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4.23/5 (sur 324 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Turin , le 29/11/1902
Mort(e) à : Rome , le 04/01/1975
Biographie :

Carlo Levi est un écrivain, médecin, peintre et journaliste italien.

Il étudie la médecine et reçoit son diplôme de l'université de Turin en 1924. Il n'a cependant pas pratiqué la médecine, choisissant de devenir peintre et de poursuivre une activité politique commencée à l'université.

En 1929, il participe au mouvement anti-fasciste Giustizia e Libertà créé par Nello et Carlo Rosselli et il devient l'un des chefs de la branche italienne avec Leone Ginzburg, un juif russe d'Odessa qui avait émigré avec ses parents en Italie.

Adversaire du fascisme, il devient également membre du Parti d'action. Arrêté en 1935, il est condamné par le régime au confinamento (résidence surveillée) dans une région désolée du Mezzogiorno, à Grassano, puis à Aliano, en Basilicate, expérience dont il tirera le livre "Le Christ s'est arrêté à Eboli" (Cristo si è fermato a Eboli, 1945) et qui marqua profondément sa peinture.

Retrouvant sa liberté, il part en France et y vit de 1939 à 1941. En 1941, de retour en Italie, il est arrêté à Florence et emprisonné dans la prison de Murate. Il est libéré après l'arrestation de Benito Mussolini et cherche refuge dans le palais Pitti, où il a écrit son ouvrage "Le Christ s'est arrêté à Eboli".
Après la Deuxième Guerre Mondiale, il s'installe à Rome où il devient pendant un certain temps rédacteur de Italia libera, la publication du Partito d'Azione, une organisation anti-fasciste.

Il continue d'écrire et de peindre, exposant en Europe et aux États-Unis. Ses écrits se composent de "La montre" (L'orologio, 1950), "Les mots sont des pierres" (Le parole sono pietre, 1955), et "Le futur a un cœur antique" (Il futuro ha un cuore antico, 1956).

En 1963, il est élu au Sénat en tant qu'indépendant, sous l'étiquette du Parti Communiste, et réélu en 1968.

Carlo Levi meurt d'une pneumonie à Rome le 4 janvier 1975, mais ses dernières volontés sont d'être inhumé à Aliano. La maison qu'il y occupa peut encore être visitée.

Le film "Le Christ s'est arrêté à Eboli", inspiré du roman autobiographique de Carlo Levi, a été réalisé par Francesco Rosi en 1979, avec Gian Maria Volontè dans le rôle principal. Il a obtenu le Prix David di Donatello du meilleur film et du meilleur réalisateur et le Grand prix du Festival international du film de Moscou.
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Citations et extraits (138) Voir plus Ajouter une citation
Carlo Levi
La mort était dans la maison ; j'aimais ces paysans, je sentais la douleur et l'humiliation de mon impuissance. Alors pourquoi une si grande paix descendait-elle en moi ? Il me semblait être détaché de toute chose, de tout lieu, éloigné de toute détermination, perdu hors du temps, en un ailleurs infini. Je me sentais caché, ignoré des hommes, comme une pousse sous l'écorce d'un arbre. Je tendais l'oreille à la nuit et il me semblait être entré, d'un coup, dans le coeur même du monde. Un bonheur immense , jamais éprouvé, était en moi, me remplissait tout entier, avec le sentiment fluide d'une plénitude infinie.
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Une jeune femme, blonde et très belle, est agenouillée au centre de l'église, au milieu des sculptures et des sépulcres. Un voile de dentelle noire recouvre son visage à peine rose : son pardessus tombe en un pli d'une élégance suprême : c'est la Grâce même qui s'invite dans ce monde d'humilité.
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Rome est une ville d'apparitions, mais d'apparitions réelles, vivantes, charnelles, colorées : de choses vraies qui se changent en apparitions, en raison, semble-t-il, de leur incroyable vérité, de leur qualité d'existence surabondante.
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Autour de Rome, il y a cette "chose immense et en bouillie" qu'est Rome, et qui s'étend comme un corps d'amibe. A l'intérieur, un monde vivant et précieux, pas encore accompli, pas tout à fait existant; "la race grise" qui à tout instant se colore et se décolore, qui à tout instant surgit et replonge dans la mer objective de la servitude et ne dispose d'aucune langue pour s'exprimer pleinelment; mais elle n'est pour autant ni desséchée ni morte, comme les pierres et les bâtiments que le soleil du temps teinte d'or et de lumière éphémère.
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Le ciel était un couvercle bleu sur les bâtiments de Piazza Navona, le soleil se couchait derrière les maisons, la coquille de la place était inondée d'une ombre palpable et de la vague rumeur d'une mer lointaine.
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A Paris, où l'air est à ce point tendre que chaque couleur resplendit avec l'intensité d'un Renoir, les toutes premières petites feuilles sur le boulevard semblent des émeraudes d'eau sur les écorces noires et humides.
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Ici, dans l'air limpide de Rome, les apparitions possèdent en revanche la soudaine présence physique des dieux. Dans cet air éternel d'épiphanie (ce n'est pas un hasard si la fête de l'Épiphanie, qui se tient sur la Piazza Navona, est la plus importante fête populaire de l'année), Noël retrouve son atmosphère ancienne, son ciel lumineux, son étoile, la tiédeur hivernale du désert, son horizon aride, la pauvre simplicité du temps où il n'était pas encore devenu une fête des forêts et des bois remplie de pins vert sombre et de sapins, de neige immaculée et d'intimité.
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Pour les paysans, l'Etat est plus loin que le ciel, plus redoutable, car il n'est jamais de leur côté.
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Plusieurs années se sont écoulées, chargées de guerre et de ce qu'on appelle histoire. Ballotté çà et là par le hasard, je n'ai pu, jusqu'à présent, tenir la promesse que j'avais faite, en les quittant, à mes paysans, de revenir parmi eux, et je ne sais si je ne pourrais jamais le faire. Enfermé dans une pièce, monde clos, il m’est pourtant agréable de retourner en souvenir dans cet autre monde que resserrent la douceur et les coutumes, ce monde en marge de l'histoire et de l'État, éternellement passif, cette terre sans consolation ni douceur, où le paysan vit, dans la misère et l'éloignement, sa vie immobile sur un sol aride, en face de la mort.
« Nous ne sommes pas des chrétiens, disent-ils ; le Christ s'est arrêté à Eboli. » Chrétien veut dire, dans leur langage, homme - et ce proverbe que j'ai entendu répéter si souvent n'est peut-être dans leur bouche que l'expression désolée d'un complexe d'infériorité : nous ne sommes pas des chrétiens, nous ne sommes pas des hommes, nous ne sommes pas considérés comme des hommes, mais comme des bêtes, des bêtes de somme, encore moins que des bêtes, moins que les gnomes qui vivent leur libre vie, diabolique ou angélique, parce que nous devons subir le monde des chrétiens, au-delà de l'horizon, et en supporter le poids et la comparaison.
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Plusieurs années se sont écoulées, chargées de guerre et de ce qu’on appelle histoire. Ballotté çà et là par le hasard, je n’ai pu, jusqu’à présent, tenir la promesse que j’avais faite, en les quittant, à mes paysans, de revenir parmi eux, et je ne sais si je pourrai jamais le faire. Enfermé dans une pièce, monde clos, il m’est pourtant agréable de retourner en souvenir dans cet autre monde que resserrent la douceur et les coutumes, ce monde en marge de l’histoire et de l’État, éternellement passif, cette terre sans consolation ni douceur, où le paysan vit, dans la misère et l’éloignement, sa vie immobile sur un sol aride, en face de la mort.

