Les quatre façades d'une maison, d'une église, d'un palais, pour belles qu'elles soient, ne constituent que le coffre dans lequel est enfermé le joyau architectural. Ce coffre peut être finement ouvragé, artistement sculpté, ajouré avec goût, il peut être un chef-d'œuvre, mais il n'est qu'un coffre. Il existe aujourd'hui une technique de l'emballage, mais jamais personne ne songe à mettre sur le même plan la qualité de l'emballage et celle de son contenu.
En matière de construction, le contenant est ce coffre formé de murs, le contenu est l'espace interne. Très souvent, l'un conditionne l'autre : pensez à une cathédrale gothique française ou à la majorité des constructions modernes.
La symétrie est un invariant du classicisme. Donc, l’asymétrie est un invariant du langage moderne. Extirper le fétiche de la symétrie signifie faire une grande partie du chemin qui mène à l'architecture contemporaine.
Symétrie = gaspillage économique + cynisme intellectuel. Chaque fois que vous voyez une maison composée d'un bloc central et de deux corps latéraux symétriques, vous pouvez émettre un jugement de condamnation. Que contient le corps de gauche? le séjour, par exemple. Et celui de droite? les sanitaires ou les chambres à coucher. Comment est-il possible que les deux boîtes qui les enveloppent soient identiques?
Aucun langage ne peut être inventé de toutes pièces sous peine d'annuler la communication. Notre tâche n’est donc pas d'effacer les valeurs que nous avons acquises dans le passé récent mais de les redécouvrir, de les reconquérir en les dépouillant des éléments vils, commercialisés et uniformisés qui sont responsables de la crise actuelle.