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Critiques de Bertrand Poirot-Delpech (64)
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La Folle de Lituanie

La folle de Lituanie - Bertrand Poirot-Delpech



Dans un roman, c’est généralement l’intrigue qui tient le lecteur en haleine et, si elle est bien menée, le surprend et l’enchante jusqu’à la fin de sa lecture. A cet égard, les amateurs de romans qui allient une action à l’évocation d’un milieu bien dessiné, avec une progression de l’intensité dramatique jusqu’à son dénouement final ne devraient pas être déçus par la lecture de la folle de Lituanie.



Ce roman à l’écriture élégante nous ramène à la France des années soixante, qui ne connaissait pas encore les maux du chômage de masse, des crises à répétition et de « l’horreur économique ». Elle commençait tout juste à s’ouvrir à l’extérieur, et l’introduction dans le titre d’un roman du nom d’une république alors soviétique apportait une touche d’exotisme qui pouvait à la fois inquiéter et faire rêver.



En même temps qu’une plongée dans un monde révolu qui, pour ma génération, était celui de l’adolescence, la folle de Lituanie nous fait pénétrer dans les sphères un peu troubles entre conscient et inconscient, sans référence explicite à la psychanalyse, par la grâce d’une narration centrée sur son imprévisible héroïne. Celle-ci côtoie les membres de sa famille dans un monde de la nouvelle bourgeoisie d’une banlieue cossue et une jeune fille qui l’émeut, alors que des menaces graves pèsent sur toute cette sphère. Elle rêve et écrit beaucoup, tentant jusqu’à la fin de cacher le nœud secret qui l’anime.



Le jeu dangereux qui sous-tend cette histoire ne se révèle qu’à son terme, sans estomper tout le charme de la narration.



http://intemperies.et.detours.over-blog.com/article-la-folle-de-lituanie-bertrand-poirot-delpech-86967378.html

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J'ai pas pleuré

Que vous soyez adolescent(e) ou adulte, je vous invite à lire le témoignage de Madame Ida Grinspan "J'ai pas pleuré" en présence de Bertrand Poirot-Delpech : déportée à 14 ans à Auschwitz, nous l'accompagnons dans l'horreur du quotidien jusqu'à son retour à Paris.



S'il vous plait, rendez lui hommage en lisant cet ouvrage poignant d'une pudeur extrême.

N’oublions rien !



Puis, c'est les larmes aux yeux que j'ai visionné son récit :

http://www.memorialdelashoah.org/hommage-a-ida-grinspan-decedee-le-24-septembre-2018
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J'ai pas pleuré

Encore un livre sur la Shoah me direz-vous ? Oui, mais pas seulement.



J'ai pas pleuré est le témoignage d'une femme qui a vécu la Shoah. Avant, pendant et après. Un livre comme il devrait y en avoir autant que de personnes qui ont été victimes de cette entreprise de déshumanisation. Un par voix qui s'est éteinte dans les camps de la mort.



Un livre pour écrire les lendemains dont ils avaient rêvés, et qu'ils n'ont pu vivre jusqu'au terme fixé par la volonté supérieure qui leur avait donné le jour. Parce que des volontés inférieures, si basses, si viles se sont arrogé le droit sur leur vie. Un droit qui ne leur revenait pas. C'est une caractéristique du méprisable que de s'arroger des droits sur les autres. Comme celui d'effacer le sourire d'un enfant et de faire entrer la peur dans ses yeux.



Chaque livre sur la Shoah apporte sa pierre à l'édifice de la mémoire. Cet édifice qui doit s'ériger sans cesse, s'élancer vers le haut, sa flèche se perdre dans les nuages et pointer de son faîte le souvenir de tous ces innocents privés de leur sourire par des imposteurs, des voleurs d'innocence.



Quelle plus grande innocence que celle de cette toute jeune adolescente que les gendarmes viennent chercher avant le lever du jour un matin de janvier 1944 au fond de sa campagne. Seule, ignorante de tout, des affaires des hommes, de ce nuage de haine qui assombrit le ciel de France. Innocente de ne pas savoir que sa seule naissance était un obstacle à la vie. Seule parce juive, accueillie par une famille de paysans qui la préservaient du tumulte du monde. Seule parce que ses parents étaient restés dans la capitale à la merci d'elle ne sait quel danger.



