Bande à part Extatique: Bruno Blanchet décroche
Ça m’a pris un an pour réaliser qu’elle n’est nulle part, l’aventure. L’aventure ne se trouve pas dans un livre, un guide ou une expédition prévue pour ça. L’aventure est une porte qui s’ouvre par en-dedans Le reste dépend de vous.
Des camions font la file pour entasser les passagers dans la boite, comme du bétail, en direction d’ailleurs.
Dans deux jours, je repartirai en direction du lac Tanganyika. 600 kilomètres. Dont 150 à travers un parc national où abondent les éléphants, les girafes et les lions. Dangereux? Oui. Mais je ne crains pas les lions. J’ai appris un truc. Tu leur rentres la main dans la bouche, tu leur saisis la langue, tu tires de toutes tes forces et, floc! tu les vires à l’envers, comme des bas sales. En attendant, comme je vous le disais, rien à signaler.
Non mais, quand on y songe, quel beau métier je fais. Même lorsque ça va mal, et surtout quand ça va mal, pour moi, tout va bien.
Or, nous sommes allés sur l’île de Bohol afin de voir le tarsier, cette jolie petite horreur que vous apercevez sur la photo.
Le temps était doux. Mais le bureau, fermé. Nous étions arrivés avec une heure d’avance, dans le but d’observer les oiseaux avant l’arrivée des touristes. Derrière la réception du parc des tarsiers, un grand étang avait déjà attiré de nombreux volatiles. Big Pete s’y est précipité sur la pointe des pieds. Je l’ai suivi.
Un cheval blanc y était attaché à un poteau, et le terrain autour de lui était manifestement au sec depuis des lustres. Le pauvre cheval était d’une maigreur à faire peur. On voyait quasiment au travers ! À tel point qu’on avait l’impression d’assister à un cours d’anatomie équine. — Hon, pauvre cheval…
Je me suis approché pour lui flatter le front, et le réconforter. J’ai tendu la main. Il a avancé la tête, et SNAP ! il m’a mordu à l’intérieur de la cuisse, à quelques centimètres à peine de mon paquet.
Du coup, j’ai compris le truc du « bec de cheval » avec lequel on se torturait entre gamins !
Ça m’a pris presque un an pour réaliser quelle n’est nulle part l’aventure. L’aventure ne se trouve pas dans un livre, un guide ou une expédition prévue pour ça. L’aventure est une porte qui s’ouvre par en dedans. Le reste dépend de vous. […] L’aventure débute avec la fin de la peur […] Se placer volontairement les pieds dans les plats? Pourquoi pas! Se confronter à une tâche impossible à réaliser? Kick ass, baby!
• Au Vietnam, j’éviterai de bouffer quelconque animal auquel un enfant voudrait donner un nom.
• Et le petit truc brun et mou non identifié, je ne le mangerai pas, même avec de la sauce rouge.
• Je ne boirai plus jamais de l’alcool de riz jusque tard dans la nuit avec des étrangers, dans la jungle. Et j’éviterai toujours de poser mon sac, ou mon cul, sur une colonie de fourmis rouges.
• Je ne me ferai plus jamais masser par un ladyboy qui me trouve de son goût.
• Je ne grimperai plus jamais un cocotier, même si grimper doucement, c’est plutôt facile : c’est parce qu’en redescendant, ça va vite en sacramant.
• Avant de m’asseoir sur le toit de l’autobus pour un long voyage au Népal, je consulterai les prévisions de la météo. Deux degrés Celsius à 80 kilomètres/heure pendant 3 heures, ça fait combien dans le style facteur-vent-je-me-les-gèle ?
La semaine dernière, je vous avais promis un nouvel épisode des aventures de Bud Spencer et Terence Hill, mettant en vedette le Big Pete et le Petit Brun ; et je croyais vraiment que notre escapade allait faire pâlir d’envie le film attention les dégâts !
Et c’est ce que je souhaitais, secrètement…
Parce que les tapes sur la gueule, les plans foireux et les commotions cérébrales en pays exotiques font tous de beaux sujets sur lesquels s’étendre durant des semaines…
Pendant lesquelles moi, en bédaine sur une plage en
Thaïlande, je peux écrire mes chroniques, tranquillo…
Oups ! Viens-je de vous révéler mon secret ?! Regardez le pendule, et dans 3, 2, 1, vous avez tout oublié.
• Au restaurant, je ne demanderai pas au serveur qui parle trois mots d’anglais s’il est possible, avec le steak, de remplacer les frites par du riz, ou des légumes.
— Pas de frites ?
— Non merci. Juste du riz, si possible avec des légumes.
Parce que je saurai qu’il y a alors 90 % de risque de recevoir une assiette de riz aux légumes.
— Il est où le steak ?
— Quel steak ?
• Dans le train en Chine, je choisirai toujours la banquette la PLUS éloignée des chiottes. Et je n’oublierai pas que le plancher sert aussi de crachoir.
Dans deux jours, je repartirai en direction du lac Tanganyika. 600 kilomètres. Dont 150 à travers un parc national où abondent les éléphants, les girafes et les lions. Dangereux? Oui. Mais je ne crains pas les lions. J’ai appris un truc. Tu leur rentres la main dans la bouche, tu leur saisis la langue, tu tires de toutes tes forces et, floc! tu les vires à l’envers, comme des bas sales. En attendant, comme je vous le disais, rien à signaler.
En ville, je cède à l’étonnement complet : c’est le chaos ! Une véritable frénésie s’est emparée de la population. Une heure plus tôt, on se serait cru un dimanche matin, rue Donatien ; maintenant, les gens se ruent sur les étalages de fruits...