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3.98/5 (sur 69 notes)

Nationalité : Slovénie
Né(e) à : Trieste , le 28/08/1913
Mort(e) à : Trieste , le 30/05/2022
Biographie :

Boris Pahor est un écrivain italien de langue slovène. Il fut le doyen de la littérature mondiale

En 1920 il assista à l'incendie de la maison de la Culture slovène ("Narodni dom", soit la "Maison du peuple"), par les fascistes italiens. Quand les nazis prirent le contrôle de la région en 1944, il rejoignit les rangs de l 'armée de libération yougoslave. Arrêté, il fut déporté en Alsace (Natzweiler-Struthof), puis en Allemagne (Dachau et Bergen-Belsen). Il choisit de rester à Trieste quand la ville devint italienne.

La plupart de ses romans ont leur source dans l'épreuve des camps. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des écrivains slovènes les plus importants de son époque.

Parmi ses écrits les plus importants on cite "Le Pèlerin parmi les ombres" (où il narre son expérience des camps de la mort), "Printemps difficile" et "Quand Ulysse revient à Trieste".

Il est candidat sur la liste de la Südtiroler Volkspartei (SVP) au nom de l'alliance avec la Slovenska Skupnost pour les élections européennes de 2009.
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Teaser 4'23" de "Boris Pahor,portrait d'un homme libre", un film de Fabienne Issartel


