AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.52/5 (sur 275 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 04/11/1970
Biographie :

Astrid Manfredi a suivi des études de littérature française à l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle.

Créatrice du blog de chroniques littéraires "Laisse parler les filles", elle intervient ponctuellement pour le Huffington Post, toujours autour de la littérature.

"La Petite Barbare" (2015), son premier roman, ne passe pas inaperçu. Il obtient le prix Régine Deforges du premier roman 2016.

En 2017, elle publie "Havre nuit" qui ne récolte pas le succès et l'attention du premier.

Twitter : https://twitter.com/alyette1
blog : https://laisseparlerlesfilles.com/
page Facebook : https://www.facebook.com/havrenuit/








Source : Belfond
Ajouter des informations
Bibliographie de Astrid Manfredi   (2)Voir plus


Interview d’Astrid Manfredi à propos de son ouvrage Havre nuit


27/03/2017

Havre nuit est l`histoire d`une rencontre manquée entre Alice et Laszlo. Comment sont nés ces deux personnages ?


Ils sont nés de mon désir de narrer une tragédie amoureuse contemporaine. D’utiliser le ressort de la passion et de l’impuissance que peut occasionner le manque de l’autre. J’avais envie de ce chassé-croisé, de ces mots qui ne se prononcent pas, de ces regards qui n’osent pas devenir des caresses. J’avais envie d’explorer cette nuit de l’intime et d’expliquer en filigrane de quelle sorte de manque plus profond cette détresse était le fruit. A savoir le manque d’amour ressenti durant l’enfance et qui, pour les êtres peu armés pour l’affronter, peut se transformer en un chaos insoluble. 

Lors d`un précédent entretien avec Babelio, vous parliez d"Actors Studio de l’écriture" pour vous immerger dans le quotidien des personnages de votre roman La petite barbare et le restituer à l`écrit. Comment avez-vous trouvé votre ton pour ce récit ?


J’avais envie d’une atmosphère de Série Noire, de brume, de mer pas encore océane, d’une architecture très présente par la rudesse de ses lignes et à nouveau j’ai fait un travail sur la langue pour restituer cette ambiance quasi cinématographique. Je voulais des plans séquences, des instants de lyrisme et de poésie échevelée  rythmés par des phrases plus courtes et incisives afin de restituer le balancier en noir et blanc de cette histoire d’amour impossible.

Pourquoi avoir choisi la deuxième personne du singulier pour ce roman ? On découvre l`identité du narrateur à la fin du récit. Etait-ce important que le narrateur soit identifié ?


Le tu autorise une sorte de proximité, d’intimité, « Je dis tu à tous ceux que j’aime » écrivait  Jacques Prévert mais également une sorte d’invective. En tutoyant Alice et Laszlo, la narratrice qui entreprend de raconter leur malheureuse histoire se place comme un témoin non pas distancié mais proche car il existe une symétrie entre ces trois personnages qui fonctionnent en miroir. Oui il me semblait important qu’elle soit identifiée car cette narratrice est le double d’Alice, elle en possède la même dualité, la même détermination mais aussi la même fragilité. C’est par et grâce à l’histoire d’Alice que la narratrice va entreprendre son parcours initiatique. Elle la révèle à elle-même.

La poésie est très présente dans Havre nuit. Que ce soit à travers votre style ou les auteurs lus par Laszlo tels que Charles Bukowski ou André Breton. Quelles ont été vos influences littéraires et poétiques pour ce récit ?


Une multitude d’influences car je crois beaucoup aux différentes interactions entre les arts pour créer mon univers littéraire. En ce qui concerne la poésie j’ai pensé au Nadja d’André Breton qui est un merveilleux ouvrage  sur  la folie de la passion et sur la relation étroite qu’entretient Eros avec Thanatos. Quand j’écrivais les contours Alice je pensais aux yeux de fougère de Nadja. J’ai également écouté beaucoup de musique notamment Bashung dont la chanson « La nuit je mens » est le fil d’Ariane du texte. L’atmosphère désenchantée de cette chanson correspondait parfaitement à ce que je voulais peindre en mots. De même j’ai vu à plusieurs reprises le film « 38 Témoins » réalisé par Lucas Belvaux où le Havre est filmé de façon aussi bouleversante qu’inquiétante. Tous ces éléments visuels, sonores et poétiques ont permis de bâtir mon architecture littéraire.

A quel point la ville du Havre a-t-elle elle-même influencé l`écriture de ce roman ? Que représente cette ville à vos yeux ?


