Ari Gounongbé

Des histoires de ce genre il y en a soixante-quatre différentes. Toutes ont un point commun : deux minutes. Deux minutes ont suffi pour que la négligence des hommes condamne des innocents. Deux minutes pour que la cupidité compromette un millier de projets de vie. Deux minutes pour que l’irresponsabilité plonge toute une nation dans le deuil, la souffrance. Deux minutes pour voir une vie basculer. Deux minutes pour qu’une construction du génie humain plonge dans les eaux. Deux minutes pour que la confiance placée en des marins experts s’écroule, par la légèreté des hommes. Deux minutes pour le silence complet. Deux minutes…

Le roman comme reflet de la réalité.
Les fictions rendent parfois mieux compte des mécanismes selon lesquels fonctionnent les populations du globe que des études savantes. Cela dit, on peut mener des études savantes sur les fictions, et c'est à quoi se sont attelés deux auteurs, l'un africain, l'autre européen, à partir de romans africains qui les conduisent à dessiner quelques idées-force.

Dans «La Toile de soi», Ari Gounongbé cherche à comprendre comment les écrivains africains traduisent ce qu'ils sont, à l'intérieur de leur culture ou en dehors d'elle, quand ils créent en utilisant les ressources de la littérature européenne. Il s'agit de faire dialoguer les cultures, en espérant - voeu pieux ? - ne pas leur faire perdre leurs caractéristiques. Longtemps, l'éducation donnée en Afrique par les Européens fut destinée à former des dirigeants dont le rôle serait de servir d'intermédiaires entre le pouvoir colonisateur et les populations locales. Cela a provoqué un phénomène d'acculturation dont les conséquences ont laissé des traces visibles dans la littérature produite sur le continent noir.

En psychologue autant qu'en lecteur, Ari Gounongbé utilise son expérience et ses connaissances livresques pour peindre la situation actuelle et définir les conditions dans lesquelles elle pourrait être améliorée.

MAURY,PIERRE

Fatigue de la compassion est ouvrage vraiment remarquable. Une logique de construction passionnante et très riche en références non seulement bibliographiques mais également en expériences personnelles qui permettent à tout lecteur de se questionner lui-même et d’enrichir sa vie personnelle....

L'auteur y relate une vision de la compassion qu’il s’est construite grâce à ses expériences professionnelles, tant celles vécues dans son propre cabinet que celles rencontrées sur le terrain lors de ses différentes missions humanitaires à travers le monde. Du cas le plus courant pour lui à ceux les plus complexes et extrêmes méconnus, que ce soit en situations d’urgence (catastrophes naturelles, épidémies…) ou dans le cadre de mission de soutien.
Grâce à une construction analytique méthodique, évolutive et interactive, appuyée et étayée sur de sérieuses références bibliographiques, à une analyse pertinente de ses propres comportements face aux multiples cas auxquels il a été confronté, l’auteur partage, avec détachement de lui-même, les fruits de ses observations. Une sorte de miroir de son “propre lui-même” lui permettant de définir la compassion.

Avis/critique
Cet ouvrage est destiné à un public averti, à des professionnels du corps médical désireux d’approfondir leurs relations aux autres, que ce soit dans un contexte soignant ou personnel. C’est une œuvre dense qui implique une lecture attentive et sérieuse.
Ari Gounongbé donne une portée très large à la compassion en posant des questions qui invitent le lecteur à réfléchir sur son comportement vis-à-vis de lui-même et a fortiori des autres. «Fatigue de la compassion» gagne grandement à être lu à plusieurs reprises tout en prenant des notes. Un livre à garder près de soi.
Un véritable travail sérieux et professionnel qui mérite un lectorat avide de connaissances humaines.

Quelques pistes des milieux dans lesquels ce livre peut être proposé
- Les médecins spécialistes (tout type de spécialité) : ils sont amenés à se retrouver face à la souffrance par laquelle ils ne doivent pas se laisser déstabilisés pour rester maître de leur propre être “soignant” devant leurs patients qui ont de nombreuses attentes.
- Les professeurs universitaires en psychologie, psychiatrie, sciences humaines, ethnologie, médecine : ils peuvent utiliser ce livre comme exemple aux notions qu’ils travaillent ou comme inspiration à leurs cours.
- Les étudiants en psychologie, psychiatrie, sciences humaines, ethnologie, médecine : cet ouvrage peut être un véritable outil de travail, un support et une illustration de cours.
- Les personnes autres, passionnées par l’étude de l’être humain mais d’un certain niveau intellectuel et de développement de l’intelligence : il peut les enrichir et les guider lors d’un travail sur eux-mêmes, les aider à s’améliorer, à donner un sens à leur vie.