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Toutes les fois que, dans la matinée, ils descendaient quelqu'un par les escaliers qui donnaient du côté du four, un vide sourd se faisait en nous. André était encore plus pâle que d'habitude, il ne savait même plus qu'il était médecin bon et dévoué, il était comme impotent dans le froid qui soufflait de la terrasse du bas. En tant que médecin, il savait - il le voyait - que le SS accompagnait un groupe de gars à la visite. Entlassung. Ce qui signifie licenciement, renvoi ainsi que congé et même finalement adieu. Et c'était adieu sa véritable signification. Le médecin devait certifier le bon état de santé des renvoyés. Les gars avaient des yeux fixes et hagards mais le SS s'emportait contre celui à qui il manquait la jambe droite à partir du genou. "Tu n'es pas en bonne santé ? Tu ne veux pas être renvoyé ?" Pendant ce temps, Leif agitait nerveusement la main dans laquelle il tenait son stéthoscope ; la sinistre comédie devant laquelle il était impuissant lui répugnait mais il ne pouvait refuser quand on lui ordonnait d'examiner les gars. Or, pour ça, il était médecin. André n'aimait pas Leif mais lui n'aurait pas pu faire autrement. Seuls les gars qui avaient en main le fichier des convalescents du bloc n°2 réussissaient de temps à autre à sauver l'un des marqués. Ils risquaient alors le tout pour le tout car, si on les avaient découverts, c'est eux qui, un matin, auraient descendu les escaliers jusqu'aux crochets. Franc, par exemple, un grand et chaleureux ljubljanais, constamment agité, bourré d'ingéniosité et d'un humour obstiné, pouvait le faire. Quand le SS arrivait avec une liste de Entlassung, commençait le sauvetage fiévreux d'au moins un des condamnés, parfois de deux mais c'était exceptionnel car il fallait éviter d'éveiller le moindre soupçon.Il s'agissait en effet de placer sur l'orteil d'un cadavre étendu sur le sol des lavabos - du Waschraum -, qui attendait qu'on le porte en bas, un papier avec le numéro du condamné au lieu du vrai, du sien. Le gars sauvé changeait de nom et de numéro et il fallait aussi vite que possible lui faire quitter le camp avec n'importe quel convoi de travail.
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Afin de ne pas la toucher avec ses mains collantes, Rudi posa ses deux poings fermés sur les épaules de la jeune femme, pareilles a deux anses rondes sur une jarre précieuse.
En un éclair, là-haut dans le ciel, le soleil s’embrasa, et scintilla sur la mer ; le visage de la jeune femme s’irradia, puis une lumière blanche éclata devant leurs paupières fermées - c’était l’odeur du raisin dans la hotte, le parfum du fenouil, et le sucre des figues tard venues à l’abri contre la falaise. La douceur du raisin sur les lèvres de Majda, et la fermeté moelleuse de sa poitrine qui avait la douceur de la mer bleue dans un havre placide.
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C'était une nuit d'août étoilée, un vent espiègle rafraîchissait la côte solitaire de Miramare. Il dégringolait en cachette de la garrigue sur le rivage et s'emmêlait dans les frondaisons des platanes élancés. De l'autre côté du trottoir, un orchestre jouait à l'abri devant un café, de temps à autre, des phares éclairaient la route, les instruments de musique et les triangles jaunes et bruns des parasols. Le rivage était dans l'obscurité ; ici le vent entamait sa danse, se précipitait sur les rochers, se cognait contre l'eau, rebondissait avant de revenir se glisser sous un petit banc sous un jeune platane. Là où la place était occupée, il se faufilait entre les visages pour emporter le baiser tout juste avenu.
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En cet instant, j'aimerais dire quelque chose à mes anciens camarades mais j'ai l'impression que tout ce que je leur dirai en pensée sera faux. Je suis vivant, voilà pourquoi mes sentiments les plus sincères sont quelque part impudiques.
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La main de Danilo la dénuda lentement, et après un instant d'étonnement, alors qu'elle sentait qu'elle allait résister machinalement à la curiosité de la clarté matinale, elle resta calme, attendant elle-même la signification de cette nouvelle découverte. Il était plein de recueillement et d'attention, comme devant une statue couchée et recouverte d'un drap, dont il allait calmement et posément révéler le secret. Les vagues écumeuses pouvaient à nouveau se lever dans les arrière-fonds, perçut-elle, elle voulait maintenant suivre le cheminement de ses mains avec une calme résistance. Ses mains accompagnaient les courbes de son corps, les effleurant de la pointe des doigts et des paumes, puis s'en allaient, détachées, proches et distantes à la fois.
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Celui qui ne craint pas ses voisins, ne ressent aucunement le besoin de les détruire.
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Car, là-bas, de l'autre côté de la ligne du tram et de la barrière, le grand bleu souriait pudiquement à la lumière qui frissonnait au sommet des collines, hésitant encore à se déverser vers lui.
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Tout autour, les gens se sont levés sur la pointe des pieds pour voir les cendres et les morceaux d'os dans les pots, quant à moi, il me semble toujours aussi inconcevable qu'on puisse, devant ce four si imposant, demander de quoi il s'agit; en même temps, cette légèreté me calme car elle me confirme dans l'idée que la conscience s'éveille à un rythme désespérement lent. C'est-à-dire que je suis plutôt satisfait de constater que le monde des camps est incommunicable même si je ne peux pas dire que cette idée me soulage.
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Ce qu'il y a, c'est qu'à l'époque nous n'avions pas conscience de cet état de choses ; c'est seulement plus tard que nous nous sommes rendu compte que jusqu'à la fin de la Première Guerre nous étions dans un tunnel sombre, et quand nous avons cru sortir du tunnel autrichien pour trouver enfin le soleil, alors a commencé un autre tunnel, bien plus noir. Prendre conscience de ces faits a enlevé toute valeur à ces abris de pierre, à ces feux et à ces hippocampes que la marée se déposait sur le sable en se retirant.
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Dans l'eau du canal flottaient les sphères vertes et lisses des pastèques, leurs peaux rognées. Les pastèques avaient des blessures rose clair, alors que leurs peaux en demi-lune, mangées jusqu'à leur partie verte, ressemblaient à de grandes mâchoires édentées. Tout autour dérivaient des casiers à moitié immergés, qui attendaient paisiblement le moment où leur pourriture rendrait l'eau encore plus épaisse. L'eau d'ici n'avait rien de celle, légèrement bleue, du début du canal ; ici, elle ressemblait à une liqueur verte sur laquelle reposaient des barques immobiles. De temps en temps seulement venait de la mer un léger frémissement, qui se transmettait de vague en vague et émettait un chuchotement à peine audible sous les quilles des barques. Il y avait d'autant plus de vie sur la berge. Des hommes du Midi, basanés, pieds nus, se tenaient derrière des pyramides de fruits comme derrière des tranchées vert foncé, agitant des couteaux et se battant contre d'invisibles attaquants qui les auraient réveillés de leur pénible sommeil. Avec hargne ils vantaient en criant la couleur et la douceur de leurs pastèques.
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