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Critiques de Béatrice Wilmos (23)
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Le cahier des mots perdus

Marseille, 1940. Jeanne n'a que 10 ans et elle est seule dans la ville. Blanche, sa mère, vient d'être prise dans une rafle avec Thomas, un ami de la famille. Terrorisée, Jeanne peine à retrouver l'hôtel où elle vit avec Blanche depuis quelques jours. Quand enfin elle peut se réfugier dans la chambre sordide avec la peur et la solitude pour seules compagnies, Jeanne remonte le fil de ses souvenirs : les vacances chez Paul, son grand-père, dans la Villa des hauteurs de Sanary, la première fois qu'elle a rencontré Thomas, les instants de bonheur, les inquiétudes et les chagrins. Trop jeune pour tout comprendre de cette période mouvementée, Jeanne se plonge dans le cahier que Blanche a laissé là et y découvre d'autres étés à la Villa, quand Blanche n'était encore qu'une enfant, quand Thomas était un jeune écrivain allemand, libre, presqu'insouciant, avant que l'Histoire ne le broie et qu'il paie très cher son opposition au régime nazi.





C'est l'histoire d'une passion enfantine qui ne s'éteint pas avec le temps et devient un sentiment puissant sourd à tout ce qui n'est pas cet amour. Blanche, enfant admirative de l'ami de ses parents, se transforme au fil des années en une femme amoureuse et prête à tout pour l'homme qu'elle aime, oublieuse de tout le reste, même de sa fille. C'est aussi l'histoire d'une amitié, celle de Paul et de sa femme pour un jeune homme rencontré en Italie, une amitié qui se renforcera au fil du temps et qui touchera aussi Jeanne, très attachée à Thomas. Et puis, c'est l'histoire de Thomas, un jeune homme joyeux, amoureux de Berlin, et qui ne peut se résoudre à accepter la montée du nazisme dans son pays. Ecrivain contestataire, il est envoyé dans un camp puis exilé. Torturé, blessé dans sa chair, brisé par la mort de son meilleur ami, désormais apatride, il trouve refuge en France auprès de ses amis et s'abrutit dans le travail physique pour oublier le camp, la mort, les pertes.

C'est une histoire d'autant plus touchante qu'elle est racontée par Jeanne, avec sa naïveté, ses incompréhensions. Mais cela n'enlève rien à la puissance du récit qui, à travers le destin tragique de Thomas, nous ouvre les yeux sur le sort des résistants allemands, broyés, chassés, quand ils n'étaient pas tués.

Une facette de la deuxième guerre mondiale à découvrir, un roman bouleversant à ne pas rater.
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Tant de neige et si peu de pain

Marina, danseuse de l’Âme



Béatrice Wilmos revient sur les années noires vécues par Marina Tsvetaïeva à Moscou. Confrontée à la Révolution russe et à la famine, seule avec ses deux filles, la poétesse va tenter de sauver sa famille et essayer de trouver un salut par l’écriture. Un roman déchirant.



Marina Tsvetaïeva, née le 8 octobre 1892 à Moscou, va vivre les plus grands bouleversements qu'a connu la Russie à l'aube du XXe siècle. Fille de la grande bourgeoisie, elle suit des études à Lausanne, puis à la Sorbonne, après avoir appris l'italien, le français et l'allemand. Le roman s'ouvre en 1906, au moment où elle vient d'enterrer sa mère. Un deuil qui est aussi un funeste présage, même si les années qui suivent sont sans doute ses plus heureuses. En Crimée, où elle séjourne, elle rencontre Sergueï Efron, son Serioja. Ils se marient en 1912. La même année, elle met au monde sa fille Alia. «Elle composait alors ses poèmes avec une facilité exaltée, les relisait comme s’ils n’étaient pas d’elle, s’en étonnait, les reprenait en traquant le mot le plus juste, s’en remettait à Dieu, non qu’elle implorât auprès de lui la rime qui lui manquait mais bien plutôt la force de la chercher. Elle savait ce qui relevait de son talent et de ses efforts, elle ne demandait que le courage de s’y plier sans faillir. Jamais elle ne doutait de son don poétique et de sa gloire future – Je ne connais pas de femmes plus douées que moi en poésie. Un «second Pouchkine» ou bien «le premier poète-femme», voilà ce que je verrai peut-être de mon vivant!» écrivait-elle alors, bien déterminée à réussir dans son entreprise littéraire.

