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4/5 (sur 850 notes)

Nationalité : Portugal
Né(e) à : Lisbonne , le 01/09/1942
Biographie :

António Lobo Antunes est un écrivain et psychiatre portugais.

Issu de la grande bourgeoisie portugaise, son père, João Alfredo Lobo Antunes (1915-2004) est médecin neurologue et professeur. À l'âge de treize ans, il publie son premier recueil de poèmes et se passionne pour la littérature française (notamment Louis Ferdinand Céline que son père lui propose de lire à 14 ans et avec qui il aurait entretenu une correspondance), bien qu'il se reconnaisse pour maître William Faulkner.

Il fait des études de médecine et se spécialise en psychiatrie. Son père, pour l’aider, lui permet d’exercer avec lui, cette discipline à l'hôpital Miguel Bombarda à Lisbonne.

Son service militaire, effectué en Angola de 1971 à 1973 en tant que médecin, a inspiré directement ses trois premiers romans : "Mémoire d'éléphant" ("Memória de Elefante", 1979), "Le Cul de Judas" ("Os Cus de Judas", 1979) et "Connaissance de l'Enfer" ("Conhecimento do Inferno", 1980) qui le rendent immédiatement célèbre dans son pays. Depuis 1985, il se consacre exclusivement à l'écriture.

Il poursuivra son œuvre avec "Explication des oiseaux" ("Explicação dos Pássaros", 1982), "Fado Alexandrino" (1983), "La farce des damnés" ("Auto dos Danados", 1985) et "Le retour des caravelles" ("As Naus", 1988) dans lesquels il revisite le passé du Portugal, depuis l'époque des grandes découvertes jusqu'au processus révolutionnaire d'avril 1974, exposant les défauts du peuple qui, au cours des siècles, furent occultés à cause d'une vision héroïque de son histoire.

La guerre, l'absurdité du monde, la folie, l'hypocrisie d'un côté contrebalancé par l'apaisement que procure la présence de la femme aimée sont quelques thèmes récurrents de son œuvre. Ses histoires font souvent revivre une bourgeoisie complice du régime salazariste sans épargner pour autant la démocratie actuelle. Sans concession, il montre la trivialité, la mesquinerie et l'hypocrisie de la société portugaise.

Il démontre à travers son œuvre la nécessité de "rompre avec la ligne droite du récit classique et l'ordre naturel des choses", le roman constituant selon son propre aveu un exercice nécessaire de "délire contrôlé".

António Lobo Antunes a reçu le Prix du Meilleur livre étranger 1997 pour "La mort de Carlos Gardel" ("A Morte de Carlos Gardel", 1994) et le Prix Camões en 2007.
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Source : Wikipédia
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Citations et extraits (326) Voir plus Ajouter une citation
De temps en temps, des visites inattendues arrivaient dans ce trou perdu : des officiers de l'État-Major de Luanda, conservés dans le formol de l'air conditionné, des quinquagénaires sud-africaines qui embrassaient mes malades dans une fureur de rut de ménopause, deux actrices de Revue en train d'agiter à contretemps leurs grosses jambes sur une scène faite de tables, accompagnées par un accordéon exténué ; elles ont dîné au mess des officiers à côté du commandant luisant d'orgueil dont la timidité s'embrouillait dans des sourires d'adolescent pris en faute, pendant que le lieutenant, celui de la bonniche, tournait autour d'elles, flairant leurs décolletés dans une extase muette. L'aumônier, contrit, baissait ses paupières vierges sur sa soupe-bréviaire.
« Quarante ans à accumuler du sperme, calculait le capitaine âgé, en le toisant de loin. Si ce mec jouit, il nous noie tous dans l'eau bénite de ses couilles. »

