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3.39/5 (sur 260 notes)

Nationalité : Belgique
Né(e) à : Gand , le 07/08/1976
Biographie :

Caroline de Mulder, née à Gand en 1976, est un écrivain belge de langue française. Elle réside à la fois à Paris et à Namur où elle est chargée de plusieurs cours de littérature aux Facultés Notre- Dame de la Paix.

Élevée en Néerlandais par ses parents, elle alterne ensuite des études en français et en néerlandais, primaires à Mouscron, secondaire à Courtrai, philologie romane à Namur, puis à Gand et enfin à Paris.

L'auteur qui aime dire avoir deux langues maternelles, a donc appris à écrire en néerlandais et à lire en français.

En 2010 , son premier roman "Ego Tango" (consacré au milieu du tango parisien, milieu qu'elle a elle même fréquenté assidûment), lui vaut d'être sélectionnée avec 4 autres écrivains pour la finale du prix Rossel. Elle est la cadette de la sélection et remporte le prix.

Elle publie en 2012 un premier essai : "Libido sciendi : Le Savant, le Désir, la Femme", aux éditions du Seuil. La même année, elle publie également un second roman ("Nous les bêtes traquées", aux éditions Champ Vallon) lors de la rentrée littéraire.

Chez Actes Sud, elle punlie, en 2014, "Bye Bye Elvis" et, en 2017, "Calcaires".

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Caroline de Mulder publie "Manger Bambi", aux éditions Gallimard. Dans cette oeuvre littéraire, l'héroïne est une adolescente de 15 ans, surnommée Bambi, meneuse d'un gang de filles pratiquant le sugardating. Cette activité, pratiquée par des jeunes femmes, consiste à séduire des hommes d'âges mur via des sites web. En échange, elles sont entretenues financièrement par ces derniers. Dans "Manger Bambi", le vice est poussé à l'extrême puisque la protagoniste pratique son activité avec violence et sang-froid, afin d'extorquer un maximum d'argent. Jusqu'au jour où les rôles s'inversent... Dans ce cinquième roman, à la fois sombre et beau, Caroline de Mulder aborde un sujet tabou : la violence féminine.  Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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Citations et extraits (123) Voir plus Ajouter une citation
Des greffes, en plastique carmin. Ou des griffes. Plantées au bout des doigts d'un joli petit rongeur à gueule d'enfant plâtrée. Et maintenant qu'il manque celle de l'index droit, elle soupire. Devant elle, le homard intact et la blonde qui lui dit qu'on a envie de lui mettre des sparadraps partout sur les doigts et les mains. Mais l'autre reprend : "Un rien les fait jarter. De toute façon, pour toi, c'est la carte de l'étudiante en galère qui est gagnante, la femme fatale t'oublies, ça prendra jamais, t'as trop pas le profil. Écoute, mon frère, ces mecs-là ils veulent pas d'embrouilles. C'est pour ça qu'ils sortent le biff, pour pas être emmerdés. Ils raquent pour avoir ce qu'ils veulent, quand ils veulent et aussi longtemps qu'ils veulent. Et c'est des putains de divas. Si t'as l'air trop chtarbée ou trop mystique, ils se gênent pas, ils se barrent."
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Elle prend en main le Sig Sauer. Marche dans le living, pareille qu'un animal errant et traqué, et c'est comme ça qu'on meurt, elle pense. Comme si on en mourait. Comme si on mourait de mourir. Comme si on pouvait mourir de rage, n'importe quoi. Elle veut se cogner la tête une nouvelle fois, mais ça ne va pas fort, pas fort avec sa tête qui vacille, ses mains qui tremblent, la mollesse l'a gagnée de partout et elle est maintenant incapable de se taper, ni de jeter quoi que ce soit contre les murs, ni elle-même ni rien. Elle sort dans le jardin, erre dans le froid, comme si quelque chose allait apparaître, comme si elle allait rencontrer qui que ce soit, ici maintenant. Le froid est partout sauf dans sa tête, chaude à la peau, et qui cogne, cogne toute seule, pleine du battement de son coeur. Ça fait boum boum boum boum avec une douleur perçante. Devant elle, le mur très haut du jardin, un mur d'immeuble à dix étages, qui avale le peu de lumière du matin. De la brique crue, moisie, rouge et noire et verte. Et l'arbre, qui a poussé tout en hauteur, un acacia. Elle lève les yeux, les branches remuent, hypnotiques. Dans son ventre, tout s'est rétracté, rétréci, serré. Les pépiements d'oiseaux la transpercent pire que des aiguilles. Plusieurs pigeons dans l'arbre, qui s'en foutent de la faire souffrir.
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Elles glissent dans la paume du Roi. Il les avale trois à trois avec de l’eau de source, il aime le chiffre trois, il monte aussi les escaliers par trois quand il peut, monte monte vite. Puis il se redresse, ôte sa veste de pyjama, pour que le garde trouve un endroit, son corps est piqué de partout, son corps devenu cuir et cuirasse. Là, sous l’omoplate, tout près de la colonne, reste un peu de tendresse. Demerol : tue la douleur, régénère le corps, rajeunit les cellules. Amytal Carbrital Nembutal Seconal : repose le corps. Placidyl Quaalude Valmid : vous berce, vous ferme les yeux. Valium : vous détend, vous caresse. Tue la douleur. Il pense à Gladys, à ses gros yeux marron et doux, Dodo Elvis ti chaton aux tits pessons ti ventre à l’air quenottes parfaites menottes fermées au dodo et vite, bébé poids plume boubouille d’amour gaminot plein de clème glacée allégée éclémée lait délayé blanc layette.
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Certains la mangent délicatement, pétale par pétale, car c'est la vie et la force et la santé, et elle guérit de tout, cette fleur de la tombe d'Elvis, elle fait même revenir l'être aimé. D'autres enveloppent leur fleur, leur merveilleuse, dans un mouchoir, ou dans leur tee-shirt ôté faisant office de reliquaire, la gardent en prévision des mauvais jours. D'autres encore lui murmurent des mots. Il y en a qui la regardent se faner d'un air mécontent, on les a volés, la fleur perd ses pétales, se décompose dans la main ! Personne ne part. Les flics ont beau prier de ne pas marcher sur les tombes, de ne pas courir, de ne pas crier, et de s'en aller après avoir reçu la fleur, ils ne veulent pas circuler, partir encore moins. Ils en veulent plus, ils en veulent encore. Ils veulent non seulement les fleurs, mais aussi les banderoles, les babioles, les rubans, les coeurs brisés, ils déplument les ours en peluche, ils dépiautent les couronnes, ils dépècent les bouquets et emportent jusqu'aux fils de fer. Quand il n'y a plus rien, ils se rabattent sur les fleurs et les ex-voto des tombes voisines et se remplissent les poches de poignées de terre et mastiquent la terre et avalent la boue et s'en étalent sur le visage. Ils reprennent ce qu'ils ont donné et s'emparent du reste.