Mais la Révolution qui couve va en décider autrement. Irina, sa seconde fille, naît en 1917 sans que son père ne puisse assister à l’heureux événement. Serioja s’est engagé en 1914 et a choisi, au début des troubles, de rejoindre l'armée blanche. Il ne donnera plus de nouvelles pendant des années.

Ces années moscovites, qui forment le cœur de ce roman, sont dramatiques, marquées par une terrible famine. «En cette fin d’hiver 1917, au marché noir, dans les queues devant les magasins vides, dans les journaux, on ne parle que des grèves dans les usines et des manifestations, des combats de rue, des crimes crapuleux, de la mutinerie des soldats et des exécutions sommaires des officiers, des incendies dans les campagnes, des anciens maîtres battus à mort, des enlèvements en pleine rue, des fosses communes. Pour elle, un quotidien harassant, la peur des mouchards, l’angoisse à cause de Serioja, les courses dans la ville à la recherche de lait, de pommes de terre et de pain. L’espoir de trouver un morceau de viande, pas le plus beau, ni le plus tendre. Elle n’est pas exigeante. Elle se contenterait d’un de ces morceaux qu’il faudra faire bouillir des heures pour l’attendrir et donner du goût au bouillon.»

En 1919, Marina ne sait plus comment elle va pouvoir nourrir ses filles, et décide de confier Irina à un orphelinat. Elle y mourra, laissant sa mère inconsolable: «Il aurait suffi de si peu pour la sauver. Une tartine. Une pomme. Un petit morceau de viande, une tasse de lait, un bol de gruau, quelques légumes bouillis. Une poignée de sucre candi. Une crêpe de son comme elles en avaient mangé – mais pas Irina – il y a si longtemps chez Balmont.

– Oh ! Irina ! Si tu étais encore en vie, je te nourrirais du matin au soir. Irina! S’il y a une chose que tu sais: c’est que je ne t’ai pas envoyée à l’orphelinat pour me débarrasser de toi, mais parce qu’on m’avait promis qu’il y aurait du riz et du chocolat.»

Béatrice Wilmos, qui s’est solidement documentée, raconte avec force détails ces journées harassantes, ce drame à la fois collectif et individuel, cette «fatigue de vivre parfois si violemment éprouvée. La solitude comme un joug sur les épaules et le cou.» Alors, reviennent ces vers de Pouchkine que Marina connaît par cœur et qui sont en exergue du livre :

« Le repos de la nuit avive la morsure

des remords, intimes serpents ;

ma rêverie s’affole ; mon cœur, tenaillé par le spleen, déborde de noirs sentiments;

le souvenir, sans un mot, à mes yeux déroule sans fin son volume et, relisant ma vie avec horreur,

je la maudis en frémissant… »

Si aujourd’hui on peut se brûler à la lecture de son œuvre, cela tient du miracle. Car les carnets de la poétesse ont disparu ou ont été disséminés. Il faudra toute la ténacité de sa fille pour parvenir à les retrouver et à tenter de les mettre en forme.

Car Marina avait depuis longtemps oublié ses rêves de gloire. «Elle était fourbue, d’âme et de corps, sans ressort ni force pour écrire, ou à peine quelques phrases brèves, jetées sur la page.» Sa dernière confession est déchirante – Personne ne sait quel désert est ma vie. À peine ai-je plongé dans la journée que je relève la tête et c’est la nuit. Je sais ce que je suis: une Danseuse de l’Âme.»

((Babelio – Lecteurs.com – Livraddict))

NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. En vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.