Elle ne pleure pas quand les gendarmes l'emmènent avec son maigre bagage. "Je vais revoir maman." Bien qu'inquiète, elle a la conviction d'aller la retrouver, elle qui avait été emmenée elle ne sait ni où ni pourquoi deux ans auparavant. Elle comprendra plus tard, bien plus tard, après avoir intégré dans la naïveté de ses quatorze ans que dans la montagne de cheveux aperçue à son arrivée à Auschwitz, il y avait à n'en plus douter ceux de sa mère.



Un livre pour ne pas oublier. Car la hantise de tous ceux qui ont vécu ça, Auschwitz et tant d'autres noms devenus tristement célèbres, est que cela ne serve pas de leçon, de vaccin pour l'humanité contre le fléau de la haine. Un livre pour que l'incrédulité ne gagne pas ceux qui n'ont pas vécu ça, quand les témoins auront disparu. Un livre pour que les gens qui nient tout ça ne soient ni écoutés, ni entendus et qu'un jour d'autres innocents ne comprennent ce qui leur arrive qu'à l'entrée de la chambre à gaz, ou de quelque chose qui y ressemble, et leur fasse comprendre qu'ils ne sont plus des hommes mais des lots comptabilisés, nuisibles et dont il faut se débarrasser. Nuisibles parce décrétés comme tels.



Un livre pour combattre la lâcheté de ceux qui savaient et n'ont rien fait pour tout arrêter. Un livre pour ne pas oublier que la haine n'a pas de frontière, pas de nationalité, pas de religion, pas de temporalité. La haine n'est pas morte. Elle est aux aguets, prête à ressurgir tout moment.



J'ai pas pleuré est un livre pour ne plus s'entendre dire "Ici, on entre par la porte, on ressort par la cheminée."

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Le golfe de Gascogne

Lihouville, un petit port du sud Manche, imaginaire… mais qu’on imagine sans peine Granville : en face de Saint-Malo, ses remparts, le Mont Saint-Michel…



Mai 68 est juste derrière, sans avoir vraiment atteint ce bout du monde en Cotentin ; les grands rêves subsistent, ceux qui font du quotidien un fardeau, ceux qui ouvrent le regard vers les contrées lointaines…

Christopher, un Jersiais et sa compagne Isabelle préparent un vieux ketch pour la traversée de l’atlantique. Objectif, la Caraïbe, puis la Polynésie… Pendant ce temps Victoire répare le clocher de l’église.

On croisera un écrivain raté, Pontaubault, un couple, celui du député maire, les Bréhal. Et René, et Pavel, et P’tit Louis… Et le Cotentin, et la mer…

Le Cotentin ou le crachin s’attarde en bruine, se mue en brume… quand le vent ne s’en mêle pas…

Un superbe éloge à la mer et au Cotentin. On assistera aux préparatifs du départ, à la traversée inaugurale vers Jersey, au coup de mer en Manche…

Et Victoire dans tout ça ? Très vite, elle va prendre une place prédominante auprès du jeune couple et de leur projet ; au point de devenir le sujet principal : cinquantenaire, elle aussi a eu sa part de rêve… Embarquera-t-elle ?



Indépendamment d’un texte magnifique qui sent les embruns et le varech, le vent et le crachin, une « histoire à trois » qui touche. L’homme face aux éléments, face à la mer, la passion, l'homme face à son destin…

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J'ai pas pleuré

Avec ce livre, Ida Grinspan aidée de Bertrand Poirot-Delpech, revient sur sa jeunesse durant la Seconde Guerre Mondiale brusquement interrompue par son arrestation par les gendarmes français sur dénonciation et sa déportation à l'âge de 14 ans à Auschwitz.

Elle échappera à la mort lors de la sélection grâce à son allure, à une coiffure qui la vieillissait.

Par la suite, sur les conseils d'une déportée française, elle dira systématiquement qu'elle a 16 ans, ce qui la sauvera, entre autres, d'une mort certaine.



Découpé en trois parties : la vie dans le Poitou où ses parents l'ont cachée dès le début de la guerre jusqu'à l'arrestation, la survie à Auschwitz et la "marche de la mort" et enfin l'après, Ida Grinspan se livre et se raconte à travers de courts chapitres, parfois guidée par des questions bien précises, avec comme volonté de faire connaître ce qu'elle a vécu :"Je n'oublie pas que j'ai reçu une mission sacrée. Je revois les femmes qui me l'ont confiée, en partant pour le Revier, antichambre de la mort : "Si vous rentrez, il faudra leur dire. Ils ne vous croiront pas, mais il faudraleurdire".", malheureusement elle le constatera elle-même ainsi que d'autres déporté(e)s :"Après la guerre, nous avons cru que le nazisme et ses méthodes étaient anéantis à jamais. Quand nous avons appris, plus tard, les massacres au Cambodge et au Rwanda, nous avons dû admettre que la leçon d'Auschwitz n'avait pas été tirée."

