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Critiques de Benoîte Groult (306)
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Les Vaisseaux du coeur

Une histoire de peau, de cœur, une histoire d’amour entre deux êtres que tout sépare. Elle, c’est George, intellectuelle parisienne. Lui, c’est Gauvain, marin pêcheur. Et puis, il y a leur rencontre, vous savez, celle qui vous fait dire « c’est lui, c’est elle que je veux, que j’attendais ». Alchimie des regards, fusion des corps, ils se désirent, se mangent, se délectent l’un de l’autre, ils se quittent, se retrouvent. Une histoire imbriquée dans d’autres histoires puisque George se veut femme libre, George a besoin d’histoires.



Les vaisseaux du cœur ce sont ces lignes veineuses qui traversent le corps jusqu’à l’orgasme, des lignes veineuses qui font descendre le cœur jusqu’au ventre, battements du désir, de l’amour, évanescence charnelle, dénuée de toute vulgarité, une histoire sensuelle, qui parle du plaisir, celui pour lequel on aime être amoureux.
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Les Vaisseaux du coeur

Combien j'ai aimé cette lecture …



Je me suis reçue une pluie d'étoiles, merci vous avez appuyé sur la bonne touche Benoîte…



C'est tout de même un peu son histoire qu'elle nous partage dans ce livre, car pour écrire de cette façon, aller aussi loin, il y a une part de vécu…



Oui, il est question de sexe….bah oui j'le dis…. mais c'est surtout une magnifique histoire d'amour….



Socialement, intellectuellement, tout les sépare….elle est parisienne, prof, écrivain, lui breton, marin pêcheur, mais pourtant pas avec un cerveau de bulot….(je l'écris….pour éviter le cliché… !)



A travers leurs ivresses, cet amour irrépressible qu'elle éprouve pour cet homme, elle nous parle de l'amour charnel et de son plaisir, cet inconnu, l'abandon que l'autre fait surgir en vous…. Telles des vagues qui vont et viennent il est aussi question d'attente, d'incertitudes, de tourments….que provoquent ces mouvements du coeur et du corps…



J'ai aimé Georges, cette femme décomplexée, affranchie qui assume complètement sa sexualité, son désir, révélant à Gauvain sa pleine virilité, ses sentiments. Il y a une qualité chez cet homme que j'ai beaucoup appréciée, c'est son profond respect….



C'est érotique, sensuel, certains pourraient être choqués, trouver cela indécent, bah pas moi !



Puis c'est aussi la vie… nooon ?



Une plume poétique, réaliste, juste, intemporelle.



Merci Benoîte pour cette écriture « avangardiste », audacieuse, pour la femme de votre époque, j'ai adoooré…..bah oui… j'assume !

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Ainsi soit-elle

c'est le livre le plus important que j'ai lu, il y a ....des années, qui dépasse le deuxième sexe de Simone de Beauvoir, qui pourtant lu des années aussi avant , aurait changé ma vie si je l'avais lu plus tôt encore..J'ai prêté ce livre, celui de Benoite, et il ne m'a pas été rendu. J'espère qu'il a été profitable à l'emprêteuse, C'est deux livres de femmes, pour les femmes et non contre les hommes, m'ont aidée à éduquer mes deux filles, en les mettant en garde contre tous les préjugés qui auraient pu les empêcher de vivre dans une liberté respectée et respectable.Je crois avoir profité sainement des leçons de Benoite Groult, Que les jeunes femmes d'aujourd'hui, lisent encore, ce texte plein d'intelligence, de drôlerie impayable, qui se lit avec le plus grand plaisir, et surtout qu'elle mette à profit ses conseils, toujours d'actualité.
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Ainsi soit-elle

Je ne suis « Ni pute, Ni soumise »,

Ni M.L.F., ni Suffragette,

Cette lecture, je l'avais omise,

Benoîte Groult, femme de lettres.



Mais de tels livres, j'en ai plein mes valises.

Pour toutes ces femmes que l'on maltraite.

C'est par devoir : il faut que je les lise.

Chercher à comprendre de tout mon être.



M'interroger encore, encore et encore… 

De par le monde, depuis la nuit des temps

Quelques hommes malmènent leur corps ?

Inventent sans cesse de nouveaux tourments.



Ont ceinturé leur chasteté,

Ont amputé leur clitoris

Ont bandé leurs petits pieds

Ont infibulé leur orifice



Culture et traditions

Pour chaque fois plus de sévices

Tout ça autour du « con ».

Qui est porteur du vice ?



