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Citations de Antonio Tabucchi (283)


Antonio Tabucchi
La vraie vie, nous dit Pessoa, n'est pas celle qu'on mène, mais celle que l'on invente par l'imagination.
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À cette époque, j'habitais dans un endroit sauvage, qui n'était pas très loin, en haut des collines. Quand j'y parvins, le déluge avait déjà commencé, et le ciel était enflammé, comme une fête de village où les saints se déchaînent. Je montai dans ma chambre et j'ouvris la fenêtre. C'était une grande fenêtre, qui donnait sur un paysage de maquis et de roches trouées par les intempéries. Là vivaient des sangliers et des lapins de garenne, qui étaient déjà tous rentrés dans leurs tanières. Dans ma chambre il y avait une femme qui me dit : viens dormir. Si elle n'était pas là, je me l'imaginai, parce que quand éclate un furieux orage qui te menace jusqu'à te faire trembler les mains, il est nécessaire d'entendre la voix d'une femme qui te rassure en te disant : viens au lit. (p. 121/122)
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Pereira prétend avoir fait sa connaissance par un jour d'été. Une magnifique journée d'été, ensoleillée, venteuse, et Lisbonne qui étincelait. Il semble que Pereira se trouvait alors à la rédaction, il ne savait que faire, le directeur était en vacances, son souci consistait à devoir monter la page culturelle, parce que le Lisboa avait dorénavant une page culturelle dont on lui avait confié la responsabilité. Et lui, Pereira, réfléchissait sur la mort. En ce beau jour d'été, avec la brise atlantique qui caressait la cime des arbres, avec le soleil qui resplendissait, et une ville qui scintillait, oui, qui scintillait littéralement sous sa fenêtre, et un ciel bleu, un ciel d'un bleu jamais vu, prétend Pereira, d'une netteté qui blessait presque les yeux, il se mit à songer à la mort.
(incipit)
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La philosophie donne l'impression de s'occuper seulement de la vérité, mais peut-être ne dit-elle que des fantaisies, et la littérature donne l'impression de s'occuper seulement de fantaisies, mais peut-être dit-elle la vérité.
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La philosophie donne l’impression de seulement s’occuper de la vérité, mais peut-être ne dit-elle que des fantaisies, et la littérature donne l’impression de s’occuper seulement de fantaisies, mais peut-être dit-elle la vérité. p.33
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Il demanda : "vous avez dit ?".
"Je parlais des corps" dis-je, "peut-être sont-ils comme des valises, nous y transportons nous-mêmes". (p.46)
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La première chose à laquelle on pense, ici, c'est à quel point est trop le trop que notre époque nous offre, au moins à nous qui sommes du bon côté. Mais regarde donc les chèvres : elles vivent de rien, elles mangent les ronces, elles lèchent même le sel. Plus je les regarde, plus elles me plaisent, les chèvres. (p.14)
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Samuel Butler était vraiment un type singulier, non seulement pour les romans incroyables qu’il a écrits, mais pour sa façon de voir la vie. Une de ses phrases me vient en tête : « Je peux tolérer le mensonge, mais je ne supporte pas l’imprécision. » Mon amour, des mensonges nous nous en sommes beaucoup dits dans notre vie, et nous les avons tous acceptés réciproquement, tant ils étaient vrais dans notre imaginaire désirant. Mais il y a eu un mensonge, ou si tu préfères plusieurs mensonges regroupés autour du même fait réel, qui nous a perdus pour toujours, car c’était un faux mensonge, c’était l’illusoire, et l’illusoire est nécessairement imprécis... (p.186)
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Des grillons, j’en ai entendu, la nuit dernière, mais avec un tout autre son. Ce sont des grillons annonçant l’été qui arrive et que je pense passer avec toi. Les grillons des fêtes du grillon de quand nous étions enfants, ceux qui mouraient pendant la nuit sur une feuille de salade dans leur petite cage dans la cuisine, même si ceux dont je parle étaient au contraire des grillons libres, contents, ça s’entendait à leur chant, on aurait dit qu’ils disaient « demain c’est le premier juin, fête de l’Ascension ». Au demeurant, qu’est-ce que c’est, comme fête, l’Ascension, où monte-t-on, et qui monte ? (p.237)
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La mémoire est une formidable faussaire...
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Le soir tard ou le matin très tôt, si l'on fait bien attention, on peut entendre leurs voix. Ce sont des plaintes confuses, des litanies et des murmures que, si l'on est sceptique ou distrait, l'on pourrait facilement prendre pour le bruit de la mer ou le cri des vautours. Beaucoup sont des âmes de naufragés.
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"A Bombay, il n'y a pas beaucoup de jaïns" dit-il ensuite sur le ton que l'on emploie pour donner des explications à un touriste, "dans le Sud, si, beaucoup encore. C'est une religion très belle et très stupide." Il dit cela sans aucun mépris, toujours sur le ton neutre d'une déposition.
"Vous, qu'êtes-vous?" demandai-je, "je vous prie d'excuser mon indiscrétion."
"Je suis jaïn" dit-il.