Ida Grinspan passera deux hivers à Auschwitz, elle reviendra malade et orpheline, parfois elle craquera mais jamais devant les gendarmes, les kapos, la faim, la mort, elle le dit elle-même : "J'ai pas pleuré".



Avec ce livre, elle ne fait pas que livrer son histoire mais partage aussi ses réflexions, ses pensées :"C'est simple : je pense qu'on ne revient jamais complètement d'Auschwitz. J'y ai laissé une partie de moi-même, la "petite Ida".", également ses doutes :"En me relisant, je ne suis pas certaine d'avoir insisté sur la déshumanisation des camps. N'être qu'un numéro, ne rien posséder de personnel qu'une gamelle et une cuillère, avoir constamment faim, toujours froid durant les longs hivers, être épuisée, battue et craindre le pire à chaque instant ..."

Ida Grinspan porte un regard juste et sans haine sur son passé et ce qu'elle a vécu pendant ces deux années, elle reconnaît que l'amitié y a joué pour beaucoup dans sa survie à Auschwitz-Birkenau : "Ida ne perd jamais de vue que l'amitié était leur planche de salut.", mais également des chances : une fragilité touchante au camp, une infirmière polonaise qui se battra pour la soigner et qu'elle ne reverra alors que celle-ci est sur le point de mourir.

C'est cette somme de tout et une immense fraternité entre déportées qui font qu'Ida a réussi à survivre et qu'elle est revenue des camps, ou en tout cas qu'une partie d'elle est revenue, l'autre y restant à jamais.

Ce témoignage est intéressant à plus d'un titre, tout d'abord Ida Grinspan était relativement jeune lorsqu'elle a été déportée, sa jeunesse a été brutalement interrompue et n'a jamais repris son cours, ensuite elle évoque la vie dans le camp de façon détaillée : les appels interminables, la faim, le froid, la soupe claire, la maladie, le travail dans les kommandos, les kapos, mais revient également sur des épisodes moins connus comme l'explosion d'un crématoire par une révolte des sonderkommandos et un qui m'a particulièrement touchée : Mala, une jeune femme très courageuse qui le paya de sa vie.

Le passage narrant la "marche de la mort" et l'arrivée à Ravensbrück est tout aussi intéressant et très poignant avec le dévouement de Wanda, cette infirmière polonaise qui luttât pour qu'Ida vive.

Mais l'intérêt de ce témoignage réside aussi dans la troisième partie où l'auteur revient sur "l'après", sa convalescence en Suisse en compagnie d'autres déportées, notamment Charlotte Delbo qui a elle aussi témoigné dans des livres de sa déportation, où elle découvre la Résistance, mais ce qui prévaut par dessus tout, c'est sa volonté de vivre, de fonder une famille et d'avoir des enfants.

Son plus grand regret est de ne pas avoir pu faire d'études, alors qu'elle était très bonne élève la déportation lui a ôté toute chance de faire des études supérieures pour avoir un bon métier, quand elle est revenue de convalescence elle n'a pas pu reprendre.

A notre époque faire des études supérieures est devenu une chose plutôt courante, cela m'a d'autant plus touchée et bouleversée, car c'est là l'un des regrets d'Ida, comme elle dit clairement dans son récit.



Il ne faut pas se méprendre, si Ida Grinspan témoigne de son histoire avec ce livre, ce n'est pas pour une thérapie personnelle mais bien parce qu'elle s'en est fait la promesse, et en cela je la remercie, car son témoignage est particulièrement touchant, sans aucune haine ni violence mais avec de la clairvoyance.

"J'ai pas pleuré" est un livre qu'il faut livre pour ne pas oublier, pour savoir "ce que des hommes ont été capables de faire à d'autres hommes, uniquement parce qu'ils étaient nés" et aussi pour qu'un jour, enfin, cela ne se reproduise plus.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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J'ai pas pleuré

Déportée à 14 ans à Auschwitz, Ida Grinspan y a survécu, comme à la Marche de la Mort, au typhus et au froid.

Retournant au camp pour la première fois en 1988, elle entreprend de raconter son parcours avec l'aide de Bertand Poirot-Delpech. Mais aussi de nous parler de sa démarche, de nous expliquer pourquoi elle se rend sur le lieu de son malheur avec des publics scolaires.

