SMEP 2017 : Rencontre avec Catherine Velle, Frédérique Hebrard et David Lelait Helo
Elle était en terre inconnue. Abordait des rivages totalement nouveaux. Seul le sommet des plus hauts monts surnageait, donnant l’impression de légères collines trempant leur pointe extrême dans la mer blanche et cotonneuse, où les différences d’épaisseur nuageuse et les mouvements souterrains du vent donnaient l’illusion parfaite de vagues molles. (p. 346.)
L'eau du gouffre est noire comme l'enfer, et les minuscules flocons blancs éclatent silencieusement à la surface sans provoquer la moindre ride. L'enchevêtrement des arbres et des buissons est-tel qu'on le croirait volontaire. Comme si la nature voulait masquer la présence du grand bassin, dérober au regard l'entrée de cette presque grotte, défendre l'accès au monde souterrain et barbare.(...) De toutes parts, le bassin circulaire se heurte aux parois de granit sombre .
sur un côté, une fissure s'ouvre dans l'arche de pierre. L'eau s'enfonce dans la faille et disparaît dans une obscurité sans fond.
Juste en face, une longue pierre plate, qui fait office de plage, s'avance loin sur l'eau, comme une main tendue vers ce mystère.
(...)Immobile dans sa gangue de pierre, le vieux gouffre retient son souffle et se souvient .
et le silure ancien s'inquiète des lendemains.
Sur la bosse ronde et presque chauve du sommet, à 1567 mètres, disait la borne, Alex eut la surprise de trouver soleil et ciel bleu, alors que la vallée qu'elle venait de quitter disparaissait déjà dans un édredon de nuées blanches faussement douillettes.
Des bancs de perroquets sauvages montaient et descendaient au gré des courants d’air, jouant entre les lianes tentaculaires qui frangeaient le bord du précipice. Ils étaient d’un vert incroyablement vif, qui se distinguait parfaitement des autres verts, plus sombres, de la foret. Quand ils se taisaient, on entendait le bruit des cascades, visibles plus loin, dans l’arrondi de la faille devant laquelle elles se trouvaient. Elles se laissèrent glisser dans l’herbe humide, épuisées.
La neige avait fait son apparition au petit matin, déversant sur tout le Haut-Koenigsbourg des tonnes de poudre blanche. Le vieux bourg alsacien de Bergheim était encore endormi, raidi sous la vague de froid, et les sapins du fond de la place, figés sous leurs guirlandes glacées, semblaient attendre un signal pour se remettre à respirer. Un oiseau triste traversa le ciel plombé en criant.
La vie c'est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais ce qu'on va trouver à l'intérieur.
Forrest Gump
Bas, plus bas, le gouffre s'éveilla tout à fait.
et la pierre mémoire se souvint. Les hommes avaient recommencé à s'accoupler. La sueur et le sperme s'était à nouveau répandus sur le sol bientôt la violence allait éclore à nouveau
Il y a bien longtemps, en l’année 1871, une jeune étrangère fort pieuse, visitait la France avec sa famille, arriva un jour à l’Abbaye de Saint-Julien. Elle venait de Colombie et s’appelait Maria Magdalena de Quiba. Elle se destinait à Dieu depuis longtemps, mais c’est ici, à Saint-Julien, dans notre vallon isolé, qu’elle désira renoncer au monde et se fixer. Sa riche famille était au désespoir de devoir la quitter et ne plus la revoir jamais. Son père imagina un stratagème qui, tout en respectant la volonté de la jeune fille, permettrait aux siens de garder contact avec elle, et doterait l’Abbaye de revenus nouveaux. La famille tirait une partie de ses richesses de l’exploitation de cacaoyers, denrée alors fort à la mode, et offrit en dote à l’Abbaye une part régulière de sa récolte. A la condition néanmoins, qu’une fois tous les dix ans Maria Magdalena reviendrait en Colombie, au moment des enchères annuelles des fèves de cacao.
Elle ne savait pas ce que c'était, mais la mélodie tourbillonnait autour d'elle, s'insinuant dans chaque anfractuosité végétale, dans chaque recoin obscur de la cathédrale verte, en harmonie totale avec la forêt sauvage. Des singes apparurent, curieux, et disparurent en piaillant, effrayés par les violons.
Les notes franchirent un nouveau sommet, au moment même où elle sentit qu'elle progressait encore vers les nues. Tout en haut, sur le canopée, le paysage lui coupa le souffle, et des frissons lui vinrent devant tant de beauté.