Elle, vingt-trois ans, enfant de la consommation et des réseaux sociaux, noie ses craintes dans l?alcool, le sexe et la fête, sans se préoccuper du lendemain, un principe de vie. Il vient de terminer ses études et travaille sans passion dans une société où l?argent est roi. Pour eux, ni passé ni avenir. Perdus et désenchantés, deux jeunes d?aujourd?hui qui cherchent à se réinventer.
Dans un texte crépusculaire, Aurélien Gougaud entremêle leurs voix, leurs errances, leur soif de vivre, touchant au plus près la vérité d?une génération en quête de repères. Un premier roman d?une surprenante maturité, qui révèle le talent d?un jeune auteur de vingt-cinq ans.
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Si les gens portaient aux humains le tiers de l’amour qu’ils portent aux chats et aux clebs, le Samu Social serait forcé de mettre la clé sous la porte.
Les gens m’aiment uniquement parce que je ne leur ressemble pas. Parce que je représente ce qu’ils croient vouloir être alors que je ne fais que vivre ce qu’ils n’ont fait que fuir.
Voler le rêve de quelqu’un, c’est couper les ailes des anges.
"Pour une fois, il préfère afficher son mal-être plutôt que de se forcer à ne pas y penser. Bien sûr que c'est contreproductif, mais au fond, où est le mal? Les gens normaux font ça tous les jours, toute leur vie. Sois heureux, et conscient de ta chance parce qu'ailleurs, il y en a qui crèvent de faim, dit Maman, convaincue, avant son somnifère.La vérité, c'est ce que quand on a faim, on ne pense qu'à ça. Le malheur, c'est un privilège. Etre heureux ou pas, une distinction qui ne vaut que pour ceux qui ont le temps de la faire."
"Imaginez un endroit confiné où les gens prendraient plaisir à s'entasser, un lieu commun des relations par intérim dans une atmosphère on ne peut plus irrespirable".
Je crois qu'avoir des enfants, c'est d'abord une manière de rendre son vieillissement plus acceptable. Rien de plus effrayant que la fuite des années, que la flétrissure des corps, que l'acceptation de la mort comme unique échéance. Donc à la place, on crée un mini-soi pour le regarder vivre tant que c'est encore beau. Tant que l'on grandit, et non que l'on vieillit. C'est admirable et ridicule comme croire en Dieu ou voter en blanc. (p. 24)
Connecté à tout en étant proche de rien.Cette ouverture au monde,ce n'est que de la solitude sophistiquée.
Sur le bord de la route, on croise parfois des vaches, parfois des moutons, parfois des panneaux. Le plus souvent, il est écrit: "TOUTES DIRECTIONS". Je me demande où on arrive si l'on va partout. Quand j'ai demandé où on allait, elle m'a répondu:
-Un meilleur endroit.
ça a l'air loin. (p. 8)
On verra bien,
C’est aussi refuser la trajectoire classique où tout se règle sur l’ascension sociale et l’accomplissement de la progéniture. Un salaire, devenu loyer, un amour devenu foyer, être fille, devenir femme, être enceinte, devenir mère, grand-mère s’il le faut… De « moi, je suis », passer à « nous, on est », finir en « eux, il sont », comme la juste harmonie d’une vie que l’on trouvera courte, quelle qu’en soit la durée.
Il n'a pas besoin d'elle, mais ne peut accepter la réciproque. La sentir vulnérable malgré la distance, matérialiser un souvenir agréable comme l'on garde, dans le fond d'un tiroir, un beau vêtement devenu trop petit. C'est aussi ça, l'amour. L'amour des dominants. Laisser une trace. Peu importe le reste. On existe aussi par le mal qu'on fait aux autres. C'est comme ça.
Il existe.