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3.92/5 (sur 892 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : St Paul, Minnesota
Biographie :

Caragh M. O'Brien est auteur de roman young adult.

Elle est titulaire d'un B.A. en physique de Williams College et d'un M.A. en écriture à l'Université Johns Hopkins.

Après avoir écrit une douzaine de romance, elle devient professeur d'anglais au lycée. Elle démissionne de son poste pour se consacrer à l'écriture de romans jeune adulte.

Elle est l'auteure de la trilogie "Birth marked" (Birthmarked Trilogy, 2010-2012), qui a obtenu de nombreux prix littéraires.

Mariée et mère de 3 enfants, elle vit dans le Connecticut.

son site : http://www.caraghobrien.com/
page Facebook : https://www.facebook.com/pages/Caragh-M-OBrien-Writer/311588922533

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Il est des actes qui, un fois commis, ne peuvent jamais être remis en cause parce que, dans le cas contraire, on ne pourrait pas aller de l'avant. Et nous le devons, chaque jour.
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(...) Gaia eut l'impression que le Bastion avait deux fonctions distinctes : l'élégante maison où vivaient Geneviève et les enfants, et la partie utilitaire dans laquelle elle pénétrait en tant que prisonnière. D'une certaine façon, ce n'est qu'une version extrême de la société dans laquelle je vis déjà, pensa Gaia, une autre cloison, comme celle qui sépare ceux qui vivent à l'intérieur et à l'extérieur du mur. Elle venait de voir où les deux mondes entraient en collision.
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La tête du nouveau-né dodelina dans un mouvement familier, sa peau arborant un rouge marbré, et, remuant les bras sans coordination, le bébé poussa son premier cri d'indignation ; l'indignation d'être vivant.
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- J'ai envie de partager avec toi chaque miette de bonheur, poursuivit-il en se penchant en avant. Je croyais que je serais capable d'en finir avec ça, mais non. Et je ne veux plus essayer. Je te comprends comme personne ici ne pourra jamais te comprendre (...)
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- Tu es si douce, si douce, dit-il tendrement.
- Tu n'es pas censé m'embrasser.
Elle fut surprise d'entendre à quel point sa propre voix était devenue basse.
- Permets-moi de ne pas partager ton avis.
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N'oublie pas que nous sommes tous vulnérables. Surtout quand on aime quelqu'un.
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- Le Protecteur ne le décrirait jamais aussi crûment, ajouta Myrna, mais c'est bien de cela dont il s'agit.
- Dites-moi que j'ai mal entendu, s'indigna Will. Aucune femme ne permettrait qu'on se serve d'elle de la sorte.
- Peut-être pas là d'où vous venez.
- Comment fonctionne votre usine à bébés, concrètement ? s'enquit Dinah.
- L'Institut Matrice engage des femmes pour porter les enfants de couples stériles de l'Enclave, expliqua Myrna.
- Combien sont-elles ? demanda Gaia. Qu'est-ce que ca leur rapporte ?
(...)
- Tu viens de dire qu'Emily avait pris la tête de la grève des bébés. Comment a-t-elle pu devenir la porte-parole d'une usine à bébés ? argumenta Gaia. Ca n'a pas de sens. En quoi ce système est-il préférable à l'avancement de bébés ?
- Ces mères-là ont le choix, expliqua Myrna. Elles signent en connaissance de cause.
- Attends une minute. Tu approuves ? l'interrogea Gaia.
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Dans la sombre masure, la mère se contracta pour pousser une dernière fois de toutes ses forces, et le bébé glissa dans les mains de Gaia prêtes à l'accueillir.
— Vous avez fait du bon travail, dit-elle. Superbe. C'est une fille.
L'enfant cria d'indignation et Gaia poussa un soupir de soulagement en vérifiant ses orteils, ses doigts et son dos parfait. C’était un beau bébé, en bonne santé et bien constitué malgré sa petite taille. Elle enveloppa l'enfant dans une couverture puis le tourna vers la lumière dansante du feu pour que la mère épuisée le voie.
