Inspire… expire… expire…

Expire…

Positionner le rouleau de papier de toilette sur le dessus ou en dessous? Quelle est la solution la plus pratique quand l’urgence nous prend de tout dérouler d’un coup? Aucun lien avec le chaton blanc de la pub de Cottonelle qui sautille dans le tas de papier. L’image donnait juste le goût de pleurer.

Fuck… Je ne voulais pas pleurer.

De toutes les catastrophes naturelles, c’était la mienne qui allait faire la manchette ce soir-là. Les ouragans, les tremblements de terre sont monnaie courante, ça arrache tout. Ça arrache tout, même le cœur.
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Au téléjournal, ce soir, Clara Bergeron nous raconte sa rupture avec Damien, Ô-Saint-Ténébreux-Damien, d’abord objet d’imbroglios surnommé T.R. (le mystérieux T.R.), et ensuite appelé dans l’intimité: « Dam-oh-oui-Dam-baise-moi-Dam!»

– Madame Bergeron, bonsoir.

Silence. On a voulu lui mettre une bande noire sur les yeux, lui conférer un statut de « fraîchement flushée anonyme». Elle a refusé. Elle assume. Elle dit qu’elle assume. En coulisse, elle n’a pas voulu passer par le siège de la maquilleuse. On a murmuré sur son passage: « Déjà? Il me semble que c’était bien parti leur affaire… C’était si beau de les voir ensemble! Non… Franchement, c’était assez prévisible, vous ne trouvez pas? C’est une fille tellement compliquée! Faudrait lui booker un psy, elle-même n’arrive pas à se comprendre! Avez-vous déjà vu une fille qui se fait flusher deux fois en deux ans? Ça ne doit pas tourner rond chez elle… Un peu de poudre compacte, mademoiselle? Juste pour ne pas avoir l’air trop blême devant la caméra…»

NON.

Elle se fout de ce qu’ils disent. Elle ne veut pas qu’on pose les mains sur elle. On ne posera plus jamais les mains sur elle. Elle a marché tête haute, sans chanceler, le regard vide. Elle s’est assise avec raideur sur le tabouret qui lui avait été assigné. Le p’tit monsieur des éclairages a dû réajuster le contraste pour ne pas blesser les yeux des téléspectateurs. On a vu plus sympathique à l’écran. Il y a des gens qui gagnent des trophées parce qu’ils sont gentils. Pas elle.

– Merci d’avoir accepté de nous accorder cette entrevue exclusive.

– Je…

Elle s’interrompt, fixe la caméra d’un regard indéfinissable. La seule trace d’anxiété qui ne peut échapper au téléspectateur, ce sont ses doigts aux ongles parfaitement rongés qui viennent à répétition replacer le col de son chandail.

– Un mot sur votre rupture?

– Conne.

– Merci pour ces paroles qui portent à réfléchir.

La bonne nouvelle TVA: Clara Bergeron est de retour sur le marché. Avis à tous les hommes célibataires désespérés: vous la trouverez dans un magasin près de chez vous, juste à côté du papier cul.
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Soixante-douze jours.

Le temps d’un été et de quelques poussières de minutes volées. Parce que l’amour, c’est pas assez.

Juste pas assez.

Jour 1, jour 2, jour 3… Avoir pour seul port un lit. Le sien, le mien, peu importe, pour autant que nous puissions nous toucher. Ses yeux dans les miens, les miens dans les siens, petites rides d’expression, prunelles qui brillent pour l’autre. Le courant qui passe à l’infini. Seuls au monde. À la dérive, dans des draps froissés.

Puis… Soixante-douze jours, la fin.

Fuck.

J’ai une image en tête. Je me vois plantée au milieu d’une route déserte parce que, par défaut, je l’ai tracée ainsi. Un chemin qui ne débouche sur rien. Le vent automnal se lève, d’abord léger, doux, caressant, puis de plus en plus insidieux et glacial, comme si le temps s’était accéléré à une vitesse folle, balayant tout sur son passage. Coup de foudre. Crainte. Passion.

