L’épéiste vous ordonne de ne pas bouger. Il aime bien ça lui, ordonner. Il contourne le taillis pendant que vous vous tapissez dessous. Alors qu’il s’avance, tu concentres tes sens pour essayer de découvrir ce qui se dissimule en face. […] Comme ça t’inquiète, tu décroches ton arbalète, tu l’armes, et tu t’enfonces dans le fourré. Les ronces t’égratignent un peu la gueule en se faufilant dans ton capuchon, mais qu’importe : tu l’aimes pas, ta gueule.
Derrière l’amas de mauvaises herbes, tu découvres Rhyunâr qui s’avance vers une maisonnette. Un silence surnaturel entoure chacun de ses gestes alors qu’il se coule dans la clairière. Son yatagan accroche un peu la lumière qui perce entre les branches et la bicoque tressaille. Rhyunâr s’arrête et plus rien ne bouge. Il reprend sa marche après quelques secondes, pousse la porte de la masure et y pénètre.
Tu observes la suite à travers un des carreaux sales de l’unique fenêtre. Tu devines l’épéiste qui s’avance et qui pointe son arme sur la gorge d’un vieillard penché sur sa table. L’homme ne sursaute pas lorsque la lame entre en contact avec la peau de son cou.
Soudain, le silence se brise comme un enchantement et la voix de Rhyunâr résonne :
« Fais tes prières, vieillard. »
L’ancêtre tourne lentement la tête, il articule d’une voix qui tremblote :
« A ta place, sabreur, je serais plus prudent. »
Au même moment, la bicoque vacille sur ses bases dans un grondement sourd.
Tu comprends ce qui se passe avec une seconde de retard et tu beugles :
« Un élémentaire ! »
Comme ça t’inquiète, tu décroches ton arbalète, tu l’armes, et tu t’enfonces dans le fourré. Les ronces t’égratignent un peu la gueule en se faufilant dans ton capuchon, mais qu’importe : tu l’aimes pas, ta gueule
Allez, assez rigolé ; revenons à nos moutons.
Lorsque le marché est passé, le prince honore sa part : « Le fils du Baron de Vertefeuille prend en charge votre escorte. Pour cela il met à votre disposition son planton et vingt de ses cavaliers d'élite. Il n'y a point là trop d'hommes, car mes armées auront toute leur utilité dans la guerre contre les ogres... »
Soudain, les deux corps titanesques entrent en contact pour un effroyable affrontement.
Tu tournes la tête et vous reprenez votre course entre les troncs. Les bruits de la bataille se fracassent contre vos oreilles malgré l'éloignement. Vous galopez longtemps, jusqu'à ce que l'épuisement vous jette au sol. Dans un dernier effort, vous grimpez en haut d'un arbre. Avant de sombrer dans l'inconscience, tu entends le vieillard prier pour que Rhyunâr...
Le jeune homme répond par une accolade, puis entraîne son petit frère à l'écart. Ils font quelques dizaines de pas à l'extérieur avant qu'Itham ne s'arrête. Il s'accroupit et décroche son arbalète de son dos. sa voix n'est qu'un murmure.