Gaia aurait aimé que sa propre mère soit là pour l'aider, surtout pour examiner le placenta et donner les premiers soins au bébé. Elle savait que, en principe, elle n'était pas censée laisser la maman tenir l'enfant, pas même brièvement, mais celle-ci tendait les bras à présent et elle n'avait pas assez de mains pour tout faire.
— S'il vous plaît, murmura la jeune femme.
Ses doigts lui faisaient tendrement signe de lui confier l'enfant.
Les cris du bébé se calmèrent et Gaia le lui donna. Elle essayait de ne pas écouter les doux gazouillis de la maman tandis qu'elle nettoyait son entrejambe et se déplaçait avec légèreté et efficacité, comme sa mère le lui avait appris. Elle était tout excitée et assez fière. C'était son premier accouchement, sans assistance qui plus est. Elle avait aidé sa mère à de nombreuses reprises et savait depuis des années qu'elle voulait devenir sage-femme, mais c'était enfin devenu une réalité.
Presque fini. Se tournant vers sa sacoche, elle en sortit la petite bouilloire et les deux tasses que sa mère lui avait offertes pour ses seize ans, à peine un mois plus tôt. À la lueur du foyer, elle transvasa de l'eau d'une bouteille dans la bouilloire. Elle alimenta le feu ; une lumière jaune jaillit sur la mère et son bébé emmailloté.
— Vous vous en êtes bien sortie, fit Gaia. Combien d'enfants cela vous fait-il, déjà ? Quatre, m'avez-vous dit ?
— C 'est ma première, répondit la jeune maman d'une voix chaleureuse empreinte de plaisir et d'admiration.
— Quoi ?
Les yeux de la femme luirent brièvement quand elle regarda Gaia et elle sourit. Embarrassée, elle lissa une boucle moite de sueur derrière son oreille.
— Je ne vous l'ai pas dit avant. J'avais peur que vous refusiez de rester.
Gaia s'assit doucement près de l'âtre, accrocha la bouilloire à une tige métallique et l'avança au-dessus du feu pour qu'elle chauffe.
Les premiers accouchements étaient les plus difficiles, les plus risqués, et, bien que celui-ci se soit déroulé sans encombre, Gaia savait qu'elles avaient eu de la chance. Seule une sage-femme d'expérience aurait dû s'occuper de cette naissance, non seulement pour le bien de la mère et de l'enfant, mais aussi pour ce qui allait suivre.
— Je serais restée, dit Gaia doucement, mais uniquement parce que personne d'autre ne pouvait venir. Ma mère était déjà partie à un autre accouchement.
La femme paraissait à peine l'entendre.
— N'est-elle pas magnifique ? murmura-t-elle. Et elle est à moi. Je peux la garder.
Oh, non, pensa Gaia. Son plaisir ainsi que sa fierté s'évanouirent et elle regretta, à ce moment-là plus que jamais, que sa mère ne fût pas présente. Ou même la vieille Meg. Ou n'importe qui, à vrai dire.
Gaia ouvrit sa sacoche ; elle en sortit une aiguille neuve et une petite bouteille d'encre marron. Elle secoua une boîte au-dessus de la bouilloire pour y faire tomber un peu de thé. L'arôme léger embauma doucement la pièce et la mère sourit à nouveau, lasse, détendue.
— Je sais qu'on ne s'est jamais parlé, dit la jeune maman. Mais je vous ai vues, vous et votre mère, aller et venir à travers la grand-place et monter jusqu'au mur. Tout le monde dit que vous serez aussi douée que votre mère pour le métier de sage-femme et, désormais, je peux en témoigner.
— Avez-vous un mari ? Une mère ?
— Non. Plus de ce monde.
— Qui était le garçon que vous avez envoyé me chercher ? Un frère ?
— Non. Un gamin qui passait dans la rue.
— Vous n'avez donc personne ?
— Plus maintenant. Maintenant j'ai mon bébé, ma petite Priscilla.
