Le téléphone est un outil qui nuit beaucoup à la communication. Grâce au téléphone, on a de moins en moins besoin de se parler.
La nature sauvage est une nature, en son principe, ébouriffée. Sans discipline, les plantes ont une croissance désordonnée. Le gazon fait preuve que nous, les êtres supérieurs, avons pacifié une nature en bataille, que nous avons mis de l'ordre dans ce qui autrement est un fouillis propice à la promiscuité, à la misère et à la déraison.
La banlieue réussie, c'est d'abord le bruit estival d'une tondeuse, le son familier d'un petit moteur à deux temps, allant et venant sur un terrain voisin. Et de tondeuse à l'oeuvre en tondeuse à l'oeuvre se tisse ce merveilleux lien communautaire qui transforme un quartier insignifiant en une oasis de verdure et d'harmonie. Au-delà des clôtures et des haies, en couvrant ces affreux chants d'oiseaux qui nous percent les oreilles, c'est le bruit des tondeuses qui unifie le monde.
Sur le terrain de golf, par exemple, le gazon travaille. Il n'est pas là pour s'amuser. Pourtant, de son naturel, Dieu sait que l'herbe est folle. Elle a besoin de ces vagues que fait le vent lorsqu'il court sur la tête des foins. Être tondu comme un tapis aussi ras que commercial, cela brime les ambitions végétales les plus honnêtes.
Le mal du pays, c'est s'ennuyer de ces rares personnes qui nous comprennent à demi-mot.
Parce que les modernes ont tellement bien appris à toujours manquer de temps qu'ils se trouvent fort dépourvus lorsque, par accident, ils ont du temps libre sur les bras. Face au rien-à-faire, la plupart s'inquiètent, paniquent même, puis se précipitent sur la première activité venue dans le but de combler le vide.
Entendre voler une mouche. Lorsqu'on entend voler une mouche, c'est que l' heure est grave. (p.121)
Mourir comme des mouches et tomber comme des mouches sont des expressions qui se rapportent au grand nombre, bien sûr. Mais le plus terrible , c'est encore l'insignifiance et l'anonymat. (P.126)
L'être humain n'a aucun standard de qualité, hormis son besoin d'appartenance.
Les dictionnaires nous cachent bien des choses. Tout simplement parce que le dictionnaire est le résulat d'une épuration qui témoigne inévitablement des choix de ses auteurs. (p.81)
Ce n'est pas l'intelligence qui nous distingue, mais la bêtise.