Christian Becquet

Les voyages assurent le dépaysement, satisfont la curiosité de l’homme.
Bénéfiques aussi, puisque généralement à son retour at home, notre
migrateur trouve souvent son propre lieu de vie plus agréable qu’au
départ !

Pour le Besta-besta light il reviendra. Informant également qu’il
l’emmène et le prend en charge personnellement toute la nuit, il pré-
cise aussi avec autorité que l’incident est clos, tout le monde doit
oublier ce qu’il a vu et entendu et surtout tenir sa langue aussi...

Tous ou presque se préparent à une curieuse nuit qui de toute façon sera
inconfortable et donc incomplète. Mais, c’est le prix à payer pour
changer de continent, devenir touriste ou changer sa vie passagère-
ment pour certains ou durablement pour d’autres.

— As-tu remarqué les convives de la table près de l’escalier
d’accès à la plage ?
Ma tête et mon esprit pivotent de cent quatre-vingt-dix degrés :
— Non, pourquoi ?
— Ce sont nos Chinois avec leurs belles Malgaches.
— Ah, oui et bien nous allons nous installer juste à la table d’à cô-
té pour ajouter encore plus d’exotisme à notre gentil festin.
Je remarque en m’installant à la table que les trois couples ont
leurs clefs de chambres sur la table et que le logo des trousseaux est
bien celui du Maningory, hôtel où justement nous sommes. Coup de
bol donc, je les ai localisés sans même les chercher, la chance est donc
avec moi !

Dans tous mes voyages et visites de capitales, au
milieu du séjour, je me lève un matin vers cinq heures pour voir, sen-
tir et prendre le pouls des gens et de la société que je visite. Je
pourrais presque écrire un livre de toutes les scènes vues et entendues
à l’aube dans Moscou, New York, Pékin et d’autres encore. C’est à
cette heure-là précisément et pas à une autre, que vous pouvez obser-
ver l’envers du décor, où l’on ne triche pas avec les touristes, où l’on
nettoie ou non la ville, où les forces vives préparent et organisent ou
non la journée qui s’ouvre. Bref, l’état du pays et de sa société que
vous visitez !

L’affaire devient sérieuse et ne doit absolument pas
s’ébruiter dans l’île. Il faut limiter sa diffusion et la propagation des
faits, la réputation de Sainte-Marie en dépend.

Rapidement, les hommes remplissent un banal sac en plastique de
fringues masculines, emportent les passeports qui traînent sur la table
de nuit. Les gentils agresseurs laissent sur la table les gros billets, la
petite monnaie et les bijoux masculins. Comme les filles sont belles,
ils n’oublient pas de faire une bise sur le front de chacune en leur
souhaitant une bonne fin de nuit et un réveil indolore !

Régulièrement notre homme gamberge sur cette soirée de Chez
Freddy, et se pose cette question lancinante du contenu de son dernier
verre de whisky. Pourtant, il connaît la réponse, mais son esprit re-
belle la refuse. Le docteur, sans lui dire tout ce qu’il sait, lui a fait
comprendre en douceur que le Chivas n’était probablement pas le
seul responsable et la vraie raison de son malaise.

Sur la route, une petite escale nous permet de secouer nos jambes,
dans la bourgade de Mahambo. Parcourir le marché local est un plai-
sir des yeux. Je prends une photo d’un bébé de tout juste quelques
semaines qui, allongé dans un étalage de fruits et légumes, semble
parfaitement serein et fait des risettes aux clients de ses parents. As-
tuce commerciale ou marketing local ?

Tout à l’heure nous nous glisserons dans le grand lit équipé de sa
moustiquaire majestueuse qui donne au plumard, avec un peu
d’imagination, des allures de ring exotique et érotique...