Ce n'est pas un bon nom, pensa Gaia. Et le pire, c'était que cela m'avait pas d'importance, car elle ne le garderait pas. La jeune fille versa le thé en silence dans les deux tasses après avoir saupoudré celle de la mère d'une pincée d'agripaume, réfléchissant à la meilleure façon de procéder. Elle laissa tomber ses cheveux pour dissimuler le côté gauche de son visage tandis qu'elle rangeait la bouilloire vide et encore chaude dans sa sacoche.
— Tenez, dit-elle en tendant le thé additionné d'agripaume à la jeune femme étendue sur le lit et en reprenant en douceur le bébé allongé à côté d'elle.
— Que faites-vous ? demanda la mère.
— Buvez. Cela apaisera la douleur.
Gaia but une gorgée de sa tasse pour donner l'exemple.
— Je n'ai plus vraiment mal. Juste un peu sommeil.
— C'est bien, dit Gaia en reposant sa tasse près de l'âtre.
Sans bruit, elle rangea son matériel et regarda les paupières de La mère devenir de plus en plus lourdes. Elle démaillota les jambes de l'enfant pour doucement en sortir un pied, puis elle le posa sur la couverture par terre près de la cheminée. Il ouvrit les yeux et les tourna vers les flammes : des prunelles sombres, ternes. Impossible de dire de quelle couleur ils seraient plus tard. Gaia essuya le fond de sa tasse de thé avec un bout de chiffon propre, absorbant ce qu'il restait du liquide chaud, puis le frotta sur la cheville du bébé pour la nettoyer. Elle plongea l'aiguille dans l'encre marron, la tint brièvement à la lumière puis, rapidement, comme elle l'avait déjà fait sous la supervision de sa mère, elle enfonça l'épingle dans la cheville du nouveau-né à quatre reprises. L'enfant cria.
— Que faites-vous ? demanda la mère, bien réveillée à présent.
Gaia emmaillota de nouveau le bébé qu'elle avait tatoué et le prit fermement dans un bras. Elle glissa la tasse, l'aiguille et l'encre dans sa sacoche. Puis elle s'avança, saisit la seconde tasse à côté de la mère, et souleva son bagage.
— Non ! cria la mère. Vous ne pouvez pas ! On est le 21 avril ! Personne n'avance jamais de bébé si tard dans le mois !
— Ça ne dépend pas de la date, dit Gaia doucement. Ce sont les trois premiers bébés de chaque mois.
— Mais vous avez déjà dû en mettre au monde une demi-douzaine ce mois-ci, hurla la femme en se levant.
Elle parvint tant bien que mal à déplacer ses jambes jusqu'au bord du lit.
Gaia recula d'un pas, s'armant de courage.
— C'est ma mère qui les a mis au monde. Celui-ci est mon premier. Ce sont les trois premiers bébés de chaque sage-femme.
La mère la dévisagea, le choc et l'horreur se succédant sur son visage.
— Vous ne pouvez pas, murmura-t-elle. Vous ne pouvez pas prendre mon bébé. Il est à moi.
— Je le dois, dit Gaia en reculant. Pardonnez-moi.
— Mais vous ne pouvez pas, souffla la femme.
— Vous en aurez d'autres. Vous en garderez certains. Je vous le promets.
— S'il vous plaît, supplia la femme. Pas celui-ci. Pas mon seul enfant. Qu'ai-je fait ?
— Pardonnez-moi, répéta Gaia.
Elle avait maintenant atteint la porte. Elle vit qu'elle avait laissé sa boîte de thé près de la cheminée, mais il était trop tard pour retourner la chercher.
— On prendra bien soin de votre bébé, fit-elle, se servant des phrases toutes faites qu'elle avait apprises. Vous rendez un grand service à l'Enclave, et vous serez dédommagée.
— Non ! Dites-leur de garder leur sale dédommagement ! Je veux mon bébé !
La mère s'élança à travers la salle, mais Gaia s'y attendait et, en un instant, elle sortit de la maison pour descendre promptement la sombre ruelle. Au deuxième coin de rue, elle dut s'arrêter car elle tremblait si fort qu'elle avait peur de tout lâcher. Le nouveau-né émit un murmure inquiet et Gaia replaça sa sacoche sur son épaule droite afin de réconforter de ses doigts tremblants le petit enfant emmailloté.
