Le commissaire et l'inspecteur arrivèrent à 11h30 précises, confirmation faite par le coup de cloche de Saint-Médard et, trois secondes plus tard, par celui de saint-Laon, deux églises voisines de Thouars qui se font concurrence depuis toujours. Mais comme saint-Médard a un tête d'avance ( c'est ici que sont célébrés les obsèques, autant dire qu'on y va souvent), elle sonne un poil avant. Où vont se nicher les petites mesquineries, fussent-elles catholiques
Le maire était un chic type, bon à rien, mais bon zig. Il n'aimait pas les conflits, ce qui, en politique, relève de la sainteté ou de la bêtise.
- C'était un autre siècle. On use de psychologie désormais. "Le matérialisme est l'asymptote de la psychologie", c'est Lichtenberg qui dit cela.
Pour faire simple, les gnostiques estimaient que le monde est une chose fabriquée par un démiurge nommé Ialdabaôth. Rien qu'à prononcer son nom, on voit qu'il n'est pas d'ici. Il a loupé son oeuvre, ce faux dieu. Voilà qui explique que le monde aille si mal.
Il pleuvait sur Thouars depuis cinq semaines ! Depuis que le président de l'office de tourisme, après cinq années d'obstination, avait enfin signé un partenariat avec la ville voisine : Bressuire. Bressuire : capitale de la pluie et du brouillard ! Les cieux avaient choisi leur camp. Il faut dire qu'à Bressuire, contrairement à Thouars, on va à la messe, on a donc l'oreille du bon Dieu, mais il doit être un peu sourd.
Il porte toujours un pull-over vert (c'est pour le charme de l'allitération). Il boit sec, et notamment du Duhomard (l'apéro de Thouars), mais pas que... Comme dit un gars de Sainte Verge (commune mitoyenne de Thouars), "Balthazar a un bec à tous les grains". Il est journaliste localier, c'est à dire seul en poste, c'est à dire indiscipliné. Il vomit les petits chefs, les patrons en général et les élus en particulier, comme les détenteurs d'un quelconque pouvoir. Bon...il y a des exceptions, lui même n'est pas parfait. Les puissants le supportent (bien obligés), les humbles l'aiment bien (il paie volontiers sa tournée). Il est bon journaliste dans la mesure où il ne gobe pas les balivernes des notables et cherche avidement la vérité (c'est bien utile pour dénouer les affaires policières qui vont alimenter sa machine à écrire). Il lui arrive d'être triste....alors il pousse la porte du café des Arts, et la vie reprend.
Cette dernière phrase est assez bête mais il paraît que dans les romans policiers il faut la placer. Moi je ne voulais pas, mais c'est l'éditeur qui vient de la placer en loucedé. Bon, je profite qu'il ait le dos tourné pour la supprimer : Les heures passèrent ...