Trailer Kramer vs Kramer (V.O.)
- la première fois, on se marie par amour, mais bien entendu on finit par divorcer. La deuxième fois, on sait que l'amour n'est qu'une invention créée de toutes pièces par Pronuptia. Donc, on se marie pour d'autres raisons.
Il y a des gens qui souffrent d'épouvantables migraines et qui essayent de dormir pour y échapper, mais quand ils ouvrent les yeux à nouveau, les douleurs reprennent. C'était pareil pour Ted : il ouvrit les yeux, et découvrit instantanément que sa femme l'avait vraiment laissé avec le petit.
La demanderesse était séparée du demandeur par des gens, des papiers, par le jargon juridique, par le temps, pendant la suspension d’audience. Ils étaient séparés dans cette salle de tribunal imposante, ce cimetière des mariages.
Dis- moi, est-ce que ton papa te bat quelques fois ?
Oh oui, très souvent.
Cela fit bondir Ted.
Quand est-ce qu’il te bat ?
Quand je suis méchant.
Il m’a battu sur le vaisseau spatial « Kritanium », quand j’ai volé le trésor dans la célèbre usine qui fabrique le beurre de cacahuète.
Dans la vie réelle, quand est- ce qu’il te bat ?
Mon papa ne m’a jamais battu, espèce d’idiote ! Pourquoi qu’il me battrait, mon papa ?
L’interview se termina sur ces mots.
- Ecoute, quand il sera un peu plus grand, quand il ira à l'école de neuf heures à trois heures, tu pourras peut-être travailler à mi-temps.
- Je te remercie, c'est gentil.
- Joanna, je ne comprends pas, comment c'est arrivé tout ça ?
- Comment ? Je crève d'ennui depuis deux ans.
- Je vais avoir une attaque.
- N'aie pas d'attaque et va chercher Sam.
Quelqu'un qui annonçait ainsi sa prochaine attaque était peu susceptible d'en avoir une, selon lui.
- Allô ?
- Sam, Harriet va bien ?
- Elle vient de s'asseoir.
- Elle t'a dit ?
- Comment oses-tu annoncer ça au téléphone ?
- C'est vrai, j'aurais peut-être dû écrire.
- Joanna a laissé son enfant ?
- Oui, elle...
- Son petit garçon, si mignon ?
- Elle a dit qu'elle était obligée de le faire, pour elle-même.
- Je vais avoir une attaque...
- Attends, Sam...
- Je vais avoir une attaque, Harriet, parle-lui, toi. J'ai une attaque..
- Sam, tu n'as pas une attaque, sinon tu ne pourrais pas en parler
« Le dimanche, il repartit pour Fort-Lauderdale. Il sortit du taxi et se dirigea vers la piscine. Sandy le vit la première et lui fit signe de la main. Billy émergea de derrière un transat et se précipita vers lui en une course désordonnée et incertaine. Il prit l’allée qui partait de la piscine et hurla « Papa, papa ! » en courant. Il se jeta dans les bras de son père. Pendant que le gosse lui racontait comment il avait serré la main de Mickey-Mouse, ils revinrent vers les autres, et Ted sut qu’en dépit du besoin qu’il avait eu de s’échapper pour être seul et avoir les mains libres, il sut que, plus que toute autre chose, Billy lui avait terriblement manqué. »
« Et soudain, il l’aperçu. Le petit avait quitté le jardin d’enfants et courait dans une allée extérieure qui longeait le parc. Ted se précipita à sa poursuite en l’appelant, mais il ne se retournera pas. Il continuait à courir d’un pas mal assuré. Ted força l’allure et il l’entendit appeler : « Maman ! Maman ! »
Devant lui, dans l’allée, marchait une femme brune. Billy la rattrapa et agrippa sa jupe. Elle se retourna et baissa les yeux vers lui. Ce n’était qu’une femme qui marchait dans l’allée.
- J’ai cru que vous étiez ma maman, dit-il. »
« Il était heureux d’avoir vécu ces moments. Ils avaient existé, et jamais personne ne pourrait les lui retirer. Il n’était plus le même qu’avant. C’est grâce à l’enfant qu’il avait changé. Il était devenu plus affectueux, plus aimant, plus ouvert grâce à l’enfant, plus fort grâce à lui, et meilleur aussi ; grâce à Billy, il avait appris à mieux jouir de ce que la vie pouvait lui offrir.
Il se pencha et l’embrassa dans son sommeil en lui disant :
« Au revoir, mon petit garçon. Merci. »
« Un véritable microcosme en quelque sorte : au centre, lui, le mari, le père ; ça serait son domaine, une revanche sur toutes les vieilles souffrances enfouies - parce qu’il n’était pas très séduisant, parce que ses parents l’avaient toujours brimé, parce qu’il avait dû se bagarrer pour arriver - il aurait quelque chose à lui, un merveilleux petit empire qu’il allait se construire lui-même en refusant de voir la vérité : il bâtissait un château de sable sur un terrain marécageux. »