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3.79/5 (sur 129 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Cécile Huguenin est psychologue et coach.

Elle a entrepris la rédaction d’un livre sur l’histoire de son mari, elle veut témoigner pour aider les familles qui sont confrontées à ce que l’on nomme aujourd’hui « le fléau du 21è siècle », la maladie d’Alzheimer.

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Cécile Huguenin - La Saison des mangues .
Cécile Huguenin vous présente son ouvrage "La Saison des mangues" aux éditions Héloïse d'Ormesson. Rentrée littéraire janvier 2015. http://www.mollat.com/livres/huguenin-cecile-saison-des-mangues-9782350872988.html Notes de Musique : ?Chansons de Bilitis (Claude Debussy)? (by Sasha Cooke, mezzo-soprano; Pei-Yao Wang, piano). Free Music Archive.
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Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
Puis, une semaine après la découverte du message porté par les cauris, une lettre est arrivée. Une enveloppe qui a séjourné dans une poche, tachée de coulées bleutées comme des traces de larmes, où court une petite écriture aux rondeurs enfantines mais agitée de tremblements de vieillard. Pas de majuscules, hormis le A de son prénom sculpté en toit de pagode qui s'étale en arabesques. Postée à Paris, dans le VIIe arrondissement qui semble à Anita plus lointain que son Inde et plus exotique que l'Afrique de Fatou et de Mira.
Elle l'a manipulée délicatement pour se l'approprier, l'a soupesée. De quel poids de malheur était-elle chargée ? Pas de nom d'expéditeur. Un nouveau message anonyme. Elle a senti que cette missive contenait le dernier maillon, l'ultime information qui allait clouer définitivement son cœur comme le couvercle d'un cercueil. Elle n'était pas pressée de l'ouvrir. Elle s'accordait une pause. Elle faisait durer ce moment d'incertitude où pouvait se loger un infime espoir. Ce n'était pas lâcheté que d'avoir besoin de respirer un peu de cet air qui ne serait plus jamais le même. De prendre le temps de regarder ce ciel qui ne serait plus jamais une promesse de joie. De revoir une dernière fois autour d'elle tout ce qui lui était familier. Il y avait encore un avant. Quand l'après surviendrait, elle devrait faire face.
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Depuis trente ans, chaque matin il lui préparait son thé. Celui de la boîte rouge décorée d’un Ganesh, le dieu indien à tête d’éléphant, protecteur des voyageurs qui s’aventurent en pays inconnu et des écrivains, avec sa défense brisée qui lui servit de plume pour écrire Le Mahâbhârata. Thé vert, quatre doses de gingembre, trois clous de girofle, deux bâtons de cannelle, quelques cosses de cardamome, des grains de poivre noir. Son mélange à elle, souvenir de ses voyages en Inde. Parmi les boîtes de thé pour les différents moments de la journée, dans le petit meuble en bois blanc grillagé rempli d’épices, il ne se trompait jamais. Chaque matin, il dosait, ébouillantait la théière et l’appelait pour partager cet instant unique. Mais ce matin-là, il est arrivé près d’elle, hagard et désespéré, portant toutes les boîtes dans ses bras : « C’est lequel, je ne sais plus ? »
Lors des catastrophes aériennes on recherche désespérément « les boîtes noires » qui vont fournir des indices, mots, cris, graphiques. Ces traces lisibles par les spécialistes du décodage. Elles contiennent tout ce qu’il faut pour expliciter les circonstances de l’accident et ainsi autoriser à trancher les responsabilités, trouver les coupables, juger. Toutes ces révélations qui vont permettre aux familles de commencer « le travail du deuil ».
Pour elle, c’est une boîte rouge, la boîte de Pandore qui a libéré en même temps que ses senteurs exotiques l’angoisse d’un à-venir inconnu et innommable. Elle connaît exactement la date et l’heure. Ce matin- là, elle a « su ». L’intuition fulgurante que rien ne serait donc jamais plus comme avant. Déchirure entrevue vite pansée de déni et de refus.