Anne Dancourt, Journaliste

Mot de l’éditeur
Par ces temps où les concepts d’empathie et de compassion
sont traités par de nombreux essayistes (Jeremy Rifkin, Serge
Tisseron, Jacques Hochmann, Paul Audi, Karen Armstrong,
etc.), l’auteur s’emploie à mettre en évidence l’usage qu’il en a
fait au cours d’interventions de clinique de l’extrême, là où la
logique de survie prend le pas sur celle de la vie. La fatigue de
compassion, c’est certainement la sienne dont il est question ici,
mais c’est aussi celles des nombreux intervenants auprès de
personnes en détresse que l’auteur a lui-même soutenus dans
leurs missions d’assistance psychologique et de soins médicaux.
Comment secourir sans succomber aux détresses d’enfants
abandonnés dans la rue, de parents ayant perdu leurs proches
dans une catastrophe de masse, de rescapés de catastrophe de
masse, de malades du sida ? Soutenu par des travaux de
philosophes, de psychologues et de psychanalystes, l’auteur
répond à un certain nombre de questions : comment s’exprime
l’accompagnement compassionnel quand la souffrance du
stressé renvoie l’aidant à ses propres souffrances ? Que devient
la compassion comme outil de soins quand, en tant que citoyen
et clinicien, une catastrophe de masse est provoquée par nos
habitudes d’irresponsabilité et de cupidité ? Comment mettre en
oeuvre la compassion quand, à travers le sida, des situations
cliniques interpellent vivement l’humain dans ce qui le fonde, à
savoir le sexe ?

"Fatigue de la compassion" est un livre généreux et savant, de cette "savantitude" qui vient du cœur et n'affirme rien, mais invente des sculptures du vivant au fur et à mesure. Dès que j’ai eu un moment pour le lire, je ne l'ai plus lâché pour entendre des accents qui composent avec le malheur. C'est une grande foi en l'humain quand il veut bien partager et écouter. Les émotions de la main d’Ari Gounongbé m'ont touchée et ont dessiné le pays de l'errance où il faut bien trouver des amarres.
Muriel Soulié, Psychanalyste

Dans «La Toile de soi», Ari Gounongbé cherche à comprendre comment les écrivains africains traduisent ce qu'ils sont, à l'intérieur de leur culture ou en dehors d'elle, quand ils créent en utilisant les ressources de la littérature européenne. Il s'agit de faire dialoguer les cultures, en espérant - voeu pieux ? - ne pas leur faire perdre leurs caractéristiques. Longtemps, l'éducation donnée en Afrique par les Européens fut destinée à former des dirigeants dont le rôle serait de servir d'intermédiaires entre le pouvoir colonisateur et les populations locales. Cela a provoqué un phénomène d'acculturation dont les conséquences ont laissé des traces visibles dans la littérature produite sur le continent noir.
En psychologue autant qu'en lecteur, Ari Gounongbé utilise son expérience et ses connaissances livresques pour peindre la situation actuelle et définir les conditions dans lesquelles elle pourrait être améliorée.
P. My (http://archives.lesoir.be/le-roman-comme-reflet-de-la-realite_t-19951206-Z0ADN0.html?queryand=Ari+gounongbe&firstHit=0&by=10&when=-1&sort=datedesc&pos=1&all=2&nav=1)

Fatigue de compassion est un livre généreux et savant, de cette "savantitude" qui vient du cœur et n'affirme rien mais invente des sculptures du vivant au fur et à mesure. Dès que j'ai trouvé le temps de lire, je ne l'ai plus lâché pour entendre des accents qui composent avec le malheur. C'est une grande foi en l'humain quand il veut bien partager et écouter. Les émotions de la main d'Ari Gounongbé m'ont touchée et ont dessiné le pays de l'errance où il faut bien trouver des amarres.
Muriel Soulié, psychanalyste

Voir commentaires et critiques du journaliste Baba Diop sur le lien ci-dessous

http://www.sudonline.sn/compassion-bonjour-la-fatigue_a_18557.html