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4.55/5 (sur 11 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Berlin -est , le 12 février 1949
Biographie :

Barbara Honigmann est une romancière et peintre allemande née le 12 février 1949 à Berlin-Est de parents juifs communistes.

Après son bac, Barbara Honigmann fit des études de théâtre à l’université Humbold, de 1967 en 1972.

Elle débute comme auteur et metteur en scène de théâtre puis émigre de RDA en 1984 et vit depuis à Strasbourg. Elle expose régulièrement à la galerie Michael Hasenclever de Munich. Elle est membre du P.E.N.-Zentrums deutschsprachiger Autoren im Ausland qui réunit des auteurs germanophones résidant à l’étranger

Elle a reçu de nombreux prix littéraires, dont, en 2000, le Prix Kleist (Kleist-Preis), la seconde plus haute distinction littéraire d'Allemagne après le Prix Büchner (Büchner-Preis).

De l'assimilation en ex-RDA au judaïsme pratiquant en France, ses récits permettent de suivre son cheminement intérieur. Le succès de Roman d'un enfant (1986) s'explique autant par ses problématiques autobiographiques et spécifiquement féminines (déracinement, maternité) que par son ton spontané.

Avec Maxim Biller, Rafael Seligmann, Esther Dischereit, Irina Liebmann, Robert Schindel, Peter Stéphane Jungk et d’autres auteurs elle fait partie de la « deuxième génération » d’écrivains germanophones appartenant à des familles juives qui ont survécu à l'holocauste.
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Source : wikipedia, Dictionnaire mondiale des littératures
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Bibliographie de Barbara Honigmann   (6)Voir plus

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Video et interviews (1) Voir plusAjouter une vidéo

Barbara Honigmann : Très affectueusement
De la taverne munichoise Hofbräuhaus, à l'occasion du 21e Salon du Livre de Paris, Olivier BARROT évoque le parcours de l'écrivain allemandBarbara HONIGMANN, et résume son dernier roman (par lettres) "Très affectueusement"

