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3.51/5 (sur 112 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : besançon , le 17/07/1973
Biographie :

Arnaud Friedmann est né en 1973 à Besançon. Après des études de Lettres et d'Histoire, il a travaillé dans la fonction publique et dirigé une structure liée à l'emploi, dans les Vosges.
8 romans, 1 roman jeunesse et 1 recueil de nouvelles publiés :
L'invention d'un père (2024, La manufacture de livres)
La femme d'après (2022, La manufacture des livres)
Le trésor de Sunthy (2019, Lucca éditions, Prix Seligmann contre le racisme)
La vie secrète du fonctionnaire (2016, éditions JC Lattès, Prix Louis Pergaud)
Le tennis est un sport romantique (2013, éditions JC Lattès)
Grâce à Gabriel (2012, éditions de la Boucle, Prix France Bleu Besançon)
Jeanne en Juillet (2010, éditions de la Boucle)
Le fils de l'idole (2005, éditions de la Martinière)
La mélodie préférée (2004, éditions Gunten)
Le chemin au bord de la mer (2003, éditions Gunten)
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Source : amazon,facebook
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Présentation de La femme d'après (La Manufacture de Livres, janvier 2022)


Citations et extraits (10) Ajouter une citation
Le soir, il murmure à Béatrice l'histoire d'un père qui emmène sa fille dans une cabane au milieu des bois pour qu'elle y entende la caresse du vent à travers les feuilles. Un père qui veut sauver quelques moments avant de disparaître. Béatrice l'écoute. Il parvient presque à se convaincre, à trouver leur situation féerique, à na pas s'effondrer quand il lui demande pardon pour sa disparition prochaine.
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– Tu devrais pas te balader toute seule, la nuit.
À nouveau, il me fixe dans les yeux. L’odeur de menthe passe, mêlée à celle des arbres sous lesquels on s’est arrêtés. Il y a les phares d’une voiture, à la perpendiculaire du boulevard, dans notre direction.
– On se casse.
– Mais…
– On se casse, j’ai dit.
Ils se cassent.
Je les laisse passer à côté de moi, les quatre, je ne me retourne pas, je ne frissonne pas quand ils me frôlent. Les phares de la voiture s’approchent, je compte qu’il leur faudra cinq secondes pour être à ma hauteur, j’enclenche le compte à rebours, un effort incroyable pour maîtriser chaque pore de mon visage.
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Les consignes de son employeur ne prévoyaient pas le cas d’une cliente qui aurait pu être sa mère et qui serait restée figée devant des survêtements pour attendre l’immobilité retrouvée d’un cintre. Il n’existait pas de recommandation comportementale pour cette situation, pas d’attitude gagnant-gagnant à laquelle se référer.
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(Les premières pages du livre)
Montpellier
6 au 10 août 2009
Il y a l’air tiède du milieu de la nuit, quelques moteurs en écho, le bourdonnement des télévisions à l’intérieur des immeubles, puis soudain, des voix. Je ne m’y attendais pas. Je pensais avoir le trajet pour moi. J’avais fantasmé ce retour solitaire jusqu’à la voiture, dix minutes pour infuser la soirée, ses promesses. Il n’y a pas loin, de l’appartement au parking, le quartier est excentré ; cubes neufs, habitations cossues ; malgré l’été je n’avais pas prévu ça : croiser des gens.
Je ne ressens pas d’appréhension. Juste le dépit d’autres silhouettes que la mienne dans les rues, et l’ennui des politesses auxquelles il faudra se soumettre.
Ils s’approchent, ils parlent fort. Je les entends, même si je ne distingue pas les mots. Ils ont l’accent d’ici, du Sud, ou de plus au sud ; des voix d’hommes jeunes. Je souris. Je revois la silhouette de Jacques à côté de la mienne sur le balcon, nos corps animés par la même attraction que vingt ans plus tôt, les gestes vigilants qui étaient les nôtres pour trinquer et nous dévoiler sans l’urgence des premières fois.
Ils avancent vers moi sans le savoir, sans savoir qu’à la prochaine intersection ils me croiseront, moi que leur jeunesse attendrit. Leurs voix s’imposent à la nuit, des promesses les attendent, plus entières que les miennes, moins sereines. Je m’ouvre à eux avant de les avoir vus, malgré mon envie d’avoir la ville pour moi seule.
Depuis combien d’années ne me suis-je pas sentie légère à cause d’un homme ? Du commencement possible d’une histoire – de sa répétition dans le cas présent ?