Lien : https://collectiondelivres.w..
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Tant de neige et si peu de pain

Dans son palais-grenier, au plus froid des années 1919 et 1920, Marina Tsvetaeva tente de survivre. Son mari est parti depuis si longtemps sur le front, elle a peu d’amis, et la solitude lui pèse. Les rues de Moscou sont vides, tout comme les étals des magasins. Chaque jour est un combat, pour du bois dans le poêle, du pain sur la table ou un peu d’encre pour écrire. Car Marina couche sur ses carnets des poèmes, des rêveries, des souvenirs… Elle met en mots son amour pour Alia et son indifférence pour Irina, ses filles…



N’étant pas adepte de poésie, le nom de Marina Tsvetaeva m’était inconnu avant la lecture du roman de Béatrice Wilmos, Tant de neige et si peu de pain. Cette poétesse russe est citée comme l’une des plus originales du XXème siècle. Ce sont quelques années de sa vie qui sont mises en lumière dans ce livre.



Cette lecture a été pour moi l’une des plus difficiles. La faute n’est pas du côté de l’écriture, agréable, essentielle, aux mots qui claquent et aux rimes travaillées. Non, le plus dur reste l’histoire en elle-même. Nous sommes à Moscou, la famine fait rage, les gens ont faim, froid, ils sont abandonnés de tous. La solidarité existe mais que reste-t-il à partager : un sourire, une cigarette, un bouillon bien maigre ? Mais là encore, ces conditions, certes terribles, ne sont pas le plus pénible.



Le plus compliqué pour moi a été de lire cette indifférence, cette insensibilité, ce détachement total de Marina pour sa fille cadette, Irina. Alors qu’elle clame son amour inconditionnel pour son aînée Alia, Irina, qui semble souffrir de troubles psychiatriques, est laissée au silence, aux ombres, au rejet. Ce fut pour moi une lecture vraiment douloureuse.



Il n’y a pourtant pas que cette noirceur poisseuse dans ce roman, mais je n’ai pas réussi à m’en détacher.

Toute la poésie du monde ne pourra effacer cette culpabilité, cet abandon, cette violence. Ma consolation : lire son prénom dans ce livre, la faire revivre à travers les mots de Béatrice Wilmos, c’est un peu lui assurer sa place dans ce monde, et lui confirmer que la lumière qui l’habitait veille encore quelque part…
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Le cahier des mots perdus

J'ai retrouvé avec bonheur la petite musique schubertienne de l'écriture de Béatrice Wilmos, qui raconte les pires douleurs avec tact et délicatesse, toujours très attentive à ses personnages, un peu à la manière d'un Modiano. Dans ce récit où une enfant raconte l'amour de sa mère pour un jeune allemand qui a fui l'Allemagne nazie et qui en aime une autre, dont nous ne savons que le prénom, Esther (prénom qui en dit tout de même long sur sa situation), Wilmos décrit par petites touches la situation peu enviable de ces allemands qui, exilés de leur pays après y avoir été torturés, furent rejetés partout car ils étaient considérés comme faisant partie des ennemis. A travers le regard à la fois un peu voilé, naïf et pourtant sagace de l'enfant, Wilmos nous fait toucher du doigt à la fois le courage, l'amitié et l'amour mais aussi les lâchetés et les abominations qui régnaient dans ce chaos qu'était devenu la France pendant et après la guerre. Que peut l'amour dans un tel climat de haine et de violence, entre l'humanisme héroïque de certains et la déshumanisation des autres ?

"-Ne me demande rien, je t'en supplie. Je ne peux plus rien te donner. Il détache mes bras de son cou, se dégage de mon étreinte, lentement, comme s'il craignait que je trébuche à nouveau. Ses doigts glissent le long de mon bras, caressent mon poignet, la paume de ma main. Il recule, les yeux toujours posés sur moi. Il tient l'extrémité de mes doigts, recule encore. Sa main retombe, ne me touche plus. Cette fois, c'est fini. Il a tourné le dos et, tout de suite, le noir de l'allée l'a happé."