La force de son récit tient dans l'absence de haine envers ses bourreaux, de l'absence de plainte malgré les mauvais traitements (et l'expression est faible). De la joie avec laquelle elle parle des filles, de ses amies de camp, de l'entraide entre elles, la solidarité malgré la déshumanisation et la mort omniprésente.
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J'ai pas pleuré

S’il y a bien un livre dont je suis certaine de ne jamais oublier l’arrivée dans la bibliothèque, c’est bien celui-là ! Lorsque j’étais en seconde, je suivais l’enseignement d’exploration « Santé et social », et nos professeurs nous avaient fait participer au concours de nouvelles « Ecrits pour la fraternité » organisé par la Ligue des droits de l’Homme sur la thématique « Un toit pour toi, un toit pour nous, un toit pour eux ». J’avais pris beaucoup de plaisir à écrire cette petite histoire, et j’avais eu la chance de travailler avec une amie très talentueuse en dessins qui s’était ainsi chargée de l’illustrer. La grande surprise a donc été d’apprendre que la nouvelle avait été sélectionnée au niveau régional et allait monter à Paris pour l’ultime sélection finale. C’est ainsi lors de la petite remise des prix organisé par le jury régional que j’ai eu l’occasion de recevoir ce petit livre, accompagné d’autres romans de poche. Et contrairement aux autres groupes sélectionnés qui grimaçaient en constatant que les lots étaient des livres, j’étais aux anges, d’autant plus que ce titre m’intéressait grandement ! Ce livre fait ainsi parti des livres « à histoire » de ma bibliothèque, ces livres pas tout à fait comme les autres dont on ne se séparerait pour rien au monde !



Ida n’a que quatorze ans lorsque trois gendarmes viennent l’arrêter en pleine nuit, en dépit des protestations d’Alice, la femme chez qui elle loge depuis que ses parents l’ont envoyée se cacher à la campagne. Après d’interminables trajets dans des wagons à bestiaux bondés, Ida arrive au camp de Birkenau, du complexe d'Auschwitz. On lui rase la tête, on lui tatoue un numéro qui devient sa nouvelle identité, et commence alors des mois d’enfer. Bien des dizaines d’années plus tard, aidée, guidée et soutenue par Bertrand, Ida raconte, elle couche sur papier ce témoignage qu’elle a si souvent déclamée devant des hordes de groupes scolaires et d’enseignants. Son livre est un vaccin préventif contre l’oubli, car l’oubli serait « tuer une seconde fois » toutes les victimes de la solution finale, car « l'oubli serait aussi intolérable que les faits eux-mêmes ».



Lire un témoignage, c’est toujours une expérience bouleversante du point de vue émotionnel, cela n’a rien à voir avec lire une fiction (même excellente) ou un livre documentaire (même très bien documenté). Plus encore que dans n’importe quel autre livre, il y a un lien qui se crée entre l’auteur et le lecteur : ici, nul narrateur pour venir s’immiscer dans cette relation étonnante, cet échange entre le don que l’auteur fait de son témoignage et celui que le lecteur fait de son attention. Car un témoignage n’a de sens que s’il est reçu, attendu, peut-être. Et c’est précisément là que se situe la force de ce témoignage : c’est comme si Ida savait ce dont le lecteur avait besoin, dans quel ordre, et qu’elle avait orienté son récit de façon à répondre aux interrogations du lecteur, comme si elle les avait devinées par avance … J’avais, finalement, le sentiment qu’Ida s’adressait directement à moi, sans aucune barrière, sans aucun intermédiaire, comme si le livre n’était pas là mais qu’Ida était à mes côtés pour me raconter son histoire, sa terrible histoire.



Mais, bien plus encore que l’horreur des camps, le froid, la faim, la maladie, la mort, la peur, dont elle n’occulte pourtant aucun détail, je retiens surtout de ce témoignage la force d’Ida. Ida qui, à quatorze ans, se livre d’elle-même aux gendarmes venus l’arrêter afin de protéger le mari de sa protectrice. Ida qui, à quatorze ans, refuse de donner l’adresse de son père à l’officier chargé de l’interroger. Ida qui, à quatorze ans, ne leur donne pas le plaisir de voir couler une seule larme sur ses joues. Finalement, je retiens ce qu’Ida ne dit pas, car elle reste très humble et très modeste, comme le fait souvent remarquer Bertrand Poirot-Delpech, le second auteur. Pour Ida, sa survie ne tient qu’à la chance qu’elle a eu de faire les bonnes rencontres, d’avoir eu autour d’elle des gens qui l’ont aidée ou conseillée, sauvée ou guidée. Il est vrai qu’Ida a eu de la chance dans son malheur, mais je reste persuadée qu’elle avait en elle une force qui l’a aidée à tenir, à survivre en dépit de tout.