Maintenant, je les vois. Ils m’ont vue, eux aussi. Ils cessent de parler, continuent d’avancer dans ma direction. Une angoisse, d’un coup. Elle chasse mes rêves de romance répétée avec Jacques, m’assène que je ne devrais pas être là, à marcher dans les rues de Montpellier le visage allumé d’un espoir anachronique, avec mes rêves de promenades dans la nuit pareilles à celles de mon adolescence.
Ils sont quatre, trois derrière, un qui se tient devant, qui met le cap sur moi comme si je n’existais pas. Ou que si, justement. Comme si j’existais trop.
– C’est pas prudent de se balader toute seule, comme ça, la nuit, madame.
Derrière, les comparses ne ricanent pas. Je me serais attendue à ce qu’ils ricanent, ça aurait correspondu à mes codes, j’aurais identifié l’agression, au moins reconnu ça, ça m’aurait tranquillisée.
Celui qui se tient devant est tout près de moi. Les autres à quelques pas, indistincts. Je sens l’odeur de son haleine, un relent de chewing-gum à la menthe, décalé. C’est ce qui m’affole le plus, de reconnaître dans sa bouche les effluves de mes premières amours, de Jacques à la sortie de notre premier cinéma ensemble, il y a un peu plus de vingt ans. Opening Night.
– T’as entendu ce que j’ai dit ? C’est pas prudent, ce que tu fais.
L’affiche du film rechigne à s’estomper, derrière la vitre sale de la rue Gambetta. L’obtuse pâleur de Gena Rowlands et la force qui se dégageait d’elle. Je t’imagine comme elle, plus tard, m’avait chuchoté Jacques pendant qu’on s’approchait de la caisse ; je l’avais mal pris.
Le silence me contraint à regarder celui qui vient de parler, le silence et l’immobilité soudaine de notre décor. Aucun de ses traits n’adhère à ma mémoire. Je me concentre sur sa voix, y déniche des intonations qui pourraient plaire aux filles s’il les modulait différemment, à la manière d’un acteur américain. Les autres continuent de se taire. Je n’avais pas l’impression, avant d’apparaître dans leur champ de vision, que leur conversation rendait un son grégaire. L’idée me traverse, je me hais pour cette idée, l’idée me traverse que je ne devrais pas être là, pas avoir traversé la France pour retrouver Jacques vingt ans après notre séparation, me mettre en travers du chemin de ces types, les contraindre à m’agresser. À laisser leur chef rouler ces mots menaçants, jouer la partition attendue.
Au moins j’aurais dû rester chez Jacques jusqu’à la fin de la nuit, accomplir ce que j’étais venue chercher, plutôt que m’offrir cette liberté dans les rues, le film de la soirée dansant dans la tête jusqu’au parking, jusqu’à l’hôtel. La possibilité de croire que j’avais encore le pouvoir d’en rester là, rentrer chez moi, juste l’avoir revu et désiré autant qu’il y a vingt ans.
– Tu me réponds, connasse ?
J’enregistre qu’il ne m’a pas traitée de salope. J’en tire un courage inouï, déplacé, une absence de peur absolue. Salope, oui, l’histoire aurait été différente. Les comparses aussi sont déçus. Il n’y pas de temps à perdre pour garder l’avantage.
– Je me promène.
– Toute seule ?
Il va ajouter quelque chose. La phrase est déjà prête, elle contient le mot qui déclenchera ce qui est écrit, qui scellera mon destin. Je le refuse. J’improvise une réponse pour que le mot ne soit pas dit, qu’il me reste une chance d’atteindre la voiture, de ne pas finir en fait divers.
– Vous êtes de Montpellier ?
Ça le déstabilise. Le mot n’est pas sorti. Je prends mon sac le paquet de cigarettes entamé avec Jacques, lui en tends une. Pas aux autres.
– Je fume pas.
Je range mon paquet, comme si ça ne se faisait pas, de s’en griller une devant un non-fumeur. Même si le non-fumeur est l’agresseur. Je l’ai énoncé, mentalement : l’agresseur. Ça devient réel, du coup, la situation. Plus de place pour Opening Night, les souvenirs d’il y a vingt ans, la douceur de la nuit, le bras de Jacques autour de mes épaules quand on avait quitté la salle de cinéma. Le passage qui nous ramenait à la rue Gambetta, la vitre battue de quelques gouttes devant laquelle nous étions restés enlacés, une dizaine de minutes, à fixer l’affiche comme pour prolonger les impressions du film. Le même regard tout à l’heure quand j’ai quitté son appartement.