Ils ont empêché qu'elles avortent

Ils leur ont fermé bien des portes.



De Benoîte Groult à Simone Veil

De là-haut, c'est sur nous qu'elles veillent.



J'avais commencé à lire sur le sujet par ce livre très récent,

et ô combien instructif :

« Les femmes dans la société, une histoire d'idées reçues »

de Yannick Ripa

J'avais oublié de commencer par Elle.

Ainsi soit-elle.
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Les Vaisseaux du coeur

« J'avais dix-huit ans quand Gauvain m'est entré dans le cœur pour la vie, sans que nous le sachions, ni lui, ni moi. Oui, cela a commencé par le cœur ou ce que je prenais pour le cœur à cette époque et qui n'était encore que la peau. »



Eh oui, dès l'incipit, le décor est planté… Dans le cœur, dans la peau, par la peau… Allez savoir ! Tout semble pourtant les séparer : l’éducation, les conditions sociales, et surtout la vision de la vie.



« Jusqu'à l'adolescence, nous nous étions toisés comme les représentants de deux espèces inconciliables, lui dans le rôle du gars breton, moi de la Parisienne, ce qui nous donnait la rassurante certitude que nos chemins ne se croiseraient jamais. Il était de surcroît fils de paysan pauvre et moi, fille de touristes, ce qu'il semblait considérer comme notre profession principale et un mode de vie qui ne lui inspirait guère d'estime. »



Mais leurs corps eux, ne semblaient pas faire de distinction d’espèces et voulaient dialoguer…



Ce livre est un hymne au désir, à la passion physique, l’exacerbation des sens, qui transcendent les différences et le temps. L’écriture de Benoîte Groult sonne juste, elle est sensuelle, réaliste, sensible, avec même des traits d'humour. Il y a aussi quelques réflexions sur l’amour et la vieillesse très lucides. Nos deux amants ne vont pas se croiser « souventes fois » (comme le dirait Gauvain) mais ces rencontres s’inscrivent comme des intermèdes, faites « de premiers jours et de derniers jours », l’histoire d’un amour passionnel qui ne voulait « ni vivre tout à fait, ni mourir pour de bon ». Que d'émotions !



« Quand la vie tient ainsi tout entière dans l'instant et qu'on parvient à oublier tout le reste, on atteint peut-être la plus intense forme de joie. »



...Et un intense moment de lecture !
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La Touche étoile

J'ai tourné les pages en me réjouissant. Benoite Groult soulève certains problèmes et non des moindres. L'avortement, les rapports hommes-femmes, le jeunisme à tout crin et le regard de la société, la vieillesse de toute façon (et dans le meilleur des cas). L'égoïsme, la générosité, la gourmandise, la maladie, la culpabilité y sont traités par touches, de la manière la plus délicieuse qui soit.

Habiles et criantes de sincérité les "vieilles connes" sont les plus subtiles, les plus astucieuses et les "vieux cons" sont joliment décrits, tantôt amoureux, tendres, attentifs, affectueux, maladroits, tantôt traînant leur nombril comme un boulet disgracieux.

Le passage sur l'informatique est à encadrer dans tous les lieux publics pour faire rougir de honte (je cite) "les jeunes cons" les seuls à détenir la vérité, à connaitre le doux savoir, le seul digne, le seul suscitant un intérêt légitime et enviable, celui de l'informatique.

J'ai passé un excellent moment. Ce livre est une petite sucrerie très acidulée à déguster sans prise de tête, même si elle nous fait de temps en temps faire la grimace.



Benoîte Groult a fait partie de ces femmes journalistes (avec Françoise Giroud) au caractère bien trempé, qui ont joué des coudes dans un milieu essentiellement masculin. Elles ont profité de leur position et de leur plume pour faire évoluer et légitimer le rôle des femmes dans la société en général et dans le monde du travail en particulier. Femmes de tête, elle ont fait corps avec la gente féminine, souvent avec beaucoup d'esprit.
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Les Vaisseaux du coeur

Je ne sais pourquoi j'ai longtemps confondu Benoîte Groult avec Françoise Giroud. J'imagine que ce qui les a réunies dans mon esprit c'est leur profil de grandes amoureuses, féministes par dessus le marché. De quoi me plaire, moi qui apprécie les femmes libres qui parlent d'amour sans chichis.



Bon mais là l'histoire est un peu cliché, la parisienne intellectuelle et féministe qui tombe dans les bras du rude marin pêcheur ça sent le déjà vu. J'ai lu une autre variante récemment qui m'a un tantinet agacée : l'ex-paysan qui s'éprend d'une styliste parisienne. Rien à faire, le choc des cultures, je trouve ça passablement ennuyeux.