Il n’est pas facile de chroniquer un témoignage : de quel droit pourrais-je « juger » une œuvre pareille ? Ce n’est pas un roman dont on peut commenter la cohérence de l’intrigue ou la beauté stylistique, ce n’est pas un ouvrage documentaire dont on peut commenter la clarté des informations ou la mise en page. Je vais donc me contenter de vous expliquer en quoi ce témoignage se démarque des autres que j’ai déjà eu l’occasion de lire jusqu’à présent, car c’est à mes yeux un des points forts de ce témoignage. Ida ne s’arrête pas de raconter une fois que sa libération eut été évoquée. Elle parle également de l’« après », de son besoin de raconter qui se heurte à une volonté de ne pas entendre, des procès, du devoir de mémoire, de son envie de reconstruire sa vie après ce drame et des difficultés qu’elle a rencontrées - elle qui n’avait que le certificat d’étude en poche, comment allait-elle reprendre des études après cette longue interruption ? Elle met bien en évidence que tout ne s’est pas arrêté le jour où elle a retrouvé le sol français, que rien ne s’arrêtera jamais pour elle, que ces quelques mois ont ébranlé sa vie à jamais. J’ai trouvé ce témoignage sur « l’après » tout aussi intéressant que celui concernant le « pendant », si l’on peut dire.



En bref, ce court témoignage, très intéressant, est aussi et surtout particulièrement émouvant et poignant. Très sobrement, très simplement, très succinctement aussi, Ida raconte et transmet, elle enseigne sans s’en rendre compte, toute occupée qu’elle est à retranscrire émotions et sensations, tellement nettement qu’on frissonne bien des fois en imaginant l’enfer qu’elle a vécu. Et son co-auteur, Bertrand, est là pour apporter des précisions, discrètes mais essentielles, pour aider Ida à rassembler ses souvenirs et à les assembler pour faire naitre cet ouvrage aussi percutant qu’important. Bouleversant, également, mais surtout pas traumatisant : ce témoignage peut parfaitement être étudié au lycée (voire peut-être en troisième si la maturité des élèves le permet) sans que cela ne les choque à vie. Une lecture que je n’oublierai pas de sitôt !
Lien : https://lesmotsetaientlivres..
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L'été 36

Les premiers "congés payés" arrivent en vacances sous les fenêtres d'un manoir breton.

D'abord inquiets les châtelains fraternisent ensuite avec les intrus.

Mais une autre réalité apparait : l'afflux d'étrangers qui fuient l'Allemagne nazie. La jeune Victoire découvre alors dans l'instant l'amour avec Alexis...

Cependant une violence sournoise fait reculer le droit, la guerre approche.

Ce livre est un chef d’œuvre de sensibilité et d'écriture, il a inspiré à Yves Robert un film de télévision diffusé en 1986 et a valu à son auteur la consécration.

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J'ai pas pleuré

Livre vraiment poignant surtout quand on a eu la chance comme moi d'avoir vu Ida Grinspan et d'avoir assister a son témoignage. Lorsque elle a témoigné devant moi elle avait 79 ans. Ce qui m'a le plus frappé c'est la force que cette femme dégage. On l'a sent marquée a vie mais elle fait preuve d'un grand courage, elle fait l'effort d'aller témoigner devant des jeunes, de revivre son supplice . Pour elle c'est voyage sont vraiment éprouvants mais elle sent qu'elle a le devoir de témoigner pour "ne jamais oublier". Elle a écrit ce livre pour que l'on oublie pas son histoire et pour que les générations suivantes ne laisse jamais de telle chose se reproduire. Cette femme est un véritable modèle combien de personne sont capable de croire encore à l'humanité après avoir vécu cela, après avoir perdu sa famille dans de telles conditions comment peut on se reconstruire. Mais elle arrive quand même a avoir la foi, elle croit à l'humanité ce qui est bien plus dur que d'avoir foi en Dieu (elle n'a jamais cru en Dieu) . Durant son témoignage elle ne cessait de dire "j'ai eu de la chance" de faire plus vieille que son âge ainsi elle a échapper a la chambre a gaz, de parler yiddish ainsi elle comprenait plus vite les ordres et cela lui évitait de se faire rouer de coup. Ce témoignage m'a marqué à jamais, c'est un témoignage bouleversant et c'est un grand témoignage d'espoir, ne jamais cesser de croire en l'humanité. Elle ne cesse de prôner les valeurs telles que la solidarité et l'amitié celles là même qui l'ont sauvée.
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J'ai pas pleuré