Très beau texte vraiment, à la fois sobre et pur, mais aussi réaliste et douloureux.
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L'Album de Menzel

Le récit débute à Berlin en 1955 : Anna, une jeune femme se rend à une exposition de dessins pour laquelle elle a reçu une invitation «Dessins allemands des collections publiques et privées» qui présente des oeuvres emportées en Russie par la Commission des trophées en 1945. Et il se terminera toujours à Berlin en 1955.



Entre temps , les horreurs, les destructions de la fin de la guerre avec l’avancée des russes à travers la Prusse orientale jusqu’à Berlin sont vues par les yeux d’Andreï conservateur de dessins au musée de l’Hermitage. Ce dernier essaye de sauver de la destruction des dessins ou oeuvres d’art qui auraient été dissimulés ou oubliés dans les châteaux de Prusse Orientale abandonnés par leurs anciens propriétaires. On le suit alors qu’il part rechercher des dessins qui seraient restés dans le château de la famille Wallenburg. Il risque sa vie en compagnie de François un français qui a vécu dans cette famille pour laquelle il a travaillé en temps que prisonnier.

Une famille dont il garde un souvenir ému....,

Le récit se poursuit à Berlin en 1945 où Anna tente d’avoir des nouvelles des siens auprès de ceux qui ont réussi à atteindre Berlin .... Elle essaye aussi de survivre au milieu des ruines.



Tous ces dessins qui jalonnent le récit qu’il soit ceux de l’album de Menzel ou ceux des carnets d’Andreï, où il ne cesse de dessiner, représentent les seuls points d’ancrage qui demeurent pour ces êtres qui ont tout perdu. 
Dessiner permet à Andreï de juguler sa peur, de supporter l’indicible. 
Pour Anna, l’album de Menzel c’est l’évocation de son enfance, le retour à la maison, avec le rituel instauré par son père avant que les enfants puissent en feuilleter les pages. Toute la vie de la maison renaît en se les remémorant. Ils sont pourtant si fragiles face à la tourmente qui les environnent....



Ce livre est très bien mené. Il est empreint de douleur et d’émotion mais aussi de beaux moments préservés, volés, au milieu de l’apocalypse. Ils n’en prennent que plus de valeur.


Je remercie Dominique, ivredelivres qui m’en a permis la découverte.

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La Dernière Sonate de l'hiver

C'est beau, c'est beau, c'est beau ! Pas gai, mais beau.

Ce livre, musical jusqu'au bout des virgules, est rédigé dans une

écriture splendide, à la fois lyrique et nostalgique, légère et profonde, qui convertirait au bonheur de la musique le pire des récalcitrants, et à l'amour le misanthrope le plus obtus. A lire sur fond de musique de chambre, dans l'intimité d'une pièce aimée, en savourant une madeleine trempée dans du thé ...
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Le cahier des mots perdus

Quand on est une petite fille de 11 ans , le regard que l'on porte sur les adultes , sur leur comportement, est interrogatif. Jeanne vit entre sa mère et son grand-père ds jours heureux dans le midi de la France, rythmés par les saisons et la présence de Thomas, un ami de la famille, allemand. Mais les évènements politiques vont perturber ce bel équilibre et c'est avec son esprit de petite fille que Jeanne va essayer de comprendre. Jusqu'au jour où sa mère et Thomas sont pris dans une rafle. Alors Jeanne va entrer dans les souvenirs écrits par sa mère...
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Le cahier des mots perdus

L’histoire se passe en septembre 1940 à Marseille.

Jeanne, à 11 ans, se retrouve toute seule alors que sa mère, Blanche vient d’être prise dans une rafle, en même temps que son ami Thomas, qu’elle voulait absolument revoir avant son départ pour l’Amérique.

La jeune fille rejoint à travers les ruelles obscures, la chambre d’hôtel où, elle et sa mère, ont débarqué voilà quelques jours déjà.

Arrivée enfin dans la chambre, alors qu’elle guette, angoissée le retour de sa mère, Jeanne cherche à comprendre ce qui a poussé sa mère à s’exposer de la sorte…

Ses souvenirs affluent. Et le lecteur comprend peu à peu que c’est par amour que tout cela est arrivé, un amour difficile, voire impossible en temps de guerre.