Non mais pas ici, Gauvin aime George (sans s comme George Sand) et vice versa. Leur amour dure malgré des temps sans se voir, surmonte les obstacles de toute une vie. C'est intense, physique. Et c'est surtout tellement bien écrit, décrit, que cette presque vieille dame (Benoîte Groult a 68 ans quand elle publie les Vaisseaux) nous donne une vraie leçon d'amour.



Car Benoîte trouve les mots justes de la passion physique, du transport amoureux, de celui qu'elle définit comme : " cet extrême plaisir qui recule les limites de la vie et met au monde en nous des corps que nous n'imaginions pas. " Non sans humour et voluptueusement, elle nous embarque dans les tréfonds humains, ceux du désir dont souvent on ne sait ou n'ose parler.

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Les Vaisseaux du coeur

Pas d'envolées lyriques, le soir sur la lande brumeuse, entre une oiselle soupirante et un beau ténébreux torturé. Non, rien de tout ça.

"Les vaisseaux du coeur" c'est une histoire d'amour entre deux êtres dans lesquels on se reconnaît. Deux êtres qui n'auront cesse de s'étonner d'avoir pu accepter avec autant de tendresse ces différences sociales et culturelles qui leur auraient été intolérables chez d'autres. Deux êtres ancrés dans la réalité de leurs vies, de leurs responsabilités, de leurs engagements. Deux êtres qui ne se sont autorisés que des parenthèses sans jamais éclabousser le monde avec leur passion.

Deux êtres qui se sont aimés follement mais avec conscience, d'un amour vrai qui a défié le temps et ses vicissitudes.

Une histoire d'amour sans trémolos, aussi simple que magnifique.
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La Touche étoile

NON, NON, et NON, chère Benoîte Groult, vous ne pouvez pas me laisser comme ça, avec le dur devoir, pour moi et pour tous les lecteurs, de me laisser ainsi, sans voix, les larmes aux yeux, après avoir refermé votre livre. Et vous voudriez que je le critique ? Mais cela serait faire offense à votre qualité d'écriture et à votre justesse des mots qui font, bien souvent horriblement mal, tant ils sont poignants de vérité.



Ici, le lecteur suit quatre générations de femmes et d'ailleurs, lorsque ma belle-mère m'a prêté cet ouvrage (eh oui, belle-maman est encore là), qui est son livre de chevet, elle m'a dit la phrase suivante : "Un livre que toutes les femmes devraient avoir lu au moins une fois dans leur vie" mais attention messieurs, ce petit bijou s'dresse aussi à vous. Alice, la première des quatre femmes présentes ici est une féministe née au début du XXe siècle, qui n'a voté pour la première fois qu'à 40 ans. Sa fille, Marion, est elle aussi d'ailleurs est bien engagée dans cette lutte puisqu'elle ne considère pas le droit des femmes comme quelque chose d'acquis mais contre lequel doit être les femmes doivent continuer à se battre. Mère et fille écrivent d'ailleurs sur le sujet. Beaucoup de passages m'ont émus dans cet ouvrage mais je n'en citerais que deux pour ne pas trop vous gâcher l'intrigue de l'histoire : la passion extraconjugale et pourtant jamais cachée que vivra Marion avec un irlandais du nom de Brian et lorsqu'Alice, qui se voit désormais devant les nouvelles technologies, se refuse à acheter une nouvelle plaque de cuisson à induction. Elle, ce qu'elle veut, c'est sa bonne vieille gazinière et rien d'autre. Elle voit bien qu'elle vieillit, elle aussi aussi, ce roman, est-il non seulement un magnifique ouvrage dédié à la vie mais surtout un long cheminement pour se préparer à mourir. Que vous dire de plus ? Une écriture bouleversante, des histoires qui s'entremêlent sans jamais se répéter ni même gêner le lecteur dans la chronologie, ou alors légèrement le déstabiliser par moments.



Un véritable bijou à découvrir sans faute que je recommande donc, non seulement aux femmes mais aussi à tout un chacun ! En effet, messieurs, n'ayez pas de préjugés et foncez ! Lisez, je ne peux que vous le conseiller !
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Ainsi soit-elle

Une magnifique déculotté .. 12 ETOILES



Ce livre est l'exemple même de ce que peut générer le bon sens , la rigueur , l'art de bien dire et de finement penser.



