AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Bernard-Marie Koltès (195)


Mais que faire de son regard ? Regarder vers le ciel me rend nostalgique et fixer le sol m’attriste, regretter quelque chose et se souvenir qu’on ne l’a pas sont tous deux également accablants. Alors il faut bien regarder devant soi, à sa hauteur, quel que soit le niveau où le pied est provisoirement posé ;
Commenter  J’apprécie          540
“On ne peut revenir sur l’insulte, alors qu’on peut revenir de sa gentillesse, et il vaut mieux abuser de celle-ci que d’user une seule fois de l’autre.”
Commenter  J’apprécie          472
en général plus une chose à dire est importante, essentielle, plus elle est impossible à dire : c'est à dire: plus on a besoin de parler d'autre chose pour se faire comprendre par d'autres moyens que les mots qui ne suffisent plus.
Commenter  J’apprécie          380
Mais plus un vendeur est correct, plus l’acheteur est pervers ; tout vendeur cherche à satisfaire un désir qu’il ne connaît pas encore, tandis que l’acheteur soumet toujours son désir à la satisfaction première de pouvoir refuser ce qu’on lui propose ; ainsi son désir inavoué est exalté par le refus, et il oublie son désir dans le plaisir qu’il a d’humilier le vendeur.
Commenter  J’apprécie          370
Mathieu - Est-il vrai que j'ai les pieds plats?
Adrien - Mais bien sûr, puisque je te l'ai dit. Regarde les miens. C'est donc ça qui te trouble? Mais on peut vivre avec cela, Mathieu, mon fils. Il ne faut pas porter trop souvent de chaussures pour ne pas en souffrir? Mais, sinon, tu es un homme ordinaire, Mathieu, tout à fait ordinaire.
Mathieu - J'aurais voulu être extraordinaire.
Adrien - C'est idiot. Il y a de plus en plus de gens extraordinaires. Au point que cela va devenir extraordinaire d'être une personne ordinaire. Alors, patiente un peu; tu n'as rien à faire pour cela, rien.
Commenter  J’apprécie          330
On ne peut revenir sur l’insulte, alors qu’on peut revenir de sa gentillesse, et il vaut mieux abuser de celle-ci que d’user une seule fois de l’autre.
Commenter  J’apprécie          320
Bernard-Marie Koltès
Deux hommes qui se croisent n'ont pas d'autre choix que de se frapper, avec la violence de l'ennemi ou la douceur de la fraternité.
Commenter  J’apprécie          280
MAAME QUEULEU. - Aziz, entre, dépêche-toi. Il y a beaucoup de travail aujourd'hui, car Mathilde, la soeur de Monsieur, revient d'Algérie avec ses enfants. Il faut tout préparer et seule, je n'y arriverais pas.
AZIZ. - J'arrive, Maame Queuleu. Mais j'avais cru entendre des pas et des bruits de voix : et, à cette heure-ci, dans cette rue, cela m'a paru étrange.
MAAME QUEULEU. - Les rues sont dangereuses. Entre vite. Je n'aime pas laisser cette porte ouverte.
AZIZ. - Cela s'annonce comme une sale journée.

Entre Mathilde.

