À l'occasion de la 33ème édition du festival "Étonnants Voyageurs" à Saint-Malo, Brian Evenson vous présente son ouvrage "immobilité" aux éditions Rivages.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2678777/brian-evenson-immobilite
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/
Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux :
Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/
Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts
Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat
Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/
Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat
Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/
Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
Jamais plus, disons-nous : Dieu ne le permettrait pas. Nous disons non à la torture, et nous trouvons une raison pour torturer au nom de la démocratie. Nous disons non à des milliers de morts par l'explosion d'une seule bombe lâchée sur une ville étrangère sans défense, puis nous recommençons, avec cent milles bombes cette fois-ci. Nous disons non à des millions de morts dans des camps d'extermination, puis nous revenons à la charge, avec des millions de morts dans des goulags. L'homme est un poison. Peut-être vaudrait-il mieux que nous n'existions pas du tout.
C'est le même homme qui a dit à une de mes patientes battue par son mari que " la chose la plus importante, c'est que la famille reste unie ", convaincant la femme de retirer sa plainte et d'oublier que les coups avaient jamais existé puisque le mari avait promis de ne jamais recommencer. Maintenant elle est morte.
Pourtant qui suis-je pour décréter que la personne que je pense être, cette personnalité parvenue à remonter à la surface telle de l’écume, est mon moi réel ? Ces autres remplissent plus d’espace en moi que je ne le fais. Peut-être que l’un d’entre eux est mon moi réel et que je suis l’intrus.
La curiosité est vraiment quelque chose d'affreux, songeait-il. Comment peut-on s'empêcher d'avoir envie de savoir?
- Qui est soit mort, soit vivant.
- Exactement.
- ça fait une sacrée différence, dit Gous. C'est ce que nous comptons bien découvrir.
- Quoi? Fit Ramse.
- Ça, répondit Gous.
- Quoi? Dit Ramse, en regardant autour de lui. Qu'est-ce qui se passe?
- Exactement, intervint Kline. C'est ce que je voudrais savoir.
On ne parle pas d'Aliens, ici, mais d'humains. Les Aliens opèrent toujours d'une manière à peu près prévisible. Les humains, c'est rarement le cas.
- Deux hommes m'ont enlevé. Ensuite, la situation est devenue bizarre. J'avais l'intention de revenir plus tôt. C'est le loyer qui vous tracasse?
Mais le gardien levait les bras, comme pour se défendre de coups éventuels. " Non, je voulais parler de votre bras, protesta-t-il.
- Oh. Je l'ai perdu."
Je ne peux m'empêcher de me demander si je connais l'homme qui a été torturé. Pourquoi iraient-ils me menacer de torturer un inconnu? Pourtant, si je le connaissais, pourquoi omettraient-ils de m'informer de son identité? Si c'était mon père qu'ils torturaient, ou mon frère, ou encore un ami, ne serait-ce pas plus efficace que le simple fait de savoir qu'ils torturent un anonyme en mon nom?
On pourrait le penser, mais en réalité, ce n'est pas le cas. C'est pire pour moi de ne pas savoir qui est cet homme -ne pas savoir si je le connais, ne pas savoir si la punition est arbitraire - que d'être certain que c'est un de mes proches. Si c'est quelqu'un qui a été choisi au hasard, que l'on fait souffrir sans raison, alors nous sommes tous condamnés et cet endroit n'en est que plus terrifiant.
Comment pourrais je aimer ou ne pas aimer quelqu'un dont je ne comprends la raison d'être qu'imparfaitement ? Je peux parler de vous, par contre, avec plus de compétence. Vous êtes la charge. De ce que je saisis de cette portion là de votre raison d'être, vous l'accomplissez admirablement bien. Vous êtes résistant sans être excessivement lourd. Vous ne vous débattez pas lorsqu'on vous porte, vous ne criez pas sauf si vous êtes blessé, et vous ne tombez pas bien que vous ne soyez pas attaché. Charge, j'apprécie la manière dont vous accomplissez votre raison d'être.
Le problème avec la foi, pensa Horkaï, c'est qu'on ne peut pas en discuter. Même problème, concéda-t-il, pour l'absence de foi.