Excessivement bien documenté avec une finesse d'analyse irréprochable .

Une analyse d'envergure marquée par une démarche éthique qui respecte tous et toutes et qui réclame la justice en dénonçant sans haine ni aigreur



Une œuvre magistrale qui dépasse même son sujet et qui enseigne tout simplement à penser et écrire sa pensée sans s'empêtrer dans la subjectivité revendicative ou celles la dictature des idéologies ou des pratiques socio-culturelles .

Un livre utile et malheureusement toujours d'actualité ( PLUS OU MOINS SELON LES AIRES CULTURELLES , mais toujours d'actualité HELAS !! )



Pour la forme je dirais quand même que les faits objectivement décris dans ce livre se rapportent très souvent à un véritable film d'horreur et qu'il y a des situations ou le relativisme culturel ne s'applique pas et qu'il faut savoir appeler un chat un chat .

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Les Vaisseaux du coeur

Voilà ce que, selon mes critères personnels, je désigne comme de la belle littérature érotique. Pas une once de pornographie, beaucoup de tendresse, une grande précision dans les descriptions sans pour autant nuire à la poésie du verbe et une approche subtile de la psychologie amoureuse.



George et Gauvain sont une femme et un homme parmi tant d'autres. Rien ne les prédestinait à s'unir, au contraire, tout concourrait à les séparer, et pourtant, par un canal mystérieux - une énigme depuis la nuit des temps -, c'est une passion des plus tenaces qui va s'acharner à les unir pour longtemps.



Une passion certes amoureuse mais avant tout sexuelle et assumée comme telle. Ce roman déborde d'érotisme, le sexe habite chaque ligne, ponctue chaque phrase. Avec la volonté de lui donner une saveur unique, Benoîte Groult décrit l'acte charnel avec précision mais sans aucune vulgarité, une prouesse d'écriture.



Ce roman parle de George, de Gauvain, deux êtres différents et pourtant reliés par un G majuscule, point d'ancrage dans le plaisir mutuel reçu et donné dans la joie et la sincérité, sans fausse pudeur ; centre de gravité du seul lieu - le lit - où ils peuvent s'accorder à la perfection pour vibrer au son d'une même musique, celle de leurs corps fusionnés.



En parlant de sexe, Benoîte Groult parvient à ne parler que d'amour et c'est juste, et c'est beau. Même si j'ai eu quelques difficultés à m'attacher à George que j'ai trouvée trop condescendante et infatuée de son importance, elle a fini par me séduire lorsqu'elle s'est découverte humble et impuissante devant l'absolu de l'Amour.



"Les vaisseaux du cœur" est un récit de voyages, de rencontres, d'aéroports, de parenthèses, de départs, de retours au port, de retrouvailles, de (ré)jouissances, d'abandons... imaginés par une auteure anticonformiste et très certainement féministe au sens noble du terme, c'est-à-dire qui place la femme à côté de l'homme sans chercher à le nier ou à l'abaisser pour le dominer à son tour, dans un esprit de revanche stérile.





Challenge PLUMES FEMININES 2021

Challenge XXème siècle 2021

Challenge COEUR d'ARTICHAUT 2021

Challenge MULTI-DEFIS 2021
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Journal amoureux

Comme tant de lecteurs, j'ai été enthousiaste et marquée par le texte avant-gardiste, « Ainsi soit-elle « de Benoîte Groult, bréviaire …féministe, lu dans les années 80... !



Quelle ne fut pas ma surprise d'apprendre par les commentaires d' Olivia de Lamberterie l'origine de la naissance ce « Journal": Paul Guimard, qui encouragea Benoîte à écrire ce journal à 4 mains., afin qu'elle prenne confiance ; nous apprenons ainsi avec stupéfaction que Benoîte Groult était maladivement timide et réservée… manquait d'assurance , ne songeait pas à écrire , et encore moins à être publiée!

Encouragement généreux de Paul Guimard vis-à-vis de sa compagne, surtout que l'on sent qu'écrire lui aussi ce journal n'est pas un exercice habituel, ni qu'il affectionne particulièrement...