Ce qui m'a frappé en lisant ce livre, c'est le sentiment de sincérité qui s'en dégage. Avec Si c'est Un Homme de Primo LEVY, plus connu, je pense que ce sont les 2 témoignages qu'il faut avoir lu, à propos des camps de concentration. On ne sent ni haine, ni complaisance à l'égard de personne, qu'il s'agisse de l'apparition de quelques comportements humains parmi ceux qui lui ont fait vivre ce cauchemar, par exemple la réaction de l'un des gendarmes venus l'arrêter, ou celle du directeur de l'usine proposant d'y faire venir son père. Ou qu'il s'agisse de comportements inhumains de la part de juifs détenus, comme le co-détenu de son père qui la charge de se procurer un pull pour son père ( ce qui implique les privations qu'on imagine pour elle ) alors que ce pull était pour lui.

Mais alors, pour illustrer un récit aussi fort et vrai, pourquoi une telle photo de couverture ? Faut-il vraiment, pour symboliser les camps de concentration, l'image d'une petite fille, au visage triste certes, devant un barbelé, mais une petite fille bien habillée, bien coiffée, toute belle, toute propre, et apparemment bien nourrie ? Ah, si les détenus avaient pu n'avoir que la tristesse comme marque visible de leur emprisonnement ! Sans marques sur leur corps, de toutes les conséquences de leurs conditions de détention, le froid, la nourriture, le manque de soins, le travail... Les vraies photos des détenus nous montrent plutôt des gens n'ayant plus que des os recouverts de peau. Même le jour de son arrivée vers les barbelés du camp, une fillette aurait-elle pu être telle qu'on nous la montre sur la photo, après un voyage dans un wagon à bestiaux ? Il est dommage qu'une photo de couverture minimise ainsi la force du récit.
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J'ai pas pleuré

J'ai entendu parler de ce témoignage par ma professeur d'histoire il y a quelques mois, puis une rencontre avec Ida Grinspan devait être organisée, il était donc important pour moi de lire ce témoignage avant de rencontrer Mme Grinspan. Annulée une première fois en raison des intempéries, j'avais donc plus de temps pour le lire, n'ayant pas eu le temps la première fois. La rencontre devait avoir lieu cette semaine, malheureusement celle-ci à encore été annulée, mais j'ai quand même pu découvrir son livre.



Ce livre est découpé en trois parties : la vie dans le Poitou où ses parents l'ont cachée dès le début de la guerre jusqu'à l'arrestation, la survie à Auschwitz et la "marche de la mort" et enfin l'après, Ida Grinspan se livre et se raconte à travers de courts chapitres, parfois guidée par des questions bien précises, avec comme volonté de faire connaître ce qu'elle a vécu.



Ce témoignage est vraiment touchant et poignant, c'est le premier que je lis sur ce sujet, j'avais commencé Si c'est un homme de Primo Levy, mais je n'ai pas pu le terminer. Les cours d'histoires nous apprennent bien l'horreur que fût toute ces périodes, mais le fait d'avoir le témoignage d'une personne l'ayant vécu, nous montre encore plus ce que c'était. J'ai vraiment été marquée par son livre, et la force dont elle à fait preuve pour nous raconter tous ces évènements. Ce livre est un témoignage qui restera dans ma mémoire.
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J'ai pas pleuré

les adultes n'apprécieront sans doute que moyennement ce récit à deux voix, mais il est intéressants pour les ados car il leur parle, du fait de l'âge de la jeune fille au moment des faits. Donne une vision qui semble réaliste de la vie à Auschwitz mais aussi du retour à une vie "normale" pour les survivants.
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L'été 36

Ce livre, déjà lu en 1985 (c'est-à-dire hier) ne m'avait laissé aucun souvenir particulier. Attirée par le titre qui fleurait bon les vacances (dehors, j'apercevais un épais brouillard automnal) et les différents résumés, je me suis plongée dans une relecture.

Dommage, seule la première partie du livre a répondu à mes attentes. C'est avec beaucoup d'humour que l'on assiste à la rencontre des premiers "congés payés" venu camper dans le pré d'un manoir breton avec les propriétaires bourgeois de ce dernier. Chacun bien sûr arrive avec ses idées reçues et c'est grâce, ou plutôt à cause d'un drame, que la méfiance va peu à peu faire place à la sympathie et que des liens amicaux ou amoureux vont se créer.