Au milieu de la nuit, Jeanne se souvient aussi que sa mère trompait l’attente en écrivant dans un cahier. Alors, tout simplement la jeune fille l’ouvre et se met à le lire…



Au delà de l’histoire de Jeanne et de sa mère, et de l’histoire d’amour difficile de Blanche et Thomas, le lecteur découvre des événements peu connus de la seconde guerre mondiale. Car ce roman explique comment Thomas, poète et écrivain dans son pays, parce qu’il a tout simplement voulu résister à la montée du nazisme, va être torturé, interné dans des camps, obligé de fuir l’Allemagne et de s’exiler loin de ceux qu’il aime et de son pays…

La littérature jeunesse parle peu des résistants allemands et du sort terrible qui leur a été réservé pendant la Seconde guerre mondiale.



A lire dès 14 ans.

Pour une chronique plus développée consulter :
Lien : http://bulledemanou.over-blo..
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Le cahier des mots perdus

Marseille1940. Jeanne,une petite fille de 10 ans et Blanche, sa maman, attendent Thomas,l'ami de la famille depuis l'enfance, dans un café. En arrivant au rendez - vous il est pris dans une rafle avec Blanche.Jeanne se réfugie dans une chambre d'hôtel en attendant sa maman.

Elle se plonge dans la lecture du journal intime de celle- ci.

Elle comprend mieux les préoccupations de Blanche pour cet allemand, Thomas,un intellectuel ,qui a fui son pays devant la montée du nazisme et la répression à l'égard des gens comme lui.. Elle perçoit aussi l'amour inaccessible de sa maman pour ce réfugié.

Avec le regard d'une petite fille de 10 ans l'auteur nous éclaire sur la violence de ce temps dans un contexte chaotique où les sentiments sont liés à l'absence comme à la présence.

Elle nous éclaire aussi sur le destin des réfugiés allemands. Elle évoque la fuite de ces hommes, forts de leurs convictions,qui ont été les premiers à être envoyés dans des camps , avant les camps de concentration pour les juifs.

Béatrice Wilmos, à travers les yeux naïfs de Jeanne et une écriture limpide, sans nous agresser, nous emméne dans l'abomination d'une époque où la chasse à l'étranger était devenue la règle.
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L'Album de Menzel

Dans la profusion des sorties littéraires il y a chaque année des livres que l’on voudrait voir sur le devant des présentoirs et qui passent un peu inaperçus faute de relais médiatiques. Parfois ces livres contre toute attente trouvent leur public par la grâce du bouche à oreille et c’est ce que je souhaite à Béatrice Wilmos et à son Album de Menzel.

A la fin de la guerre en 1945 les troupes russes avancèrent à travers la Prusse Orientale, les domaines, les fermes, tout est dévasté. Anna enfant a grandi dans cette région, sur un de ces domaines, elle s’est réfugiée à Berlin et est sans nouvelle de sa famille qui vit encore sur le domaine. Elle exerce une profession rare, elle est restauratrice de dessins anciens. Un métier tout de patience et d’habileté que lui a enseigné Sebastien Uhlworn lorsqu’il passait de longues semaines l’été dans sa famille.

Avec les troupes russes avance aussi Andreï Mayerov, conservateur du musée de l’Hermitage, il cours après les oeuvres d’art volées, cachées par les Allemands et tout particulièrement des dessins de la Renaissance allemande, des aquarelles de Dürer. Il en a trouvé une et il a l’intention de visiter toutes les demeures de cette région pour mettre la main sur d’autres dessins.

Anna et Andreï vont se rencontrer, elle cherche sa famille, il a trouvé des dessins.

l faut préserver la découverte et l’émotion que Béatrice Wilmos dépose sur chaque page, chaque description, je n’en dirai donc pas plus.