Une lecture plaisante , touchante, drôle nous plongeant dans les années 50…dans des milieux aisés et intellectuels… mondanités nombreuses, mais aussi fantaisie, humour, indépendance de vie , de pensée de Paul et de Benoîte…originaux facétieux…même si , en dépit d'un amour certain, lumineux…la « guerre des sexes » n'est jamais loin… Voyages , leurs moments d'intimité dans leur maison de Valmondois où Benoîte se prend de passion pour la botanique et le jardinage, le côté pratique du quotidien pour lequel Paul n'est pas doué, la vie commune d'un couple avec ses aléas…



Ils se racontent, parlent de la vie, de leurs lectures, leurs métiers, leurs différences et parfois divergences … et puis il y a aussi les discussions autour de la fidélité, la jalousie… j'allais omettre le rôle, et pas des moindres. Celui de « mère » de Benoîte pour ses deux petites filles, enfants du premier mariage avec Pierre de Caunes, Blandine et Lison, etc. Ses deux filles qu'elle aime infiniment tout comme Paul Guimard, qui s'occupe d'elles, les voit grandir... [Lison et Blandine sont en adoration devant leur beau-père ]

[** la fin du Journal s'achève sur l'attente de leur et en enfant..."Constance" qui naîtra en 1953]



*** Curieusement, contrairement à mes idées en débutant cette lecture, j'ai finalement plus apprécié le style et les propos de Paul Guimard, à la fois très détaché , caustique et lucide sur leur milieu social privilégié et la " comédie humaine" les entourant, à laquelle ils participaient... J'ai ri, entre autres pour son "refus d'idolâtrie'" envers son ami Mitterrand, quant au pélèrinage à la Roche de Solutré à laquelle il n'a aucune envie de participer. Au bout de trois années d'insistance du Président... Paul Guimard finit par trouver une" excuse" des plus malicieuses pour échapper à la "corvée" et au "sacro-saint rituel" !!



L'amour perce mais avec retenue, toujours… le journal semble aider Benoîte à exprimer par écrit des émotions, des convictions, des réactions parfois emportées sur les différences entre les femmes et les hommes…qu'elle ne parvient pas à dire de vive voix…. Paul Guimard constate parfois qu'il lui est plus facile de connaître sa femme par son journal… … car tous les deux, Paul comme Benoîte restent en dépit de leurs complicités ,de leurs désaccords, de leurs discussions, leur mauvaise foi , souvent… restent extrêmement pudiques.



Avec ce journal s'installe un jeu de lectures réciproque, assez drôle, parfois à la dérobée car l'un est trop curieux de ce que pense, et transcris l'autre d'un quotidien amoureux, commun ! … de « quotidien » , ce journal à 4 mains subit une certaine lassitude réciproque et ne devient que « mensuel » en 1952, encore plus rarement en 1953, puisque ce journal s'achèvera en mars...



Je retiens parmi les passages retenus un portrait fort touchant de Benoîte par Paul :

» 21 octobre [1952]

Je viens de feuilleter un petit agenda qui traîne sur mon bureau: Hermès 2e trimestre 1948.

Extraordinaire sensation. Avec soin, comme toujours, Benoîte y a consigné les événements quotidiens. (...)

Et cela me paraît subitement incroyable que Benoîte, il y a quatre ans, ait vécu cette vie sans moi, ait fait des enfants, pleuré pour le départ d'un homme et invité les Guimard à dîner.

Les Guimard sont devenus Guimard, lequel est devenu Paul (...)

Je connais assez mal les réactions de Benoîte vis-à-vis de son passé, des deux hommes qu'elle a aimés au point de les épouser, de sa vie sans cesse en mouvement. Je la crois capable de songer à tout cela très calmement tant elle possède à un point inégalable la faculté de vivre dans le présent.

(p. 224)”



Après ce « Journal amoureux »…envie peut-être ultérieurement de lire le texte de sa fille, Blandine de Caunes « La mère morte », comme pour percevoir d'autres facettes de cette femme de conviction et d'engagements, dévorant la vie…



***[mardi 6 avril 2021] Dans la suite de cette lecture, j'ai éprouvé également une vive curiosité pour Paul Guimard, son parcours et ses écrits...Je suis ravie d'avoir fait cette démarche car j'ai ainsi découvert son essai sur Giraudoux : "Giraudoux ? tiens !" [Grasset], souhaitant "dépoussiérer" cet écrivain trop méconnu à son goût. J'ai regardé et écouté d'anciennes archives de l'INA... Je suis tombée sous le charme de la malice , l'élégance et l'intelligence caustique de cet homme...



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Il etait deux fois...

Tout commence par un drôle de coup de fil : une voix féminine demande des comptes à Isabelle ; pourquoi ne l’a-t-on pas vu à l’Institut Sainte Clothilde depuis plus de vingt ans ? C’est une plaisanterie bien sûr, Isabelle et Anne ont la quarantaine et par un hasard dont la vie a le secret, le fils de l’une sort avec la fille de l’autre.

