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Citations de Caroline Fourest (97)


Depuis quelques années, les professeurs se montrent terrorisés à l'idée d'aborder certains sujets jugés "offensants" pour les élèves. Ils doivent même prévenir s'ils comptent évoquer des oeuvres susceptibles de les perturber ou de contenir des "micro-agressions".
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Si bien que nous vivons dans un monde furieusement paradoxal, où la liberté de haïr n'a jamais été si débridée sur les réseaux sociaux, mais où celle de parler et de penser n'a jamais été si surveillée dans la vie réelle.
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Une meute d’inquisiteurs

Comme toutes les tempêtes, les vents mauvais de l’Inquisition moderne commencent toujours par se lever sur les réseaux sociaux. Lieu de liberté, Internet est aussi le lieu de tous les procès. On s’y déchaîne anonymement, on y lynche au moindre soupçon. Une meute de trolls furieux que la philosophe Marylin Maeso appelle « les conspirateurs du silence », tant ils parviennent à nous museler. Nous vivons l’avènement de ce « monde de silhouettes », ce monde de faux-semblants que redoutait Albert Camus. Partout, règne la tyrannie de l’offense, comme préalable à la loi du silence.
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En mai 1968, la jeunesse rêvait d'un monde où il serait "interdit d'interdire". La nouvelle génération ne songe qu'à censurer ce qui froisse ou l'"offense".
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En France, le journaliste conçoit son métier comme un devoir : dire sa part de vérité, même si elle est difficile à entendre. C'est un journalisme souvent engagé, plus éditorialisé, plus idéologique aussi, parfois moins rigoureux. Le journalisme anglo-saxon est plus « factuel », plus précis, mais plus clientéliste. Il cherche avant tout à satisfaire ses lecteurs ou téléspectateurs, considérés comme des clients. D'où l'explosion de tabloïds et d'affaires exploitant la vie privée. Extrêmement choquants et jugés indignes du journalisme du point de vue français.
Les médias anglo-saxons qui ont fait la leçon à Charlie Hebdo pour sa couverture « offensante » sur Mahomet n'ont eu aucun scrupule à montrer les images du policier abattu par un terroriste juste avant sa mort, sans se demander si elles pouvaient « offenser » sa famille. Le client est roi. Le client veut du sang et des ragots sur la vie privée, pas qu'on insulte sa religion. Comme il y a peu de « clients » nord-coréens vénérant Kim Jong-un aux États-Unis, et bien plus de « clients » musulmans vénérant Mahomet, c'est donc Mahomet qu'il faut veiller à ne pas dessiner.
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L'université doit rester un lieu ouvert à tous, où se croisent les idées. On ne peut pas y pratiquer la ségrégation, même inversée.
On rêverait de campus redevenant des "safe space" pour le débat d'idées et la transmission d'une culture commune. Des sanctuaires où l'on pourrait avoir des débats contradictoires et courtois impossibles à mener sur Internet. Ces débats deviennent de plus en plus difficiles à organiser.
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Si bien que nous vivons dans un monde furieusement paradoxal, où la liberté de haïr n’a jamais été si débridée sur les réseaux sociaux, mais où celle de parler et de penser n’a jamais été si surveillée dans la vie réelle.
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En revanche, c'est certain, Marine Le Pen est dans nos vies pour quelques décennies. Au nom du père. Quant à son Front National, il n'a pas fini de poser ses pièges dans le débat public. Au nom du pire.
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Trouver des excuses à ceux qui choisissent le terrorisme, c’est mépriser tous ceux que la misère, l’adversité ou l’ennui n’ont pas transformés en bourreaux. C’est dire aux assassins, continuez à tuer pour vous faire entendre. On vous comprend, on vous écoute. Quand d’autres leur crient d’apprendre plutôt à écrire ou dessiner.
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Deux visions de la laïcité et de la liberté d'expression

