AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.53/5 (sur 17 notes)

Nationalité : Belgique
Né(e) à : Liège , le 02/06/1969
Biographie :

Auteur du Cycle de Xhól, polars mayas se déroulant à Dos Pilas, petite cité du Petén du VIIème siècle après J.-C, mais aussi de ""Nouvelles d'Amérique centrale", à paraître en octobre 2013.

Ajouter des informations
Bibliographie de Cécile Chabot   (7)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Puis, il y eut un bruit dans la cour : l'un des deux garçons venait-il de se trahir ? Mais non, c'était un son régulier ; un bruit de pas, étouffés, sourds, lents, des pas qui se dirigeaient vers lui. Et voilà ! se dit Treize Jaguar avec exultation : le prédateur s'est fait proie et ne sait pas encore qu'il est pris. Il entendit enfin un second souffle, près de la porte. Puis une main releva la tenture. Enfin, une silhouette se dessina dans l'entrée. Il faisait tellement sombre qu'il ne put deviner de qui il s'agissait. Et puis, oui, l'homme passa le pas de la porte. Ce fut à cet instant que les choses se précipitèrent.
Commenter  J’apprécie          30
Cécile Chabot
Le DF, c'est d'abord un nuage gris sale. Le DF, c'est la fournaise permanente dans cette cuvette qui condense les rayons du soleil et les fait converger sur la tête des habitants comme une loupe sur des fourmis grouillantes. Le DF, c’est cette odeur âcre qui vous prend à la gorge dès que vous descendez du bus. Le DF, c’est la ville dont il a rêvé tant de nuits à la ferme, la ville immense, la ville grondante, la ville éclatante, la ville ronronnante au milieu de la nuit, la ville sale, la ville pouilleuse, la ville qui l'enserre, qui l’étouffe.
Commenter  J’apprécie          21
Il voulut déplacer ses genoux raidis par l’immobilité et sentit un éclair de douleur le parcourir. Il lui fallait trouver une meilleure position que ça ! Son dos déjà tordu n’en pouvait plus de la position courbée vers le bas de la fresque qu’il s’était imposée depuis le début de son travail. Tellement absorbé par les détails d’un bas de manteau, puis par des prisonniers agenouillés, il n’avait pas senti le temps passer ni la douleur s’installer.
Maintenant, il était temps de se relever par étapes : d’abord déplier la jambe gauche, puis la droite, masser ses chevilles ensuite, faire bouger les articulations des pieds, s’appuyer sur le mur et enfin se soulever, petit à petit, sans à-coup brusque. C’est ce qu’il avait appris à faire. Son vieux maître lui avait bien dit que ces contractures, ces douleurs, arrivaient à tous ceux qui peignaient. Que ce n’était pas dû à son épaule ni à son pied tordu, que c’était en somme leur sacrifice à eux : les seigneurs faisaient couler leur sang, mais eux, les peintres et les sculpteurs, faisaient craquer leurs os. Et la douleur n’était pas moindre !
Commenter  J’apprécie          10
Yuknoom continua sans laisser paraître, un sourire sur son visage ridé :
- Il me plaît de vous revoir à ma cour aujourd'hui. Vous n'aurez pas lieu de vous en plaindre. Nous n'en avons pas encore parlé, votre père et moi, mais j'ai ici à ma cour deux hommes qui seraient, j'imagine, tout à fait disposés à vous épouser... si je le leur demande, reprit-il avec une nuance de menace dans la voix. Yax Pac d'El Naranjo est un guerrier de renom, quoique son lignage soit certainement moins glorieux que le vôtre. Mais puisque la lignée de l'ancienne famille régnante d'El Naranjo est maintenant éteinte - il laissa un court silence planer pour rappeler à tous comment celle-ci avait disparu - il pourrait devenir le nouveau seigneur de la cité, surtout s'il est l'époux d'une dame de votre rang. Qu'en pensez-vous ?
- Seigneur, répondit Six Ciel en s'inclinant avec un respect dont elle espérait qu'il cachait sa déception, que pourrais-je répondre aux souhaits de mon suzerain si ce n'est dire que j'y obéis ? Vous avez mentionné une seconde possibilité ? ajouta-t-elle avec une note d'espoir.
Commenter  J’apprécie          10
— À propos, elle est comment, cette grotte ? ajoutai-je avec une résignation fataliste.
J’avais appris lors des trois dernières semaines que toutes les grottes que l’on me suggérait étaient « grandes, très grandes » et puis aussi qu’elles devaient s’enfoncer « loin, très loin ». Sauf que, quand j’arrivais à la « grotte » en question, celle-ci se révélait souvent n’être au mieux qu’un abri sous roche de quelques mètres de profondeur ou, au pire, un boyau étroit et rempli d’araignées qui n’aurait pu servir qu’à un tepezcuintl, et encore, un tepezcuintl pas trop regardant sur son logis. Après trois semaines de ce petit jeu, j’avais appris que la prudence est une vertu utile.
Commenter  J’apprécie          10
C’est ainsi que Don Pépé me mena auprès de sa tante et assista à toute la conversation, traduisant une bonne partie car la tante n’était pas à l’aise en espagnol et préférait s’exprimer en quiché.