C’est l’occasion pour les deux amies de se retrouver, mais pas seulement, aussi de se confronter à leurs rêves de jeunesse. Quant à se confronter à leurs enfants, elles le font déjà, ils sont si différents.

Des réflexions sur le temps qui passe et sur le rôle des femmes.

Agréable et facile à lire même si les questionnements de ces deux femmes privilégiées des années 1970 peuvent paraître un peu désuets.

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Mon évasion

Un livre que j'ai pris à la médiathèque à défaut des "Vaisseaux du coeur", dont je lisais de très bonnes critiques sur Babelio...

Je ne connaissais rien de Benoîte Groult, si ce n'est son nom, et que je confondais en plus avec Antoinette Fouque ! Bref, un désastre.

Le texte est une autobiographie non exhaustive, qui revient sur les différents événements qui ont sorti l'auteure de sa "léthargie" (c'est elle qui le dit), c'est à dire de son apathie devant une société patriarcale qui ne lui laissait -à elle et à toutes ses compagnes-qu'une fenêtre excessivement étroite pour exister.

Elle présente d'abord sa famille, son éducation peu machiste qui la prépare mal à la réalité de la société...Même si l'unique horizon d'une femme née en France en 1920 reste le mariage...Elle fait apercevoir au lecteur le dégoût (et la peur ?) de la société à cette époque pour les femmes non mariées, considérées en somme comme des êtres sans raison d'exister, des ratées, car elles ne font aucune de leurs deux missions sur terre : s'occuper d'un grand "bébé-homme" (sic), et de petits bébés...

Ensuite, elle nous relate ses trois mariages...Et son évasion...Comment elle a réussi à devenir écrivaine dans un monde qui n'acceptait même pas que les termes d'auteur et d'écrivain aient un féminin...

J'ai appris avec grand intérêt que c'est elle qui a féminisé ces termes, d'ailleurs : professeure, auteure, écrivaine, la juge, la ministre, en présidant la commission de terminologie pour la féminisation des noms de métiers...Et qui a essuyé les quolibets grossiers, orduriers, pathétiques d'un grand nombre de messieurs, qui auraient mieux fait de se taire : " "Comment ? Des précieuses ridicules allaient papoter sur notre belle langue autour d'une tasse de thé", ironisait Bruno Frappat dans le Monde." "Delirium épais, écrivait Alain Gillot-Pétré. Benoîte Groult a peut-être gagné sa croisade pour devenir écrivaine. Mais je pose la question : quel est le masculin pour "enculer les mouches à merde" ...Violent, le mister météo, bête et méchant. "Le Figaro magazine saluait notre "commission de futilité publique qui entendait enjuponner le vocabulaire""...Violent aussi, le mépris pour les femmes, dans cet aimable journal. "Au secours, voilà la clitocratie", titrait Jean Dutourd dans son billet en page 1 de France-Soir"...Que ces beaux messieurs aient cédé leur place sur notre belle terre me réjouit assez...Mais il y en a qui sévissent encore : "à la fin de notre commission, Bernard Pivot avait consacré une émission à la féminisation...Qui croyez-vous que Pivot avait choisi pour parler linguistique avec nous ? Guy Bedos ! (jamais il n'aurait fait ça à des hommes...) Alors il en a sorti quelques unes : "vous allez proposer" enseignette de vaisselle", maintenant que les femmes sont dans la marine, et "majordame", bien sûr." ..."Je vous citerai encore Marc Fumaroli, professeur au collège de France qui dans un article du Figaro nous proposait quelques féminins censés mettre les rieurs de son côté : pour les femmes recteurs, il nous proposait Mme La Rectale." Marc, si tu nous écoutes, toi qui te préoccupes du niveau des élèves, occupe-toi d'abord du tien, qui est complètement nul.

Un petit tour qui fait assez froid dans le dos, somme toute, sur la violence qui se déchaîne sur les femmes à chaque petit pas qu'elles font...Mais au moins, là, chère Benoîte, vous avez gagné la bataille et les petits messieurs se sont tus : "Cela dit, je crois au dynamisme du langage, et je suis convaincue que dans dix ans, on trouvera ridicules les "précieuses" qui continueront à dire "Mme Le..." Effectivement, je confirme.

A lire, donc, rien que pour se rappeler de cette violence et de ce mépris toujours menaçants.
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Ainsi soit-elle

OYEZ OYEZ braves gens, lecture indispensable, inévitable à l'horizon !!!