La jeune Victoire va en profiter pour essayer de se libérer de l'emprise de sa famille en s'offrant à Gabin, un des campeurs et à Alexis, un ami de son oncle qui se présente comme un prince russe et qui se révélera être, comble de mésalliance, un juif allemand. Comme il est dit, suffit-il de choquer son milieu pour en changer ?

Oui, mais voilà, en plus, les vacances sont finies et c'est le retour à Paris. Victoire retrouve Gabin mais celui-ci part s'engager dans la guerre d'Espagne. Avec Alexis, elle va vivre une belle histoire d'amour qui sera perturbée par la montée du nazisme. Autant vous dire que le côté "déjeuner sur l'herbe" du départ, ni même la lutte des classes de la deuxième partie du livre, ne sont plus au programme. C'est la fin d'une époque.... et la fin d'un livre qui m' a déçue (moi, j'aimais bien Raymond, le titi parisien!)
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Diagonales

Le titre "diagonales" dit l'intention de l'auteur de zigzaguer au gré de l'actualité, de mêler ses curiosités pour l'événement et pour la vie culturelle, de confronter faits et représentations.

En cinq ans, il a signé plus de 200 articles dans le quotidien "Le monde".

Ce recueil en retient une soixantaine, des meilleures ou plus originales.

Les sujets en sont très diversifiés, la politique, les années 40, le drame de l'ex-yougoslavie, les dérives de la société et bien sûr les livres, l'amour des mots et de la mer, ces deux "écoles de rêve et de liberté".
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J'ai pas pleuré

La Shoah tout le monde connait. On connait tous L Histoire générale. Mais comment connaître toutes les petites! Il y en a tellement... Toutes méritent d'être entendues et racontées, car elles sont des témoignages précieux, les voix de ceux qui n'ont pas eu la chance de pouvoir s'en sortir.



Ida avait 14 ans lorsqu'on est venu l'arrêter dans le petit village où elle était réfugiée. 14 ans et pourtant une volonté de fer et, ce qu'elle appelle « un enchainement de chance » l'ont sauvé.

La plupart des témoignages se concentrent principalement sur l'expérience des camps et se terminent lors de la libération. Ce n'est pas le cas ici. Dans un devoir de raconter et de faire comprendre aux nouvelles générations, Ida nous parle aussi de l'après. Parce que la vie n'est pas devenue rose le jour de la libération de son camp. Parce que la galère a creusée son trou pendant plusieurs années. Nous avons la chance de pouvoir en apprendre beaucoup sur le parcours après guerre de la jeune femme, tout ce qui manque à la plupart des témoignages pour être pleinement instructifs.



« Ma libération, mon retour à l'humanité perdue, ça aura été cela: des draps propres en zone russe, des hommes enfin « normaux » qu'on aurait envie d'embrasser, une bouffée de tabac blond qui fait tourner la tête, et la France aperçue, là, entre deux nuages, sous les ailes d'un Dakota. » - p100



Malheureusement, on ne peut pas dire que le témoignage d'Ida soit 100% « satisfaisant ». Si on en apprend beaucoup sur l'après, la rescapée parle trop vite de son expérience du camp. On aurait aimé en savoir un peu plus, même si toutes les histoires se ressemblent et que l'on sait déjà tout, ou presque de la barbarie des allemands, des kapos et de certains prisonniers. Néanmoins, beaucoup de détails que l'on ne trouve pas dans les manuels d'Histoire sont expliqués ici, ce qui rend le récit indispensable à l'étude de la Seconde Guerre Mondiale.



« Je ne connaissais pas l'OSE, l'oeuvre de secours aux enfants, qui a sauvé beaucoup d'enfants juifs pendant l'Occupation et qui a pris en charge les orphelins, à la Libération. Je n'ai pas été orientée, comme ma copine du kommando des patates, que l'OSE a dirigée vers des études d'assistante sociale. Je suis passée à côté des possibilités qui s'offraient. Oui, la déportation n'a pas seulement mis les vies en péril: elle nous a privées de nos chances. » - p112



Il faut dire aussi que J'ai pas pleuré se lit vite, très vite, achevé en a peine 3-4 heures. Une lecture rapide, qui est, tout comme Anne Frank et les enfants de la shoah, le seul vrai défaut du livre.

