Citations de Brigitte Kernel (154)
- Tous les littéraires ne sont pas des gentils...
-On est d'accord, Gloria
- Je le voyais venir. Il allait me parler du grand Ernest. Je ne l'intéressais qu'à ce seul titre, c'était une évidence. Pas facile de descendre d'un homme connu respecté, admiré au-delà des frontières. (p. 186)
Les écrivains ne se racontent pas dans la vie comme ils se racontent à la radio. Il suffit pourtant de peu pour qu'ils enlèvent leur "masque" ou leur "panoplie" d'auteur pour se laisser aller, malgré le micro et l'ambiance de studio, à "se dire" en toute intimité.
Il m’a narré des années plus tard comme Marlène l’avait épuisé un soir à s’énerver au bout du fil de la réaction de John Wayne, qui osait la repousser une nouvelle fois : Tu imagines, Ernest, John m’a dit : « Ce n’est pas l’envie qui m’en manque, ma grande, mais je n’aime pas l’idée d’appartenir à une écurie. » En plus, il m’a appelée ma grande, mon petit nom pour Jean ! Et il n’y a que lui, mon Jean Gabin, qui a le droit !
Un jour, quand les rides feront de moi un parchemin, je détruirai ce texte.
Je ne craignais ni de quitter cette vie ni de souffrir en me noyant avec ma voiture pour linceul.
Mon père ne parvint jamais à élaborer une philosophie qui lui aurait permis de vieillir avec grâce. J'ai vu chez un animal blessé, ce regard qui semble dire : Tue-moi, je souffre - Mais l'homme est le seul animal capable d'appuyer sur la détente. [cf: "Papa"- Gregory H. Hemingway ]
Ma mère ne m'a jamais aimée.
Papa, c'était autre chose, il m'adorait, mais c'était son secret. Un mâle Hemingway ne pouvait pas, ne devait pas ressentir d'affection pour un type "anormal " comme moi, un qualificatif dont beaucoup de mes connaissances et même de ma parentèle ont usé à mon sujet, mais que Ernie, je lui en sais gré, n'a jamais brandi à mon sujet.
Sous la carapace rugueuse de mon père, son caractère d'ours, une subtile délicatesse. (p. 127)
J'avais douze ans, papa écrivait et quand il écrivait il nous ignorait. Ses livres nous le volaient, ils nous l'ont toujours dérobé. Comme un forçat, il tapait sans plus d'horaires, plus d'angoisses, car il était anxieux au fond. (p. 141)
Papa. Ernest, l'écrivain; le séducteur, je revois ses yeux déstabilisants les femmes; l'amoureux transi; le boxeur aux arcades parfois ouvertes, ensanglantées; le champion de pêche au gros, médaillé- il aimerait que je précise. Papa, le déprimé aussi et le sensible barricadé. (p. 15)
Le tragique, c'est perdre l'autre, mais aussi se perdre, ne jamais réussir à être soi, être en deuil de l'enfant que nous étions et qui devrait grandir.
Il y a quelque chose de l'ordre du contrôle dans le suicide. Nous sommes le tueur à gages qui va officier sans aucun état d'âme. Un tueur à gages. Notre propre assassin.
L'amour a une enfance qui s'appelle souvent passion, une adolescence, un âge mûr, un vieillissement. L'amour a une généalogie, des névroses, une psychologie, des peurs venues de son enfance.
L'oreille intérieure de nos cœurs est-elle comme le coquillage qui, pour un temps infini, garde jalousement en lui le bruit des vagues ?
C'est beau les écrivains en plein travail. Il y a quelque chose du labeur, de la douleur dans leur acharnement, mais il y a aussi de la magie et de la volupté.
Ainsi qu'une journée bien remplie donne un doux dormir, ainsi une vie bien employée donne un doux mourir.
Léonard de Vinci
La voix est un révélateur terrible de vie, de joie, de peine, de colère, de peur. Tout s'entend dans la voix, la peur, les rires, la sérénité.
J'étais celle qui aime et celle qui refuse d'aimer. Mais aussi celle qui espère et celle qui ne veut pas espérer. Celle qui sent des papillons lui envahir l'abdomen et celle qui se contraint à ne pas les ressentir. Celle qui dit et celle qui gronde en silence.
- Pensez-vous qu'un jour, avec les théories progressistes, il y aura des femmes conductrices de taxis ?
LA MAISON DE RETRAITE PAR MICHEL JONASZ
Auteurs: Michel Jonasz
Compositeurs: Michel Jonasz
J’ai retrouvé ta lettre où tu disais peut-être
Un jour on s'ra trop vieux
Pour s'écrire des poèmes
Pour se dire que l'on s'aime
Se r' garder dans les yeux
Tu parlais de naufrage,
D'un corps qui n'a plus d'âge
Et qui s'en va doucement
De la peur de vieillir et d'avoir à subir
L'impertinence du temps
De n' plus pouvoir s'aimer si la mémoire s'en va
Et qu'on n' se reconnaît plus
Et perdre me disais-tu le plaisir de me plaire
l' envie de me séduire
Peur de la dépendance
Et de finir sa vie dans une maison de retraite
De la fin qui commence
De l'esprit qui divague
Peur de ne plus pouvoir un jour
Rire à mes blagues
Mais tout ça c'est des bêtises est-ce que tu réalises
On s' ra jamais trop vieux
Pour s'écrire des poèmes, pour se dire que I’on s'aime
Se r' garder dans les yeux
Et je veillerai sur toi et tu veilleras sur moi
Ce s' ra jamais fini
On s' dira mon amour jusqu'à la fin des jours
Et le jour et la nuit
Et le jour et la nuit
Et leur maison de retraite ça j’ te jure sur ma tête
Nous on ira jamais
On dormira dehors, on r' gardera les étoiles
On vivra libres et dignes !
On s' tiendra par la main comme à nos 18 ans
Qu’on marchait tous les deux sur des sentiers perdus
Au début du printemps
Et on pourra toujours raconter des bêtises
Et dire n'importe quoi
On vivra libres et dignes !
Et si l'on doit partir un jour après le dernier mot
Du tout dernier poème
On partira ensemble
Tu comprends...
On s' ra jamais trop vieux
Pour se dire que l'on s'aime
Se r' garder dans les yeux
On s' ra jamais trop vieux
Pour se dire que l'on s'aime
Se r' garder dans les yeux
Les écrivains arrangent la vérité comme s'il s'en allait de leur vie et de leurs peurs. Réinventer le monde. Ernie était un as en la matière, pas plus menteur que lui, toute réalité, sur le clavier comme dans la vie, se transmuait en fiction, en affabulation souveraine. (p. 74)