Audrey Lebled

La condition sine qua non était que mes élues devaient être belles et sans enfants. Car au fond, c’étaient bien elles les plus dangereuses, les plus nocives pour l’homme.

C’était une femme sûre de sa beauté, elle admirait son reflet dans les vitres, passant sa main dans les cheveux afin de recoiffer sa longue crinière roux-auburn. Oui, tu es belle, mais cela te donne-t-il le droit de détourner un homme de sa femme, de briser ainsi un foyer ? Non, certainement pas ! Mais toi, tu es une de ces pétasses pour qui la libido s’accroît en séduisant tous les hommes quels qu’ils soient, libres, ou pas. Immorale !

On veut la liberté aussi longtemps qu’on n’a pas la puissance ; mais si on a la puissance, on veut la suprématie.
Friedrich Nietzsche

Le fait qu’elle n’ait jamais réussi à fonder une famille ou plutôt n’ait jamais eu envie, l’enfermait dans un cercle vicieux. Étouffée par sa solitude, dès qu’un type, dans ses critères trop exigeants du reste, s’intéressait à elle, elle se laissait piquer par la flèche de l’illusion. L’illusion d’aimer et d’être aimée. La chute n’en était toujours que plus dure.

L’accomplissement de notre vie, ses choix, ses voyages sont la conséquence de notre propre douleur.

À présent que je détenais le pouvoir de vie et de mort sur les femmes de mon choix, j’aspirais à la suprématie. Et il n’y avait qu’une seule façon de l’obtenir.
Je devais être reconnu, je devais sortir de l’anonymat, je devais faire parler de moi.

Elle n’était pas vraiment belle et un peu ronde mais elle dégageait un charisme attirant.

Il était certain qu’elle deviendrait une enquêtrice hors pair. La maturité lui permettrait de laisser de côté sa timidité, seule ombre au tableau. Son physique n’était pas très avantageux. Elle avait un long nez aquilin, des yeux foncés assez rapprochés, une petite bouche et des cheveux courts un peu gras. Je crois qu’elle en pinçait pour Thomas. Ce n’était pas réciproque. Mais, après tout rien n’était impossible, elle pouvait, peut-être, réussir à lui faire tourner la tête. La beauté du cœur n’était-elle pas la plus importante ?

Chacun ses aspirations ! Pour m’épanouir, j’avais besoin de voir du monde, de sentir l’activité de l’agglomération autour de moi. Les magasins, le ciné, les brasseries… c’était mon dada. Un vrai titi parisien. Depuis ma plus tendre enfance, j’adorais faire les boutiques et dépenser mon argent de poche, alors avoir tout à proximité était une nécessité pour moi.

La politique de l’autruche facilite bien les choses, la réalité est tellement dure. En fait, je savais qu’elle allait voir ailleurs pendant que je voyageais. C’était une femme trop séduisante et trop frivole pour m’attendre gentiment à la maison. Ce sont les risques à prendre lorsqu’on se marie avec une belle et jeune personne !