AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.86/5 (sur 39 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1979
Biographie :

Arnaud Modat est lauréat de plusieurs concours littéraires, "OneShot #1" chez StoryLab et "Nouvelles ROCK" organisé par le Café Castor.

"La fée Amphète" est son premier recueil de nouvelles (éditions Quadrature, 2012).

Il vit à Strasbourg depuis 2006.



Ajouter des informations
Bibliographie de Arnaud Modat   (5)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Il ne faut surtout pas prendre les mômes pour des demeurés monocellulaires consanguins de souche. Une majorité d’entre eux a aujourd’hui accès à Internet. Quatre- vingt-cinq pour cent des 13-15 ans se connectent au moins trois fois par semaine sur Youporn, c’est une statistique officielle et une vérité qui ne dérange personne. Comment les convaincre de fréquenter le catéchisme, dans de telles conditions ? On voit bien qu’il existe un lourd décalage entre le mythe et la technologie moderne de l’information. Ma tâche, néanmoins, consiste à vendre du rêve. J’ai promis sur mon contrat de travail.
Commenter  J’apprécie          130
INCIPIT
Les limites de la philosophie chinoise
Je disais: «Regardez-moi, Mademoiselle.»
Je disais même: «S’il vous plaît, continuez à me regarder…»
Je me montrais direct parce que la fille était vulnérable et, à vrai dire, sur le point de tomber dans le coma mais c’était l’essentiel du message que je souhaitais transmettre, en réalité, à toutes les femmes que je rencontrais à cette époque. Sophie ouvrait les yeux de temps à autre mais cela ne durait jamais assez longtemps pour que je puisse ajuster mon sourire le plus touchant. «Mademoiselle, est-ce que vous entendez ma voix?» La trouvez-vous sensuelle? Potentiellement radiophonique? Ne vous transporte-t-elle pas déjà vers les états émotifs d’un siècle disparu? J’avais mille questions à lui poser mais elle préférait convulser, plutôt que de se livrer à moi.
Je pensais: «Ne dépouillez pas la femme de son mystère» (Friedrich Nietzsche).
Nous nous trouvions sur les marches de la médiathèque municipale. La fille, Sophie, ne m’était pas littéralement tombée dans les bras. Elle avait d’abord esquissé les pas d’une danse connue d’elle seule, puis elle avait perdu la vue. Son attitude générale avait certainement attiré l’attention de ceux qui, comme moi, fumaient là une cigarette. Encore une de ces nanas défoncées au crack, avais-je pensé, faisant montre comme toujours d’une belle ouverture d’esprit. J’étais pourtant loin d’être irréprochable.
La ville de Strasbourg m’avait en effet adressé une demi-douzaine de courriers de relance et menaçait à présent de me traquer jour et nuit jusqu’aux contrées les plus sauvages si je ne retournais pas dans les plus brefs délais un certain nombre de documents empruntés à la médiathèque deux années plus tôt (sur un coup de folie). Sachant le bâtiment climatisé et meublé d’intrigants fauteuils design, je profitai donc d’une journée caniculaire de juillet 2008 pour régulariser ma situation auprès de la culture et des arts. Il était intolérable, en effet, que je prive indéfiniment mes contemporains assoiffés de connaissance de 1064 exercices pour bien débuter aux échecs, par Stéphane Escafre, aux éditions Olibris, et de Destins Yaourt, bande dessinée signée Édika chez Fluide Glacial. Inquiet de l’accueil que l’on me ferait suite à la restitution outrageusement tardive de ces pièces, je fumais une dernière cigarette sur le parvis, dans une sorte de couloir de la mort mental, quand Sophie s’était subitement trouvée mal. La pauvre avait d’abord chancelé, puis son visage s’était contracté de manière étrange, ses épaules avaient été secouées de spasmes, enfin elle avait placé ses mains tremblantes devant elle, manifestement aveuglée, craignant de percuter un mur.