Quatre types, dont un à moins d’un mètre de moi ; des paroles menaçantes. La suite, je la connais. C’est comme si on me l’avait racontée, la scène que je vais vivre, exactement, l’absence d’issue. Pourtant, il n’y a pas de peur, juste le sprint de mon cerveau pour dénicher des phrases qui pourraient me sauver.
– Je viens de Besançon. J’ai deux filles.
Je cherche dans mon sac, mes mains ne tremblent pas. J’aurais eu les mêmes gestes pour une amie perdue de vue croisée à la sortie d’un hypermarché. La grande est mon portrait craché, du moins c’est ce que tout le monde prétend. Moi je suis incapable de trouver des ressemblances aux visages. Du porte-monnaie j’extrais les photos de Zoé et de Clara. Clara, mon portrait craché, paraît-il. Je tends les clichés en direction du type, bras replié. Ne pas le toucher, surtout ne pas le toucher.
Il chasse l’air devant les images, ne me touche pas non plus. Il n’est pas passé loin de ma main. S’il l’avait frôlée, la suite se serait enclenchée, la suite à laquelle je ne vais pas parvenir à échapper, ou peut-être que si, sûrement que si, j’ai l’espoir imbécile d’y échapper, pas pour retrouver la douceur de ma rêverie sur Jacques, ni même le souvenir de mes filles. Non, juste mes pas comme avant ; juste mes pas sans la menace d’inconnus, dans le milieu de la nuit montpelliéraine, la possibilité de me remémorer une soirée d’il y a vingt ans, l’attente dans la file d’un cinéma de province avant la découverte de ce qui deviendrait mon film préféré, la bouche de Jacques. Le lendemain la télévision tournait en boucle sur trois syllabes, Tchernobyl, mon père monologuait pour rassurer la famille, une exagération de journalistes, ça n’aura pas de conséquences pour nous. Je pensais aux baisers de Jacques. Des mots nouveaux survolaient la table : radio¬activité, fission, réacteur, tandis que j’échouais à me rappeler la forme de son nez, les dimensions de son front, l’épaisseur de ses lèvres.
– Je m’en fous, de tes filles.
– Pas moi.
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- Pourquoi les gens ils applaudissent le méchant ?
A cette question, Hélène ne sait pas quoi répondre. La dernière cigarette empâte encore sa bouche. Son fils parle de John pour la première fois. L'appelle le méchant. Elle se retient de détailler l'ensemble des évidences qui s'imposent à ses yeux, ne répond rien, c'est plus simple ; elle laisse McEnroe se cambrer et frapper un service décroisé, ça devrait suffire. (p.9)
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Je ne pensais qu'à manger, je rêvais de nourriture. Même revoir ma femme et mes enfants n'était plus ma priorité.
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Il y a un mouvement parmi ses collègues, une vague imperceptible de soutien devant l'absurdité de l'ordre. Le commissaire le sent, durcit son regard. Le visage qui en impose, celui de l'officier dont chacun dans la pièce connaît les états de service, les hauts faits. Ce visage-là, pour réclamer à une équipe de maintien de l'ordre cinquante contraventions pour excès de vitesse par jour? Il faudrait que quelqu'un ose rire, parmi les présents. Les autres suivraient, le commissaire se féliciterait de sa bonne blague. On passerait aux choses sérieuses.
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Mon téléphone sonne, je ne réponds pas, le poids des gestes à accomplir pour décrocher, me lever, commander un autre café, s’avère insurmontable. Plus tard, je marche dans Montpellier. Les intersections des rues sont emplies d’autochtones, de touristes, d’individus dont la présence interdit aux meneurs de se mettre en travers du chemin des femmes, de les traiter de connasse et de disparaître. Je marche, mes pas ne me permettent pas de me réapproprier ma liberté, de me reconstituer une insouciance.
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Lorsqu'elle a annoncé à ses proches qu'elle passait les concours de la police, après avoir échoué à ceux de la magistrature, ça n'a surpris personne. Juge, c'était pourtant son rêve de gosse, comme ça que tout le monde la voyait, le métier auquel elle était destinée ; elle l'aurait exercé à la perfection. Les concours de la fonction publique ne décèlent pas ces adéquations-là. Ils classent, trient, éliminent.
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Survivre passe avant retrouver les siens.
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