Quand j’ai visité le Havre j’ai eu un coup de cœur immédiat pour cette ville, pour la rudesse de ses galets, pour  sa mer déchaînée aux reflets de tourterelle, pour son architecture très inspirée du mouvement Bauhaus Berlinois. J’ai su en arpentant ses docks, ses avenues balayées par les vents que j’écrirais un roman dont la ville si singulière du Havre serait l’héroïne. Oui j’aime cette ville parce qu’elle ne s’offre pas, parce qu’elle est sauvage et demande à être apprivoisée.  Je m’y rends d’ailleurs toujours régulièrement et au fil du temps j’ai appris à m’y sentir en harmonie.

Certains critiques ont classé ce roman dans la catégorie des polars ou thrillers. Qu`en pensez-vous ?


Je ne suis pas en accord avec le classement dans cette catégorie. Je préfère dire que c’est un roman atmosphérique, une sorte de roman noir contemporain et tragique mais où le travail de précision sur la stylistique s’inscrit complètement dans l’exigence de la littérature blanche.

"Et s`il était né avec une inclination pour le mal ?" s`interroge à un moment la narratrice. Avez-vous vous-même une réponse à cette question ?


Je n’ai pas de réponse à cette question, cela demeure donc pour moi une question. Mais je pense que la dualité entre le bien et le mal s’inscrit dans la nature humaine. La tentation du mal côtoie celle du bien et c’est justement l’histoire de ceux que François Mauriac qualifiait de « cœurs enfouis » qui m’intéresse pour inventer mes histoires.

« Saurai-je jamais rien dire des êtres ruisselants de vertu et qui ont le coeur sur la main? Les coeurs sur la main n`ont pas d`histoire; mais je connais celle des coeurs enfouis et tous mêlés à un corps de boue" Thérèse Desqueyroux par François Mauriac.

Votre premier roman La petite barbare avait été un des chocs de la rentrée littéraire de 2015. On y retrouvait déjà des personnages brisés et sans grand espoir en l’avenir. Pour reprendre Alfred de Musset, « Les chants désespérés sont-ils, selon vous, les chants les plus beaux ? »


Il semblerait que Monsieur Alfred de Musset soit perspicace. Mais les lignes peuvent bouger au fur et à mesure qu’évoluera mon écriture. Mon troisième roman sur lequel je travaille en ce moment sera ancré dans plus de lumière, disons une lumière tamisée. Car je suis toujours très sensible à l’éloge de l’ombre.

Astrid Manfredi et ses lectures :


Quel livre vous a donné envie d’écrire ?

Demande à la poussière, de John Fante, et Voyage au bout de la nuit, de Louis-Ferdinand Céline.


Quel est l’auteur qui vous aurait pu vous donner envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?

Louis-Ferdinand Céline et Marguerite Duras, pour leurs qualités stylistiques qui font d’eux des musiciens des mots.


Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Bonjour tristesse, de Françoise Sagan.


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

Voyage au bout de la nuit.


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Cent ans de Solitude, de Gabriel Garcia Marquez.


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

La lettre à Helga, de l’Islandais Bergsveinn Birgisson. Je ne sais pas si c’est méconnu mais tout le monde devrait lire ce livre.


Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Les Fruits d`or, de Nathalie Sarraute, qui m’a laissée hermétique.


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

« C’est l’âge aussi qui vient peut-être et nous menace du pire… On n’a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie... » Voyage au bout de la nuit, Louis-Ferdinand Céline.


Et en ce moment que lisez-vous ?

Je viens d’achever la lecture du roman Attachement féroce de Vivian Gornick publié chez Rivages. C’est un merveilleux roman sur la cruauté fiévreuse du rapport mère-fille. Un duo tendre et acerbe comme je les aime avec en toile de fond la ville de New-York.
Et je commence un autre excellent livre, un recueil de nouvelles cette fois-ci car j’apprécie ce genre littéraire trop sous-estimé à mon sens dans la littérature française. Il s’agit du Le livre de la vie de Stuart Nadler chez Albin Michel. C’est écrit tout en justesse et on y découvre une sorte d’atmosphère subtile à la Philip Roth.