D'après l'approche anglo-saxonne, l'égalité consiste à respecter tous les totems et tous les tabous de chaque communauté pour qu'elles coexistent sans conflits. L'approche laïque à la française croit au droit de les briser tous... Pour pouvoir se parler, se disputer s'il le faut, et se mélanger.
Cette divergence de vues repose sur des siècles de divergences philosophiques et politiques. La France a bâti sa démocratie, son aspiration à l'égalité, sur le fait de séparer l’État des Églises. L'Amérique a été fondée par des puritains rêvant d'une plus grande liberté religieuse. Les totems religieux y sont plus sacrés que d'autres. Quant à l'Angleterre, elle n'est ni une république, ni laïque, mais une monarchie parlementaire liée à une religion d’État : l'anglicanisme. Cette religion privilégiée l'incite à manier avec précaution les susceptibilités d'autres religions, moins privilégiées. Quitte à respecter un interdit religieux qui n'existe pas.
Le Coran n'interdit pas la représentation de Mahomet. Il interdit l'idolâtrie. Précisément ce que font les fanatiques en tuant pour empêcher qu'on désacralise son image. En combattant ce fanatisme obsédé par la représentation de Mahomet, en le désacralisant, Charlie Hebdo se montre bien plus fidèle à l'esprit du Coran que les obscurantistes. Quand bien même le Coran interdirait de représenter Mahomet, cet interdit n'est évidemment pas valable pour un journal satirique écrit par des athées dans une démocratie laïque !
D'ailleurs, si le critère retenu est celui de ne pas « offenser », il faudrait retirer de l'espace commun tout ce qui peut froisser. Les dessins qui choquent Al Qaïda mais aussi les films hollywoodiens qui choquent Kim Jong-un. Cela revient à importer les lois des dictateurs et des fanatiques en démocratie. A placer leurs susceptibilités au-dessus de nos lois.
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Dans tous les pays où l’Etat n’est pas séparé de la religion, les citoyens athées et les minorités religieuses sont au mieux des citoyens de second rang, au pire persécutés.
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Une part non négligeable de l'hystérie collective actuelle tient à l'épiderme, extrêmement douillet, des nouvelles générations. Et plus encore au fait qu'on leur a appris à se plaindre pour exister. (...) Les sociétés contemporaines ont placé le statut de victime tout en haut du podium. (...) L'excès commence lorsque la victimisation tend à faire taire d'autres voix, et non les dominants.
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Le Canada, pays modèle du "multiculturalisme", est aussi celui ou l'on perd la tête au nom de l'"appropriation culturelle". Le mal est très avancé. Un vrai laboratoire pour savoir où mènent ces campagnes. A l'automne 2015, une affaire a sidéré la presse, pourtant habituée à bien des folies. Alors que le monde saigne et se disloque, des jeunes canadiens se mobilisent... contre un cours de yoga !
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C'est tout le problème du droit à la différence. Au lieu d'effacer les stéréotypes, il les conforte, et finit par mettre les identités en concurrence.
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De quoi parlons- nous ? Sémantiquement, ce mot ne désigne pas la « phobie » envers les musulmans mais envers l’islam : « islamo- phobie » et non « musulmano- phobie ». Certains l’emploient de bonne foi et d’autres de parfaite mauvaise foi. Les intégristes l’utilisent pour dénoncer toute critique envers l’islam, son dogme ou ses abus, comme étant « phobique » et donc problématique. Des antiracistes utilisent le même terme pour viser la phobie envers les musulmans et se retrouvent à faire le jeu des intégristes.
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Bien sûr, tout est affaire de proportionnalité. Un régime autoritaire pourrait être tenté de restreindre les libertés individuelles au nom du civisme. A l'inverse, un pays qui oublie de fortifier sa citoyenneté au nom de la liberté peut favoriser la tyrannie individuelle.
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Si bien que nous vivons dans un monde furieusement paradoxal, où la liberté de haïr n'a jamais été si débridée sur les réseaux sociaux, mais où celle de parler et de penser n'a jamais été été si surveillée dans la vie réelle.
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En France, le racisme peut frapper, mais il est puni par la loi. Les lâches peuvent tirer, mais on pleure leurs victimes comme des héros. Ce n’est pas un hasard climatique. Des siècles de lutte ont permis d’arracher cette démocratie laïque à la dictature du sacré grâce au « blasphème ». Notre bien le plus sacré.
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L'époque sacralise les victimes et non le courage. La démission répond à l'intimidation.
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Au pays du procès en "appropriation culturelle", la culture générale est celle que l'on s'approprie le moins.
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