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Le cercle d'amis de ma mère était exclusivement constitué d'anciens partisans, de réfugiés et de survivants des camps, tous étaient issus de la bourgeoisie aisée et c'est ce milieu qu'ils réintégraient à présent, même si au temps lointain de leurs jeunes années, plus d'un s'en était détaché, souvent avec grandiloquence. Jouissant d'une situation assurée au sein de leur Etat socialiste, voilà qu'ils inventaient un tout nouveau style de vie bourgeoise, reconnus, protégés, privilégiés même, mais brisés par tous les déracinements, les exclusions et autres persécutions qu'ils avaient endurés en tant que Juifs et communistes, et déliés des solides attaches qu'avaient nouées leurs familles respectives dont les idéaux culturels, chers à la bourgeoisie, continuaient toutefois de les marquer.
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Vingt années de Goulag avaient passablement refroidi les ardeurs communistes de Mischka; en Sibérie, elle n'avait perçu que de lointains échos de la Seconde Guerre mondiale, quant à l'extermination des Juifs d'Europe, elle ne l'avait appris que bien plus tard lorsque, au retour du Goulag, elle rechercha père, mère, et autres membres de sa famille originaire de Riga, en vain, puisque cela faisait une bonne dizaine d'années qu'ils avaient été exterminés à Auschwitz ou fusillés dans la forêt de Rambula, près de Riga, tandis qu'en Sibérie on lui ordonnait de cueillir des airelles sous un mètre de neige.
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Elle a trahi sa chère Angleterre au profit d'une puissance située dans un lointain pays qu'elle ne connaissait que par ouï-dire, dont elle voulait ignorer les cruautés, où elle ne mit jamais les pieds et dont elle ne vit que de rares habitants, alors qu'elle vécut durant des années parmi les Anglais dont elle ne se lassait pas de louer la courtoisie, le bon sens et l'humour, ce qui ne l'empêcha pas de les trahir à longueur de journée, dans une vie parallèle.
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Comme pour sa date de naissance, ma mère a toujours entretenu le flou sur touts les dates de sa vie. Dans les divers CV ou autres requêtes qu'il lui fallut rédiger, pas une seule date ne concorde, chaque fois la date de mariage ou de divorce est erronée, pas un seul nom qui ne soit écorché, pas un lieu qui ne conserve son nom exact. Elle ne pouvait s'empêcher de camoufler tous les noms et dates vérifiables.
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Comme il l'avait souhaité dans une lettre qu'il avait laissé avant de mourir - pas même un testament, juste une lettre, quelques lignes sur un bout de papier quadrillé-, mon père fut enterré selon la coutume dans le cimetière juif de Weimar. Dans ce petit cimetière, situé à une certaine distance de la ville, on n'enterrait plus personne depuis des décennies, et on ne pouvait que s'étonner du souhait de mon père, qui n'avait eu, sa vie durant, aucun rapport avec le judaïsme et ne portait même pas un nom juif. Aussi le chantre, qu'on avait dû faire venir d'une autre ville, un Juif de Salonique, qui ne connaissait pas mon père et ne l'avait jamais vu, ajouta-t-il simplement aux passages adéquats de la mélopée hébraïque le nom allemand et, non sans ridicule, le titre de docteur, sans omettre aucune des interminables répétitions, et sans cesser de déformer le nom de mon père avec son accent séfarade.
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Je voulais revoir encore une fois la chambre de mon père et emporter un souvenir, mais c'était pénible et navrant de choisir quelque chose, ses vêtements semblaient perdus dans la pièce, délaissés, comme son corps l'était à présent, et tous les autres objets qui avaient fait partie de sa vie et en gardaient le souvenir me semblaient des choses abandonnées, ayant perdu toute consistance et tout sens; un moment encore, on les met de côté, on les prend dans sa main et on les rejette. Je saisissais une chose ou une autre, la regardais, la tournais et la retournais, pour voir s'il ne s'y trouvait pas encore un peu de vie à extraire, comme le fait un petit enfant quand il trouve un objet nouveau et qu'il le secoue, le colle à son oreille, le porte à sa bouche et le mord, parce qu'il ne sait pas comment il fonctionne et qu'il attend encore tout de l'objet inconnu.
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En réalité, cette réintégration n'était pas un véritable retour aux racines juives, elle exprimait plutôt le malaise, le mal-être croissant avec l'âge, l'embarras tardif, doublé peut-être même de la honte d'avoir radicalement coupé les ponts avec sa famille et d'avoir renié ses origines, la honte de n'avoir eu que mépris pour tous ceux qui ne partageaient pas la foi en un communisme qui libérerait définitivement l'humanité des distinctions de classes et de races. Mais, par dessus-tout, ce qu'attendaient les amis viennois de ces retrouvailles avec la communauté, c'était l'assurance d'avoir une place au cimetière juif, car Dieu sait pourquoi, à ces matérialistes purs et durs, il importait de s'assurer qu'ils demeuraient bien entre eux à l'issue de leur vie terrestre.
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Enfant, j'étais une enfant petite, et adulte, je reste une petite adulte. Mon père n'était pas satisfait de ma taille, il en était même malheureux; il ne cessait de faire des remarques désobligeantes sur mon physique, et comme je ne pouvais pas le satisfaire par mon apparence, j'ai eu beaucoup de mal à m'en accommoder moi-même. Il disait qu'il m'aimait malgré tout, mais il le disait comme si je n'avais jamais répondu à son amour, comme un reproche [...] Ainsi, parce que nous avons toujours vécu séparés l'un de l'autre et que notre attente réciproque n'a jamais été comblée, notre amour n'est resté qu'un amour à distance, comme s'il n'y avait entre nous qu'un ensemble de rencontres et de moments vécus ensemble, et jamais de véritable vie commune.
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Peut-être ma mère était-elle de ceux qui ne peuvent s'empêcher de trahir ce qu'ils aiment, et qui expriment par la trahison leur attachement, leur sensation de profonde symbiose avec l'objet de leur amour. Car à l'égard de sa chère Angleterre aussi elle s'est comportée de même. Elle l'aima, l'admira, la vénéra, la glorifia même, mais la trahit. A ce pays, à sa ténacité, elle devait sa survie, celle de ses parents et d'innombrables amis. Mais elle l'a trompé, elle a triché, comme dans les liaisons dangereuses et les passions dévorantes qui s'embrasent dans les mystères censés les voiler aux yeux du monde.
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Pendant les vacances, j'ai souvent rendu visite à ma mère en Bulgarie, et nous sommes allées ensemble au bord de la mer Noire et dans les monts Rila. Mais avec les années, elle parlait de plus en plus le bulgare, langue que je ne trouvais pas belle et que je ne comprenais pas, si bien que je me sentais complètement étrangère au milieu des oncles, des tantes et des amis d'avant-guerre. Peu de temps avant sa mort, nous n'arrivions même plus à parler ensemble, parce qu'elle ne comprenait plus que le bulgare, que je n'avais jamais appris.
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