Entretien réalisé par Pierre Krause

Découvrez Havre nuit de Astrid Manfredi aux éditions Belfond :


étiquettes
Videos et interviews (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de
Astrid Manfredi - Havre nuit .
À l'occasion de Livre Paris 2017, Astrid Manfredi vous présente son ouvrage "Havre nuit" aux éditions Belfond. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/1908086/astrid-manfredi-havre-nuit. Notes de Musique : Kai_Engel_-_09_-_Denouement. Free Music Archive Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mo... Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Libra... Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemo... Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
+ Lire la suite

Citations et extraits (115) Voir plus Ajouter une citation
Il ne faut plus être libre pour comprendre ce que ça fait de ne pas être libre.
Commenter  J’apprécie          270
Y a des regards comme le sien qui ne te rendent jamais ridicule, qui t'ordonnent de te tenir droite car si tu ne le fais pas personne ne le fera pour toi. Il avait le feeling le psy, pas de prêche à la con, pas de mots en trop, simplement deux prunelles qui t'inoculent le sérum de vérité. Avec lui pas de cause perdue puisque de toute façon y a plus de cause. Il ne s'agit pas de retourner ta veste mais de porter le truc qui te donnera du style même si t'as plus de quoi bouffer.
Y en a qui appellent ça la dignité. Même en bas, t'y as droit et ça, personne ne le dit.
(p. 144)
Commenter  J’apprécie          250
Comment ça peut exister ce genre d'amour ? Le genre d'amour qui autorise l'abandon de soi ?
Il y aurait donc des hommes quelque part dans ce monde qui ne se contenteraient pas de "Suce ma bite" ? Des hommes qui plongeraient leur regard dans l'obscurité du monde sans vulgarité ni haine ?
Commenter  J’apprécie          220
[...] j'ai bu du Malibu-orange avec Esba et j'ai gerbé sur le paillasson. Ma mère a ri et m'a dit qu'elle avait fait pareil à mon âge. Tu parles d'une référence. Tout le monde copie sur tout le monde. Une vie de faussaire qui reproduit les déceptions à l'infini.
Commenter  J’apprécie          210
Après la foire d'empoigne, je me retrouve dans une cellule et autour de moi il y a des filles. On dirait des anges avec des cernes bleuis par les emmerdes. L'une me tapote la joue, l'autre brosse mes cheveux, une autre humecte mes lèvres. Son chiffon pue. Je la repousse. Elles rient. Cellule de quatre, la préventive d'avant le procès. Fini les escapades et la robe en lamé sur le dance floor. Pour combien de temps ? Combien de temps ? Je n'en ai aucune idée.
Commenter  J’apprécie          200
"Je ne suis pas une bête même si j'ai mordu."
Commenter  J’apprécie          220
J'ai dix-neuf ans. [...] Comme à l'accoutumée, nous sortons la nuit protégés par nos armures logotypées, toutes incisives dehors. Dans notre bolide allemand nous avançons dans le labyrinthe de la cité. Des sifflets fusent. Esba sort sa main par la fenêtre et brandit le majeur, incontestable. Les sifflets cessent et laissent place à une haie d'honneur mutique. [...]
Les maigres reproches de ma mère me parviennent en écho, de loin. Il n'y a plus rien à faire. Le poison de la vie facile s'est installé en moi. Je n'ai pas l'antidote.
(p. 71-72)
Commenter  J’apprécie          190
Astrid Manfredi
Tu évoques son histoire. Le corps de Louise dont la mort n'a pas confisqué la grâce. Sa tombe a proximité de la mer. l'odeur unique de son cou. Ses chorégraphies. Elle comprend. Il existe des langages communs aux êtres endeuillés. Vous partagez celui de la peine. Avant de prendre congé, elle t'embrasse longuement sur les joues. Noue son foulard et disparaît en te saluant dans une langue inconnue. Peut-être l'as tu rêvée ?
Commenter  J’apprécie          190
Je les aime bien les filles. J'ai promis des visites au parloir dans les mois qui suivront ma sortie, des mignonnettes de vodka et du gel douche Sephora. Je ne sais pas si je tiendrai parole. Je dis ça pour mettre un peu de soleil. En dépit de cette lose puante, et de cet avenir cristallisé dans le manque de fric, elles sont nombreuses à être amoureuses, à frémir pour un bad boy la boule à zéro avec grosses baskets qui font le pas de danse.
Commenter  J’apprécie          170
Dans l’impasse du futur, nous revêtons nos habits de beaux gosses pour démontrer que notre violence est plus belle que l’indifférence. Nous ne sommes pas des bêtes, ni même des monstres. Nous sommes le fruit des entrailles du déni
Commenter  J’apprécie          170

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Astrid Manfredi (381)Voir plus

Quiz Voir plus

Vingt mille lieues sous les mers

Qui est le narrateur?

Le capitaine Farragut
Ned Land
Le capitaine Nemo
Conseil
Pierre Aronnax

14 questions
637 lecteurs ont répondu
Thème : Vingt mille lieues sous les mers de Jules VerneCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}