Voilà une lecture féministe à mettre dans toutes les mains, de tous les sexes, dès l'âge de 15 ans !!!

Mon compagnon a dû s'y soumettre, et mon fils aîné va le commencer très bientôt.

Comment faire comprendre, autant aux femmes/filles elles-mêmes qu'aux hommes/garçons d'ailleurs, la question de la condition féminine et ses enjeux au cours de l'histoire, et pour les sociétés / civilisations ! D'une grande actualité, malgré les petites touches culturelles un peu désuettes mais qui font aussi le charme de l'ouvrage. Un style d'une grande modernité, une liberté de ton, un humour où l'ironie n'est jamais loin, j'aurais aimé être de son temps, à cette Madame Benoîte Groult, elle aurait fait partie, pour sûr, de mes personnes "have to be met with" !!!

Vraiment, mesdames, melles messieurs, n'hésitez pas une seconde à découvrir cet ouvrage, vous découvrirez des faits ahurissants, choquants, révoltants même, mais varis, et hélas pas encore éradiqués pour certains...

Lecture idéale comme mise en bouche, euh, en tête plutôt, d'une discussion, d'un dialogue familial sur la condition de la femme.

FONCEZ !!!
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Ainsi soit-elle

Benoite Groult nous ouvre les yeux sur l'histoire des femmes à travers les siècles et à travers le monde .

C'est quelquefois difficile de lire tant de cruauté, mais d'autant plus efficace.

Le combat n'est pas terminé, il faut toujours veiller...
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Les Vaisseaux du coeur

Lozerec à quinze ans méprise la parisienne

Et George le lui rend bien, quel plouc , ce breton!

Mais Gauvain le viking lui embrase les veines

Un soir de fête, de Raguenès à Trévignon

Depuis , leurs corps exultent , lors des heures volées

Même si leurs vies sont si lointaines, à l'opposé

George tout en intellect, donnant cours , écrivant

Lui, voguant sur les mers, pêcheur itinérant

Toujours George vibre, appelle son cormoran

Toujours Gauvain sa Karedig désire ardemment

Les années passent, et leurs peaux jamais ne se lassent

Quelle passion magnifique, si sauvage et tenace!

Quelle émotion devant ce plaisir, ces audaces !

Et une belle écriture nous transporte en leurs rêves

Nous submerge et nous donne à nous aussi la fièvre!

Le sang fou d'un amour unique et ravageur

Coule comme un soleil dans ces vaisseaux du coeur...
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Mon évasion

La force de Benoîte Groult, c'est son regard sur les choses : sincère, sans concession et en même temps tendre et follement drôle.

J'ai pris un plaisir immense à lire ce livre, un vrai plaisir de lecture à savourer ces phrases ciselées, ces mots si bien choisis, un plaisir en tant que femme qui redécouvre tout ce que nous devons à nos aînées, et un plaisir de curieuse qui pénètre dans ce monde feutré de la bourgeoise d'après-guerre.
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Les Vaisseaux du coeur

Il est bien difficile de parler de l'absence, de ce sentiment si impalpable, de ce vide qui apparaît quand l'on quitte l'être aimé, quand celui-ci s'en va et vous quitte, quand ce sentiment s'agrège à l'abandon définitif de l'être aimé, ou encore de la mère qui vous a porté.

Dans ce livre les Vaisseaux du Cœur, rythmé par les souvenirs de Benoîte Groult, ceux qui s'aiment, réussissent à combler ces vides, à venir à bout de l'absence, à vivre leur amour par intermittence, un discontinu amoureux alors explosif et flamboyant.





Par les mots de Benoîte Groult, cet amour défie toutes les gravités, balaye toutes les embûches, s'inscrit dans un secret, construit un bonheur connu d'eux seuls, mais étincelant, pour éclairer deux vies la sienne ou celle de George et celle de Gauvain d'un feu perpétuel où l'absence se dissout dans les souvenirs sans cesse rehaussés.



C'est l'émerveillement des premiers jours qui restera intact, George est bien la petite fille puis l'adolescente, qui fût troublée par ce garçon si différent des autres ce pêcheur breton, aux yeux bleus, à la tignasse en cordée. Elle revoit page 72, ses premières émotions, "le soleil baissait rapidement sur l'horizon, c'était le bref moment où depuis des temps immémoriaux l'homme sent passer un frisson quand le jour va mourir pressentant que cette banalité est un miracle."