— Chut, murmura-t-elle.
Loin derrière elle, elle entendit une porte s'ouvrir, puis une plainte déchirante.
— S'il vous plaît ! Gaia ! appelait la voix
Le cœur de la jeune fille se serra.
Elle renifla fort et tourna son visage vers le sommet de la colline. C'était bien pire que ce qu'elle avait imaginé. Redoutant d'entendre un autre cri dans la nuit, elle reprit sa marche et gravit rapidement la colline en direction de l'Enclave. La lune diffusait une clarté bleue sur les sombres bâtiments de bois et de pierre qui l'entouraient ; elle trébucha sur un caillou. Contrastant avec le sentiment d'urgence qui la faisait avancer, un silence profond et paisible régnait. Elle avait fait ce trajet à de multiples reprises pour sa mère mais, jusqu'à cette nuit, il ne lui avait jamais semblé si long. Elle savait que tout irait bien pour le bébé, même mieux que bien. Elle savait que la mère en aurait d'autres. Mais avant tout, elle savait que la loi exigeait d'elle qu'elle livre cet enfant ; si elle ne le faisait pas, elles pourraient toutes deux le payer de leur vie.
Elle savait tout cela mais, l'espace d'un instant, elle aurait aimé qu'il en aille autrement. En dépit de tout ce qu'on lui avait appris, elle aurait aimé ramener le bébé à sa mère et lui dire : « Tenez, reprenez la petite Priscilla. Partez pour le désert et ne revenez jamais. »
Elle tourna à un dernier croisement et se retrouva dans la lumière qui tombait sur les portes de l'arche Sud, une seule ampoule qui brillait au centre d'une lanterne dont les miroirs réfléchissaient l'éclairage sur les portes et la terre battue. Deux soldats en uniformes noirs se tenaient devant deux imposantes portes en bois. Elle laissa glisser ses cheveux pour couvrir sa joue gauche et, instinctivement, garda ce côté du visage dans l'ombre.
— Tiens ! Ne serait-ce pas une petite livraison ? demanda le plus grand des hommes.
Il ôta son chapeau à large bord d'un ample geste du bras et le cala sous son coude.
— Tu nous apportes un des bébés de ta mère ?
Gaia s'avança doucement, le cœur cognant contre ses côtes. Elle dut s'arrê
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- Tu fais tout le temps ça. Avec tes cheveux. Quand tu n'es pas bien, souffla-t-il.
Il se pencha vers et remit la mèche dans sa position initiale.
Gaia ressentit un frisson parcourir sa cicatrice. Elle demeura immobile, figée, tandis que les doigts de Léon effleuraient sa manche, son poignet. Il était gentil et ça ne faisait qu'empirer les choses.
Elle serra le poing et recula.
- Non, Gaia. Dis moi simplement ce qui ne va pas. Ça ne peut pas être si terrible, sauf si tu as fait un truc vraiment stupide, comme l'embrasser en public.
Elle plongea la tête dans ses mains.
- Oh non, lâcha-t-il.
- Je en voulais pas.
Il se leva.
- Je vais enfiler une chemise. Ne bouge pas.
- Ils vont le mettre au pilori, Léon ! Et ensuite en prison ! Je ne sais pas pour combien de temps.
- Et c'est ça qui te chagrine ? Qu'il aille en prison ?
- C'est toute cette histoire ! éclata-t-elle. Ce n'était qu'un baiser. Un seul. C'est juste .. arrivé. Et maintenant, on l'accuse de tentative de viol. J'en ai ma claque de ce village. C'es n'importe quoi. Vraiment n'importe quoi.
- Ah, enfin, tu ouvres les yeux.
Elle releva brusquement la tête.
- Oh ça va. Je le voyais bien avant aussi, mais je ne savais pas comment faire changer les choses. Cette fois, on n'a pas le choix.
- « On », répéta-t-il.