Il me vient toutes sortes de banalités, des formules toutes faites inspirées des sites de rencontre internet.

Des soirées collés,

à se regarder dans le blanc des yeux.

Juste nous deux.

Toi et moi.

Seuls au monde.

Bleh…

Non.

Tout ce que j’ai snobé, le genre de slogans de fiches de rencontre dont je me suis moquée, voilà que j’en suis venue à souhaiter ça. À vouloir ça.

Et que je l’ai perdu.

Ça ne sera pas pour nous.

Je n’ai pour seule caresse que celle d’un foulard autour du cou, à défaut de celle de sa main avant qu’il ne m’échappe et ne me glisse entre les doigts. Et sur cette route, je suis seule. Toujours toute seule.

Je n’ai pas pu le retenir.
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Maintenant, les mots restent étouffés dans ma gorge, par protection. Je me garde une réserve, juste au cas où. Parce que ça ne se fait pas. Trop tôt. Trop vite. Oser les trois petits mots au mauvais moment, c’est risquer de le perdre, lui qui est tellement là, dans cette bulle d’instant parfait qui s’est créée autour de nous.

Il m’embrasse longuement, lentement, pas pressé d’aller plus loin. L’air de rien. Je me retrouve face à son désir de tendresse qui transparaît dans sa façon de me toucher du bout des doigts, alimentant chez moi un sentiment d’urgence.
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S’il s’avérait improbable de faire connaissance avec un homme dans «la vraie vie», Internet m’avait semblé très facile d’utilisation. C’était un moyen de rencontre rapide, accessible à toute heure du jour et de la nuit. En quelques clics, je magasinais du mâle. Aucune gêne, pas de niaisage. Bing. Bang. Je te veux. En théorie, simple comme bonjour. Il me suffisait de penser en chasseuse de têtes. Dénicher des talents. Faire valoir au candidat que l’entreprise était faite pour lui, l’entreprise étant… moi. Mais l’affaire n’était pas si simple…
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— Qu’est-ce qui s’est passé avec ta blonde hier?
— Je sais pas.

— C’est quoi l’affaire de se saouler dans un vins fromages?

— Je sais pas.

— T’as la face du gars qui ne veut pas en parler.

— Exact.

Je hausse les épaules et j’essaie d’éviter le regard d’Hugo. Il a roulé sur sa chaise jusqu’à mon bureau, au lieu de se donner la peine de se lever et de marcher douze secondes. Il y a de ces moments où je me demande c’est quoi l’idée d’enseigner non seulement dans la même université, mais dans le même département que mon vieux copain de cégep. Hugo, c’est le genre intense, qui ne démord pas. J’ai la tête à rédiger ma prochaine allocution de début de session, pas à discuter des événements d’hier.

Rien n’échappe à Hugo en ce qui a trait à Eve. Ces deux-là ne peuvent pas se sentir. Et j’ai la mémoire courte. J’ai la fâcheuse manie d’oublier dans quel pétrin je me retrouve le lendemain d’une soirée où ils se sont toisés de loin en grinçant des dents. Hugo se demande ce que je fais avec Eve. Eve se demande comment je peux m’être lié d’amitié avec un être aussi peu évolué qu’Hugo. Moi, j’essaie d’oublier de me poser trop de questions.