Le récit de Benoîte Groult, n'est pas l'accumulation de rencontres fortuites, hasardeuses, qui par la magie des amants, la force du désir, deviendrait de simples rencontres charnelles, violentes, douloureusement enivrantes, une cascade d'orgasmes féeriques et partagés.

S'il y a de la magie dans ces pages, c'est la magie de la rencontre, hésitante, timide, de deux personnalités trop différentes pour qu'elles se comprennent aisément. Leur culture leur assise charnelle, jusqu'à la façon qu'elles ont de s'habiller et de se mouvoir, les rendent incompatibles.

Ne dit-elle pas, "il y a un certain déhanchement dans sa démarche et une béatitude idiote sur son visage qui ne trompe pas."





Ce sont justement toutes ces improbables différences, qui aiguisent leur curiosité, et qui rendent chaque rencontre, un peu plus surprenante. Ils n'auront jamais fini de se comprendre, mais ils n'auront jamais fini de s'émerveiller, de ne pas tout savoir de l'autre. Ce sont ses maladresses qui l'émeuvent. "Un silence. George promène sa main sur les poignées trop larges de Gauvain qui l'attendrissent toujours. Le contact de ses poils l'électrise délicieusement".





Et si benoîte a choisi de faire revivre la plus minuscule impression laissée par cet homme, c'est qu'il n'en finit pas d'aimer, peu à peu chaque parcelle de son corps. George, elle n'en finit pas d'apprendre sa façon d'aimer.



Elle n'en finit pas de s'émerveiller des mots simples, et combien toute sa personne la fait chavirer. Elle n'en finit par d'être émue en regardant son visage, ses yeux bleus, où elle peut voir tant de nuances de la mer. Georges avoue page 143 que parfois, "ils se taisent savourant le crépuscule, leur liberté, le luxe qu'ils s'offrent. Ils ont plusieurs nuits devant eux, tout un océan de tendresse pour y tirer des bords."





Car Georges n'en finit pas de voir dans cet homme, venir à elle tant de paysages marins, tant de chalutiers, tant de voiliers et tant d'épreuves. C'est toute la banalité de l'amour qu'elle décrit avec une tendresse incroyable pour celui qui lui a fait découvrir son corps. Car à mots couverts, ses autres amants sont de piètres amants à côté de cette carcasse qui vibre et qui la fait vibrer de tous ses sens, par sa façon brutale ou éphémère, tendre ou souriante de la toucher.



C'est un être en dehors de tout préjugé, son désir est direct sans aucune réticence, sur quoi que ce soit, il aime seulement la vie ? Il aime le regard de Benoîte Groult, et le dit J'ai tellement envie de toi, ça ne finira donc jamais ?

Il ne demande rien, il n'exige rien, il est simplement dans le bonheur de la rencontre et le bonheur du regard, que l'autre lui donne et cela le grandit. Il demande page 163 : "je voudrais te tenir dans mes bras, seulement... Tu veux bien ?"



Benoîte Groult signe là un plaidoyer unique sur la beauté de l'Amour, sur la plénitude de se donner à l'autre et de vibrer charnellement le corps et l'âme. Un grand roman d'amour, servi par un style magique sur la musique des corps, sans oublier que la vie est un long chemin semé d’embûches .



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Mon évasion

Ce livre est tombé dans ma panière tout à fait par hasard, et c'est souvent comme ça que nous tombons d'extase devant certains ouvrages qu'on n'attendait pas.



Ce fut le cas de l'autobiographie de Benoite Groult que je ne connaissais pas vraiment à l'époque.



Histoire de génération, mais j'ai depuis commencé à rattraper le temps perdu avec cette auteure incroyable récemment disparue à l'âge de 96 ans ( !).



Lire la vie de Benoîte Groult c'est d'abord entrer dans une machine à remonter le temps pour traverser le siècle passé en un voyage très féminin et forcément tourmenté.

On y lit des femmes qui obtiennent le droit de vote (« m'enfin ?! » aurait dit Gaston), d'avorter dans la légalité, de siéger à l'Académie Française... le tout sur fond de libération sexuelle (et surtout de libération maritale).



Voici la vie d'une ex-jeune fille rangée à la langue vive, cultivée et si intelligente, jamais soumise et toujours victorieuse.

J'ai beaucoup aimé l'histoire de celle qui nous rappelle que ce que nous prenons pour acquis ne l'est que récemment et reste fragile.



Ce texte tire donc toute sa force de la personnalité et de l'engagement de cette amoureuse de la vie, de celle qui a toujours refusé une seule règle : l'autovictimisation.


Lien : http://justelire.fr/mon-evas..
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