Elle a l’art de la construction, une belle et élégante écriture, mais par dessus tout elle restitue les paysages, les objets avec un très beau talent. Il y a quelques années j’avais lu Une enfance en Prusse Orientale de Marion Dönhoff, celle-ci retraçait l’histoire de cette région et de sa famille avec chaleur et nostalgie, j’imagine parfaitement les personnages de Béatrice Wilmos dans les décors de ce livre tant elle sait les rendre vivants.


Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Tant de neige et si peu de pain

Béatrice Wilmos redonne vie à la poétesse russe de la 1re moitié du XXe s., Marina Svetaeva.



Elle a choisi précisément deux années de sa vie, particulièrement marquantes, 1919 et 1920 pour évoquer cette femme au destin pour le moins tragique. 



Moscovite, c'est sous la neige et dans le froid que nous faisons la rencontre de Marina ainsi que de ses deux filles, Alia et Irina. Les longues files d'attente pour obtenir de quoi manger même si peu, rendent les lendemains incertains. 



Marina est une mère mais aussi une artiste, elle vibre pour ses vers. Elle veut les alimenter mais pour cela, il lui faut de l'encre, inaccessible, elle finit par la voler. 



C'est un roman tragique, parsemé de vers qui illustrent bien les états d'âme et la situation désespérée de la poétesse. Je me suis laissée portée par les mots qui touchent autant qu'ils interrogent.



Une bonne pioche que ce premier livre lu de la rentrée littéraire d'hiver.
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L'Album de Menzel

Ce roman, lors de sa parution, m'avait totalement échappé.

Il est venu à moi un peu par hasard et je suis très heureuse, cinq ans après sa sortie, de le faire ressurgir à travers cette chronique et de partager avec vous un vrai COUP DE COEUR.



La question que m'évoque ce texte est celle-là. Y a-t-il une place pour l'art en période de guerre qui ne soit déplacée?

Béatrice Wilmos y répond à travers ses personnages, dont certains devraient être opposés et qui pourtant sont liés entre eux par un mystérieux carnet de croquis et par la passion du dessin.

La quête d'une jeune Allemande, Anna, pour retrouver sa famille à la fin de la guerre est au coeur du récit.

Les différents personnages, Andrei Mayerov, un conservateur Russe, François, un prisonnier français, Sebastien Uhlworm, un restaurateur allemand d'oeuvres d'art, à travers leurs souvenirs, leurs récits et Anna par le biais de son journal, révéleront une partie de l'histoire de cette famille, sous des angles différents et nous feront découvrir le drame.

L'analyse des sentiments est très fine , l'écriture de Béatrice Wilmos est extrêmement sensible et visuelle. Elle semble peindre avec sa plume. Malgré l'horreur de la guerre, le livre est traversé aussi de moments de bonheur et de lumière. La fin est poignante.

C'est un livre qui m'a bouleversée.
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Le cahier des mots perdus

Un récit à trois voix, le narrateur, Jeanne la fille et Blanche la mère. Sur fond de Seconde guerre mondial, ce livre retrace très justement et avec le regard d'une enfant sur des évènements qui la dépasse les amitiés, les amours et les relations tumultueuses des protagonistes. Au fil des pages, on sent le mistral s'engouffrer dans nos cheveux, le parfum des fruits cueillis à maturité; on devine le calme du sud au zénith de l'été, les éclats de voix d'un repas au soleil, de ceux des disputes; les mots jetés sur le papier comme une dernière confession à son enfant... Loin de la barbarie de cette guerre, ce livre raconte les destins croisés, les rêves brisés et les relations impossibles des jeunes de l'époque, car en quelque sorte, à différents endroits, un semblant de vie à continuer au travers de cette difficile période.
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Le cahier des mots perdus

Tout commence en septembre 1940, Jeanne se retrouve toute seule et perdue dans les rues de Marseille. Sa mère Blanche et Thomas, un ami allemand, viennent d’être pris dans une rafle. Quand elle retrouve enfin à l’hôtel, seule, Jeanne essaie de reconstituer le puzzle de l’histoire de sa famille et celle de Thomas. Elle est prise dans un tourbillon de souvenirs ou les évènements de l’année écoulée s’entremêle avec ceux des dernières semaines.