Comment lui expliquer qu’Eve essaie un nouveau médicament? Il ne pourrait pas comprendre de toute façon. Personne ne pourrait comprendre. Parce que personne n’est au courant. Presque personne.
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« Ça t’arrivera quand tu ne t’y attendras pas. » « Tout vient à
point à qui sait attendre. » « Un de perdu, dix de retrouvés. »
« Chaque torchon trouve sa guenille. » Ou pire encore : le
genre de proverbe qu’on voit imprimé sur la photo d’un calendrier
particulièrement kitsch : « Un jour, ton prince viendra…
»
Non… Je suis bien, seule, et je n’ai pas besoin d’un homme
dans ma vie.
Une pensée qui a été « brainwashée » et remâchée
jusqu’au moment où on fi nit par y croire, mais y croire vraiment
comme si dans ces mots résidait une vérité immuable.
Une pensée qui est devenue comme un mantra qu’on se répète
à soi, qu’on répète à tous ceux qui insistent un peu trop
et qui ne veulent rien entendre. Elle est devenue comme une
manière d’être tout simplement parce que les temps sont
durs et que le romantisme est illusoire, parce que « chat échaudé
craint l’eau froide ». Et parce qu’il craint aussi l’eau chaude.
Je suis une chasseuse de têtes. C’est mon métier. Le candidat
parfait, pour l’entreprise parfaite, les matchs parfaits,
c’est mon affaire. Du moins, côté boulot… Je n’aurais jamais
pensé chercher l’amour, et encore moins faire cette grande
quête sur Internet. Ce qui m’y attendait, jamais je n’aurais
cru cela possible non plus.
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Quelque part
une fille saoule au début d’un 5 à 7
EVE

C’est là que tout s’est enclenché, que l’idée s’est implantée dans ma tête avant d’y germer.

— Je capote! Il me rend folle! On a passé la nuit à se parler, à se tenir la main… Juste la main! Je me suis sentie comme le centre de l’univers. On aurait pu passer la nuit comme ça. Il a dit qu’il voulait rester là suspendu dans le temps… Que cet instant-là, c’était précieux et que s’il posait ses mains sur moi, il ne pourrait plus arrêter de me toucher. Ouf… C’était tellement ouf…— Wow.

C’est ce que j’ai laissé échapper. Un simple «wow» sans point d’exclamation, sans surprise. Suzie se délecte de raconter ses aventures, je devrais pourtant être habituée. Du coin de l’œil, je guette la réaction de Louis, assis à mes côtés. Il se contente de boire sa bière sans broncher.

Dans une conversation de filles, ce genre de confidence est normalement accueilli les fesses sur le bord de sa chaise dans l’attente de détails croustillants, un petit cri d’excitation au bord des lèvres. Mais avec mon chum comme témoin, je me contente de hocher la tête pour souligner mon écoute. Comme si Suzie avait besoin d’un quelconque signe d’encouragement pour relater sa vie sexuelle plus que trépidante.
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Le train qui roule vite, la main légèrement moite qui glisse
sur le poteau gras. Un dernier coup d’oeil discret dans le reflet de la vitre pour voir si tous les cheveux sont dignement en place. L’ombre d’un sourire qu’on s’exerce à faire subtilement, juste pour se pratiquer, pour se mettre sur le mode « cruise », mais surtout pas pour attiser le regard lubrique d’un passager douteux. Les portes du métro qui s’ouvrent dans un bruit sourd vers l’inconnu.
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Fever4ever de son pseudo, qui n’avait rien à son actif pour déclencher une fièvre, s’est avancé pour me donner un baiser sur la joue, ce que j’ai esquivé en laissant passer un
client qui voulait sortir. Feverwhatever avait un style ordinaire, des vêtements ordinaires. Châtain moyen, visage banal. Beige majuscule. De mon point de vue, je ne percevais
que la calvitie naissante qu’il prenait soin de cacher avec de longs cheveux gracieusement cueillis à partir de l’oreille opposée. Et si je pouvais me mirer dans le reflet de son cuir chevelu, c’est que j’étais une géante à côté de lui.
– Oh ! T’es plus petit que moi ! a été l’affi rmation, fraîchement et sans doute trop franchement sortie de ma bouche. Et v’lan pour l’estime de soi du pauvre gars. Et v’lan
pour ma mise en plis qui venait de se faner sous le coup de la déception. S’il a été ébranlé par ma remarque, il n’en a rien laissé paraître. Il faut dire que la hauteur du talon
de mes bottes donnait peu de chance à ses cinq pieds onze pouces virtuels, et, de toute évidence, purement théoriques. « Dans les petits pots, les meilleurs onguents ? » Peut-être pas !
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