Question : Les moyens de la Police scientifique ne sont pas exploités dans toutes les affaires. A combien, estimez-vous, en pourcentage, l'utilisation du potentiel?
Réponse de Levy : Difficile de répondre. Mais la police comme la gendarmerie ont désormais complètement intégré les procédures de gestion de la scène de crime (délimitation, collecte des indices, conservation etc). En matière criminelle, elle est systématiquement mise en en oeuvre même si bien sur dans certains cas de figure elle peut intervenir après coup. Et ses apports sont incontestables. Regardez bien les photos d'actualité représentants des scènes de crime: vous verrez que les enquêteurs sont de toujours en blanc, c'est à dire revêtus des tenues de protection qui préviennent une «contamination» des indices. L'un des grands défis à venir sera d'étendre les investigations de police technique à la petite et moyenne délinquance (cambriolage, délits de voie publique), celle qui souvent "pourrit" la vie des citoyens et nourrit un sentiment d'insécurité. L'objectif fixé par la ministre del'intérieur c'est 2010. Mais il va falloir des moyens...
VOUS INTERVIEWEZ - Arnaud Levy auteur de «La police scientifique»...
De Gil Grissom des «Experts», au serial killer «Ted Bundy» en passant par le fichier «Edvige», le journaliste Arnaud Levy dans «La police scientifique» (Hachette pratique), dresse un panorama de la police scientifique et de ses méthodes. Un ouvrage qui permet de mieux comprendre le travail et les outils des enquêteurs. Et l'expert des «Experts» vous a répondu en direct:
Question : Certains ont les moyens de la police scientifique: Sarko, lorsque le scooter de son fils avait été chourré, l'ADN a révélé le voleur! C'est normal?
Réponse de Levy : Ce qui ne serait pas «normal», pour le moins pas souhaitable, c'est que l'on ne tente pas d'étendre le bénéfice des analyses de police scientifique à tous les citoyens comme ce fut le cas effectivement pour le fils de Nicolas Sarkozy (ou celui de Ségolène Royal et François Hollande).
Cet ancien praticien militaire est devenu le père de la médecine légale française. Dans la morgue de Lyon, il a réalisé des milliers d'autopsie. Professeur à la faculté de médecine de Lyon et médecin expert auprès des tribunaux, il a notamment étudié la rigidité et le refroidissement cadavérique, éléments essentiels de la datation de la mort, et la putréfaction morbide. Dès 1878, il a publié un Précis de médecine judiciaire, il s'est entouré d'une équipe pluridisciplinaire: chimiste, physiologiste, toxicologue, entomologiste. Cet esprit fécond est aussi un spécialiste de l'étude des tatouages, des masques mortuaires ou de l'argot...
Provoquer un incendie pour effacer toute trace d'un meurtre n'est pas un bon calcul car même un feu de cette ampleur ne suffit le plus souvent pas à faire entièrement disparaître un cadavre. Un processus de crémation nécessite une exposition à une chaleur de 815 degrés pendant au moins deux heures. Au cours d'un incendie, les températures peuvent passer de 260 è 1100 degrés, mais ces pics ne durent pas, le feu consumant rapidement son combustible.
En juin 1941, c'est sur ordre de Staline que Gerasimov réalise sa plus célèbre reconstitution faciale sur le visage du conquérant turco-mongol Tamerian dont les restes et ceux de la dynastie Timouride avaient été exhumés en Ouzbékistan. Mais selon la légende, une malédiction pesait sur le tombeau. Or le jour où Gerasimov exhuma le corps de Tamerian, l'Allemagne nazie attaquait l'URSS...