E.
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...un appartement au deuxième étage sans ascenseur qui sentait presque comme ma grand-mère, autrement dit qui sentait la vieille lavande des coffres, pour aller lui rendre visite il fallait descendre quelques marches, on traversait une espèce de petit tunnel, on arrivait dans une cour avec un bac à laver le linge dont l'un des pieds avait été remplacé par une brique, un vélo appuyé contre le mur, les pneus à plat, qui n'appartenait à personne et deux petits immeubles à la peinture écaillée, on choisissait celui de droite et on montant dans le noir jusqu'à un palier où un sourire enveloppé de lavande, plus petit que moi, nous attendait dans le salon désignant une paire de souliers cirés dans un coin, et le sourire si léger qu'il entrait et sortait par la fenêtre comme ces petites graines avec des poils m'appelant
-Gamin
et moi mourant d'envie qu'il me frôle, encore aujourd'hui, par moments, bon ça suffit les mièvreries, mes parents ne m'ont pas emmené à l'hôpital pour que je lui fasse mes adieux et effectivement à quoi bon si chaque printemps elle entre par la fenêtre, je la distingue immédiatement au milieu des autres graines car c'est la seule qui sourit, elle se pose sur le guéridon, elle se pose sur le cadre du tableau, elle sort entre les rideaux, revient, ressort, ne revient plus, disparait au-dehors...
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- Tu m'aimes ?
un silence dans lequel, je pense, pas la moindre vague ne bougerait, ma mère à mon père, quand le drap a commencé à s'agiter en grandissant vers elle
- Arrête le petit ne dort pas encore
se soulevant, respirant plus vite aussi, plus fort, passant au-dessus de moi en direction de la voix de ma mère parce que ma mère pas de corps, une voix seulement, quand elle se couchait j'avais l'impression qu'elle devenait liquide, sa voix de l'eau s'écoulant à la recherche d'un chemin entre les carreaux de faïence ou les lattes du silence, la fenêtre un carré plus clair avec ce qui ressemblait à un arbre ou le halo d'un réverbère de la rue où l'ombre oblique d'un oiseau et une branche de vent, pas une branche d'arbre, tremblaient, le drap s'est agité du côté de ma mère également, plus fort que de son côté à lui
- Pas moyen que tu te tiennes un peu tranquille ma parole
dans une protestation fâchée et moi la sensation que l'univers n'existait qu'au-dessus de ma tête vu que sous ma tête toutes ces choses du monde inutiles, des vêtements vides sur le sol, une chaussette de mon père près de la commode
(l'autre disparaissait tout le temps)
la jupe de ma mère glissant de la chaise, une mule marron dont l'extré, des mouettes, mité était trouée, une pièce de monnaie contre la plinthe, une assiette de restes de nourriture qu'on aurait dits en plâtre, la branche d'un tipuana de la place qui traversait la vitre avec des envies de me toucher, que diraient mes parents s'ils voyaient où j'habite, s'ils voyaient l'albinos, ma mère
-Qu'est-ce que c'est que ça ?
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...la nuit à la campagne est différente de la nuit en ville, un silence immense avec plein de bruits à l'intérieur, on n'arrive pas à les entendre mais ils sont là, cachés dans un vide empli d'ombres et de feuillages...
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...et voilà une grande vérité, je devrais penser un peu moins à moi, surtout comme le conseille le psychologue de l'hôpital, fermer mon esprit au passé oui mais comment si le passé n'est même pas passé, il continue d'avoir lieu, il n'a pas changé, des kilomètres et des kilomètres de brousse chaque jour avec arme, toile de tente et rations de combat, en prenant la précaution de mettre mes pieds dans les traces de ceux qui m'ont précédé, y compris ici dans le jardin de la maison au village la précaution de mettre mes pieds dans les traces que j'ai laissées il y a une heure ou deux parce que allez savoir où les terroristes ont semé une mine antipersonnel ou une grenade à fil-piège, on se prend la jambe dans le fil, la grenade bondit et un feu d'artifice à la hauteur du ventre, la quantité de tripes que j'ai pu voir comme ça, après il faut les verser dans une bassine, les laver, les cuisiner, les manger et donner les restes aux nègres qui viennent jusqu'aux barbelés tendre leurs boîtes de conserve, nom de nom comment fait le psychologue de l'hôpital pour ne pas se lever de sa chaise et partir en cavalant dans le couloir pour ne pas vomir ici même devant nous, en nous regardant avec une haine modeste comme les chiens du bout du monde...
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Ma mère était leur cousine germaine, je veux dire la cousine germaine du père, pas de son fils nègre qui n’a jamais été son fils même s’il le traitait comme son fils et que le nègre le traitait comme son père, le cousin de ma mère l’a ramené de la guerre en Angola, il avait cinq ou six ans, moi je n’étais pas encore née, je suis arrivée plus tard et je me rappelle que mon beau-père m’a répondu, quand je lui ai demandé pour quelle raison le cousin était revenu avec un enfant peut-être plus heureux là-bas dans la cambrousse où il l’avait trouvé, que pour ainsi dire tous les soldats rapportaient des souvenirs, un masque, une statuette en bois, une oreille dans un bocal de formol, un gamin, un moignon, des silences au milieu des conversations pendant lesquels ils partaient très loin tout en restant là et au loin j’avais comme dans l’idée qu’on entendait presque des tirs et des cris...
(incipit)
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Jamais les mots ne m'ont semblé aussi superflus qu'en ces temps de cendre, dépourvus du sens que j'avais l'habitude de leur donner, privés de poids, de timbre, de signification, de couleur, à mesure que je travaillais sur le moignon pelé d'un membre ou que j'introduisais, à nouveau, dans un ventre les intestins qui en débordaient.

