Le 20 septembre 2021, le Seuil Jeunesse présentait dans la Chapelle du Café A (Paris 10e) ses ouvrages à paraître dans les mois à venir devant un public de libraires. L'occasion aussi de revenir sur de nombreux titres et auteurs de la maison, en présence de Angèle Cambournac (Responsable éditoriale Illustré), Céline Ottenwaelter (Responsable éditoriale Illustré), Camille von Rosenschild (Editrice Illustré), Thomas Leclere (Responsable éditorial Fiction) et Marion Hameury (Editrice). Un événement présenté par Pierre Krause, Responsable éditorial de Babelio.
Retrouvez ici en vidéo cet événement et la présentation détaillée des titres :
0:10 Les 30 ans du Seuil Jeunesse, la transmission
1:18 Zoo logique
4:49 Mimi Cracra : la revoilà !
8:55 Les Contes palpitants des 7 Ours Nains
16:52 de nouvelles formes, de nouveaux lecteurs
17:08 Collection le Grand Bain
23:28 La pauvreté expliquée aux enfants
30:48 Des récits graphiques à l'oralité savoureuse
31:00 Où vont les doudous quand ils meurent ?
38:22 Puisette et Fragile
42:58 Quand tu lèves les yeux
45:45 Autour du conte avec Jean-Jacques Fdida
52:25 La Fille du Diable
58:40 Histoires comme ça
1:03:52 Les 7 Chamouraïs
1:05:50 Ha ! Un cache-cache monstrueux
1:09:03 A la conquête de l'audio !
1:12:00 Charles, un amour de dragon
1:19:16 La fiction, 9-13 ans
1:19:35 le Courage d'Amal
1:23:35 The Last Bear
1:29:16 Une mystérieuse découverte http://www.seuiljeunesse.com/ouvrage/...
1:31:47 Malamander
1:33:25 Carmin
1:34:31 Une pincée de magie & Un soupçon de sorcellerie
1:37:38 Mes voisins les Goolz
1:42:04 Willodeen & Long Lost
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Les années mettaient de la tendresse là où il y avait autrefois du désir.
Elle me fit taire d'un doigt sur la bouche : "Tu ne veux pas gouverner ? Soit. C'est cette sagesse-là qui fera de toi un bon souverain."
Ainsi on appelle les Tziganes des voleuses, car, partout où elles vont, elles serpentent et se faufilent, l'œil plissé et l'oreille tendue. Mais l'Ether m'est témoin que jamais aucune d'elles n'a volé qui que ce fût. Que nous importent vos biens terrestres puisque nous gouvernons vos âmes ? Celui qui nous traite de brigandes nous connait bien mal…
Victor aurait pu mettre un terme au cauchemar, s'enfuir, rentrer en France, et recommencer la vie comme avant. Mais si le destin n'en faisait qu'à notre tête, il n'y aurait pas d'histoire ni de roman.
- Des fantômes, osa-t-il, au fond vous êtes des fantômes.
- Ah ben non ! répondit-elle sèchement. Des spiridons. Fantômes, c'est un mot pour les enfants.
Horace haussa les épaules.
"C'est la rumeur qui dit ça. On entend décrire des choses, à frémir…"
Un pli vertical se creusa entre ses sourcils, il se tut et frotta ses mains l'une contre l'autre, machinalement.
"Comme quoi, par exemple?" insista Victor, la gorge sèche.
Il sentait monter en lui le désir maladif d'entendre la suite ; cette même sensation qui l'éreintait, enfant, au moment d'écouter des "histoires qui font peur"… Penché contre l'orateur, tout son être tendu vers le dénouement du récit, il espérait une suite qui valût ses attentes.
"Il y aurait un repaire, continua Horace. Quelque part dans la forêt… et dedans des foules séquestrées. Et puis, chaque jour, des Tziganes qui sélectionneraient un pauvre type, une femme ou un gamin… pour faire de l'empyromancie."
Un homme à ce mot leva les yeux de son journal, puis les y replongea en secouant la tête. Aussitôt après, il changeait de siège.
"Qu'est-ce que c'est que ça, l'empyromancie ? insista Victor.
"Tu vas pas le croire, murmura Horace, c'est la lecture de l'avenir dans les entrailles…"
Ses cheveux bouclés à la tempe, faisaient un petit frisottis qui se soulevait au gré du vent, telle une brindille dans la bourrasque. Il eut soudain envie de protéger cette boucle-là, de mettre sa main en coquillage, et d’empêcher quiconque autour de la toucher, d’en approcher, ou même de la voir. Il lui parut bientôt évident, s’il devait s’en sortir, qu’il ne quitterait pas la ville sans cette boucle, qu’il ne pourrait envisager l’avenir sans cette boucle, parce qu’elle était fragile et qu’il fallait la préserver, parce qu’elle avait besoin de lui. Son regard s’élargit à la peau tout autour, cette peau sans pli ni cicatrice, et il se dit aussi que l’avenir n’aurait pas de sens sans la pureté de cette peau-là.
- Qu'est-ce que c'est, ça, l'empyromancie? insista Victor.
-Tu vas pas le croire, murmura Horace, c'est la lecture de l'avenir dans les entrailles...
Victor sentit justement ses entrailles se froisser. Il recula.
-C'est blague?
-Non
-Tu veux dire qu'elles....
-Exactement.
Il eut un instant de trouble, voulut associer l'image de la jeune fille aperçue à l'abominable description mais, n'y parvenant pas, jugea plus sain de détendre l'atmosphère d'un sourire.
Il y avait longtemps qu'une information ne l'avait pas bouleversée au point de lui couper l'envie de fumer. La dernière fois remontait à ses quatorze ans, lorsqu'elle avait appris que les femmes étaient obligées d'avoir recours aux hommes pour faire des enfants.
[…]Une autre partie de lui-même, innocente et curieuse, s'émerveillait de l'émerveillement du philosophe ; lui souhaitait de conquérir Liena et de mettre à terre le faux Dimitri ; de vivre, à défaut de sa vie, sa mort comme un homme libre.