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5/5 (sur 4 notes)

Biographie :

Cécilia Colombo vit à Toulouse, où elle anime des ateliers d'écriture.

2007 "Pripyat : Vert comme l'enfer"

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
... (Ces clichés) me montrent les objets quotidiens restés à l'intérieur des bâtiments.

Ils font résonner la vie perdue de la ville, mais ses échos nous arrivent déformés par le temps et le passage des liquidateurs. Les miroirs du coiffeur sont brisés, les bigoudis éparpillés sur le sol, les bouteilles de shampooing renversées, vides. A l'école, les lustres sont tombés sur les lits des dortoirs et les jouets se sont dispersés. Les photos encore au mur dans les salles de classe se cornent et continuent à montrer aux enfants absents comment entretenir leur forme par quelques exercices ; au-dessus des tableaux noirs, les cartes géographiques d'un monde révolu font encore force de loi. Ic, l'URSS est encore d'actualité et le communisme ne mourra pas. Au lycée, on ne reconnaît le réfectoire qu'à ses tables, ses lavabos et ses assiettes brisées. Dans les salles de cours, des étagères pleines de livres, des recueils de poésie et des cahiers d'élèves. Avant de partir, les professeurs ont sorti les grands cartons pleins de petits masques à gaz destinés à faire face aux éventuelles attaques américaines. Ils se révélèrent être des remparts inutiles contre les émanations radioactives et se craquèlent désormais sur les étagères. A l'école de musique, il ne reste que les tables de cours et le piano à queue, tombé au sol. Personne n'a osé remettre ce noble mastodonte sur ses pieds. Au bout de tant d'années passées sur le flanc, ce geste inutile serait presque un sacrilège. Au centre culturel, les papiers et les livres jonchent le sol de la bibliothèque, au premier étage. La fresque du rez-de-chaussée est restée colorée, malgré ses lacunes, aussi vive que les banderoles et les portraits de dirigeants aujourd'hui oubliés, destinés à décorer la ville pour la fête du 1er mai. ...
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.. Sur le toit du réacteur, les pompiers venus sans protection arrosent le coeur en fusion, vomissent, perdent connaissance, voient leur peau tomber en lambeaux. Au bout d'une heure à peine, les secours en évacuent la plupart en urgence vers des hôpitaux où ils vont passer les quinze derniers jours de leur vie à se décomposer vivants. Les plus résistants tiennent quelques minutes de plus leur lance à la main mais ils sont vite relayés. Aucun ne peut tenir plus d'une heure là-haut. La chaleur est terrible, le goudron du toit fond et les morceaux de graphite, autour d'eux, dégagent, eux aussi, une chaleur atroce. Certains les écartent d'un coup de pied, inconscients du danger à simplement les approcher. Au bout de quelques minutes, plusieurs pompiers perdent la vue et l'ouïe, et l'eau ne semble pas calmer la réaction. Aucun ne se doute de la nature de leur ennemi ni de la durée nécessaire à le terrasser. Tous vont y laisser leur vie. ...
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... Pourtant, au lendemain de la Catastrophe, 600 000 liquidateurs sont mobilisés pour enterrer chaque objet, pour nettoyer le site de la centrale et éliminer ainsi toute trace du drame. Ils sont là pour en terminer avec la tragédie ; la vie doit reprendre son cours, rien ne les autorise à laisser leur peur ou leurs sentiments prendre le dessus. Efficaces, ils vont vider des villes entières, déloger les babouchkas de leurs maisons, enterrer des villages, rendre fonctionnel à nouveau le site de la centrale et construire le sarcophage autour du réacteur. Aucun ne reviendra indemne de Tchernobyl, ni dans son corps, irradié et condamné, ni dans son esprit profondément choqué.

Tant ont été sacrifiés pour empêcher le pire ! Quelques jours après l'explosion, les scientifiques craignent une reprise de la réaction qui aurait des conséquences cette fois-ci plus terribles encore. Face au risque bien réel d'une vitrification de l'Ukraine, de la Biélorussie, et d'une contamination épouvantable de toute l'Europe, ils ont envoyé des plongeurs dans l'eau lourde du réacteur pour en vidanger le réservoir ... Ceux-là sont descendus les uns à la suite des autres dans de vieux scaphandres, sans protection contre les radiations, pour ôter la bonde. En même temps, des mineurs ont creusé sous le réacteur, bras nus et visages en sueur, afin de couler du béton et d'amener de l'azote liquide. Ils ont ainsi empêché l'affaissement de la structure dans les nappes phréatiques, la reprise de l'incendie et une nouvelle explosion. Ils l'ont fait dans une chaleur terrible et, là encore, sans protection.

Les rares pilotes d'hélicoptère assez compétents ont effectué de trop nombreux passages sur le réacteur et ont dû s'exposer à des doses de radiations mortelles pour viser et larguer correctement le plomb sur le cratère et sa fumée blanche.

Tous sont morts des suites de ces survols. ...
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Il est 1h24, la réaction s'emballe, le cœur du réacteur se rebelle, déborde de son enceinte et dépasse la simulation pour rendre réelles les pires estimations. Le progrès tant vanté, d'apparence soumis, utilisé sans précaution, se retourne contre les hommes avec la puissance d'un fléau divin. Dans la salle de contrôle, les murs ondoient, les corps se soulèvent, les aiguilles et les voyants hurlent l'horreur avant de se taire. Le silence précède les questions. Il s'est passé quelque chose, mais quoi ?
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