A travers les yeux de cette petite fille de dix ans, on découvre l’amitié qui lie Thomas à ces grands-parents. Thomas est un poète et opposant au régime du troisième Reich, après avoir été détenu il fuit l’Allemagne et vient se réfugier en France. On voit aussi les interrogations de Jeanne face à l’histoire de Thomas, sa relation avec Blanche. Et puis cette attente à Marseille, dans ce café aux stores rouges, ou Blanche espère revoir Thomas avant son départ pour New-York.

Et Jeanne se met à lire le cahier de Blanche, ou elle découvre les pièces manquantes du puzzle. L’histoire de sa mère qui ne peut être aimé en retour par un homme brisé qui a trop souffert et qui en aime une autre.

En l’espace d’une nuit, l’enfance et l’innocence de Jeanne sont projetées dans le monde des adultes, des adultes brisés par la guerre et des amours impossibles.



Livre lu dans le cadre de l'opération Masse critique janvier 2013, merci aux éditions Belfond et à Babelio pour cette belle découverte.

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Tant de neige et si peu de pain

Un livre sur une poétesse russe, offert par une amie écrivaine qui connaît mon amour des mots et de l’écriture; voilà qui s’annonçait bien !

Et puis un mal être qui s’insinue doucement à la lecture de l’ouvrage. Entre roman et biographie, on découvre la vie de Marina durant la révolution russe : famine, privations, froid… des conditions aussi dures que le cœur de cette femme à propos de laquelle je ne peux m’empêcher de développer un sentiment d’antipathie certain.

On devine la beauté de la poésie de Marina grâce aux quelques extraits notés en italique dans le texte, on perçoit ses tourments à travers les passages de son journal et celui de sa fille Allia mais le tout est noyé dans la tourmente.

Beau, bien écrit, mais profondément déprimant.
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Tant de neige et si peu de pain

J'ai pris tranquillement mon temps pour lire ce livre poignant, marquant.

L'écriture de Béatrice Wilmos, d'une grande beauté, s'y prête, dévoilant avec admiration, délicatesse et compassion la sensibilité singulière et le destin tragique de la poétesse face à ses choix douloureux et implacables.

Elle révèle aussi la force et la puissance des poèmes de celle qui fut contrainte de voler l'encre rouge avec laquelle elle en écrivit certains durant cette période de grand dénuement.

J'ai été touchée par la relation que Marina Tsvetaeva entretenait avec ses carnets-confidents. On lui en offre, elle en fabrique. A elle seule, cette relation m'a fait vibrer et entrer dans sa poésie.

L'auteure décrit la scène du départ dans le traîneau qui fonce à travers Moscou et la campagne glaciale dans les bourrasques de neige avec une grande intensité lyrique qui ajoute à la tristesse de cet événement majeur dans la vie de la poétesse.

Je reconnais que les sentiments que Marina porte envers sa fille cadette Irina m'ont quelque peu dérangée. A savoir, elle le dit et l'écrit sans détour, c'est bien la brillante et intelligente Alia qui est sa préférée.

Les troubles comportementaux d'Irina (balancements incessants, gloutonnerie, incapacité à apprendre le langage, etc.) l'exaspèrent. Et puis, sa mort la laissera, a priori, sans véritable réaction. Mais peut-être n'est-ce qu'un déni face à l'inexprimable qu'est la perte d'un enfant et aussi face à l'extrême dureté des épreuves qu'elle traverse seule ? Sa personnalité profonde et complexe avait bien sûr ses propres règles que je ne suis pas à même de juger.






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L'Album de Menzel

Ce beau roman de Béatrice Wilmos se divise en cinq parties. Il débute et s’achève à Berlin, en 1955 et nous conte l’histoire d’Anna Wallenburg. Cette jeune femme allemande a grandi en Prusse Orientale dans une famille aimante, entourée de son père et de ses deux sœurs. Leur quotidien demeure relativement préservé durant la guerre, du fait de leur environnement campagnard et des ressources que leur offre leur terre. Tout cela s’apprête à être bouleversé lorsqu’en 1945, les troupes russes pénètrent dans leur région. À cette époque, Anna a déjà quitté le domicile familial pour partir travailler à Berlin dans l’atelier de Uhlworm où elle aide à restaurer des dessins anciens, altérés par le temps et surtout par la guerre.