Le surlendemain de son enterrement, il ne reste à Elvis plus une fleur, plus une tige. On ne lui laisse que de la poussière piétinée.
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Il est photographe, à ses heures perdues. Bambi hoche la tête d'un air complice. La discussion s'engage comme ça, autour de la photographie et de la peau de Bambi qui prend si bien la lumière. Or Bambi le sait parfaitement, le plâtras dont elle est enduite ne laisse pas passer la lumière, ni même la peau ; son visage cache son visage et là où elle est, il fait noir, il n'y a rien à voir. L'homme, de type méridional, fait le mystérieux quant à ses origines, dit qu'il a beaucoup voyagé pour les affaires. Bambi boit ses paroles, en goûte l'odeur aigre sans reculer. Elle a dans ses regards quelque chose de pressant, comme une urgence. Comme si elle avait besoin d'argent, par exemple. Sauf qu'elle s'en fout de l'argent. Elle a juste besoin de tuer l'angoisse, besoin de se retrouver, de reprendre le dessus. Là elle étouffe, là elle ne se reconnaît plus. Si elle met minable ce mec, tout ira mieux. Quelques verres plus tard, il veut lui montrer son studio photo. Bambi n'hésite pas, elle n'attendait que ça. De son portefeuille, il sort plus de pièces que de billets et donne le compte juste, la voiture n'est pas loin...
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La carapace résiste à la pince, aux doigts, aux ongles, émet des craquements. La ravissante casse en deux sa moitié de homard et mord dedans :
- Sérieux, on va juste se ruiner les dents là. Quelle arnaque.
- Ton idée. Y avait aussi des burgers et des pâtes.
- T'as trop raison. Encore un truc de bourge. C'est stylé de raquer pour pas dîner. C'est trop la classe de rien bouffer. En vrai, on aurait dû prendre un burger. Le homard je sais pas faire.
- Mais attends attends ! Le boloss ! Il peut nous faire les explications.
- Il peut pas. Le bâillon.
Elles se tournent toutes les deux vers le lit.