Il affichait un air aussi moqueur que troublé. Et inquiet.
- Comment as-tu pu, Gaia ?
Elle hésita.
- Quoi ?
- Qu'est ce qu'il a fait pour que ça « arrive » ?
Elle agrippa les accoudoirs de toutes ses forces. Anxieuse, elle l'observa qui approchait son fauteuil et se rasseyait de façon à être à la même auteur qu'elle. Il posa ses mains chaudes sur les siennes, la coinçant plus ou moins sur son siège et, dans le mouvement, sa couverture glissa de nouveau. Une chaleur telle qu'elle n'en avait jamais éprouvé de sa vie se répandit dans ses bras.
- Quelque chose comme ça, peut être ? demanda-t-il en se penchant davantage vers elle.
Elle s'humecta les lèvres, secoua la tête.
- Léon.
Elle se renversa sur sa chaise mais, sans qu'elle sache comment, cela ne fit que la rapprocher de lui, au point qu'elle sentait presque la douce tiédeur de son buste. Elle tenta de retirer ses mains, mais ses doigts se prirent dans ceux du jeune homme avant de finir sur ses genoux, où le tissu de sa jupe remontait lentement sur ses cuisses.
- Ce que je ne donnerais pas pour savoir à quoi tu penses, murmura-t-il.
[Quoi que tu fasses, songea-t-elle, ne m'embrasse pas.]
Pourtant il s’inclina encore, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un millimètre de lumière entre eux. Un long moment, elle résista à l'appel de son regard intense, se demandant comment il pouvait éprouver les sentiments qu'elle y lisait et redoutant l'effet qu'il avait sur elle. Si quelqu'un était capable d'utiliser les instincts de Gaia contre elle, c'était bien Léon.
- J'ai menti, l'autre jour, chuchota-t-il, une lueur secrète dans les yeux. A propos de mon vœu. C'était plutôt à ça que je pensais.
Ses lèvres effleurèrent celles de l jeune fille, qui se laissa aller en arrière, paupières closes. Avec retenue, mais sans se presser, il l'embrassa tendrement, longuement, au point qu'elle en fonde de plaisir et de frustration.
- Ça, murmura-t-elle en se dégageant afin de reprendre son souffle, c'est de la triche.
- Parfait.
Il l'embrassa de nouveau, avec moins de réserve, cette fois.
Elle ne sut jamais comment, mais elle se retrouva bientôt sur les genoux de Léon, enserrée dans le cercle de ses bras nus et tout, chez lui, lui parut fort et brûlant, y compris les cicatrices qui lui balafraient le dos. Elle ajusta sa position et il s'écarta précipitamment, sans la lâcher pour autant.
- Je crois qu'on va avoir un petit problème, annonça-t-il. Ne bouge surtout pas.
Elle le regarda, surprise. Elle avait l'impression que le monde autour d'elle était brumeux, qu'elle revenait d'une autre planète. Elle posa un doigt sur la mâchoire de Léon, appréciant son très léger début de barbe.
- Quel problème ? s'enquit-elle.
Il ri, un son grave, presque un grondement.
- Rien. C'est juste drôle que ce soit Peter qui finisse au pilori.
Elle avait oublié Peter. Elle avait tout oublié. Elle voulut démêler leur étreinte.
- Oh que non, dit-il. Reste où tu es.
- Mais qu'est ce qui m'arrive ? C'est comme si je n'avais aucune volonté.
Il rit de nouveau.
- Je vois. J'espère que ce n'est pas allé aussi loin avec Peter.
- Je ne peux pas être sur tes genoux, éluda-t-elle.
- Ah, désolé, mais si, tu y es. Je peux en témoigner.
Elle se recoiffa, calant ses mèches derrière ses oreilles, et s'efforça d'arranger son chemisier, ce qui n'était pas une mince affaire avec les bras de Léon toujours autour d'elle. Quand il voulut l'aider, ce fut pire. Elle lui offrit un sourire timide.
- Je suis vraiment désolée, fit-elle.
Elle avait une furieuse envie de l'embrasser.
- Ne dis pas ça.