Au long de cette lecture, l’on croise Andreï, conservateur au Musée de l’Hermitage à Leningrad, que l’armée russe a chargé de récupérer les œuvres d’art volées par les allemands, puis, François, un prisonnier français qui semble avoir vécu des jours heureux, malgré les circonstances, dans la ferme des Wallenburg.

Grâce à sa plume belle et presque poétique, l’auteure nous dévoile ces destins que l’Histoire entremêle en une succession d’évènements parfois beaux et souvent dramatiques.

J’ai été très touchée par ce récit et par la capacité que recèle l’écriture de Béatrice Wilmos à décrire la beauté, la douceur et parfois la rudesse des paysages et de l’atmosphère qui s’en dégage. Comme un pinceau sur une toile, elle peint pour nous un tableau dans lequel l’on a la sensation de pouvoir pénétrer. Une très belle découverte.
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Le cahier des mots perdus

Histoire d'amour à sens unique dans l'entre-deux guerres et pendant la dernière mondiale, racontée à 2 voix : par une petite fille et par sa mère (à travers un cahier).

Divers aspects de la vie à cette époque : vie en Allemagne en 1933, les Allemands résistant au national-socialisme, les camps allemands et français (camps des Milles et de Gurs), la vie estivale dans le sud de la France.

Roman bien construit et bien écrit.

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Le cahier des mots perdus

Un livre intimiste qui nous garde dans une atmosphère de fragilité, d'amitié, d'amour, de deuils, d'exil et de fascination. Lorsque j'aime un livre, j'ai tendance à me freiner dans ma lecture afin de demeurer imprégnée plus longtemps par les lieux et les personnages. Ce fut le cas. Je viens de le terminer. Je me sens orpheline. Mais je vais chercher ses autres titres et demain ça ira mieux !

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Le cahier des mots perdus

J’ai lu ce livre dans le cadre du comité de lecture de ma bibliothèque. Il faisait partie de la sélection faite par notre bibliothécaire intercommunale. Il se déroulait pendant la seconde guerre mondiale alors j’ai supposé qu’il me plairait (est-il encore besoin de le dire : j’aime bien les romans historiques et ceux qui se déroulent pendant la 2nde guerre mondiale n’échappent pas à cette règle). Mais, la lecture terminée, je me rends compte que finalement, je n’ai pas grand-chose à dire sur ce roman.



L’histoire, sans me déplaire vraiment, ne m’a pas non plus vraiment plu. Je ne me suis pas attachée aux personnages, à aucun d’entre eux. Je n’ai pas non plus accroché à l’histoire. Je m’attendais à autre chose (voilà ce que c’est quand on s’arrête aux mots « Marseille, septembre 1940 »), du coup, j’ai été déçue. En fait, la grande majorité du roman se compose de retour en arrière, de flash back sur l’avant guerre. On découvre l’histoire de Jeanne, de sa maman Blanche, de son grand-père Paul et d’un ami de la famille, Thomas. Une histoire qui, malheureusement, ne m’a pas touchée, pas vraiment intéressée non plus.



Heureusement, ce roman a un bon point : son écriture. En effet, la plume de l’auteur est fluide, facile à lire. Je n’y ai passé que quelque jours, 3 je crois, pas plus. Il se lit vite, facilement, on n’a pas besoin de revenir en arrière pour comprendre, on ne se pose pas trop de questions. C’est au moins une bonne chose, si ce n’avait pas été le cas, je ne suis pas sûre que j’aurais été au bout. Autre bon point, il ne fait que 220 pages, ça aide à la rapidité de lecture.



Vous l’aurez compris, ce roman ne m’a pas spécialement marquée. Je ne l’ai pas détesté mais je ne l’ai pas vraiment apprécié non plus.



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