F.
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Évidemment la maison, pour autant qu'on puisse appeler maison une espèce de baraque, n'existe plus à coup sûr, tout au plus doit-il rester, ça c'est moi qui l'imagine, des tuiles brisées et des briques sur le sol, le petit potager remplacé par des roseaux et des épineux, le mur de pierres sèches à moitié écroulé et puis des agaves et la mer en contrebas, si étrange la nuit, juste une absence avec des lumières de bateaux au loin, suspendues à rien, et la certitude qu'il me suffisait de tendre la main pour les attraper, Domingas
- Il vaudrait mieux remettre les lumières à leur place avant que la soupe refroidisse
et je n'en revenais pas que mes doigts ressortent tout secs de l'eau, ma parole d'honneur que même si je suis partie depuis des années jamais je n'ai quitté les lieux où j'ai habité ou alors ce sont eux qui m'accompagnent pour toujours, j'entends le néflier, j'entends le sifflement de l'herbe, Domingas à moi
- Gare au vent mademoiselle gare au vent
et j'entendais, je voyais, de la même manière que j'entends le jusant d'une voix pleine de dents ramassant avec sa manche les roseaux et les algues jonchant la plage, elles ont tant de poches les vagues, parfois un crabe tordu dans le jardin, pas seulement malhabile, tordu, avançant l'un après l'autre les talons hauts malcommodes de ses pattes dans une lenteur monstrueuse de bestiole convaincue d'être grande alors que petite (...)
(Incipit)
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Ma femme s'affalant doucement comme une pieuvre s'endort, plongeant ses tentacules dans le sable des draps
- Quel soulagement
moi, craignant qu'elle ne me dévore, de m'habiller dare-dare avant qu'elle ne me demande dans son sommeil
- Tu ne me fais pas un bisou Luis ?
et que je ne soit obligé de me couler jusqu'à cette chose flasque en chemisier à volants et de frotter mon menton sur un front enduit de crème hydratante, pendant qu'une paume visqueuse me pincerait l'oreille
- A ce soir Luis
me rappelant une fille brune, boulotte, en train de m'enfiler une alliance au doigt sur la photo de l'album, j'ai fait chauffer du café dans la cuisine en priant pour qu'elle ne s'amène pas en chaussons histoire de m'aider à allumer le gaz, trouver le sucre, ouvrir le placard au-dessus du micro-ondes.
- Tu n'as jamais su où se trouvaient les tasses Luis
et de me quitter sous le porche en me gâchant la matinée avec son petit au-revoir d'adolescente décrépite, j'ai traversé le jardin à pas feutrés, la cravate pendue autour du cou, j'ai fais les nœuds à mes lacets...
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Antonio Lobo Antunes
...il y a un je-ne-sais-quoi dans les chaussures pour femmes, même vides, qui fait naître en nous des enthousiasmes heureux...
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