Elle se leva lentement en s'appuyant d'une main sur la table. Il en profita pour jeter la couverture sur ses cuisses et Gaia, devinant la raison de ce geste, en fut dix fois plus embarrassée. Il hausse les épaules et enlaça le dossier de la chaise d'un air détendu.
Elle avait envie de mourir.
- Ça va, Gaia.
Elle leva les mains au ciel.
- Je suis tellement nulle.
- Et pas moi, peut être ? rit-il. Ne sois pas gênée. Ça va. En fait, j'ai une excellente idée.
- Laquelle ? questionna-t-elle, morte de honte.
- Et si tu m'épousais ?
- T'épouser ? Tu as perdu la tête ?
- Pas du tout, riposta-t-il. Réfléchis. Ça résoudrait plein de problèmes d'un coup.
- Par exemple ?
- Par exemple, Peter ne t'embrasserait plus et ne serait plus mis au pilori. Je le tuerais d'abord.
- Léon ! Tu n'aides pas !
[...]
- Je ne peux pas, lâcha-t-elle. Tu dois bien savoir que je ne peux pas accepter. On se parle à peine.
L'expression de Léon se fit grave.
- Je conviens que les choses ne sont pas toujours faciles entre nous, déclara-t-il. Mais on tient quelque chose. Quelque chose de vrai.
Gaia resta absolument immobile.
- J'ai envie de partager avec toi chaque miette de bonheur, poursuivit-il en se penchant en avant. Je croyais que je serais capable d'en finir avec ça, mais non. Et je ne veux plus essayer. Je te comprends comme personne ici ne pourra jamais te comprendre. Là, je sais que tu as peur. Tu as peur de blesser Peter si tu te lances dans l'aventure avec moi. Exact ?
- Ce n'est pas de la peur, répondit-elle. Ce n'est pas aussi simple.
- Alors, quoi ? Tu ne l'aimes pas vraiment. Pas plus que moi. Si ?
- Non.
[Pas plus. Différemment.]
Un éclair passa dans les prunelles du jeune homme.
- Tu ne te rends pas compte comme c'est infernal pour moi, continua-t-il. De vivre ici avec toi, de me faire constamment houspiller. On est faits pour être ensemble. Quand est ce que tu le verras ?
Comment pouvait-il être si catégorique ? Son assurance l'inquiétait un peu, en fait. Elle s'appuya sur la table derrière elle, les sourcils froncés.
- Tu n'es même pas particulièrement gentil avec moi, accusa-t-elle. La plupart d temps.
Il eut un rire étranglé.
- Quand ? Quand tu me mens ?
- Je ne te mens pas, se défendit Gaia. Seulement, je ne peux pas toujours tout te dire. Et quel serait mon intérêt ? Tu m'effraies parfois.
- Moi ?
- Tu as oublié l'épisode après le Jeu des Trente-Deux ? lui rappela-t-elle.
- Il fait vraiment que je m'excuse pour ce jour là ?
Il se leva et s'approcha de la fenêtre. Il resta là un moment, la tête contre le carreau. Dans la cuisine, le four achevait de refroidir en émettant une sorte de tic-tac irrégulier. La gorge de Gaia se noua encore plus. Il se retourna enfin vers elle, l'air troublé.
- Très bien, commença-t-il à voix basse. Je suis désolé. Et je suis désolé pour le lendemain matin aussi. Bien sûr. Et pour tout ce que j'ai pu dire quand mon cœur ...
Il se tut, passa une main dans ses cheveux, détourna les yeux, puis la regarda de nouveau.
- Ne m'oblige pas à faire ça. Laisse moi un peu de fierté.
Elle s’agrippa au bord de la table, abasourdie par l'énormité de ces aveux. Il l'aimait, depuis tous ces mois, alors que cet amour ne lui avait apporté que souffrance, emprisonnement et chagrin, et qu'elle n'en savait rien.
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- Tu ne m'apprécies pas en fait.
- Léon!
Elle le frappa au bras. Il grimaça un sourire.
- D'accord. Je vérifiais juste.
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