C’était une chose d’être aux abois et de ne pas pouvoir gérer ses enfants, mais c’en était une autre de se débarrasser de la chair de sa chair juste parce que vous ne vouliez plus l’avoir dans vos pattes. Mais elle l’avait déjà fait une fois, alors pourquoi pas deux ? Et lorsqu’on a déjà commis quelque chose, même révoltant, on s’y habitue. La deuxième fois paraît déjà moins révoltante, et, peu à peu, en tout cas c’est ce qui semblait être le cas ici, elle avait fini, l’esprit brouillé par la drogue, par considérer les services sociaux et la prise en charge volontaire comme une simple sorte de garderie.
Le changement chez Justin ne fut pas qu’émotionnel. Il connut une réelle transformation physique. C’était comme si on lui avait retiré un masque façonné d’une épaisse couche de soucis. Il semblait enfin apprendre à s’accepter et à s’approprier son passé douloureux.
Quand ça m’arrive, j’essaie de visualiser mon esprit comme une grande armoire, et toutes mes pensées confuses sont comme une pile de linge en désordre. Un peu comme le vrai linge dans ta chambre, que tu laisses traîner un peu partout. Ce qu’il faut faire avec ce linge, c’est le ranger. Il faut donc faire la même chose avec tes pensées. Tu les prends une par une – une horrible pensée après l’autre – et tu les secoues bien. Tu les défroisses, tu les regardes à la lumière du jour pour vérifier qu’il ne reste pas de plis, et là, tu peux les plier et les ranger. Enfouis-les bien au fond de ton armoire, mais proprement.
Les vrais fils ne sont jamais trop grands pour se blottir contre leur maman.
Il hocha tristement la tête, le visage grimaçant sous l'effort qu'il faisait pour ne pas pleurer.il mit ses bras autour de mon cou pour m'embrasser. Lorsque je l'embrassai à mon tour, il fit une chose qui me prit totalement au dépourvu ! Il posa ses lèvres sur mon oreille et chuchota :
- Je t'aime fort.
Je déteste les aéroports, notamment en pleine journée, lorsqu’ils sont, à leur pic d’activité, bondés, et aujourd’hui ne faisait pas exception. Nous fûmes poussés comme des troupeaux dans des couloirs aveugles qui mesuraient des centaines de mètres, puis, en raison des procédures de sécurité renforcées, nous patientâmes dans une fille d’attente interminable les uns derrière les autres. Je me demandais parfois s’il ne valait pas mieux prendre le bateau pour aller en vacances !
Malgré ce qui s’était passé, je savais qu’il pardonnerait tout à sa mère. Il suffisait qu’elle fasse un geste lui faisant croire qu’au fond, elle l’aimait et voulait de lui.
C’était le cœur de notre activité : nous faisions tout pour offrir un nouvel espoir aux enfants qui nous étaient confiés. L’espoir que les familles soient réunies ou, si ce n’était pas possible, que les enfants concernés soient au moins correctement équipés pour surmonter les obstacles de la vie et, au mieux, trouvent un foyer d’accueil permanent avec une famille qui leur donnerait de vraies chances de devenir des adultes épanouis.
Tu dois prendre conscience que tout acte a des conséquences. Et tu dois réfléchir à ces conséquences avant d’agir, pas après.
J’avais l’habitude d’accueillir des enfants difficiles à placer, mais seulement un à la fois et généralement des adolescents. Oui, avec les adolescents, j’étais efficace, mais des enfants si jeunes ! Et deux ! Il fallait que je prenne le temps de réfléchir avant de me décider.