« Nous ne sommes pas des chrétiens, disent-ils ; le Christ s’est arrêté à Éboli. » Chrétien veut dire, dans leur langage, homme – et ce proverbe que j’ai entendu répéter si souvent n’est peut-être dans leurs bouches que l’expression désolée d’un complexe d’infériorité : nous ne sommes pas des chrétiens, nous ne sommes pas des hommes, nous ne sommes pas considérés comme des hommes, mais comme des bêtes, des bêtes de somme, encore moins que des bêtes, moins que les gnomes qui vivent leur libre vie, diabolique ou angélique, parce que nous devons subir le monde des chrétiens, au-delà de l’horizon, et en supporter le poids et la comparaison. Mais il en est de cette phrase comme de toute expression symbolique : le sens littéral est beaucoup plus profond : le Christ s’est vraiment arrêté à Éboli, où la route et le train abandonnent la côte de Salerne et la mer, pour s’enfoncer dans les terres désolées de Lucanie. Le Christ n’est jamais arrivé ici, ni le temps, ni l’âme individuelle, ni l’espoir, ni la liaison entre causes et effets, ni la raison, ni l’histoire. Le Christ n’est pas arrivé ici, pas plus que n’y étaient arrivés les Romains qui ne suivaient que les grandes routes et ne pénétraient pas entre monts et forêts, ni les Grecs, qui florissaient sur la mer de Métaponte et de Sibari ; aucun des hommes hardis de l’Occident n’a porté ici le sens du temps qui se déroule, ni la théocratie étatique, ni cette éternelle activité qui se nourrit d’elle-même. Nul n’a touché cette terre autrement qu’en conquérant, en ennemi ou en visiteur indifférent. Les saisons coulent sur les labeurs paysans, aujourd’hui comme trois mille ans avant Jésus-Christ. Nul message, ni humain ni divin, n’a touché cette pauvreté tenace. Nous parlons un langage différent ; notre langue est presque incompréhensible ici. Les grands voyageurs n’ont pas dépassé les frontières de leur propre monde ; ils ont parcouru les sentiers de leur âme et ceux du bien et du mal, de la moralité et de la rédemption. Le Christ est descendu dans l’enfer souterrain du moralisme judaïque pour en briser les portes temporelles et les sceller dans l’éternel.

Mais sur cette terre sombre, sans péché et sans rédemption, où le mal n’est pas un fait moral, mais une douleur terrestre, qui existe pour toujours dans les choses mêmes, le Christ n’est jamais descendu. Le Christ s’est arrêté à Éboli.

(INCIPIT)
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