Et ce que me raconta la tante de Don Pépé était tellement stupéfiant que j’arrêtai de prospecter et que je me contentai cette année-là de revenir jour après jour dans cette petite cabane enfumée et, dans l’ombre du foyer, d’écouter la voix posée de Don Pépé qui traduisait le récit de la veille dame, ratatinée sur elle-même comme une momie mal conservée. Penchée sur le cahier à couverture de grosse toile grise où je consignais mes indications de prospection, je transcrivis son récit.

Envoûtée par la voix chantante que je ne comprenais pas, je l’écoutais me raconter ce qu’elle avait elle-même appris de sa propre tante et qui, d’après la tradition familiale, remontait à l’époque d’avant ; l’époque d’avant leur arrivée dans cette vallée, l’époque d’avant l’arrivée des Espagnols, l’époque d’avant la nouvelle religion, l’époque où la première des femmes de la famille avait entendu ces histoires de la bouche de son oncle, de son oncle peintre…
Commenter  J’apprécie          00
Un soir où je terminais seule mon repas dans une petite auberge de l’Alta Verapaz, un homme déjà âgé s’approcha de ma table et me demanda dans un espagnol cérémonieux s’il pouvait me parler. Je l’examinai un instant : un sourire gêné laissait apparaître une inclusion en or sur l’incisive gauche, un chapeau usé, malaxé par des doigts nerveux et puis un regard intelligent et fier, malgré la timidité. De la chemise délavée aux bottes de caoutchouc, rien ne le distinguait des paysans du coin. Je repoussai mon assiette où un reste de haricots noirs se figeait dans une sauce épaisse et l’invitai à prendre un verre. Il s’assit avec dignité et, au lieu d’alcool, commanda un café. C’est ainsi que, par ce soir de fin de saison des pluies, dans la salle déserte d’une auberge perdue sur une piste sans grand trafic, je fis connaissance de Don Pépé.
Commenter  J’apprécie          00
Yuknoom marche droit devant lui. Il parcourt les corridors du déambulatoire. Il sort de la deuxième salle. Les ornements de jade sont lourds, si lourds. Plus lourds que dans son souvenir. Ils pèsent une tonne. Et pourtant, il continue à avancer, porté par les dieux dont il entend les voix dans son dos. Il les entend qui lui chuchotent leurs exhortations. Il entend, aussi, le ressac de la foule, une clameur assourdie qui lui parvient au travers de la muraille de pierre. Et puis, le voilà au dernier tournant du couloir qui mène au dehors.
Commenter  J’apprécie          00
C’est ce soir-là que je découvris sous la surface du chiclero sans grande instruction une tristesse sans fin pour ce passé qu’il ne comprenait pas et qui disparaissait sous les coups des pilleurs, des collectionneurs et de la forêt dévoreuse de ruines. Nous parlâmes plusieurs heures puis nous nous enroulâmes chacun dans notre couverture.
Commenter  J’apprécie          00
Yuknoom se retourne et oui, la foule est maintenant agenouillée et scande son nom, son nom qui bondit et puis s’éloigne comme un bruit de tonnerre, remplacé par la vague suivante d’acclamations, un bruit sourd, puissant, un bruit terrifiant ; le bruit des adorateurs du dieu vivant qu’il est devenu.
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Cécile Chabot (15)Voir plus

Quiz Voir plus

Quand les aliments portent des noms insolites ou pas...

Les cheveux d'ange se mangent-ils ?

Oui
Non

10 questions
130 lecteurs ont répondu
Thèmes : nourriture , fruits et légumes , fromages , manger , bizarreCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..