Bien qu'il soit classé dans la collection Jeunesse de Pocket, J'ai pas pleuré est un récit pour tous, parce qu'il est important de se souvenir, pour ne pas oublier. Parce qu'oublier, c'est « tuer une deuxième fois nos compagnons » comme le dit Ida. Préservez la mémoire collective, lisez ce livre et parlez-en autour de vous.
Lien : https://parole2libraire.word..
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L'été 36

Les premiers congés payés de l'été 36 campent et dansent le tango sous les fenêtres d'un manoir breton.

Un livre témoignage au travers une histoire d'amour: témoignage de l'époque avec ses rivalités:deux mondes s' entrechoquent: -le monde ouvrier et le patronat et à côté, l'insouciance d'une jeunesse dorée qui choque son milieu bourgeois en côtoyant les ouvriers. Une insouciance exacerbée par la montée du nazisme et l'approche de la guerre 39/45; Une atmosphère très bien décrite, en même temps un livre riche d'enseignements pour ma génération.
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La grasse matinée

Livre tournant autour d'un caractère veule et violent, salissant tout ce qu'il touche. La moralité même de cette oeuvre est méprisable.

Le roman est la peinture d'un caractère, celui de Frédéric, quadragénaire touche-à-tout, - adolescent attardé qui met son intarissable éloquence au service de diverses oeuvres généreuses, auxquelles il ne croit pas. Sa vie privée est aussi désordonnée que sa vie professionnelle. Il abandonne sa femme dans un sanatorium, une maîtresse traverse sa vie, il croit aimer une jeune fille type nouvelle vague, aussi destructrice que lui, mais sa maîtresse se ressaisit et redevient - provisoirement - une épouse exemplaire, la femme meurt discrètement, la jeune fille l'abandonne pour un partenaire de son âge. Autour de lui, le monde accepte l'ordre et la médiocrité. Il reste seul, frustré, désemparé, bon pour le suicide.
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Finie la comédie

"La frime c'est l'espèce de culte inculte rendu en France aux intellectuels...c'est la vanité qu'ils en tirent, leur prétention à sermonner le monde, leur illusion d'échapper aux bêtises basses de l'argent."

Mais pour peu que la vitrine vole en éclats - et c'est ce que nous décrit avec talent et humour Bertrand Poirot Delpech - alors les voilà tels qu'ils sont tous, bourgeois, boutiquiers et bouffons soumis aux modes, aux alibis et aux simagrées.

Un livre, très fin, paru en 1969, qui fait tomber les masques du monde intellectuel de l'époque.
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L'alerte/un doigt de porto

L'alerte, monté au vieux Colombier, imagine le dialogue amical, en 1943, de deux écrivains engagés dans des camps opposés.

Inspiré et imaginé d'une rencontre probable entre Malraux et Pierre Drieu la Rochelle en 1943 dans un restaurant proche des Invalides, ce face à face est l'occasion pour ces deux grands personnages d'échanger leurs vues sur l'existence, l'histoire et le rôle à y jouer.

C'est un livre fort sur l'engagement et les convictions.
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J'ai pas pleuré

Ida Grinspan et Bertrand Poirot-Delpech se sont rencontrés à Auschwitz en 1988. Elle n’y avait pas mis les pieds depuis 43 ans. Depuis, elle y est retournée plus d’une vingtaine de fois, accompagnant des groupes de jeunes à qui elle relatait son histoire, celle d’une adolescente de 14 ans arrachée à un village du Poitou parce qu’elle était née juive et à qui on a tout enlevé de sa vie d’avant, son sac, ses vêtements, ses boucles d’oreilles. Une adolescente qui a mis des jours à comprendre que la fumée là-bas, ce n’était pas celle d’une usine mais d’un crématoire. Une adolescente qui n’a pas pleuré devant l’ennemi, face à la souffrance et aux humiliations. Une adolescente qui a survécu et qui, en 2002, a senti le besoin de raconter.



Et c’est ce quelle fait, page après page, sa voix s’entremêlant à celle de Bertrand Poirot-Delpech. Et c’est ce qui m’a agacé dans ce récit : les interventions de celui-ci et le chevauchement des extraits où Ida raconte alors qu’il ajoute des remarques. J’aurais préféré un récit plus linéaire où Ida Grinspan aurait pris toute la place.



Il n’en reste pas moins qu’il est des moments qu’elle raconte qui sont bouleversants. Le fait que ce soit des gendarmes français qui l’aient inculpée et pas des Allemands. La solidarité entre les prisonnières. Celles qui ont été là pour elle et à qui elle doit la vie. Et le fait qu’elle considère Auschwitz comme le lieu de sépulture de ses parents.



Non pas un récit parmi tant d’autres. Mais un autre cri. Et la fierté de n’avoir pas pleuré.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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