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Il se demanda : dans quel monde est-ce que je vis ? Et il lui vint à l’idée que, peut-être, il ne vivait pas, c’était comme s’il était déjà mort. Ou mieux : il ne faisait rien d’autre que penser à la mort, à la résurrection de la chair à laquelle il ne croyait pas et à d’autres sottises de ce genre, sa vie n’était qu’une survie, une fiction de vie. P 19
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Pereira prétend que, cet après-midi là, le temps changea. Soudain la brise atlantique cessa, un épais rideau de brume arriva de l’océan et la ville se trouva enveloppée dans un suaire de chaleur. Avant de sortir de son bureau, Pereira regarda le thermomètre qu’il avait acheté à ses frais et qu’il avait suspendu derrière la porte. Il indiquait trente-huit degrés. Pereira éteignit le ventilateur, rencontra la concierge dans les escaliers, qui lui dit au revoir doutor Pereira, il flaira une fois encore l’odeur de friture qui flottait dans la cour et, finalement, il sortit à l’air libre. Devant la porte d’entrée se trouvait le marché du quartier, deux camionnettes de la Guarda Nacional Republicana y étaient stationnées. Pereira savait que le marché était en agitation, car le jour d’avant, dans l’Alentejo, la police avait tué un charretier qui était un des fournisseurs du lieu et qui était socialiste. C’est pour cela que la Guarda Nacional Republicana stationnait devant les grilles du marché. Mais la direction du Lisboa n’avait pas eu le courage de passer l’information, c’est-à-dire le vice-directeur, car le directeur était en vacances, il était au Buçaco, pour jouir de la fraîcheur et des eaux thermales et, de toute façon, qui aurait pu avoir le courage d’informer qu’un charretier socialiste avait été massacré sur sa charrette dans l’Alentejo et qu’il avait couvert de sang tous ses melons ? Personne car le pays se taisait, il ne pouvait pas faire autrement que se taire, et pendant ce temps les gens mouraient et la police agissait à sa guise. Pereira commença de transpirer, parce qu’il songea de nouveau à la mort. Et il se dit : cette ville pue la mort, toute l’Europe pue la mort.
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Dans ce présent infranchissable où je vis, je regarde chaque jour le char du soleil qui s'élance dans le ciel et suit la même course que toi vers ton occident ; je regarde mes mains immuables et blanches ; de la pointe d'un rameau je trace un signe sur le sable – comme la mesure d'un compte inutile – ; puis je l'efface. J'ai dessiné et j'ai effacé des milliers de signes, mais le geste est le même, le sable est le même, rien ne change et je reste inchangée.
(Passé composé. III, Lettre de Calypso, nymphe, à Ulysse, roi d'Ithaque)
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Le sarrabulho arriva dans un grand plat de faïence, de style populaire, brune et décorée de fleurettes jaunes en relief. À première vue, il avait un aspect repoussant. Au centre du plat se trouvaient les pommes de terre, toutes dorées de graisse, et autour les rognons et les tripes. L’ensemble baignait dans une sauce brune qui devait être du vin ou du sang cuit, je n’en avais pas la moindre idée. C’est la première fois que je mange une chose pareille, dis-je, je connais le Portugal depuis une éternité […] et je n’ai jamais eu le courage de manger ce plat, ça va être ma mort, je vais m’intoxiquer. Tu ne vas pas le regretter, me dit Tadeus en me servant, mange donc, mon timide, et ne dis pas de bêtises. Je plantai ma fourchette dans un rognon, en fermant presque les yeux, et le portai à ma bouche. C’était un pur délice, un mets d’une saveur absolument exquise
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La réalité passée est toujours moins mauvaise qu'elle ne le fut effectivement : la mémoire est une formidable faussaire.
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Il se met à penser à sa vie, mais de cela il n’a pas envie de parler, prétend-il. Il préfère dire que la mer était calme …
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page 50 [...] Il leva avec précaution le mince rayon de lumière vers la paroi, comme un détective qui enquête pour trouver des traces dans le néant, évita l'espace de la malade, surtout son corps, en faisant courir lentement le point lumineux sur le lit, partant du haut. Il cataloguait. Un : la poche de plastique pleine de cette matière laiteuse, avec un petit conduit qui descendait sous le drap : la nourriture. Deux : à sa droite une sorte de drainage qui aboutissait à un récipient à côté du lit. Trois : l'appareil à oxygène qui bouillait dans l'eau avant d'arriver dans le nez mais qui ne faisait aucun bruit, dont le tuyau s'était détaché quand elle avait retiré le respirateur. Quatre : une petite bouteille blanche suspendue la tête en bas avec un petit tuyau très fin qui faisait un coude où les gouttes se cognaient l'une après l'autre pour descendre vers le bras à un rythme immuable : la morphine. A ce rythme, sans variation tout le jour et toute la nuit, les médecins administraient la paix artificielle à un corps que la douleur aurait sans cela secoué violemment comme une tempête. Il aurait voulu détourner le regard, mais n'en fut pas capable, comme si le rythme monotone de la chute provoquait en lui un état de fascination, d'hypnotisme. Il pressa le petit bouton et éteignit la lumière. Et alors il les entendit, les gouttes. Elles commencèrent avec un bruit sourd et souterrain, comme si elles venaient du sol ou de la paroi : ploc plof, ploc plof ...[...].
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Antonio Tabucchi
Puis en dernier, il peignit l'oiseau qui était arrivé le premier, et comme il voulait un mur ample qui permît une bonne perspective, il opta pour celui du couloir du premier étage. Il peignit d'abord un portique, avec des colonnes et des chapiteaux corinthiens, puis le raccourci d'un jardin derrière une palissade. Enfin il fit poser l'oiseau, et comme il lui demandait une génuflexion, la créature prit appui sur un siège pour ne pas tomber ; il lui demanda aussi de croiser les mains sur la poitrine en signe de révérence et lui dit : « Je te couvrirai d'une tunique rose car ton corps est trop ingrat. Je ne dessinerai pas la Vierge avant demain, il te suffit de tenir bon cet après-midi, ensuite vous pourrez repartir – je vais faire une Annonciation. 
(Les oiseaux de Fra Angelico)
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