MATHILDE. - Et pourquoi ce serait une sale journée?
AZIZ. - Parce que, si la soeur est aussi conne que le frère, cela promet.
MATHILDE. - La soeur n'est pas aussi conne que le frère.
AZIZ. - Et comment le sais-tu, toi?
MATHILDE. - Parce que la soeur, c'est moi.
Commenter  J’apprécie          270
La Gamine. - Je t'ai cherché, Roberto, je t'ai cherché, je t'ai trahit, j'ai pleuré, pleuré, au point que je suis devenueune toute petite île au milieu de la mer et que les dernières vagues sont en train de me noyer. J'ai souffert, tellement, que ma souffrance pourrait remplir les gouffres de la terre et déborder des volcans. Je veux rester avec toi, Roberto; je veux surveiller chaque battement de ton coeur, chaque souffle de ta poitrine; l'oreille collée contre toi j'entendrai le bruit des rouages de ton corps, je surveillerai ton corps comme un mécanicien surveille sa machine. Je garderai tous tes secrets, je serai ta valise à secrets; je serai le sac où tu rangeras tes mystères. Je veillerai sur tes armes, je les protégerai de la rouille. Tu seras aussi mon agent et mon secret à moi, dans tes voyages, je serai ton bagage, ton porteur et ton amour.
Commenter  J’apprécie          270
Lorsque je t al vu, J al couru, couru, couru, mais personne n'a fait obstacle, je m'étais préparé, je m'étais mis de leur côté, je les avais écouté, cachant ma différence, et à présent ma fuite les surprend, je suis déjà au coin de la rue quand ils se réveillent, qu’ils me reconnaissent comme étranger, qu'ils mettent leur connerie à mes trousses, se préparant à me surprendre ailleurs, en bas, tout à l'heure, cependant moi, déjà je t'abordais, je disais : je t'ai aperçu tournant le coin de la rue, pardon, je suis à moitié ivre, je ne dois pas être à mon avantage, mais j'ai perdu ma chambre, je cherche une chambre pour cette nuit seulement, une partie de la nuit, car dans peu de temps je ne serai plus ivre, je demande cinq minutes...
Commenter  J’apprécie          260
Un désir comme du sang à vos pieds a coulé hors de moi, un désir que je ne connais pas et ne reconnais pas, que vous êtes seul à connaître, et que vous jugez.
Commenter  J’apprécie          260
"Alors ne me refusez pas de me dire l'objet, je vous en prie, de votre fièvre, de votre regard sur moi, la raison, de me la dire ; et, s'il s'agit de ne point blesser votre dignité, eh bien, dites-la comme on la dit à un arbre, ou face au mur d'une prison, ou dans la solitude d'un champ de coton dans lequel on se promène, nu, la nuit ; de me la dire sans même me regarder. Car la vraie seule cruauté de cette heure du crépuscule où nous nous tenons tous les deux n'est pas qu'un homme blesse l'autre, ou le mutile, ou le torture, ou lui arrache les membres et la tête, ou même le fasse pleurer ; la vraie et terrible cruauté est celle de l'homme ou l'animal inachevé, qui l'interrompt comme des points de suspension au milieu d'une phrase, qui se détourne de lui après l'avoir regardé, qui fait, de l'animal ou de l'homme, une erreur du regard, une erreur du jugement, une erreur, comme une lettre qu'on a commencée et qu'on froisse brutalement juste après avoir écrit la date."
Commenter  J’apprécie          240
Je ne suis pas là pour donner du plaisir, mais pour combler l'abîme du désir
Commenter  J’apprécie          190
Je veux surveiller chaque battement de ton cœur, chaque souffle de ta poitrine; l'oreille collée contre toi j'entendrai le bruit des rouages de ton corps, je surveillerai ton corps comme un mécanicien surveille sa machine. Je garderai tous tes secrets, je serai ta valise à secrets; je serai le sac où tu rangeras tes mystères. Je veillerai sur tes armes, je les protégerai de la rouille. Tu seras aussi mon agent et mon secret à moi, dans tes voyages, je serai ton bagage, ton porteur et ton amour.
Commenter  J’apprécie          180
Et je suis ici, en parcours, en attente, en suspension, en déplacement, hors-jeu, hors vie, provisoire, pratiquement absent, pour ainsi dire pas là (...)
Commenter  J’apprécie          170
Les souvenirs sont des armes secrètes que l'homme garde sur lui lorsqu'il est dépouillé.
Commenter  J’apprécie          150
Je crois qu'il n'y a pas de mots, il n'y a rien à dire. Il faut arrêter d'enseigner les mots. Il faut fermer les écoles et agrandir les cimetières. De toutes façons, un an, cent ans, c'est pareil ; tôt ou tard, on doit tous mourir, tous. Et ça, ça fait chanter les oiseaux, ça fait rire les oiseaux.
Commenter  J’apprécie          140
Je ne veux , moi, ni vous insulter ni vous plaire ; je ne veux être ni bon, ni méchant, ni frapper, ni être frappé, ni séduire, ni que vous tachiez de me séduire. Je veux être zéro. Je redoute la cordialité, je n'ai pas la vocation du cousinage, et plus que celle des coups je crains la violence de la camaraderie. Soyons deux zéros bien ronds, impénétrables l'un à l'autre, provisoirement juxtaposés, et qui roulent , chacun dans sa direction. Là, que nous sommes seuls, dans l'infinie solitude de cette heure et de ce lieu qui ne sont ni une heure ni un lieu définissables, parce qu'il n'est pas de raison pour que je vous y rencontre ni de raison pour que vous m'y croisiez ni de raison pour la cordialité ni de chiffre raisonnable pour nous précéder et qui nous donne un sens, soyons de simples, solitaires et orgueilleux zéros.
Commenter  J’apprécie          130
Je vous préférais retors plutôt qu'amical. L'amitié est plus radine que la traîtrise. Si ç'avait été de sentiment dont j'avais eu besoin, je vous l'aurais dit, je vous en aurais demandé le prix, et je l'aurais acquitté. Mais les sentiments ne s'échangent que contre leurs semblables ; c'est un faux commerce avec de la fausse monnaie, un commerce de pauvre qui singe le commerce. Est-ce qu'on échange un sac de riz contre un sac de riz ? Vous n'avez rien à proposer, c'est pourquoi vous jetez vos sentiments sur le comptoir, comme les mauvais commerces font de la ristourne sur la pacotille, et après il n'est plus possible de se plaindre du produit. Moi, je n'ai pas de sentiments à vous donner en retour ; de cette monnaie-là, je suis dépourvu, je n'ai pas pensé à en emporter avec moi, vous pouvez me fouiller. Alors, gardez votre main dans votre poche, gardez votre mère dans votre famille, gardez vos souvenirs pour votre solitude, c'est la moindre des choses.
Commenter  J’apprécie          131
La gamine rejoint Zucco caché sous la table.

La Gamine. - Toi, mon vieux, tu m'as pris mon pucelage, tu vas le garder. Maintenant il n'y aura personne d'autre qui pourra me le prendre. Tu l'as jusqu'à la fin de tes jours, tu l'auras même quand tu m'auras oublié ou que tu seras mort. Tu es marqué par moi comme par une cicatrice après une bagarre. Moi, je ne risque pas d'oublier, puisque je n'en ai pas d'autre à donner à personne; c'est fini, c'est fait, jusqu'à la fin de ma vie. C'est donné et c'est toi qui l'a.
Commenter  J’apprécie          120



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Bernard-Marie Koltès (2040)Voir plus

Quiz Voir plus

Quand les aliments portent des noms insolites ou pas...

Les cheveux d'ange se mangent-ils ?

Oui
Non

10 questions
91 lecteurs ont répondu
Thèmes : nourriture , fruits et légumes , fromages , manger , bizarreCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..