Sur le lit, il y a un homme, le visage déformé par un bâillon-boule. Il est allongé sur le dos, les mains attachées au cadre par des menottes roses, ses jambes aux pieds du lit avec du gros scotch de bricolage. Il a le pantalon aux chevilles et le sexe mort. Contraste indécent avec sa chemise blanche et froissée en mille morceaux, son pantalon de costume noir, en accordéon ; c'était, il y a quelques heures, un financier qui sortait d'une journée de travail très bien payée. C'est maintenant un gros animal terrorisé. Sa peau est bien remplie. Il est replet, rebondi même, presque féminin. Tout de lui déborde : les yeux, le visage, la chair, et rien ne tient debout. Le couvre-lit moins rouge et moins fluide que son visage prêt à exploser. Ses yeux crachent des larmes. Un tremblement irrégulier secoue son corps tout entier.
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Elvis inspire expire inspire se donne l’air de sourire, les Gars l’escortent du vestiaire à la scène, éloignent de lui tous les indésirables, très fort résonne Also Sprach Zarathustra, musique du triomphe, de la grandeur, du superhéros dont l’arrivée est imminente. Elvis sourit grimace inspire expire transpire, il a peur, les Gars lui donnent une tape dans le dos, lui tendent un soda. Tout près de la scène, l’un d’eux fait un grand signe, car Elvis est arrivé, Elvis est prêt. Trente secondes et il faut alors y aller, se jeter dans les projecteurs, devant la foule, se donner en spectacle. Et Elvis entre en scène au pas de charge. Sous quelque angle qu’on le filme, il fait peur à voir. Son visage est boursouflé et, par-dessus le masque de fond de teint, sa peau malade coule de partout. La lumière et la sueur le font cligner des yeux.

21 juin 1977, Rapid City. Je vais jouer à la guitare, Croyez-le ou pas, je ne connais que trois accords, Toutes ces années, j’ai fait semblant, On pourrait me démasquer, ce soir, Et si vous vous imaginez que je suis nerveux… vous avez bien raison. Le public applaudit hurle. Elvis transpire la souffrance, Je vais vous jouer une chanson qui s’appelle Te Sens-Tu Seule Ce Soir. Moi je le suis, et je l’ai été. Elvis se concentre alors sur un ongle qu’il s’est cassé (merde), puis commence...
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Le soir, comme d’habitude, nous avons prié. Dans le canapé, lui côté droit moi côté gauche, et le son baissé, nous avons fermé les yeux et John a chuchoté. Merci Seigneur de m’avoir montré le chemin, Et de m’avoir envoyé Yvonne, Et pardonnez-moi mes péchés, Mais allez-Vous me reprendre le reste de ce que vous m’aviez donné, Que Votre volonté soit faite, Mais aidez-nous, Seigneur, Car nous avons peur, amen. Et John White après un petit moment de silence a ouvert les yeux, Dieu m’a parlé, Yvonne, Il pourvoira, Et regardez les oiseaux du ciel. Très pieux, John White était, comme on dit, un drôle de paroissien. En arrivant chez lui, j’avais tout de suite remarqué qu’il portait au cou à la fois la croix et le Haï juif. C’était tout simple : il ne voulait pas manquer le paradis pour une question technique, et d’ailleurs, tous autant que nous étions, nous avions bien parmi nos ancêtres lointains un Juif, Et vous aussi Yvonne ! Il savait beaucoup de choses, n’avait pas son pareil pour trouver dans la Bible toutes sortes de révélations mystiques. Il faut regarder au-delà des apparences, disait-il toujours. Soulever le voile.
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Elle se regarde dans son Samsung. Son œil au noir apparaît. Son visage change, se charge. Elle semble blessée, effrayée, perdue.
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- "N'y a-t-il pas moyen d'accélérer le programme, mein Freund, mon ami?" Un peu plus bas: "Nous perdons beaucoup d'hommes."
- "Mein Reichsführer, nous aurons, d'ici trente ans, six régiments de plus grâce aux Lebensborn. Mais nous ne pouvons pas accélérer le temps."
- "Quelle injustice qu'un soldat meure en un instant et mette seize ans à grandir" Il secoue la tête avec peine.
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