Réputé pour attraper et faire valoir la physionomie de ses modèles, l’artiste ne dissimulait rien des défauts ou des irrégularités d’un visage : les traits empâtés et les joues tombantes qu’il prêta à Louis XIV étaient bien ceux d’un monarque de soixante-trois ans, arrivé au terme de son règne. Cependant, s’il n’hésita pas à conserver au cardinal de Bouillon le strabisme dont il était affligé, il conféra à son visage une position de trois quarts qui en atténuait, sans le nier, le désagrément.
Plus encore que celui de François de Troy et de Nicolas de Largillierre, son succès fut éclatant et reposait en grande partie sur l’homme, son caractère, ses méthodes de travail et sa manière. Rigaud, ce fut d’abord une détermination sans faille, une obstination même, à s’élever coûte que coûte et à devenir « plus qu’un peintre ordinaire ».
le souhait ardent qui l’avait animé durant toute sa vie : frapper les esprits, imposer sa marque, atteindre la gloire ultime, faire date.
Admirateur de Van Dyck et de Rembrandt, fréquentant Charles de La Fosse, Jean Jouvenet et Antoine Coypel, Rigaud, comme François de Troy, Nicolas de Largillierre et bon nombre d’artistes de sa génération, manifesta plus d’affinités avec les tenants du coloris qu’avec ceux du dessin.