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Nous, « les accompagnants, « les aidants », nous arrivons tous avec au cœur la même souffrance du fardeau et le même déshonneur de la capitulation. Nous pénétrons dans la zone de non-retour, déchirés par l’ambivalence insupportable de désirs contradictoires, être soulagé sans abandonner. La culpabilité nous ronge, la honte frémit à fleur de peau, les larmes nous brouillent la vue. Enfant dénaturé qui ne peut plus assumer son parent. Conjoint démissionnaire. C’est ainsi que nous nous sentons, harassés du chemin parcouru mais animés d’un regain d’énergie qui surgit au dernier moment comme la colombe du magicien sort de son chapeau.
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Les statisticiens aussi y sont allés de leurs élucubrations et prédictions socioculturelles, pour nous prouver que plus notre niveau de culture et de diplôme est élevé, moins on est « sujet à risque ». Que les intellectuels se rassurent, ils sont équipés d’un « réservoir cognitif » bien garni qui leur permettra de mieux résister aux attaques de la maladie d’Alzheimer. Ex-docteurs ès lettres, ex-ingénieurs, ex-avocats ou ex-diplômés de tous bords que j’ai côtoyés au centre d’accueil de jour, comment avez-vous pu dilapider ainsi votre « réserve cognitive » Immunitaire ?
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… elles se livraient sans vergogne à l'épreuve du crayon. Nues jusqu'à la taille, elles déposaient le crayon à l'horizontale juste sous un sein. Malheur à celle dont la mamelle pendante le retenait prisonnier. Le verdict du crayon déclenchait un branle-bas de régimes minceur.
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En guise de serment d'amour, elle eut droit à une de ces déclarations solennelles dont le major avait le secret : " Vous venez ma chère, de recevoir en cadeau la nationalité la plus prestigieuse du monde, efforcez-vous d'en être digne.
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Moi seule existe pour toi. Je sens bien que tu m'enfermes. Prudemment, avec tout le tact et la délicatesse qu'on reconnaît à mon entêtement, on commence à m'alerter sur les risques que je prends, sur ce courage insensé qui court à notre perte. Mais je ne suis pas encore prête à l'entendre.
J'ai envie de t'accompagner dans ce néant douillet où lentement tu te dissous. Je m'obstine à inventer notre mythe, je cherche encore un refuge pour nous deux, à l'abri d'un monde que tu as fui et où je ne trouve plus notre place. p.78
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Elle cherche à entrer par effraction dans son désir d'oubli, tout en sentant confusément qu'elle le blesse. Elle a besoin de violer, de creuser des galeries de lumière dans sa nuit compacte pour trouver un début d'explication, une mince empreinte qui lui permettrait de remonter vers l'origine du mal.
Cette quête inutile lui semble le dernier recours pour maintenir un lien entre eux.
A tort, puisqu'elle n'avance pas en connaissance, ni ne progresse en sagesse.
Leurs violences s'affrontent. Chez lui, la passivité massive, impénétrable, la force de l'effacement.
Chez elle, la frustration de l'impuissance, le déni d'abandon, le sentiment de trahison. p.36
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Dommage qu'on ne reçoive pas le mode d'emploi en même temps que la vie. Tout ce temps perdu à errer dans les couloirs, au lieu de s'investir à fond depuis le début, si on avait pu savoir dans quoi. Des philosophes que je n'aurai pas le temps de lire ont certainement déjà expliqué quelque part pourquoi il nous faut toute une vie pour le découvrir.
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Elle se surprend à l’envier, lui, à se reprocher, elle, sa bonne santé, sa lucidité, cette force qu’on lui prête. Elle n’a pas eu de préavis. Une disparition sans prémices ou si peu, si vite. Un tir à bout portant, sans sommation, qui a laissé un vide béant. Quand elle partait pour ses grands voyages, elle lui laissait des croquis, des informations, des adresses pour qu’il puisse continuer sa vie sans elle. Mais lui, il est parti sans laisser de mode d’emploi.
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