Habitants d’une ville moyenne, rompus à l’indifférence, nous ignorons quel comportement adopter lorsqu’un de nos concitoyens se trouve dans une situation de détresse absolue. Tandis que Sophie expérimentait les premières manifestations de son malaise, nous étions une dizaine de badauds à l’observer du coin de l’œil, sans oser prendre part d’une manière ou d’une autre aux tribulations déroutantes de cette jeune femme qui, à y regarder de plus près, n’avait rien d’une nana défoncée au crack (je peux au moins me vanter d’être un homme capable de réajuster son jugement). Chacun attendait, il me semble, que son voisin immédiat sorte du rang et s’écrie : « Écartez-vous. Il se trouve justement que je suis l’un des plus grands spécialistes européens des affections neurologiques ! » Mais personne ne leva le petit doigt pendant une longue minute au cours de laquelle il paraissait de plus en plus clair que Sophie courait un sérieux péril. Nous prenions le temps, sans doute, d’analyser la situation sous ses aspects les plus étranges, alors même que les mots crise d’épilepsie carabinée clignotaient un peu partout autour de la jeune femme. Nous étions des gens sans histoires, préférant assister à une suffocation publique plutôt que de nous illustrer aux yeux d’une foule critique. Mais alors que Sophie menaçait de s’écrouler purement et simplement sur les marches de la médiathèque Olympe de Gouges, il me revint à l’esprit que j’avais passé mon brevet de secouriste deux semaines plus tôt et que je m’exposais par conséquent à des poursuites judiciaires aggravées en cas de non-assistance à personne en danger. Il m’apparut alors que je savais exactement quoi faire.
Commenter  J’apprécie          40
Le boulevard Desproges, c’est la cour des miracles de l’humour clandestin. De jeunes sauvageons recalés au Jamel Comedy Club meurent de froid en espérant trouver une bonne vanne sous l’enseigne d’un dôner kebab, d’anciennes gloires de la troupe du Splendid répètent leur tirades éculées tels des zombies de foire ; vous avez aussi des scénaristes intérimaires de chez Carambar, des cons de mimes, et même des gosses qui tapent de l’éther en rabattant les piétons vers des caveaux minuscules où se terrent quelques performers absurdes, sortes de Monthy Pithon blindés d’amphétamines, pratiquant la vanne underground, à la limite du supportable. Il paraît qu’il y a un public pour ça.
Commenter  J’apprécie          40
Jusque là, j'avais toujours trouvé la force de pardonner à Aurore son 85B. Pourtant, adepte comme tout un chacun de séries américaines mettant en scène des sauveteurs en mer, j'avais longtemps espéré me mettre en ménage avec une formidable paire de seins. Mais qu'advient-il de nos rêves d'enfant? Je voulais aussi être pilote de chasse... Bref. Les modifications structurelles ne se sont pas fait attendre. Aurore a commencé à prendre des nichons. J'ai immédiatement tenté de joindre le Vatican mais aucun prêtre assermenté n'était disponible pour attester du prodige et faire sonner les cloches
Commenter  J’apprécie          30
'C'était pas mon rêve de petit garçon. Moi je voulais être veilleur de nuit dans un musée de cire. Ou assureur."
Commenter  J’apprécie          40
Sylvie ne rate jamais une occasion d'insulter son compatriote. C'est quelqu'un qui pourrait vivre des années dans un embouteillage, sans s'ennuyer une minute.
Commenter  J’apprécie          30
Je ne demande pas mieux qu'alimenter des cercles vicieux pour le restant de mes jours.
Commenter  J’apprécie          30

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Arnaud Modat (60)Voir plus

Quiz Voir plus

À une lettre près ! 🍕... 🃏

Anne Perry a prévenu, nous pourrions avoir à traverser "Un *** dangereux". Indice, Q10.

seuil
deuil

10 questions
248 lecteurs ont répondu
Thèmes : mots , proches , titres , jeux de lettres , historiettes , baba yagaCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}